DU BREVET AU BAC Préparation au brevet et au bac de français, philosophie et HLP
|
|
|
|
Auteur |
Message |
Prépabac, examen2017 Administrateur
Age: 59 Inscrit le: 07 Déc 2009 Messages: 6069 Localisation: versailles
|
Sujet: Calvino, Le Baron perché, Tradition du conte Sam Jan 15, 2011 4:38 pm |
|
|
Argumenter, Le conte philosophique
La tradition du conte philosophique
Italo Calvino,
Le Baron perché
Situation du texte
Le Baron perché est le second volet d’une trilogie, Nos
Ancêtres, qui comporte également Le Vicomte pourfendu
(1952) et Le Chevalier inexistant (1959). Hommage au
conte philosophique des Lumières, il est aussi une fable sur
l’époque contemporaine. On a pu voir dans le personnage
la personnification de l’intellectuel dans son rapport au
pouvoir, mais aussi, plus généralement, à l’existence sociale.
Perché dans son arbre, il s’exclut de la vie commune tout
en ne cessant pas d’y participer. Sa position en fait un
observateur privilégié, mais lui interdit également d’agir
véritablement, le condamnant à une certaine impuissance
et à une forme paradoxale de solitude, d’exil intérieur.
La rencontre avec Napoléon cristallise, sur le mode
humoristique, le caractère contradictoire de la situation
du personnage, sage et dérisoire, honoré et délaissé.
Les préparatifs
Les préparatifs sont présentés de manière humoristique.
Ils ressemblent à ceux d’une fête de village
et contrastent donc avec la solennité supposée de la
rencontre. Certains détails, comme le nom de la visite
(ligne 4) ou le choix du noyer maquillé en chêne, font de
la scène une parodie des visites officielles d’un homme
politique en province. Le caractère incongru est accentué
par l’accoutrement de Côme et ses ennuis de vessie.
La rencontre
La rencontre entre Côme et Napoléon est évidemment
une réécriture parodique de celle entre Diogène et
Alexandre le Grand, telle que la rapporte l’historien
grec Plutarque. L’entrevue célèbre entre le conquérant
et le philosophe décrite ici devient une scène comique
où les deux personnages caricaturent leurs illustres
prédécesseurs. Les similitudes sont évidentes : statut
comparable des deux protagonistes, reprise quasi
textuelle de certaines paroles. La différence essentielle
tient à la position des deux acteurs par rapport au
soleil. Dans le récit de Plutarque, Diogène, à la question
d’Alexandre lui demandant ce qu’il peut faire pour
lui, lui répond de s’écarter de son soleil, en suggérant
implicitement qu’il préfère le soleil « naturel » à celui,
symbolique, que représente Alexandre dans sa gloire.
La réponse de Diogène était censée montrer son
indifférence à l’égard du conquérant, ce qui suscitait
l’admiration de celui-ci. Alexandre aurait alors conclu
qu’il aurait aimé être Diogène s’il n’avait pas été luimême.
La scène réécrite par Calvino renverse la situation.
À la question de Côme, symétrique à celle d’Alexandre,
Napoléon répond en demandant que son interlocuteur le
protège du soleil. Au-delà du jeu auquel s’amuse Calvino,
en transformant une scène exemplaire en une anecdote
comique, c’est évidemment la relation entre l’homme
de pouvoir et le philosophe qui est inversée. Côme tente
d’ailleurs de l’expliquer à Napoléon en montrant que
cette fois, c’est l’homme de pouvoir qui est demandeur
. Mais Napoléon finit l’entretien par un bon
mot qui reprend parodiquement la phrase d’Alexandre.
C’est bien le même divorce (la même incompréhension)
entre les deux personnages qui prévaut à la fin,
sur le mode comique. Cette rencontre n’est qu’un rendezvous
manqué, sans doute parce que les interlocuteurs
n’avaient rien à se dire.
Le clin d’oeil du narrateur
La fin du passage est en forme de clin d’oeil. Le
narrateur, qui, dans le livre, est l’incarnation du conformisme
et de la soumission à l’ordre établi, reste fidèle
à lui-même. N’ayant rien compris à la scène, il ne peut
que souhaiter le hochet dérisoire d’une décoration.
L’italique
Les passages en italique concernent exclusivement
Napoléon. Ce sont d’abord les paroles de circonstance
au début de son discours, puis le moment où il se rend
compte qu’il rejoue la scène d’Alexandre et Diogène. Ils
suivent l’émergence du sens de la scène que ponctue la
phrase courtisane d’Eugène de Beauharnais.
La tonalité
Le passage est à la fois humoristique et satirique. En
reprenant les éléments de l’anecdote et en les réorganisant,
Calvino se livre à un jeu formel comparable à
celle de l’oulipo (auquel il collabora). Mais au-delà de
l’amusement, perce l’intention satirique : Napoléon
est un histrion assez dérisoire, soucieux seulement de
paraître, et Côme est impuissant à se faire entendre. _________________ Du BREVET AU BAC |
|
|
|
|
|
Page 1 sur 1 |
|
Permission de ce forum: | Vous ne pouvez pas répondre aux sujets
| |
|
|