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 DU BREVET AU BAC :: BACS BLANCS : CORRECTION :: Bac blanc sur le thème de l'utopie, série L

Bac blanc sur le thème de l'utopie, série L

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Bacfrançais, prof 1ère
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MessageSujet: Bac blanc sur le thème de l'utopie, série L  Posté leMer Nov 07, 2012 7:27 pm Répondre en citant

BAC BLANC DE FRANÇAIS – SÉRIES L

OBJETS D’ÉTUDE :



- Renaissance et Humanisme, vers un espace culturel européen
- La question de l’Homme dans les genres de l’argumentation, du XVIe siècle à nos jours.


I- Après avoir lu tous les textes du corpus, vous répondrez à la question suivante (4 points) :
Quels principes et quelles valeurs humanistes guident les règles de vie des sociétés idéales représentées dans ces
textes ?


II. Vous traiterez ensuite, au choix, l'un des sujets suivants (16 points) :
Commentaire
Vous commenterez le texte de Rabelais (texte B).

Dissertation
Pour quelles raisons des auteurs peuvent-ils juger bon de créer des univers utopiques ?

Invention
Vous avez séjourné en Bétique. Déçu(e), vous décidez de partir. Ecrivez le discours d'adieu que vous prononcez
devant les habitants.


Texte A – Thomas More, L’Utopie ou le Traité de la meilleure forme de gouvernement , 1516, traduction
française de Victor Stouvenel, 1842


La table du syphogrante1 est servie la première ; ensuite les autres, suivant leur position2. Les
meilleurs morceaux sont portés aux anciens des familles, qui occupent des places fixes et remarquables ;
tous les autres sont servis avec une égalité parfaite. Ces bons vieillards n'ont pas assez de leurs portions pour
en donner à tout le monde ; mais ils les partagent, à leur gré, avec leurs plus proches voisins. Ainsi
5 l'on rend à la vieillesse l'honneur qui lui est dû, et cet hommage tourne au bien de tous.
Les dîners3 et les soupers commencent par la lecture d'un livre de morale ; cette lecture est courte,
pour qu'elle n'ennuie pas. Quand elle est finie, les plus âgés entament des conversations honnêtes, mais
pleines d'enjouement et de gaieté. Loin de parler seuls et toujours, ils écoutent volontiers les jeunes gens ; ils
provoquent même leurs saillies4, afin d'apprécier la nature de leur caractère et de leur esprit, nature qui
10 se trahit aisément dans la chaleur et la liberté du repas.
Le dîner est court, le souper long ; parce que le dîner est suivi du travail, tandis que, après le souper,
viennent le sommeil et le repos de la nuit. Or les Utopiens croient que le sommeil vaut mieux que le travail
pour une bonne digestion. Le souper ne se passe jamais sans musique et sans un dessert copieux et friand.
Les parfums, les essences les plus odorantes, rien n'est épargné pour le bien-être et pour la
15 jouissance des convives. Peut-être en ceci accusera-t-on les Utopiens d'un penchant excessif au plaisir. Ils
ont pour principe que la volupté qui n'engendre aucun mal est parfaitement légitime.
C'est ainsi que les Utopiens des villes vivent entre eux. Ceux qui travaillent à la campagne sont trop
éloignés les uns des autres pour manger en commun ; ils prennent leurs repas chez eux, en particulier. Au
reste, les familles agricoles sont assurées d'une nourriture abondante et variée ; rien ne leur manque :
20 ne sont-elles pas les pourvoyeuses, les mères nourricières des villes ?
Notes :
1. Magistrat.
2. Condition sociale.
3. Repas de midi.
4. Traits d’esprit inattendus, boutades.

Texte B – François Rabelais, Gargantua , chapitre LXVII, 1534, in OEuvres complètes , translation en français

