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 DU BREVET AU BAC :: LECTURES ANALYTIQUES ET COMMENTAIRES :: Commentaire Hugo,"Elle était déchaussée...."

Commentaire Hugo,"Elle était déchaussée...."

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MessageSujet: Commentaire Hugo,"Elle était déchaussée...."  Posté leMer Mar 27, 2013 7:30 pm Répondre en citant

"Commentaires 2sde


Sujet : Vous ferez un commentaire du texte suivant.






Elle était déchaussée, elle était décoiffée,

Assise, les pieds nus, parmi les joncs penchants ;

Moi qui passais par là, je crus voir une fée,

Et je lui dis : Veux-tu t’en venir dans les champs ?




Elle me regarda de ce regard suprême

Qui reste à la beauté quand nous en triomphons,

Et je lui dis : Veux-tu, c’est le mois où l’on aime,

Veux-tu nous en aller sous les arbres profonds ?




Elle essuya ses pieds à l’herbe de la rive ;

Elle me regarda pour la seconde fois,

Et la belle folâtre devint alors pensive.

Oh ! comme les oiseaux chantaient au fond des bois !




Comme l’eau caressait doucement le rivage !

Je vis venir à moi, dans les grands roseaux verts,

La belle fille heureuse, effarée et sauvage,

Ses cheveux dans ses yeux, et riant au travers.





V.Hugo, Les contemplations (1855).





1er commentaire : Clément R.



Commentaire :



Le romantisme est le principal mouvement littéraire de la première moitié du XIXème siècle. Ses principaux thèmes sont l’exploration des sentiments et l’amour de la nature et de l’exotisme. Victor Hugo est généralement considéré comme le plus grand auteur romantique et a écrit Les Contemplations, recueil publié en 1855 d’où est extrait le poème proposé. « Elle était déchaussée… » narre la rencontre amoureuse entre le poète et une jeune et belle fille. Le texte est axé sur l’expression d’un lyrisme heureux et amoureux, proche de la nature et projeté sur elle, qu’elle soit féminine ou végétale.



Tout d’abord, le poème exprime des sentiments de bonheur et d’amour intenses, notamment au sujet du personnage de la jeune fille. Celle-ci est apparemment magnifique, comme le montre l’adjectif qualificatif « belle » répété aux vers 11 et 15. La « beauté » (v.6) est incluse dans une tournure qui fait de ce personnage une allégorie de la beauté, une égérie. L’hyperbole « regard suprême » (v.5) renforce cette impression et donne à cette femme un caractère surhumain, complété par une seconde hyperbole, « fée » (v.3), référence légendaire qui crée une aura de mystère et de beauté autour de la jeune fille, propice au développement du lyrisme amoureux.

Ce personnage est de plus caractérisé par une joie de vivre qui renforce l’attirance du poète. Les qualificatifs « folâtre » (v.11) et « heureux » (v.15), créent en effet une impression de bonheur, de jeu et de liberté. Le participe présent « riant » participe aussi à l’élaboration de cet aspect enjoué du personnage féminin. Ce champ lexical du bonheur est l’expressssion du lyrisme heureux, qui est renforcé par l’interjection « Oh ! » (v.12) et la ponctuation forte : les points d’interrogation (v.4 et Cool et d’exclamation (v.12 et 13) sont autant d’éléments qui mettent en relief le lyrisme du texte.

L’amour réciproque est enfin la dernière incursion dans les sentiments des personnages. L’anaphore d’ « Et je lui dis : Veux-tu » aux vers 4 et 7, puis « Veux-tu » de nouveau au vers 8, montrent le désir des personnages, dont la réciprocité est illustrée par les pronoms sujets « je » et « tu » et le verbe « vouloir ». L’amour est évidemment repérable par la forme verbale « on aime » au vers 9. Le pronom sujet « Elle » mis en anaphore aux vers 1, 5, 9 et 10, traduisant l’obsession passionnelle du poète pour la jeune fille. Cette passion est un exemple frappant du lyrisme qui imprègne ce poème.



