| 
			 
				|  DU BREVET AU BAC
 Préparation au brevet et au bac de français, philosophie et HLP
 
 |  
   
	|    |  |  
	
		|  |  
		| Auteur | Message |   
		| Prépabac, examen2017 Administrateur
 
  
 
 Age: 60
 Inscrit le: 07 Déc 2009
 Messages: 6069
 Localisation: versailles
 
 | 
			
				|  Sujet: Corbière, les Amours jaunes, le poète et la cigale  Ven Jan 14, 2011 11:39 pm |   |   
				| 
 |  
				| Corbière, Les Amours jaunes, « Le poète et la cigale »
 
 La muse du poète
 On rappellera la définition de « muse » : divinité
 inspiratrice des poètes et des artistes. Au nombre de
 neuf dans la mythologie grecque, elles sont les filles de
 Zeus et Mnémosyne, la mémoire :
 Clio, muse de l’histoire
 Euterpe, muse de la musique
 Thalie, muse de la comédie
 Melpomène, muse de la tragédie
 Terpsichore, muse de la danse
 Érato, muse de l’élégie
 Polhymnie, muse de la poésie lyrique
 Calliope, muse de la poésie épique
 Uranie, muse de l’astronomie
 La muse est une personnification classique de
 l’inspiration, une allégorie féminine.
 La dédicace poétique est explicite « À Marcelle ».
 Elle se manifeste à l’intérieur même du poème :
 vouvoiement du vers 12, compliment galant qui donne
 au poème l’allure d’un madrigal (« blonde voisine »,
 v. 8, « très prêteuse », v. 15), superlatifs, oxymore enjoué
 du vers 16 (« son plus joli défaut »). On précisera que
 Marcelle n’est pas la muse mais la « marraine » (v. 4)
 qui va inspirer à nouveau celle-ci.
 
 De La Fontaine à Corbière
 
 Les protagonistes animalisés des Fables sont devenus
 des êtres humains : la cigale négligente a cédé la place au
 poète en mal d’inspiration, la fourmi avare, à Marcelle, jolie
 voisine « très prêteuse » qui répond par l’affirmative à la
 requête du poète, la nourriture n’est plus terrestre mais
 artistique, il demande l’autorisation de « lui prêter/son
 petit nom pour rimer ». Non seulement Marcelle accède à
 sa demande mais elle se réjouit de l’honneur qui lui est fait
 (exclamatives finales). Le lecteur est ainsi invité à considérer
 favorablement l’aimable Marcelle si différente de la fourmi
 moralisatrice et au fond égoïste de La Fontaine.
 Le sens de la fable est ainsi profondément transformé.
 Pas de morale chez Corbière, il s’agit d’une dédicace
 flatteuse, d’un petit récit en guise d’hommage à la
 résonance fortement autobiographique, alors que la
 fable de la Fontaine comporte une morale implicite (un
 appel à la prévoyance), la fourmi donnant une bonne
 leçon à la cigale. La fable initiale finit mal et suggère
 la mort probable de la cigale imprévoyante, celle de
 Corbière, mais peut – on encore parler de fable ? – se
 termine heureusement. Plus qu’une fable, il s’agit bien
 ici d’un détournement de la fable de La Fontaine, d’un
 hommage amoureux à l’inspiratrice du recueil.
 
 Une fable à tonalité humoristique
 Modification amusante du titre de la fable, la fourmi
 laborieuse et pingre est éliminée, la cigale devient une
 jeune femme dispendieuse qui prête son nom à tous
 vents, jeu de mots du vers 2 (« rimé »/« imprimé »),
 collage de citations de la fable source – on proposera
 aux élèves de retrouver les citations du texte de La
 Fontaine –, calembour sur « vers » et « vermisseau »
 (v. 6), sur « famine » (v. 7), c’est-à-dire l’état de manque
 d’inspiration, prosaïsme du prénom, inversion du
 caractère de la jolie voisine « très prêteuse », alors que
 la fourmi « n’est pas prêteuse/c’est là son moindre
 défaut », autodérision du poète (« foi d’animal ! »),
 oxymore plaisant (« joli défaut », v. 16), registre
 familier des rimes (« morceau »/ « vermisseau », v. 5-6,
 parenthèse pour la rime du vers 11).
 La parodie conduit au renversement de situation et à
 l’inversion des personnages, il ne s’agit plus de travailler
 mais de rimer. Morale qui plaide en faveur de la création
 poétique considérée comme une activité supérieure à
 l’activité économique de la fourmi. L’humour de Corbière
 sera utilement rapproché du Marot de « L’épître au roi »
 avec son jeu sur les rimes holorimes.
 
 L’autodérision du poète
 Le poète pratique l’autodérision : en proie au manque
 d’inspiration, réduit à la disette et contraint de s’adresser
 à sa voisine, mendiant à l’instar de la cigale, ne lui
 demandant que son « petit nom » (v. 10), juste de quoi
 relancer une inspiration tarie. Pas de dramatisation
 ici, mais l’aveu presque ingénu des intermittences de
 la création. On comparera avec le sonnet de Du Bellay
 « Las, où est maintenant ce mépris de fortune ». Ajoutons
 le clin d’oeil à la fable et la discrète animalisation du vers
 13, ainsi que la posture amusante du soupirant livrant
 son appréciation sur la voisine consentante (vers 15, 16)
 avec, sans doute, un sous-entendu licencieux. Le dernier
 vers, détaché, en forme de chute, met le poète à l’épreuve :
 sera-t-il à la hauteur ?
 _________________
 Du BREVET AU BAC
 |  |   
		|   
 |  |   
		| 
 |  
		|  |  
	| Page 1 sur 1 |  |  | Permission de ce forum: | Vous ne pouvez pas répondre aux sujets 
 |  |  |  
	      |  |  |