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 DU BREVET AU BAC :: LECTURES ANALYTIQUES ET COMMENTAIRES :: Clair de lune (Victor HUGO, recueil Les Orientales, 1829).

Clair de lune (Victor HUGO, recueil Les Orientales, 1829).

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MessageSujet: Clair de lune (Victor HUGO, recueil Les Orientales, 1829).  Posté leJeu Mar 28, 2013 3:41 pm Répondre en citant

Clair de lune (Victor HUGO, recueil Les Orientales, 1829).





La lune était sereine et jouait sur les flots. -
La fenêtre enfin libre est ouverte à la brise,
La sultane regarde, et la mer qui se brise,
Là-bas, d'un flot d'argent brode les noirs îlots.

De ses doigts en vibrant s'échappe la guitare.
Elle écoute... Un bruit sourd frappe les sourds échos.
Est-ce un lourd vaisseau turc qui vient des eaux de Cos,
Battant l'archipel grec de sa rame tartare ?

Sont-ce des cormorans qui plongent tour à tour,
Et coupent l'eau, qui roule en perles sur leur aile ?
Est-ce un djinn qui là-haut siffle d'une voix grêle,
Et jette dans la mer les créneaux de la tour ?

Qui trouble ainsi les flots près du sérail des femmes ? -
Ni le noir cormoran, sur la vague bercé,
Ni les pierres du mur, ni le bruit cadencé
Du lourd vaisseau, rampant sur l'onde avec des rames.

Ce sont des sacs pesants, d'où partent des sanglots.
On verrait, en sondant la mer qui les promène,
Se mouvoir dans leurs flancs comme une forme humaine... -
La lune était sereine et jouait sur les flots.




Commentaire d'Eléonore F. :






La première moitié du XIXème siècle est marquée par le romantisme qui précède le réalisme en tant que mouvement littéraire dominant. Il se caractérise par l’expression des sentiments et du « moi » ainsi que pas l’amour de la nature et de l’exotisme. Victor Hugo, né en 1802 et mort en 1885, est généralement considéré comme le plus grand auteur romantique en poésie avec son fameux recueil Les Orientales (1829), inspiré par ses longs séjours en Orient. « Clair de Lune » est tiré de ce recueil, il conte une nuit tranquille soudainement dérangé par u bruit inhabituel. Il est composé de cinq quatrains, chaque quatrain est composé d’alexandrins et les rimes sont embrassées. Dans un premier temps on relèvera l’importance de la nature, puis on analysera la projection du lyrisme sur cette nature.




Tout d’abord, la nature est omniprésente dans ce texte comme le montre l’abondant champ lexical la décrivant. En effet, on trouve par exemple, « lune » (v.1), « flots » (v.1) ; « brise » (v.2) ou encore « eaux » (v.7) et « cormorans » (v.9). De même, cette nature est décrite avec des adjectifs mélioratifs nombreux, associant à l’idée de la nature, un calme profond et un sentiment de bien-être. Cela est prouvé au vers 1, la lune est décrite comme « sereine », le flot « brode » (v.4) et la brise peut « enfin » entrer par la fenêtre. Cela montre que la nature est importante dans ce texte, en effet même le titre du poème y fait référence : « le clair de lune ».

De surcroît, la nature est décrite à travers le regard et les sens de la « sultane » (v.3). On trouve ainsi de nombreuses références à la vue telle que « regarde » (v.3) ou « verrait » (v.1Cool ainsi que de nombreuses couleurs : « argent » et « noirs » (v.4) et encore « noir » (v.14). L’ouïe est également sollicitée dans le texte car on trouve par exemple « vibrant » (v.5), « bruit sourd » (v.6) ou encore des verbes comme « écoute » (v.6) et « siffle » (v.11). Ces sens sont d’autant plus importants qu’ils montrent la perception du poète, ainsi on voit la nature comme la « sultane » regardant et comme la voit l’auteur écrivant le poème.

