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 DU BREVET AU BAC :: REFLEXIONS, PLANS, ET DISSERTATIONS EN PHILOSOPHIE :: Epicure, Lettre à Ménécée

Epicure, Lettre à Ménécée

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prepabac,philo 2018
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MessageSujet: Epicure, Lettre à Ménécée  Posté leLun Nov 11, 2013 8:33 pm Répondre en citant

LETTRE A MÉNÉCÉE : Epicure

Quand on est jeune, il ne faut pas hésiter à philosopher et quand on est vieux, on ne doit pas se lasser de la philosophie car personne n’est trop jeune ni trop vieux pour prendre soin de son âme. Dire qu’il est trop tôt ou trop tard pour faire de la philosophie, cela revient à dire que l’heure d’être heureux n’est pas venue encore ou qu’elle a déjà passé. Ainsi et le jeune homme et l’homme âgé doivent philosopher. Celui-ci afin de rajeunir au contact du bien, en rappelant à lui les jours passés, celui-là, exempt de crainte devant l’avenir malgré sa jeunesse afin d’être serein comme un vieillard. Dès lors il faut rechercher ce qui nous rend heureux, puisque avec le bonheur nous avons tout ce qu’il nous faut et que si nous ne sommes pas heureux nous faisons tout pour l’avoir. Suis et pratique l’enseignement que je ne laisse de te prodiguer et comprends qu’il y va des principes de la vie heureuse. Et d’abord songe qu’un dieu est un être immortel et bienheureux, conformément à l’idée que nous en avons. Ne lui attribue rien qui contredise cette immortalité et cette béatitude, par contre accorde-lui tout ce qui convient à l’immortalité et à la béatitude, car l’évidente connaissance que nous avons des dieux montre bien qu’ils existent. Seulement ils ne sont pas comme le croit la multitude. Et nier les dieux de la multitude ce n’est pas être impie. L’impiété réside plutôt dans ce que la multitude prête aux dieux par ses opinions. Car ces dernières, loin d’être des intuitions justes sont des imaginations fallacieuses ; d’où vient qu’on rend le dieux responsables du mal qui advient aux méchants et du bien répandu sur les bons. C’est que la multitude est prisonnière des idées qu’elle se fait de la vertu, elle veut des dieux qui s’y conforment et rejette tout ce qui est différent. Maintenant habitue-toi à ta pensée que la mort n’est rien pour nous, puisqu’il n’y a de bien et de mal que dans la sensation et la mort est absence de sensation. Par conséquent, si l’on considère avec justesse que la mort n’est rien pour nous, l’on pourra jouir de sa vie mortelle. On cessera de l’augmenter d’un temps infini et l’on supprimera le regret de n’être pas éternel. Car il ne reste plus rien d’affreux dans la vie quand on a parfaitement compris qu’il n’y a pas d’affres après cette vie. Il faut donc être sot pour dire avoir peur de la mort ; non pas parce qu’elle serait un événement pénible, mais parce qu’on tremble en l’attendant. De fait, cette douleur, qui n’existe pas quand on meurt, est crainte lors de cette inutile attente ! Ainsi le mal qui effraie le plus, la mort, n’est rien pour nous, puisque lorsque nous existons la mort n’est pas là et lorsque la mort est là nous n’existons pas. Donc la mort n’est rien pour ceux qui sont en vie, puisqu’elle n’a pas d’existence pour eux, et elle n’est rien pour les morts, puisqu’ils n’existent plus. Mais la plupart des gens tantôt fuient la mort comme le pire des maux et tantôt l’appellent comme la fin des maux. Le philosophe ne craint pas l’inexistence, car l’existence n’a rien à voir avec l’inexistence, et puis l’inexistence n’est pas un méfait. De même