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 DU BREVET AU BAC :: CONVAINCRE, PERSUADER, DELIBERER :: Définition de l'utopie

Définition de l'utopie

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Bacfrançais, prof 1ère
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MessageSujet: Définition de l'utopie  Posté leMer Nov 07, 2012 7:39 pm Répondre en citant

Définition de l'utopie


La poursuite d'une chimère

Dans le langage courant actuel, "utopique" veut dire impossible ; une utopie est une chimère, une construction purement imaginaire dont la réalisation est, a priori, hors de notre portée. Or, paradoxalement, les auteurs qui ont créé le mot, puis illustré le genre littéraire inventé par Thomas More en 1516, avaient plutôt pour ambition d'élargir le champ du possible, et d'abord de l'explorer. Certes, l'utopie se caractérise par un recours à la fiction, par un artifice littéraire qui consiste à décrire une société idéale dans une géographie imaginaire, souvent dans le cadre d'un récit de voyage purement romanesque. Mais imaginaire ou fictif ne veut pas dire impossible : tout rêve n'est pas chimère. Les utopies relevant de la littérature politique, du XVIe au XVIIIe siècle, participent d'une critique de l'ordre existant et d'une volonté de le réformer en profondeur ; le recours à la fiction est un procédé qui permet de prendre ses distances par rapport au présent pour mieux le relativiser et de décrire, d'une manière aussi concrète que possible, ce qui pourrait être. Et l'épanouissement du genre utopique correspond à une période où l'on pense, justement, que, plutôt que d'attendre un monde meilleur dans un au-delà providentiel, les hommes devraient construire autrement leurs formes d'organisation politique et sociale pour venir à bout des vices, des guerres et des misères. En ce sens, les descriptions qu'ils proposent, dans lesquelles ils font voir des cités heureuses bien gouvernées, visent à convaincre leurs lecteurs que d'autres modes de vie sont possibles.


Un effort d'imagination pour explorer le possible

Peu à peu, en particulier lorsque l'idée de progrès devient un principe de compréhension de l'histoire humaine, la notion d'utopie apparaît, non plus comme le résultat volontariste de la décision de réformateurs soucieux du bien humain, mais comme ce vers quoi tend le processus historique. C'est, au XIXe siècle, le temps des philosophies de l'histoire. Pour certains, l'utopie est l'horizon de l'Histoire, et il convient d'accélérer le processus pour se rapprocher du règne de la liberté. D'une certaine façon, la promesse de l'histoire rejoint, mais sous une forme sécularisée, l'attente eschatologique des anciennes Apocalypses : la nouvelle Jérusalem viendra, mais cette fois elle ne descendra pas du ciel, elle sera bâtie sur terre, de main humaine, dans un avenir radieux. De nombreux mouvements sociaux, en particulier dans les périodes des grands ébranlements révolutionnaires, sont portés par cette espérance, même si le siècle qui vient de s'achever nous apprend qu'il n'y a pas de fatalité historique, que l'utopie peut se retourner en son contraire, et le rêve tourner au cauchemar



l'utopie, c'est lui redonner sa signification première, celle d'un heureux effort de l'imagination pour explorer et représenter le possible.


Du nom propre au nom commun

Thomas More invente le mot latin : Utopia, construit à partir du grec ou, "non, ne … pas", et de topos, "région, lieu", est le nom d'une île située "en aucun lieu". Cette négation est ambiguë. Faut-il entendre que cette île, dont le gouvernement idéal règne sur un peuple heureux, est imaginaire, inédite, ou encore impossible ? Comment comprendre le fait qu'elle est en même temps localisée, puisque située par More quelque part aux confins du Nouveau Monde ? Et, puisque l'ouvrage de l'humaniste anglais est destiné à faire pendant à l'Éloge de la folie d'Érasme, ne s'agit-il pas simplement de cet exercice rhétorique humaniste où l'on feint un monde inversé pour mieux montrer que le plus raisonnable n'est pas celui qu'on croit ? Bientôt, le genre littéraire inauguré par More se diversifiera et l'on verra apparaître des eutopies (du grec eu, "bien"), des dystopies (du grec dus, exprimant une idée de difficulté, de trouble), des utopies satiriques ou critiques, des anti-utopies, des contre-utopies…
La forme francisée "utopie" est attestée chez Rabelais (1532) et, sur le modèle de l'anglais utopia, le mot devient nom commun en intégrant le vocabulaire politique du XVIIIe siècle ; il désigne alors le plan d'un gouvernement imaginaire, à l'image de la république de Platon. Ce n'est qu'au milieu du XIXe siècle que le sens courant actuel s'impose et que l'utopie en vient à désigner un projet politique ou social qui ne tient pas compte de la réalité. Pour quelques-uns, que justement la "réalité" n'enthousiasme guère, il s'agit là d'une qualité essentielle ; plus généralement, un glissement s'opère, faisant de l'utopie un projet irréalisable, voire irréaliste. En témoignent les renvois synonymiques donnés par le Petit Robert à l'article "utopie" : chimère, illusion, mirage, rêve, rêverie…