moderne par Duy Demerson, Seuil, 1973


Pour récompenser Frère Jean des Entommeures d’avoir combattu à ses côtés, Gargantua a fait bâtir l’abbaye de
Thélème.
LXVII - Comment était réglé le mode de vie des Thélémites
Toute leur vie était régie non par des lois, des statuts ou des règles, mais selon leur volonté et leur
libre arbitre. Ils sortaient du lit quand bon leur semblait, buvaient, mangeaient, travaillaient, dormaient quand
le désir leur en venait. Nul ne les éveillait, nul ne les obligeait à boire ni à manger, ni à faire quoi que ce soit.
Ainsi en avait décidé Gargantua. Et leur règlement se limitait à cette clause :
5 FAIS CE QUE TU VOUDRAS,
parce que les gens libres, bien nés, bien éduqués, vivant en bonne société, ont naturellement un instinct, un
aiguillon qu'ils appellent honneur et qui les pousse toujours à agir vertueusement et les éloigne du vice.
Quand ils sont affaiblis et asservis par une vile sujétion ou une contrainte, ils utilisent ce noble penchant, par
lequel ils aspiraient librement à la vertu, pour se défaire du joug de la servitude et pour lui échapper, car
10 nous entreprenons toujours ce qui est défendu et convoitons ce qu'on nous refuse.
Grâce à cette liberté, ils rivalisèrent d'efforts pour faire tous ce qu'ils voyaient plaire à un seul. Si l'un
ou l'une d'entre eux disait : « buvons », tous buvaient ; si on disait : « jouons », tous jouaient ; si on disait : «
allons nous ébattre aux champs », tous y allaient. Si c'était pour chasser au vol ou à courre1, les dames
montées sur de belles haquenées2, avec leur fier palefroi3, portaient chacune sur leur poing joliment ganté un
15 épervier, un lanier, un émerillon4, les hommes portaient les autres oiseaux.
Ils étaient si bien éduqués qu'il n'y avait aucun ni aucune d'entre eux qui ne sache lire, écrire, chanter,
jouer d'instruments de musique, parler cinq ou six langues et s'en servir pour composer en vers aussi bien
qu'en prose. Jamais on ne vit des chevaliers si preux, si nobles, si habiles à pied comme à cheval, aussi
vigoureux, aussi vifs et maniant aussi bien toutes les armes, que ceux qui se trouvaient là. Jamais on ne vit
20 des dames aussi élégantes, aussi mignonnes, moins désagréables, plus habiles de leurs doigts à tirer l'aiguille
et à s'adonner à toute activité convenant à une femme noble et libre, que celles qui étaient là.
Pour ces raisons, quand le temps était venu pour un des membres de l'abbaye d'en sortir, soit à la
demande de ses parents, soit pour d'autres motifs, il emmenait avec lui une des dames, celle qui l'avait choisi
pour chevalier servant, et on les mariait ensemble. Et s'ils avaient bien vécu à Thélème dans le dévouement
25 et l'amitié, ils cultivaient encore mieux ces vertus dans le mariage ; leur amour mutuel était aussi fort à la fin
de leurs jours qu'aux premiers temps de leurs noces.
Notes :
1. Chasser en utilisant des oiseaux de proie ou en poursuivant le gibier avec des chevaux et des chiens.
2. Chevaux faciles à monter.
3. Chevaux de promenade.
4. Oiseaux de proie.

Texte C – Voltaire, Candide ou l’optimisme , 1759, chapitre XVIII .

Candide et son ami Cacambo viennent d’arriver dans le pays d’Eldorado.
Candide et Cacambo montent en carrosse ; les six moutons volaient, et en moins de quatre heures on
arriva au palais du roi, situé à un bout de la capitale. Le portail était de deux cent vingt pieds de haut, et de
cent de large ; il est impossible d’exprimer quelle en était la matière. On voit assez quelle supériorité
prodigieuse elle devait avoir sur ces cailloux et sur ce sable que nous nommons or et pierreries.
5 Vingt belles filles de la garde reçurent Candide et Cacambo à la descente du carrosse, les
conduisirent aux bains, les vêtirent de robes d’un tissu de duvet de colibri1 ; après quoi les grands officiers et
les grandes officières de la couronne les menèrent à l’appartement de sa majesté au milieu de deux files,
chacune de mille musiciens, selon l’usage ordinaire. Quand ils approchèrent de la salle du trône, Cacambo
demanda à un grand officier comment il fallait s’y prendre pour saluer sa majesté : si on se jetait à genoux ou
10 ventre à terre ; si on mettait les mains sur la tête ou sur le derrière ; si on léchait la poussière de la salle : en
un mot, quelle était la cérémonie. L’usage, dit le grand-officier, est d’embrasser le roi et de le baiser des
deux côtés. Candide et Cacambo sautèrent au cou de sa majesté, qui les reçut avec toute la grâce imaginable,
et qui les pria poliment à souper.
En attendant, on leur fit voir la ville, les édifices publics élevés jusqu’aux nues, les marchés ornés de
15 mille colonnes, les fontaines d’eau pure, les fontaines d’eau rose, celles de liqueurs de cannes de sucre qui
coulaient continuellement dans de grandes places pavées d’une espèce de pierreries qui répandaient une
odeur semblable à celle du girofle et de la cannelle. Candide demanda à voir la cour de justice, le parlement ;
on lui dit qu’il n’y en avait point, et qu’on ne plaidait jamais. Il s’informa s’il y avait des prisons, et on lui dit
que non. Ce qui le surprit davantage, et qui lui fit le plus de plaisir, ce fut le palais des sciences, dans lequel
20 il vit une galerie de deux mille pas, toute pleine d’instruments de mathématiques et de physique.
Notes : 1. Oiseau minuscule des régions tropicales américaines, au plumage éclatant.

Texte D - Fénelon, Les Aventures de Télémaque , (1699), septième livre.