que la nourriture très abondante n’est pas préférable à la plus savoureuse, de même, pour la vie, la longueur ne se préfère pas au charme. Et ceux qui enjoignent au jeune homme de vivre bien et au vieillard de bien mourir disent une niaiserie, car le vieillard aussi goûte la douceur de vivre, et puis vivre et bien mourir, cela ne fait qu’un. Plus niais encore est celui qui tient qu’il vaut mieux ne pas naître et « une fois né, franchir au plus tôt les portes de l’Hadès’ ». S’il croit cela, que ne quitte-t-il la vie ? Il en a les moyens, s’il le voulait vraiment ! Si ce n’est là que raillerie, il se montre léger sur un sujet qui n’est pas frivole. Ainsi, songe que l’avenir n’est ni tout à fait à nous, ni tout à fait hors de nos prises, afin de ne pas l’attendre, comme s’il devait se réaliser à coup sûr et cependant de ne pas désespérer, comme s’il était assuré qu’il dût ne pas arriver. Maintenant il faut parvenir à penser que, parmi les désirs, certains sont fondés en nature, d’autres sont vains. Parmi lesdésirs naturels, certains sont nécessaires, d’autres ne sont que naturels. Parmi les désirs naturels, les uns sont nécessaires pour le bonheur, les autres pour le calme du corps, d’autres enfin simplement pour le fait de vivre. En effet, une juste vision de ces catégories permettra chaque fois de choisir et de refuser, relativement à la santé du corps et à la sérénité, puisque telle est la perfection même de la vie bienheureuse. Car c’est en vue de cela que nous voulons éviter la douleur et l’angoisse. Lorsque cela s’accomplit en nous, les orages de l’âme se dispersent, le vivant ne chemine plus vers ce qui lui fait défaut et ne vise plus quelque supplément au bien de l’âme et du corps. En effet nous ne sommes en quête du plaisir que lorsque nous souffrons de son absence. Or maintenant nous ne sommes plus dans le manque de plaisir. Et c’est pourquoi nous disons que le plaisir est le commencement et la fin de la vie bienheureuse. Car il est le premier des biens naturels. Il est au principe de nos choix et refus, il est le terme auquel nous atteignons chaque fois que nous décidons quelque chose, avec, comme critère du bien, notre sensibilité. Précisément parce qu’il est le bien premier, épousant notre nature, c’est toujours lui que nous recherchons. Mais il est des cas où nous méprisons bien des plaisirs : lorsqu’ils doivent avoir pour suite des désagréments qui les surpassent ; et nous estimons bien des douleurs meilleures que les plaisirs : lorsque, après les avoir supportées longtemps, le plaisir qui les suit est plus grand pour nous. Tout plaisir est en tant que tel un bien et cependant il ne faut pas rechercher tout plaisir ; de même la douleur est toujours un mal, pourtant elle n’est pas toujours à rejeter. II faut en juger à chaque fois, en examinant et comparant avantages et désavantages, car parfois nous traitons le bien comme un mal, parfois au contraire nous traitons le mal comme un bien. C’est un grand bien, croyons-nous, que le contentement, non pas qu’il faille toujours vivre de peu en général, mais parce que si nous n’avons pas l’abondance, nous saurons être contents de peu, bien convaincus que ceux-là jouissent le mieux de l’opulence, qui en ont le moins besoin. Tout ce qui est fondé en nature s’acquiert aisément, malaisément ce qui ne l’est pas. Les saveurs ordinaires réjouissent à l’égal de la magnificence dès lors que la douleur venue du manque est supprimée. Le pain et l’eau rendent fort vif le plaisir, quand on en fut privé. Ainsi l’habitude d’une nourriture simple et non