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http://expositions.bnf.fr/utopie/arret/d0/index.htm

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MessageSujet: Définition de l'utopie  Posté leMer Nov 07, 2012 7:40 pm Répondre en citant

Les sources de l'utopie


En toute rigueur, l’histoire de l’utopie ne commence qu’au début du XVIe siècle puisque c’est en 1516 que Thomas More fait paraître son “court traité sur la meilleure forme de gouvernement”, qu’il situe sur une “île nouvelle, appelée Utopie”. Avec ce texte, le grand humaniste anglais invente le mot et, du même coup, fonde un genre littéraire. Mais le concept est plus ancien que le mot et puise à des racines très profondes. L’utopie hérite en effet de certains motifs de la mythologie antique, de la philosophie grecque ou de la doctrine chrétienne qui remplissent à son égard une fonction de source ou de matrice. L’homme, face à sa condition sur terre, s’est toujours plu à imaginer des mondes meilleurs : dans un lointain passé, un lointain avenir ou un ailleurs plus ou moins accessible.

Qu’il s’agisse de l’âge d’or, du pays de cocagne, de la “cité idéale” élaborée par Platon dans La République, du paradis terrestre ou des prédictions millénaristes, la démarche utopique renoue avec ces traditions tout en s’en démarquant profondément. Mais si l’utopie proprement dite naît à la Renaissance, c’est parce qu’elle traduit une manière de penser caractéristique de l’humanisme : chez More comme chez la plupart de ses successeurs, la société idéale peut être une construction humaine, sans qu’il faille compter sur la Providence divine ou sur un changement surnaturel. C’est sur terre que l’utopie peut être envisagée, en prenant les hommes comme ils sont.


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MessageSujet: Définition de l'utopie  Posté leMer Nov 07, 2012 7:41 pm Répondre en citant

Ce que décrit Thomas More, c’est une société idéale réalisée par des moyens humains : les maux et les vices sont extirpés parce que “la meilleure forme de gouvernement” a été instituée ici-bas, c’est-à-dire en prenant la condition humaine telle qu’elle est. À la différence des rêves millénaristes et des promesses eschatologiques, ici nulle Providence divine n’est requise. À la différence des Âges d’or et des pays de cocagne, la nature n’a pas, en Utopie, cette générosité surnaturelle qui dispense les hommes de la peine.

À la différence des races d’or et des héros, les Utopiens sont des hommes, avec les défauts et les qualités de leur finitude.
Le jeu de More consiste à montrer que l’autre monde est de ce monde ; de là tous les paradoxes et toutes les ruses de cette utopie raisonnable, de cette fiction réaliste, de cette sérieuse fantaisie. Mais de là aussi qu’avec lui s’inaugure un des motifs essentiels de la modernité, du courage ou de la témérité modernes, fondé sur ce que le siècle des Lumières appellera la perfectibilité humaine.


- Eh bien, cher Raphaël, dis-je, décrivez-nous cette île, nous vous en prions instamment. Donnez-nous un tableau complet des cultures, des fleuves, des villes, des hommes, des mœurs, des institutions et des lois, enfin de tout ce qu’à votre avis nous désirons connaître.
- Il n’est rien que je fasse plus volontiers, car tout cela m’est présent à l’esprit. Mais il nous faudra du loisir.
- Entrons, dis-je, et mangeons, puis nous prendrons le temps qu’il faudra.
- Très bien, dit-il.
Nous prîmes notre repas, puis nous revînmes nous asseoir au même endroit, sur le même banc. Raphaël resta un instant silencieux à réfléchir, puis, nous voyant attentifs et avides de l’entendre, il dit ce qui suit.
Thomas More, Utopie, livre premier.


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MessageSujet: Définition de l'utopie  Posté leMer Nov 07, 2012 7:43 pm Répondre en citant

Thomas More
Utopia, 1516






En publiant à Louvain, en 1516, un petit livre intitulé Utopie, traité sur la meilleure forme de république et sur une île nouvelle, Thomas More, haut dignitaire de la cour d’Angleterre, fonde un genre nouveau, au croisement de la littérature, de la politique et de la philosophie. Ce faisant, il donne une forme durable à un motif essentiel de la modernité.
L’ouvrage se présente comme un dialogue, dont le personnage principal est un voyageur fictif, un compagnon d’Amerigo Vespucci qui aurait poursuivi l’exploration des îles du Nouveau Monde. Au livre premier, il développe une critique sévère de l’Angleterre de l’époque. En contrepoint, au livre II, il décrit les institutions, le mode de vie et l’histoire des habitants heureux de l’île d’Utopie.

La nouveauté de l’ouvrage tient à ce que cette société idéale est, ici-bas, l’œuvre des hommes eux-mêmes : l’environnement naturel n’est pas idéalisé, comme dans les légendes de l’âge d’or ou des pays de cocagne ; les Utopiens sont des hommes comme les autres, marqués par la Chute et le péché ; ils n’ont bénéficié d’aucune grâce divine particulière. S’ils sont parvenus à chasser les maux et les vices, c’est simplement en construisant une autre organisation sociale



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