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 DU BREVET AU BAC :: LECTURES ANALYTIQUES ET COMMENTAIRES :: Jeannot et Colin, Voltaire, l'incipit

Jeannot et Colin, Voltaire, l'incipit

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Bacfrançais, prof 1ère
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MessageSujet: Jeannot et Colin, Voltaire, l'incipit  Posté leDim Jan 27, 2013 1:07 pm Répondre en citant

Jeannot et Collin
Par Voltaire



Lecture de l'incipit



plusieurs personnes dignes de foi ont vu Jeannot et Colin à l'école dans la ville d'Issoire, en Auvergne, ville fameuse dans tout l'univers par son collège et par ses chaudrons. Jeannot était fils d'un marchand de mulets très renommé ; Colin devait le jour à un brave laboureur des environs, qui cultivait la terre avec quatre mulets, et qui, après avoir payé la taille, le taillon, les aides et gabelles, le sou pour livre, la capitation, et les vingtièmes, ne se trouvait pas puissamment riche au bout de l'année.

Jeannot et Colin étaient fort jolis pour des Auvergnats ; ils s'aimaient beaucoup ; et ils avaient ensemble de petites privautés, de petites familiarités, dont on se ressouvient toujours avec agrément quand on se rencontre ensuite dans le monde.

Le temps de leurs études était sur le point de finir, quand un tailleur apporta à Jeannot un habit de velours à trois couleurs, avec une veste de Lyon de fort bon goût ; le tout était accompagné d'une lettre à M. de La Jeannotière. Colin admira l'habit, et ne fut point jaloux ; mais Jeannot prit un air de supériorité qui affligea Colin. Dès ce moment Jeannot n'étudia plus, se regarda au miroir, et méprisa tout le monde. Quelque temps après un valet de chambre arrive en poste, et apporte une seconde lettre à monsieur le marquis de La Jeannotière ; c'était un ordre de monsieur son père de faire venir monsieur son fils à Paris. Jeannot monta en chaise en tendant la main à Colin avec un sourire de protection assez noble. Colin sentit son néant, et pleura. Jeannot partit dans toute la pompe de sa gloire.
Les lecteurs qui aiment à s'instruire doivent savoir que M. Jeannot, le père, avait acquis assez rapidement des biens immenses dans les affaires. Vous demandez comment on fait ces grandes fortunes ? C'est parcequ'on est heureux. M. Jeannot était bien fait, sa femme aussi, et elle avait encore de la fraîcheur. Ils allèrent à Paris pour un procès qui les ruinait, lorsque la fortune, qui élève et qui abaisse les hommes à son gré, les présenta à la femme d'un entrepreneur des hôpitaux des armées, homme d'un grand talent, et qui pouvait se vanter d'avoir tué plus de soldats en un an que le canon n'en fait périr en dix. Jeannot plut à madame ; la femme de Jeannot plut à monsieur. Jeannot fut bientôt de part dans l'entreprise ; il entra dans d'autres affaires. Dès qu'on est dans le fil de l'eau, il n'y a qu'à se laisser aller ; on fait sans peine une fortune immense. Les gredins, qui du rivage vous regardent voguer à pleines voiles, ouvrent des yeux étonnés ; ils ne savent comment vous avez pu parvenir ; ils vous envient au hasard, et font contre vous des brochures que vous ne lisez point. C'est ce qui arriva à Jeannot le père, qui fut bientôt M. de La Jeannotière, et qui, ayant acheté un marquisat au bout de six mois, retira de l'école monsieur le marquis son fils, pour le mettre à Paris dans le beau monde.