somptueuse porte à la plénitude de la santé, elle fait l’homme intrépide dans ses occupations, elle renforce grâce à l’intermittence de frugalité et de magnificence, elle apaise devant les coups de la fortune. Partant, quand nous disons que le plaisir est le but de la vie, il ne s’agit pas des plaisirs déréglés ni des jouissances luxurieuses ainsi que le prétendent ceux qui ne nous connaissent pas, nous comprennent mal ou s’opposent à nous. Par plaisir, c’est bien l’absence de douleur dans le corps et de trouble dans l’âme qu’il faut entendre. Car la vie de plaisir ne se trouve point dans d’incessants banquets et fêtes, ni dans la fréquentation de jeunes garçons et de femmes, ni dans la saveur des poissons et des autres plats qui ornent les tables magnifiques, elle est dans la tempérance, lorsqu’on poursuit avec vigilance un raisonnement, cherchant les causes pour le choix et le refus, délaissant l’opinion, qui avant tout fait le désordre de l’âme. Au principe de tout cela se trouve le plus grand des biens : la prudence. La philosophie acquiert par elle une dignité supérieure, les autres vertus procèdent d’elle naturellement car elle enseigne qu’une vie sans prudence ni bonté ni justice ne saurait être heureuse et que ce bonheur ne saurait être sans plaisir. De fait les vertus se trouvent naturellement liées dans la vie heureuse, de même que la vie heureuse ne se sépare point de ces vertus. Maintenant songe si l’on peut surpasser un homme qui a une pensée juste relativement aux dieux, qui toujours reste sans crainte devant la mort, qui a mené à terme son raisonnement sur le but de la nature. II voit distinctement à quel point l’on peut aisément atteindre et posséder le comble du bien, à quel point les limites du mal sont réduites, quant à la durée ou à l’intensité. (Il perce à jour cette fatalité dont certains font la maîtresse du monde. Si certaines choses dépendent de la fortune, d’autres proviennent de nous. A la nécessité on ne saurait imputer une responsabilité ; le hasard, lui, est chose instable ; seul notre pouvoir propre, sans autre maître que nous-mêmes, est naturellement susceptible de blâme ou d’éloge.) D’ailleurs mieux vaudrait encore adopter les fables relatives aux dieux que de s’inféoder au destin des « physiciens’ », car du moins les fables donnent à espérer que les dieux fléchiront devant nos prières, alors que ce destin impose un cours inexorable. II ne faut pas avoir le préjugé que la fortune soit un dieu, comme la multitude le croit. Car un dieu n’agit point de façon désordonnée. Et il ne faut pas tomber dans le préjugé suivant lequel la fortune serait une sorte de cause incertaine ; car certains croient qu’elle préside à la distribution du bien et du mal parmi les hommes, faisant ainsi, et défaisant cependant, leur bonheur ou leur malheur. Pense qu’il vaut mieux que la raison prévale devant la fortune plutôt que la fortune devant le raisonnement. Car il y a plus de beauté lorsque nos actions remportent un succès grâce à la fortune après qu’elles ont été déterminées par un juste jugement. Médite ces enseignements et tout ce qui s’y rattache. Pratique-les à part toi et avec ton semblable. Pratique-les le jour et la nuit et jamais ni dans la veille ni dans le rêve tu ne seras la proie du trouble. Tu vivras comme un dieu parmi les hommes Car celui qui vit parmi les biens immortels ne se compare plus en rien à un autre animal mortel. Le quadruple remède :« Les dieux ne sont pas à craindre La mort n’est pas à craindre On peut atteindre le bonheur On peut supprimer la douleur. »




