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 DU BREVET AU BAC :: LECTURES ANALYTIQUES ET COMMENTAIRES :: Diderot, Salons, la tradition du conte philosophique

Diderot, Salons, la tradition du conte philosophique

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MessageSujet: Diderot, Salons, la tradition du conte philosophique  Posté leSam Jan 15, 2011 3:59 pm Répondre en citant

Argumenter, Le conte philosophique

La tradition du conte philosophique


Diderot, Salons

Situation du texte
Diderot pratique l’art du conte, selon des formes
différentes de celles choisies par Voltaire. Il se présente
comme une apparente digression, une pause qui,
pourtant, n’éloigne pas du sujet traité mais, au contraire,
y reconduit le lecteur selon une relation oblique. La
pensée de Diderot n’est en effet jamais linéaire, elle suit
des chemins inattendus, qu’il compare souvent à ceux
de la conversation, imprévisible, ponctuée de ruptures
et pourtant cohérente si l’on prend le temps d’y porter
attention. Dans ce conte inséré dans un des « salons »
adressés aux frères Grimm, Diderot interrompt une
analyse picturale, qu’il juge austère, pour distraire le
lecteur.

Le début du conte
Le début du conte peut prêter à confusion sur
l’identité des protagonistes. Il existe deux groupes de
personnages : les agriculteurs de Passy et les brigands
du Gros-Caillou. Ces derniers, par leurs incursions,
sèment le trouble chez les premiers et les font vivre
dans l’insécurité. Le conte précise toutefois qu’il existe
chez les habitants de Passy, des « oisifs » qui vont
successivement proposer de jouer deux rôles, celui
de protecteurs et celui d’hommes civilisés, éliminant
ainsi les brigands. Ce dispositif peut sembler confus à
première vue. La question a donc pour but de distinguer
les différents acteurs : agriculteurs et brigands d’un
côté, « oisifs » qui vont introduire, dans la société des
agriculteurs, des distinctions sociales (une division du
travail). Le conte se calque, de manière parodique, sur
la tradition de la philosophie politique antique (Platon)
et moderne (Rousseau) qui cherche à reconstituer la
genèse des sociétés à partir d’une hypothèse originelle
(l’état de nature ou son équivalent). Dans cette genèse
que propose Diderot, les guerriers protecteurs de la
cité et les hommes de lettres (les artistes) apparaissent
comme des conséquences inévitables d’une situation
originelle où l’agriculture (le travail nécessaire à la
subsistance) est confrontée à la violence primitive de
prédateurs aveugles : une sorte de « contrat social » ?

Les étapes du récit
Les incursions du peuple du Gros Caillou symbolisent
la violence brute et pourtant inévitable, qui doit être
conjurée pour que la civilisation puisse éclore et se
développer. Le conte explicite les médiations qui vont
se substituer à l’affrontement initial.
Les deux étapes principales sont celles qui donnent
naissance « au soldat », lui-même corrélatif, comme le
fait observer Diderot, de l’ennemi et du citoyen, et aux
artistes, synonymes de civilisation, d’adoucissement des
moeurs et d’instruction. Dans les deux cas, la nécessité
liée à la violence (les brigands), trouve une médiation :
le soldat émerge comme une entité qui permet
d’identifier l’ennemi et le citoyen ; l’artiste apparaît
comme le complément du travail et sa justification.
En proposant le divertissement mais aussi l’éducation,
le sens moral, il intègre les hommes dans un univers de
valeurs communes.
On pourra commenter cette genèse en la comparant,
par exemple, à la première partie du Discours sur
l’origine de l’inégalité de Rousseau et à son Discours
sur les sciences et les arts. On pourra aussi la mettre en
relation avec les idées de Diderot sur la morale familiale,
exprimées notamment dans ses écrits de théâtre.

Deux résultats
Les deux résultats fondamentaux auxquels aboutit le
récit sont la naissance de la sécurité et de la culture, au
sens large du terme. Cette différenciation a pour but
de mettre en évidence la fonction civilisatrice des arts,
qui introduisent douceur, instruction et divertissement
dans la société. On retrouve ici certains thèmes chers
à Diderot : la fonction de l’art au service d’une morale
bourgeoise (défense de la vertu, des lois, respect pères/
enfants, etc.) par exemple. On ne manquera pas de
souligner l’écart entre certaines des thèses défendues
par Diderot dans ce domaine et certaines audaces
philosophiques développées par ailleurs (Supplément
au voyage de Bougainville, Le Rêve de d’Alembert).

La leçon de Diderot
Les dernières lignes du texte développent une théorie
de l’intérêt bien compris, dans laquelle chaque acteur
du conte trouve sa fonction relativement à la situation
initiale. Ainsi se constitue une chaîne (brigands-soldats-
« flûteurs »), qui conduit de la barbarie à la civilisation,
opérant à chaque étape un calcul d’intérêts, profitable
à tous.

Expression
Le but du conte est de chanter les louanges des
« gens de lettres », agents de civilisation. Cette thèse
est partiellement conforme au projet des Lumières et
à celui de l’Encyclopédie. Pour la discuter, on pourra
s’inspirer des objections de Rousseau (Le Discours sur
les Arts et les sciences, ainsi que La Lettre à d’Alembert
sur les spectacles). Plus lointainement, on rappellera la
République de Platon, qui bannit les poètes de la Cité.
L’essentiel sera de réfléchir aux fonctions de l’écrivain et
de l’artiste dans une société : au rôle de cohésion sociale
que lui assigne Diderot, on opposera celui de critique
des dysfonctionnements, comme le furent aussi les
philosophes des Lumières. La confrontation entre Moi et
Lui dans Le Neveu de Rameau permettra éventuellement
d’enrichir et de compléter la vision de Diderot.
_________________
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