Adoam dépeint à Télémaque et son précepteur Mentor un pays extraordinaire, la Bétique.
Ce pays semble avoir conservé les délices de l'âge d'or. Les hivers y sont tièdes, et les rigoureux
aquilons1 n'y soufflent jamais. L'ardeur de l'été y est toujours tempérée par des zéphyrs2 rafraîchissants, qui
viennent adoucir l'air vers le milieu du jour. Ainsi toute l'année n'est qu'un heureux hymen du printemps et
de l'automne, qui semblent se donner la main. La terre, dans les vallons et dans les campagnes unies, y porte
5 chaque année une double moisson. Les chemins y sont bordés de lauriers, de grenadiers, de jasmins et
d'autres arbres toujours verts et toujours fleuris. Les montagnes sont couvertes de troupeaux, qui fournissent
des laines fines recherchées de toutes les nations connues. Il y a plusieurs mines d'or et d'argent dans ce beau
pays ; mais les habitants, simples et heureux dans leur simplicité, ne daignent pas seulement compter l'or et
l'argent parmi leurs richesses : ils n'estiment que ce qui sert véritablement aux besoins de l'homme. Quand
10 nous avons commencé à faire notre commerce chez ces peuples, nous avons trouvé l'or et l'argent parmi eux
employés aux mêmes usages que le fer, par exemple, pour des socs de charrue. Comme ils ne faisaient aucun
commerce au-dehors, ils n'avaient besoin d'aucune monnaie. Ils sont presque tous bergers ou laboureurs. On
voit en ce pays peu d'artisans : car ils ne veulent souffrir que les arts qui servent aux véritables nécessités des
hommes ; encore même la plupart des hommes en ce pays, étant adonnés à l'agriculture ou à conduire des
15 troupeaux, ne laissent pas d'exercer les arts nécessaires pour leur vie simple et frugale. [ ... ]
Quand on leur parle des peuples qui ont l'art de faire des bâtiments superbes, des meubles d'or et
d'argent, des étoffes ornées de broderies et de pierres précieuses, des parfums exquis, des mets délicieux, des
instruments dont l'harmonie charme, ils répondent en ces termes : « Ces peuples sont bien malheureux
d'avoir employé tant. de travail et d'industrie à se corrompre eux-mêmes ! Ce superflu amollit, enivre,
20 tourmente ceux qui le possèdent : il tente ceux qui en sont privés de vouloir l'acquérir par l'injustice et par la
violence. Peut-on nommer bien un superflu qui ne sert qu'à rendre les hommes mauvais ? Les hommes de
ces pays sont-ils plus sains et plus robustes que nous ? Vivent-ils plus longtemps ? Sont-ils plus unis entre
eux ? Mènent-ils une vie plus libre, plus tranquille, plus gaie ? Au contraire, ils doivent être jaloux les uns
des autres, rongés par une lâche et noire envie, toujours agités par l'ambition, par la crainte, par l'avarice,
25 incapables des plaisirs purs et simples, puisqu'ils sont esclaves de tant de fausses nécessités dont ils font
dépendre tout leur bonheur. »
Notes : 1. nom poétique des vents du nord. 2. vents d'ouest, doux, tièdes et agréables.
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MessageSujet: Descriptif d'une séquence sur l'utopie  Posté leMer Nov 07, 2012 7:34 pm Répondre en citant

Utopies aux XVIe et XVIIIe siècles


Objets d’étude

L’argumentation : persuader, convaincre, délibérer

Perspectives d’étude
1) L’argumentation et ses effets sur le destinataire
2) Histoire littéraire et culturelle

Problématique d’ensemble
En quoi la présentation d’un autre monde permet-il la critique de notre
société ? dans quelle mesure l’utopie contient-elle sa propre critique ?

Lectures analytiques
1) Le mode de vie des Thélémites, chapitre 57 de Gargantua de
Rabelais, de « Toute leur vie était réglée… » à « … qu’aux premiers
temps de leurs noces. » (Editions du Seuil, L’intégrale, traduction de
Guy Demerson, p 203-204)
2) Voltaire, Candide ou l’optimisme, La visite de l’Eldorado, chapitre
18, de « Candide et Cacambo montent en carrosse … » à « … une
galerie de deux mille pas, toute pleine d’instruments de
mathématiques et de physique. »
3) Marivaux, L’Ile des esclaves, scène 11 et dernière
4) Rousseau, Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité
parmi les hommes, extrait de la seconde partie , de « Ce que la
réflexion nous apprend là-dessus … » à « … et altèrent ainsi toutes
nos inclinations naturelles. »


Lecture cursive - chapitres 53 à 57 de Gargantua
- lecture au choix : 1984 ou La Ferme des animaux de George Orwell
Documents complémentaires - définition de l’utopie
- description de l’île d’Utopie, dans L’Utopie de Thomas More, trad. T.
Rousseau, Paris, Ch. Delagrave, 1888
- arrivée de Candide et de Cacambo dans l’Eldorado (chapitre XVII de
Candide ou l’optimisme)

Activités complémentaires - recherche documentaire sur la Renaissance et l’Humanisme
- recherche documentaire sur les Lumières
- recherche biographique sur Voltaire
- Dissertation : dans quelle mesure la forme littéraire peut-elle rendre
une argumentation efficace ?
Etudes d’ensemble - L’utopie : étymologie, évolution du genre et caractéristiques
essentielles
- Etude générique : le conte philosophique, un sous-genre de
l’apologue
- Les ambiguïtés de l’utopie
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