Épicure (en grec Ἐπίκουρος (Epicouros) est un philosophe grec, né fin -342 ou début -341 et mort en -270. Il est le fondateur, en -306, de l'épicurisme, l'une des plus importantes écoles philosophiques de l'Antiquité.

La Lettre à Ménécée est une lettre écrite par le philosophe Épicure à son disciple Ménécée. Le texte résume la doctrine éthique d'Épicure et propose une méthode pour atteindre le bonheur, en même temps qu'elle en précise les conditions. Avec la Lettre à Hérodote et la Lettre à Pythoclès, la Lettre à Ménécée fait partie des rares textes d'Épicure qui nous soient parvenus.

"quadruple remède" dont la formule est condensée par Philodème de Gadara dans son Contre les sophistes : "Le Dieu n'est pas à redouter ; la mort ne crée pas de souci. Et alors que le bien est facile à obtenir, le mal est facile à supporter"

Le "tétrapharmacon" ou quadruple remède (à la crainte des dieux, à la crainte de la mort, à la crainte de ne pas pouvoir satisfaire nos désirs, à la crainte de souffrir), formule courte qui résume la doctrine morale d'Epicure : Il ne faut craindre ni la mort, ni la souffrance, ni les dieux, le bonheur est facile à atteindre.


Questionnaire possible pour vous entraîner :

Quelle critique Epicure effectue -t'-il de l'idée de justice divine?
La justice est-elle la fin vers laquelle tend l'homme? Sinon quelle est-elle?
Avoir peur de la mort a t'-il un sens?
Dans la théorie de la connaissance qui s'esquisse ici, quelle est la place de la sensation?
En quoi consiste ici la sagesse épicurienne?
Faut-il vivre à tout prix? Conséquence : quelle peut-être la place du suicide dans l'éthique épicurienne?
Qu'est-ce donc que les hommes ne supportent pas, et qui explique leur frivolité?
Caractérisez la morale épicurienne : en quoi consiste t'-elle?
Le plaisir est-il poursuivi pour lui-même?
peut-on dire que l'épicurisme est une philosophie du désir?
Quels sont la place et le rôle du plaisir?
Définissez ce qu'est l'autonomie. Comment peut-elle être obtenue?Pourquoi est-elle inhérente à la sagesse?
En quoi l'épicurisme se différencie t'-il de l'hédonisme ou encore quelle est la différence entre le plaisir et la jouissance? Dans ce contexte, définissez ce qu'est le plaisir
Si l'épicurisme est une philosophie du plaisir, comment peut-on alors comperndre la place qu'il accorde à la raison?
Quelle est la place des vertus dans la morale épicurienne?
Quelle est la place du hasard dans la morale épicurienne?
A quoi Epicure compare t'-il le sage? COmment cette comparaison se justifie t-elle?
_________________
Intervenant en philosophie
Lycée, séries générales et technologiques
http://www.dubrevetaubac.fr/




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prepabac,philo 2018
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MessageSujet: Plan de la lettre à Ménécée, Epicure  Posté leLun Nov 11, 2013 8:36 pm Répondre en citant


Plan de la Lettre à Ménécée (proposition)



PLAN de la Lettre à Ménécée




I – “Quand on est jeune... l’avoir” : Introduction sur le but de la philosophie Il n’y a pas d’âge pour philosopher. Sinon, cela voudrait dire qu’il y a un âge pour être heureux. Sous-entendu (affirmation implicite) : Philosopher c’est chercher à être heureux. Le but de la philosophie est le bonheur (eudémonisme). Pas de sagesse sans bonheur, pas de vie heureuse sans sagesse. Et le bonheur est pour tous ici et maintenant. Mais pour cela il faut savoir le trouver. Il y a des conditions précises pour trouver le bonheur. Donc (conséquence : “dès lors”) il nous faut dès maintenant chercher ce qui peut nous rendre heureux. Justification du fait que le bonheur doit être recherché : la recherche du bonheur est naturelle. (tendance naturelle à rechercher le bonheur.) (les philosophes eudémonistes ne définissent pas tous le bonheur comme les épicuriens, tous ne situent pas le bonheur au même endroit... pour les stoïciens c’est l’ascétisme : ne désirer que les choses qui dépendent de nous, cad rien sauf notre jugement. Pour aristote, c’est l’action vertueuse (le juste milieu entre deux extrèmes). Le point commun entre tous les eudémonistes c’est qu’ils considèrent que morale et bonheur sont compatibles).

II- “Suis et pratique l’enseignement ... de même que la vie heureuse ne se sépare point de ces vertus” (Page 49) : Exposé du quadrupe remède : Epicure expose les conditions pour être heureux. C’est un enseignement pratique qu’il propose, cad que ce sont des conseils pour guider nos actions ; (éthique épicurienne : ensemble de règles pratiques, de préceptes à appliquer)

a- remède 1 : “Et d’abord songe qu’un dieu est un être immortel ... rejette tout ce qui est différent” : les dieux ne sont pas à craindre Argument : car ils ne se soucient pas de nous. Ils ne sont pas comme le croient la plupart des hommes, ce ne sont pas des êtres capricieux qui se comportent comme des humains. Croire en ces dieux capricieux c’est se condamner à croire que nous sommes impuissants, et cela conduit à ne plus agir (passivité). Cela rend malheureux. La plupart des hommes conçoit les dieux sur le modèle humain et leur attribue des qualités humaines (ils sont victimes d’anthropomorphisme). C’est proche de l’impiété. C’est ce travail de l’imagination qui les rend malheureux.