Cependant, ce lyrisme amoureux est profondément ancré dans un contexte exclusivement naturel, et ce par plusieurs aspects. D’une part, ce personnage féminin est, comme on l’a dit, particulièrement mystérieux, et semble quelque peu hors de l’humanité, donnant une impression très naturelle. Le balancement binaire « Elle était déchaussée, elle était décoiffée » (v.1), et le rythme ternaire « heureuse, effarée et sauvage » (v.15) contribuent à définir cet aspect du personnage. La mention des pieds, « nus » au vers 2 et qu’ « Elle essuya à l’herbe de la rive » au vers 9 semble inscrire la jeune femme dans la nature qui l’environne. Enfin, « Ses cheveux dans ses yeux » (v.16) montre la décontraction et la sérénité naturelles qu’affecte le personnage, personnification de la nature.

D’autre part, la nature est ici le cadre spatio-temporel de l’aventure sentimentale. Le champ lexical de la nature est particulièrement abondant : « les joncs penchants » (v.2), « les champs » (v.4), « les arbres profonds » (v.Cool, « l’herbe de la rive » (v.9), « les grands roseaux verts » (v.14) sont autant d’éléments du cadre naturel. Le bonheur est illustré par « les oiseaux qui chantaient au fond des bois » (v.12) et la liquidité, présente dans « Comme l’eau caressait doucement le rivage » et l’allitération en [v] et [f] dans la dernière strophe (« rivage » (v.13), « vis venir » (v.14), « verts » (v.14), « fille », « effarée » et « sauvage » (v.15), « cheveux » et « travers » enfin (v.16)), semble faire écho au lyrisme amoureux et tendre. De plus, le poète donne à cette rencontre un cadre temporel, grâce à « le mois où l’on aime » (v.7), cadre qui renforce le sentiment amoureux. La nature, cadre superbe de ce poème, « [chante] » et « [caresse] » (v.12 et 13), verbes qui illustrent parfaitement la projection faite par le poète des sentiments et du lyrisme sur une nature également agréable, tendre et heureuse.



« Elle était déchaussée… » reprend les grands thèmes du romantisme, c’est-à-dire le lyrisme et sa projection sur la nature. Ce poème est un hymne à la joie de vivre et à l’amour au travers d’une rencontre sentimentale. D’autres auteurs romantiques, comme Lamartine ou Gérard de Nerval, utiliseront dans leurs œuvres des rencontres amoureuses, au dénouement heureux ou malheureux, souvent personnelles et faisant également appel aux sentiments et à l’amour de la nature.




Clément R., 2nde section internationale, lycée international de Valbonne Sophia-Antipolis (Centre International de Valbonne) ; mars 2006.




2ème commentaire : Elodie P.



Le poème « Elle était déchaussée, elle était décoiffée », appartient au mouvement littéraire du début du XIXème siècle, le romantisme, que l’on date entre 1820 et 1848, bien qu’il ait continué à influencer le siècle entier. Ce mouvement consiste principalement à laisser place à l’expression des sensations et des sentiments en abolissant les règles stricte de la littérature classique (par exemple, les unités de temps, de lieu et d' action). Victor Hugo, l’auteur de cette œuvre, est à la tête de ce mouvement. Comme la plupart des romantiques, il a été influencé par la révolution de 1789 et revendique la liberté d’expression et les droits de chacun. On peut séparer la vie de Victor Hugo en deux parties : sa vie avant la mort de sa fille, pleine de joie de vivre et d’innocence, et sa vie après, emplie de tristesse et de désespoir. Ce texte a été écrit durant la première partie de sa vie. Il nous décrit un sentiment profond, innocent et agréable : l’amour. Il exprime les sensations et émotions d’une première rencontre amoureuse qui est de plus, ici, en parfaite harmonie avec la nature.



En premier lieu, on remarque que l’auteur utilise le registre lyrique afin de nous imprégner des sentiments ressentis par le personnage. On vit ces sensations en même temps que l’auteur. Comme toute première rencontre amoureuse, les émotions passent par le regard , d’où la présence du champ lexical visuel tout au long du poème : « je crus voir une fée, […] » (v.2) ; « elle me regarda de ce regard […] » (v.10) ; « je vis venir vers moi […]» (v.14). Il y a une certaine réciprocité entre les deux personnages grâce au « jeu » des regards mais aussi à la structure du poème : le pronom personnel « je » utilisé aux vers 3, 4, 7, 14 est aussi présent que le pronom personnel « elle » aux vers 1, 5, 9, 10. Elle présente un certain équilibre comme le montrent, par exemple, les deux premières strophes où les deux premiers vers parlent d’elle et les deux derniers de lui.

