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 DU BREVET AU BAC :: LECTURES ANALYTIQUES ET COMMENTAIRES :: Corbière, les Amours jaunes, le poète et la cigale

Corbière, les Amours jaunes, le poète et la cigale

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MessageSujet: Corbière, les Amours jaunes, le poète et la cigale  Posté leVen Jan 14, 2011 11:39 pm Répondre en citant

Corbière, Les Amours jaunes,
« Le poète et la cigale »


La muse du poète
On rappellera la définition de « muse » : divinité
inspiratrice des poètes et des artistes. Au nombre de
neuf dans la mythologie grecque, elles sont les filles de
Zeus et Mnémosyne, la mémoire :
Clio, muse de l’histoire
Euterpe, muse de la musique
Thalie, muse de la comédie
Melpomène, muse de la tragédie
Terpsichore, muse de la danse
Érato, muse de l’élégie
Polhymnie, muse de la poésie lyrique
Calliope, muse de la poésie épique
Uranie, muse de l’astronomie
La muse est une personnification classique de
l’inspiration, une allégorie féminine.
La dédicace poétique est explicite « À Marcelle ».
Elle se manifeste à l’intérieur même du poème :
vouvoiement du vers 12, compliment galant qui donne
au poème l’allure d’un madrigal (« blonde voisine »,
v. 8, « très prêteuse », v. 15), superlatifs, oxymore enjoué
du vers 16 (« son plus joli défaut »). On précisera que
Marcelle n’est pas la muse mais la « marraine » (v. 4)
qui va inspirer à nouveau celle-ci.

De La Fontaine à Corbière

Les protagonistes animalisés des Fables sont devenus
des êtres humains : la cigale négligente a cédé la place au
poète en mal d’inspiration, la fourmi avare, à Marcelle, jolie
voisine « très prêteuse » qui répond par l’affirmative à la
requête du poète, la nourriture n’est plus terrestre mais
artistique, il demande l’autorisation de « lui prêter/son
petit nom pour rimer ». Non seulement Marcelle accède à
sa demande mais elle se réjouit de l’honneur qui lui est fait
(exclamatives finales). Le lecteur est ainsi invité à considérer
favorablement l’aimable Marcelle si différente de la fourmi
moralisatrice et au fond égoïste de La Fontaine.
Le sens de la fable est ainsi profondément transformé.
Pas de morale chez Corbière, il s’agit d’une dédicace
flatteuse, d’un petit récit en guise d’hommage à la
résonance fortement autobiographique, alors que la
fable de la Fontaine comporte une morale implicite (un
appel à la prévoyance), la fourmi donnant une bonne
leçon à la cigale. La fable initiale finit mal et suggère
la mort probable de la cigale imprévoyante, celle de
Corbière, mais peut – on encore parler de fable ? – se
termine heureusement. Plus qu’une fable, il s’agit bien
ici d’un détournement de la fable de La Fontaine, d’un
hommage amoureux à l’inspiratrice du recueil.

Une fable à tonalité humoristique
Modification amusante du titre de la fable, la fourmi
laborieuse et pingre est éliminée, la cigale devient une
jeune femme dispendieuse qui prête son nom à tous
vents, jeu de mots du vers 2 (« rimé »/« imprimé »),
collage de citations de la fable source – on proposera
aux élèves de retrouver les citations du texte de La
Fontaine –, calembour sur « vers » et « vermisseau »
(v. 6), sur « famine » (v. 7), c’est-à-dire l’état de manque
d’inspiration, prosaïsme du prénom, inversion du
caractère de la jolie voisine « très prêteuse », alors que
la fourmi « n’est pas prêteuse/c’est là son moindre
défaut », autodérision du poète (« foi d’animal ! »),
oxymore plaisant (« joli défaut », v. 16), registre
familier des rimes (« morceau »/ « vermisseau », v. 5-6,
parenthèse pour la rime du vers 11).
La parodie conduit au renversement de situation et à
l’inversion des personnages, il ne s’agit plus de travailler
mais de rimer. Morale qui plaide en faveur de la création
poétique considérée comme une activité supérieure à
l’activité économique de la fourmi. L’humour de Corbière
sera utilement rapproché du Marot de « L’épître au roi »
avec son jeu sur les rimes holorimes.

L’autodérision du poète
Le poète pratique l’autodérision : en proie au manque
d’inspiration, réduit à la disette et contraint de s’adresser
à sa voisine, mendiant à l’instar de la cigale, ne lui
demandant que son « petit nom » (v. 10), juste de quoi
relancer une inspiration tarie. Pas de dramatisation
ici, mais l’aveu presque ingénu des intermittences de
la création. On comparera avec le sonnet de Du Bellay
« Las, où est maintenant ce mépris de fortune ». Ajoutons
le clin d’oeil à la fable et la discrète animalisation du vers
13, ainsi que la posture amusante du soupirant livrant
son appréciation sur la voisine consentante (vers 15, 16)
avec, sans doute, un sous-entendu licencieux. Le dernier
vers, détaché, en forme de chute, met le poète à l’épreuve :
sera-t-il à la hauteur ?
_________________
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