b- remède 2 : “Maintenant habitue-toi à l’idée que la mort n’est rien ...qu’il dût ne pas arriver” : la mort n’est pas à craindre Argument : il n’y a pas de rapport entre la mort et nous. La mort est absente autant de temps que nous sommes. La mort ne nous concerne pas : tant que nous sommes, la mort n’existe pas, et lorsque la mort est là nous n’existons plus. Toutes nos craintes ne dépendent que d’une fausse idée que nous avons de la mort. Epicure est atomiste et pense que le corps et l’âme ne sont qu’un agrégat d’atomes qui se désagrègent, de dissocient avec la mort. Les atomes se dispersent ensuite pour se reconstituer autrement. Il n’y pas de vie de l’a^me après la mort. Le bonheur est donc ici et maintenant.

c- remèdes 3 et 4 : “maintenant il faut parvenir à penser que parmi les désirs ... ne se sépare point de ces vertus” : il est facile d’atteindre le bonheur et de supprimer la douleur (que l’imagination amplifie) en connaissant la classification des désirs : "Parmi les désirs, les uns sont NATURELS et NECESSAIRES (ex : boire, manger, dormir, etc.), les autres NATURELS et NON NECESSAIRES ( ex : boire sans soif, manger une langouste plutôt que du pain, etc.), les autres ne sont NI NATURELS NI NECESSAIRES mais proviennent d’une opinion vide (ex : vouloir être immortel, vouloir la faveur des Dieux, etc.)" (EPICURE, Sentences Vaticanes). Pour EPICURE, seule la satisfaction des désirs naturels conduit au vrai plaisir, c’est-à-dire au bonheur (les désirs vides nous troublent et les désirs naturels non nécessaires, s’ils peuvent être satisfaits sans forcément nous troubler, ne sont néanmoins pas nécessaires au bonheur -et peuvent devenir vides par excès et dérèglement).

III- “Maintenant songe si l’on peut surpasser un homme ... ne se compare plus en rien à un autre animal mortel” : conclusion : résumé du quadruple remède (cad des conditions qui permettent d’être sage et heureux) et confirmation du fait que celui qui applique cet enseignement accède à la fois à la sagesse et au bonheur. Nb : dans cette 3°partie disgression sur la conception de la liberté et de la nécessité, rejet de la conception des physiciens qui croient au hasard et au déterminisme, leur conception est à mettre sur le même plan que la croyance en des dieux capricieux. Les deux rendent malheureux. La seule conception qui rend heureux est la croyance dans la liberté humaine. Les circonstances jouent un rôle dans la réussite de nos actions mais elles ne sont pas seules en cause. Notre action est plus belle lorsqu’elle est déterminée par notre jugement même si nous ne sommes pas maîtres de tout.
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jean sébastien bac STT




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MessageSujet: Questionnaire sur Epicure, Lettre à Ménécée  Posté leLun Nov 11, 2013 8:46 pm Répondre en citant

Merci. Je vous ai trouvé sur le forum prof des questions sur la lettre



Questions sur le texte :


I) Quelles sont les idées principales de ce texte ?

II) Quelles en sont les quatre notions centrales ?

III) Y a-t-il un âge pour philosopher ?

IV) Pourquoi ne doit-on pas craindre la mort ?

V) Les dieux existent-ils ? Faut-il les craindre ? Pourquoi ?

VI) En quoi les vaines opinions sont-elles nuisibles au bonheur ?

VII) Quelles sont les différentes sortes de désirs ? Quels sont les plaisirs qu'il faut rechercher ? Quels sont ceux qu'il faut fuir ?

VIII) Quelle est la vertu philosophique par excellence ? En quoi consiste-t-elle ?

IX) La Fortune est-elle une divinité ?