Enfin, la nature est décrite à travers des sonorités. Plusieurs allitérations et une assonance aident le lecteur à imaginer la nature et le cadre imaginés par Victor Hugo. La première allitération en [l], avec « la » (v.1), « lune » (v.1), « flot) (v.4) ou « îlots) (v.4), est une sonorité douce évoquant le roulis des vagues. De même, l’allitération en [r] au deuxième paragraphe avec par exemple « vibrant » (v.5), « guitare » (v.5) ou « tartare » (v.Cool, évoque une sonorité un peu dure mais très rythmée imitant le bruit de la guitare ou le frappement des rames sur l’eau. Ainsi, la nature est non seulement associée à des images, mais aussi à des sons qui, une fois encore, aident à la compréhension de ce poème.




De plus, le lyrisme présent dans le poème a un impact sur la nature décrite précédemment. En effet, la focalisation interne apporte à ce poème un lyrisme légèrement différent. Ce n’est pas un lyrisme hyperbolique ou exalté qu’on trouve ici, c’est une tension croissante, ce sont les sentiments diffus de la sultane et su poète surtout. Contrairement à d’autres poèmes on ne trouve pas ici d’exaltation forte ou d’impératif. On trouve cependant de nombreuses interrogations aux vers 10, 12,8 et 13 exprimant l’incertitude et le doute. Ce sentiment est renforcé avec l’anaphore de « ni » vers 14 et 15, comme si le lecteur avait un accès direct aux pensées de la sultane et qu’il assistait à sa réflexion sur l’origine de ce bruit. Les deux césures à l’hémistiche, vers 14 et 15, rythment ses pensées et rappellent le « bruit cadencé » des vaisseaux, faisant une fois de plus appel aux sensations de la dame, et donc au lyrisme.

Ce dernier est également montré à travers l’opposition entre la nature et la provenance du bruit, donc aux activités humaines. La lune « sereine » (v.1) et le « flot d’argent » (v.4) sont opposés au « bruit sourd » (v.6) frappant les échos. De même, la nature tranquille décrite semble dérangée par ce son comparé au bruit d’un « lourd vaisseau turc qui vient […] battant […] de sa rame tartare » (v.7 et Cool et au « lourd vaisseau, rampant… » (v.16). En fait, ce bruit semble menaçant, comme si c’était une bête sauvage approchant. Une fois de plus, la nature est liée aux perceptions de la femme.

Enfin, le lyrisme est particulièrement présent dans le dernier quatrain où la sultane découvre que le bruit qu’elle entendait était le bruit de pleurs. On trouve ici deux allitérations, la première en [s] avec « sacs », « sont », ou « sanglots » (v.17) évoquant les pleurs et une en [m] avec par exemple « mouvoir », « comme », ou « forme » (v.19) évoquant le murmure et les sanglots des bateaux. On remarque enfin la répétition du premier vers, « la lune était sereine et jouait sur les flots » au tout dernier vers, créant ainsi une symétrie et montrant que malgré la souffrance, malgré la douleur, la nature est inaltérable. Cela est d’ailleurs repris par d’autres auteurs, par exemple dans « le lac » de Lamartine, le dernier vers est « il passe [le temps] et nous coulons ».




Grace à la thématique de la nature dans ce poème et à la projection du lyrisme sur cette nature, on peut dire que « Clair de lune » est un texte appartenant au mouvement romantique. Ce dernier sera remplacé par le mouvement réaliste qui insistera sur la réalité sans artifice et portera d’autres grands auteurs comme Balzac, Zola ou Flaubert.


Eléonore F., 2nde section internationale, lycée international de Valbonne Sophia-Antipolis, mars 2010.




Commentaire de Karim B. :







Le Romantisme est le mouvement littéraire prédominant du XIXème siècle. Il se caractérise par l’expression de sentiments intimes et intenses, ainsi que par la mise en évidence du « moi ». Victor Hugo, notamment grâce à son recueil Les Orientales, est un des auteurs phares de ce mouvement. Il écrit le poème « Clair de lune » en 1829, à l’âge de vingt-sept ans. Ce poème romantique, évoque l’envie d’un ailleurs de la part du poète. Il présente deux thématiques propres au Romantisme, qui sont la nature et plus particulièrement la mer, et l’exotisme, l’envie de partir ailleurs.