Alors que cette réciprocité s’installe, les sentiments du personnage s’intensifient comme nous le montre la ponctuation de plus en plus forte et l’interjection « Oh » au vers 12. On remarque aussi une allitération en [v] : « je crus voir […] » au vers 3, « […] Veux-tu t’en venir dans les champs ? » au vers 4, « Je vis venir à moi, dans les grands roseaux verts, […] » au vers 14. Cette sonorité douce montre que le sentiment ressenti est agréable. Cette douceur s’exprime aussi par les rimes régulières tout au long du poème qui le rend musical : « décoiffée » et « fée » aux vers 1 et 3, « penchants » et « champs » aux vers 2 et 4 ; « suprême » et « aime » aux vers 5 et 7, « triomphons » et « profonds » aux vers 6 et 8. Le désir d’une rencontre plus profonde avec cette femme nous est montré avec la métaphore « Veux-tu nous en aller sous les arbres profonds ? » au vers 8. On sait alors que les sensations éprouvées par le personnage durant cette rencontre sont intenses et importantes à ses yeux.

En effet, les émotions qu’il ressent sont si fortes qu’il idéalise cette jeune femme. La seule description physique qu’on a d’elle est sa « beauté » (vers 6). Il la décrit comme une « belle folâtre » au vers 11 et une « belle fille » au vers 15. Sa description est hyperbolique, comme nous le montre l’hyperbole « […] je crus voir une fée […]» au vers 3. Sa beauté est aussi ancrée dans sa nudité, (on nous parle de ses « pieds nus » au vers 2) et dans son naturel. Elle nous est montrée « déchaussée », « décoiffée » (v.1), « effarée et sauvage » (v.15). L’éblouissement que ressent le jeune homme durant cette rencontre se reflète dans la nature qui l’entoure.



Bien que la beauté de cette jeune fille paraisse incomparable, la beauté de la nature semble égaler cet éblouissement et refléter parfaitement les sensations du personnage. La nature est très présente dans ce poème, comme nous le montre le champ lexical étendu de la nature. La jeune femme est assise « parmi les joncs » (v.2), le jeune homme l’invite à aller dans « les champs » (v.4) puis « sous les arbres profonds » (v.Cool, elle essuie ses pieds sur « l’herbe » de la « rive » (v.9).

Cette nature est même personnifiée avec « l’eau (qui)caressait doucement le rivage » au vers 13, ce qui renforce encore la symbiose entre les sentiments ressentis par le personnage et la nature. Cette nature semble en harmonie avec la douceur des sensations ressenties comme le montre l'adverbe «l’eau caressait doucement » (v.13) ; elle est aussi gaie et envoûtante que l’amour du jeune homme comme l’atteste « les oiseaux chantaient […]» au vers 12.

Elle est d’autant plus harmonieuse que la beauté de cette nature est semblable à la beauté naturelle de cette femme. Les allitérations en [s] et en [f] : « déchaussée » (V.1), « décoiffée » (v.1), « assise » (v.2), « passais » (v.3) « fée » (v.3), « suprême » (v.5) « essuya » (v.9), « folâtre » (v.11), sont des sonorités sifflantes, qui nous rappellent le vent. D’autant plus que la jeune fille a les « cheveux dans ses yeux » (v.16) ce qui la rend d’autant plus naturelle. Sa nudité, citée précédemment, est semblable à la nudité de la nature. Toutes deux sont d’une beauté naturelle extrême, ce qui les unie fortement.


Grâce au registre lyrique et à cette harmonie parfaite avec la nature, on peut dire que ce poème est caractéristique du mouvement romantique. Le romantisme laissera bientôt place au réalisme, avec de grands auteurs tels qu' Emile Zola, ou encore Honoré de Balzac. Bien que le réalisme hérite en partie du romantisme, l’idéal de l’amour décrit ici disparaîtra complètement.




Elodie P., 2nde section internationale, lycée international de Valbonne Sophia-Antipolis (Centre International de Valbonne) ; mars 2006.



http://www.ac-nice.fr/lettres/civ/articles.php?lng=fr&pg=13
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