Eléments de réponse :

I) Les idées principales du texte :


1) Il n'y a pas d'âge pour philosopher.
2) Il ne faut pas se conter d'écouter les recommandations d’Épicure, il faut aussi les mettre en pratique.
3) Les dieux existent, mais ils n'ont rien à voir avec l'idée que s'en fait le vulgaire et on ne doit pas les craindre.
4) On ne doit pas craindre la mort.
5) Il faut prendre la vie telle qu'elle est, sans chercher à l'abréger ou à la prolonger.
6) Le futur n'est pas écrit à l'avance.
7) Le bonheur est facile à atteindre, il réside dans l'ataraxie (l'absence de troubles) qui résulte de la satisfaction exclusive des désirs naturels et nécessaires.
Cool La frugalité nous met au-dessus des vicissitudes de la fortune.
9) L'honnêteté et la justice et par-dessus tout la prudence doivent guider toutes nos actions.

II/ Les quatre notions centrales de ce texte sont, dans l'ordre hiérarchique (et téléologique) : la raison (logos), la prudence (phronésis), le plaisir (hédonè) et le bonheur (eudaïmonia). La raison qui permet de distinguer entre les désirs est subordonnée à la prudence qui permet d'en préférer certains à d'autres (les plaisirs statiques) et d'agir en conséquence. Le bonheur est supérieur aux "plaisirs mobiles", c'est l'état d'ataraxie, l'absence de troubles de celui qui a régulé ses désirs et hiérarchisé ses plaisirs par l'exercice de la raison et de la prudence.

Les hommes fuient la douleur et recherchent le plaisir, mais tous les plaisirs ne sont pas bons (comme le pensait Aristippe de Cyrène), c'est la raison qui permet à l'homme de se représenter les choses telles qu'elles sont et de se libérer des vaines craintes (la crainte de la mort, des dieux, du destin) et de discerner entre les plaisirs désirables (naturels et nécessaires) et les autres, tandis que la prudence permet d'agir en dirigeant la volonté en vue du bonheur (l'ataraxie, l'absence de troubles).

III/ Selon Épicure, l'homme qui recherche la sagesse doit exercer sa raison (logos) toute sa vie afin d'acquérir la prudence (phronésis) dès qu'il est en mesure de raisonner. Il n'y a donc pas d'âge pour philosopher. Le mot "philosopher" ne doit pas être pris ici simplement au sens de "penser", mais au sens de "bien vivre", de mener une vie conforme aux enseignements d’Épicure.

IV/ La mort n'est pas à craindre : c'est là un des enseignement centraux de la doctrine d'Epicure. Ce qui nous trouble, ce n'est pas la mort, mais l'idée de la mort. Nous devons exercer notre raison pour cesser d'être troublé par l'idée de la mort qui est un obstacle à l'ataraxie, au bonheur parfait. Epicure montre que du point de vue de la raison, la mort n'existe pas. En effet quand nous sommes vivants, elle n'est pas encore et quand nous cessons d'être, elle n'est plus.

V/ Pour Epicure les dieux existent. Epicure n'est pas "athée". J.-A. Festugière (Epicure et ses dieux, Presses universitaires de France, 1968, deuxième édition corrigée, particulièrement à partir du chapitre IV : "La religion d'Epicure") a montré qu'il était un homme sincèrement pieux qui accomplissait tous ses devoirs religieux à l'égard des dieux de la Cité. Épicure croit en l'existence des dieux, mais il ne croit pas de la même façon que ses concitoyens : pour Épicure qui reprend la physique du philosophe atomiste présocratique Démocrite d'Abdère, le corps des dieux sont composés d'atomes subtils, ils vivent dans les "intermondes", très loin de nous. Ils se suffisent parfaitement à eux-mêmes, ils sont parfaitement heureux, ils n'ont ni soucis, ni envie, ni passions et ils ne s'intéressent pas aux affaires des hommes.