En premier lieu, on remarque que thème de la nature et surtout de la mer, est omniprésent dans ce poème, comme l’atteste l’anaphore du nom commun « mer » (v.3, 12 et 1Cool. On peut aussi trouver le champ lexical de la mer : « flots » (v.1, 4, 13 et 20) ; « vague » (v.14) ; « eau » (v.10) et « eaux » (v.7). L’allitération en [r] (« La fenêtre enfin libre est ouverte à la brise, »v.12), peut faire penser au roulis des vagues sur la mer, et renforce l’omniprésence de celle-ci.

Par ailleurs, la mer est présentée sous deux angles ; une mer calme et une mer agitée. Cette opposition ou antithèse, de la mer est le reflet des sentiments de la sultane. Le premier angle sous lequel est perçue la mer est le calme, comme l’illustre : « brise » (v.2) ; « l’onde » (v.16). Les rimes sont embrassées tout au long du poème et cette symétrie fait penser à l’harmonie, au calme. Le deuxième angle sous lequel est vue la mer est l’agitation, comme l’atteste : « se brise » (v.3) ; « un lourd vaisseau turc » (v.7) ; « un bruit sourd frappe les sourds échos » (v.6) et « bruit cadencé » (v.15). Cela marque bien la place qu’occupe la mer dans ce poème.

En outre, plusieurs personnifications d’éléments naturels existent : celle de la lune, présente au début de ce poème et à la fin : « La lune était sereine et jouait sur les flots » (v.1 et 20). Ce vers semble embrasser l’ensemble du poème et on a l’impression que rien n’a changé, depuis son début. Une autre personnification est celle de l’eau : « l’eau, qui roule en perles » ainsi que la personnification de la mer dans la dernière strophe : « la mer qui les promène, se mouvoir dans leurs flancs comme une forme humaine… » (v.18 et 19). Ainsi, on perçoit nettement bien la présence de la nature.




De même que la mer exprime la liberté et l’immensité du monde, l’exotisme, l’envie de partir ailleurs sont très présents dans ce poème, comme l’atteste : « la fenêtre enfin libre » (v.2). La fenêtre est synonyme d’ouverture. Au vers cinq, le poète évoque un instrument : « la guitare ». Celle-ci est souvent utilisée lors d’aventures et est jouée près du feu. Elle exprime la liberté. De plus, de nombreuses références à d’autres endroits géographiques sont présentes : « vaisseau turc » (v.7) ; « eaux de Cos » (v.7) ; « archipel grec » (v.Cool. « Là-bas » (v.4) et « Là-haut » (v.11) démontrent bien l’envie de partir du poète.

Enfin, la reine orientale veut voyager ailleurs, elle en rêve même. Ce qui explique la présence de l’onirisme dans ce poème. Comme l’illustre « djinn » (v.11), mot qui renvoi à la mythologie et aux légendes, preuve que la sultane rêve. « Les créneaux de la tour » (v.12) font référence à une autre époque, celle du Moyen-âge. Du vers sept au vers treize, la reine orientale se pose une succession de questions, elle s’interroge, elle rêve. On peut aussi lire au vers trois : « la sultane regarde ». Elle regarde la mer et pense à un autre endroit. La mer représente bien l’immensité du monde. L’allitération en [r] interprétée, comme le roulis des vagues, peut aussi référer au rêve : « l’archipel grec de sa rame tartare » (v.Cool. Ce poème est formé d’alexandrins, ce sont des vers longs et propices à la rêverie. Les cormorans sont évoqués à plusieurs reprises : « des cormorans qui plongent » (v.9). La sultane rêve d’être comme eux, libres et volants au-dessus des mers. Grâce à cela, on perçoit d’une très bonne manière le rêve et l’exotisme exprimés dans « Clair de lune ».






Dans ce poème, se retrouvent deux thématiques principales ; la nature et l’exotisme, ce qui en fait une poésie purement romantique. Dans la deuxième moitié du XIXème siècle, s’impose un nouveau mouvement pour succéder au Romantisme ; c’est le Réalisme. Celui-ci est apparu pour dénoncer la vision relativement naïve qu’avaient les romantiques du monde. Les réalistes, comme notamment Balzac ou Flaubert, expriment la réalité telle qu’elle est, dans toute sa laideur, sans rien idéaliser.

Karim B., 2nde section internationale, lycée international de Valbonne Sophia-Antipolis, mars 2010.



http://www.ac-nice.fr/lettres/civ/articles.php?lng=fr&pg=130
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