C'est insulter les dieux que de leur prêter des passions humaines comme le fait la mythologie. Les dieux ne sont pas des rivaux, mais des modèles dont nous devons chercher à imiter la sérénité, l'absence de troubles, l'ataraxie. Nous ne parviendrons jamais à l'immortalité en raison de notre constitution physiologique (atomique), mais nous pouvons du moins nous efforcer de vivre en ce monde comme les dieux qui peuplent les "intermondes" pendant la durée de vie limitée qui nous est impartie.

Les dieux ne s'occupent pas des affaires des hommes, que ce soit pour les récompenser ou pour les punir, ils ne sont pas "providentiels". Nous ne devons donc pas nous angoisser à leur sujet. Précurseur de Freud, Epicure analyse les effets mortifères de ce que nous appellerions la "névrose religieuse", la crainte permanente de ne pas avoir accompli les bons gestes, effectué le bon rituel pour nous attirer la bienveillance des dieux, l'idée obsédante (Freud parle de "névrose obsessionnelle") que les malheurs qui nous arrivent dans la vie sont une punition des dieux (ou de Dieu).

L'obsession religieuse (liée aux tabous) est la deuxième cause du malheur des hommes avec la crainte de la mort. En desserrant ces deux étaux (la crainte de la mort et la crainte des dieux), Épicure veut aider les hommes à être aussi heureux qu'ils peuvent l'être en éclairant la raison humaine aussi bien sur la réalité de la mort que sur celle des dieux.

VI/ De même qu'il y a des désirs vains (nous verrons lesquels), il y a de "vaines opinions" : que la mort est redoutable, que les dieux s'occupent des hommes pour les punir ou pour les récompenser, que la destinée est écrite d'avance. Les vaines opinions sont nuisibles au bonheur car elles nous jettent dans le trouble, elles sont un obstacle à la vie bienheureuse, à l'ataraxie. Épicure suggère donc de s'en purifier en exerçant notre raison (logos). En ce qui concerne les dieux, par exemple, nous devons nous tenir le raisonnement suivant : soit les dieux sont parfaits, soit ils sont imparfaits. C'est insulter les dieux de les croire imparfaits (semblables aux hommes), donc ils sont parfaits et s'ils sont parfaits, ils ne manquent de rien, donc ils ne s'intéressent pas aux hommes, ils n'en partagent pas les passions (l'envie, la jalousie, la colère, etc.).

Comme l'a montré Pierre Hadot (Qu'est-ce que la philosophie antique ?, Folios Essais, Gallimard), l'exercice de la raison, aussi bien chez les épicuriens que chez les stoïciens, n'est pas un but en soi, il est au service de l'éthique, de la "vie bonne". C'est pourquoi la raison (logos) est subordonnée à la prudence (phronésis), comme le plaisir (hédonè) est subordonné au bonheur (eudaïmonia).

VII/ Quel est le but de la vie ? C'est, affirme Épicure, le plaisir qui permet d'atteindre le bonheur. Toutefois, ce plaisir, obtenu par la modération des désirs par la raison, ne doit pas être confondu avec le plaisir vulgaire, débridé et uniquement sensuel que recherchent les "débauchés". Épicure défend sa conception du bonheur, en opposant sa définition du plaisir à celle très communément répandue, proche de celle des Cyrénaïques.

L'homme fuit la douleur et recherche le plaisir, mais tous les plaisirs ne sont pas désirables. Épicure distingue entre différentes sortes de désirs : les désirs naturels et les désirs vains. Parmi les désirs naturels, certains sont nécessaires pour la vie (la nourriture, le sommeil), pour la tranquillité du corps (aponie) et pour le bonheur (ataraxie), d'autres sont simplement naturels sans êtres nécessaires (boire du vin par exemple) et peuvent être cultivés, mais avec modération. Parmi les désirs vains, Épicure distingue entre les désirs artificiels réalisables (par exemple, la richesse, la gloire) et les désirs irréalisables (être immortel). Il faut renoncer aux désirs vains, source d'inquiétude et d'insatisfaction.

Cette classification n'est pas séparable d'un art de vivre, où les désirs sont l'objet d'un calcul en vue d'atteindre le bonheur. Plaisir et douleur, dans cette conception, sont des accidents, ils n'existent pas au niveau des atomes, mais seulement au niveau de la conscience. À partir de là, il est naturel de juger bon le plaisir et mauvaise la douleur, puisque tous les êtres cherchent le plaisir. Ce sont nos sentiments qui nous indiquent que le plaisir est désirable. C'est une conscience naturelle, et notre constitution fait que nous cherchons le bonheur nécessairement.

Mais, pour le calcul des plaisirs, tout plaisir n'est pas digne d'être choisi : le plus grand des plaisirs est la suppression de toute douleur. En conséquence, on doit éviter certains plaisirs, et même accepter certaines douleurs.

Épicure fait également la distinction entre les plaisirs mobiles et les plaisirs statiques. Le plaisir statique est un état corporel et psychologique où nous sommes libérés de toute douleur, le bonheur est à son comble. Le plaisir mobile, en revanche, ne dure que le temps de son activité. Une vie qui suit ces plaisirs, comme celle que préconise les cyrénaïques, consiste à remplir une jarre percée. Les plaisirs mobiles sont donc en réalité subordonnés aux plaisirs statiques.

VIII/ La vertu philosophique par excellence est la prudence (phronésis). Le prudence, le plus grand des biens, est la capacité de mettre la raison (logos) au service de la vie bonne en régulant les désirs et en choisissant les plaisirs modérés, naturels et nécessaires afin d'atteindre le bonheur qui réside dans l'absence de troubles, l'ataraxie, assurant ainsi la conciliation du bonheur et de la vertu.

IX/ Pour Épicure, la Fortune n'est pas une divinité puisque les dieux ne s'occupent pas des affaires humaines. Épicure distingue entre les choses qui se produisent par nécessité, les choses qui sont dues à la fortune et celles qui sont en notre pouvoir. Nous n'avons pas de prise sur les choses qui se passent par nécessité (nous ne pouvons pas changer les lois naturelles) et la fortune est incertaine (elle peut retirer ce qu'elle a donné). Le destin (la fortune) n'est pas un dieu car les dieux ne sont pas inconstants et ne s'occupent pas des affaires humaines. Nous n'avons de prise ni sur la nécessité, ni sur la fortune qui ne dépendent pas de nous, mais seulement sur l'usage de notre raison.

X/ En résumé, le disciple d’Épicure ne craint ni les dieux ni la mort, raisonne avec justesse sur la fin où nous devons tendre (l'absence de troubles). Sa raison le met au-dessus de la souffrance, il n'est pas soumis au destin, mais il s'est rendu libre d'agir comme il convient.


Note :

"Ainsi, ces doctrines et celles qui s'y apparentent, fais-en l'objet de tes soins, jour et nuit, pour toi-même et pour qui te ressemble; et jamais, ni dans la veille ni dans tes rêves, tu ne connaîtras de trouble profond, mais tu vivras comme un dieu parmi les hommes. Car il n'est en rien semblable à un vivant mortel, l'homme qui vit au milieu de biens immortels."

(Diogène Laërce, Vies et doctrines des philosophes illustres, Lettre à Ménécée, X, 122-135.)

"Pour parvenir à la guérison de l'âme et à une vie conforme au choix fondamental, il ne suffit pas d'avoir pris connaissance du discours philosophique épicurien. Il faut s'exercer continuellement. Tout d'abord il faut méditer, c'est-à-dire assimiler intimement, prendre conscience intensément des dogmes fondamentaux. La systématisation des dogmes, leur concentration dans des résumés et des sentences est destinée précisément à les rendre plus persuasifs, plus frappants et plus faciles à tenir dans la mémoire, comme le fameux "quadruple remède" (tétrapharmacos) destiné à assurer la santé de l'âme, dans lequel se résume tout l'essentiel du discours philosophique épicurien :

"Les dieux ne sont pas à craindre,
La mort n'est pas à redouter,
Le bien est facile à acquérir,
Le mal est facile à supporter."

(Pierre Hadot, Qu'est-ce que la philosophie antique ?, p. 191-192)
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Epicure, Lettre à Ménécée

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