Introduction

Voltaire n'est pas son vrai nom, C'est François-Marie Arouet, né dans une famille aisée de commerçants, il fait ses études chez les jésuites dans un collège réputé, il aura une solide formation de rhétorique (d'argumentation). C'est quelqu’un d’insolent et d’indépendant. Il écrit contre le régent, ce qui l'enverra en prison très jeune. Dès qu'il en sort il écrit une pièce de théâtre dramaturge : Œdipe 1718 ( succès honorable). Il sera embastillé ( prisonnier politique). A sa sortie il s'exile durant deux ans en Angleterre et y connaîtra un autre type de monarchie parlementaire et libérale : Le roi n'est pas tout seul à décider. Il y découvrira la tolérance notamment religieuse( libre choix) en France c'est impossible. Il a envoyé plus de 20000 lettres tout au long de sa vie. Il continue à écrire des pièces de libertés politiques et religieuses sur ses thèmes préférés. En France il publie pour la prospérité et le progrès, des livres philosophiques. Les livres seront interdits et Voltaire est donc menacé d'expulsion et s'exile en Lorraine. Il y aura une certaine libéralisation à la cours de France à cause des liaisons entre Louis XIVI et Mme de Montespan, il lui faudra à revenir à Versailles, il devient ensuite à sa demande historiographe. Et reconnaissant de son talent à l’académie Française ( crée par Richelieu) il continue à écrire ( Micromégas, Zadig). En 1747, il part en Prusse suite au décès de Madame du Chatelet son amie, et y restera 5 ans car il se disputera avec l'empereur. La France lui refuse l'asile et il se réfugie à Genève où on lui demandera de la quitter car il écrira contre sa politique . Voltaire ne cesse de dénoncer ce qui lui semble être injuste ex: affaire Callas. Il ne fut plus jamais invité à Versailles, il meurt à Paris le 30 Mai 1778, il sera enterré clandestinement car l'église lui refuse les obsèques. 13 ans plus tard, son corps est enterré au Panthéon et est reconnu. C' est un écrivain dramaturge philosophe et conteur incontournable du XVIII.


Problématiques possibles:

Cet incipit répond t-il aux codes traditionnels ?
En quoi cet incipit est-il original ?
En quoi s'agit-il d'un conte philosophique ?


I- Un début de conte philosophique
1- En quoi est-ce un conte?


Cadre spécifique réaliste car Issoire existe réellement. Mais ce cadre est caractérisé de façon fantaisiste « Ville fameuse dans tout l'Univers pour son collège et par ses chaudrons » : ironie perceptible dans cette expression, antithèse entre adj qualificatif, le complément de lieu et de circonstance de cause. « Fama, ae, f »= la renommée ( au fin fond de l'Auvergne) hyperbole : exagération ironique. Chaudrons : éléments de chute comique. Impôts de l'époque de l'ancien régime « payé taille, taillon[...] » Aucune indication temporelle donc l’essentiel du propos est atemporel : Il s'agit d'un conte destiné à illustrer une morale. les impôts évoqués ayant été supprimés à la révolution Française nous savons que ce texte se passe sous l'ancien régime.

2- Portrait psychologique des personnages simplifié : ils sont des stéréotypes :


Les personnages sont situés socialement, caractérisés par leur profession : on parle de marchands, de laboureurs, ils portent des prénoms courants. Ces personnages s'opposent de manière très nette et de façon caricaturale, Jeannot est le fils d'un marchand très renommé alors que Colin est le fils d'un brave laboureur qui n'est pas riche. Leur psychologie est évoquée de façon sommaire= caractéristique du genre du conte. Jeannot est l'incarnation de la vanité donc toutes les actions de ce personnage ne servent qu'à illustrer ce défaut et nous n'avons aucune autres informations sur sa profondeur psychologique.
Champs lexical de la vanité : l°13 « puis un air de supériorité ; l°14 méprisa tout le monde ; L°17 sourire de protection assez noble » = Condescendance ( supériorité
bienveillante avec du mépris. ). Gradation : Jeannot ( diminutif enfantin) à Mr. De la Jeannotière à Marquis de la Jeannotière= Ridicule par le choix du nom, un diminutif anobli ne peut que faire sourire, Marquis> + bas titre de noblesse.
Le personnage du père autre gradation : marchand de mulets à Monsieur son père. Colin incarne la bonté, la fidélité, l'amitié indéfectible. Le bon Colin point jaloux s'oppose au vaniteux Jeannot, sa sensibilité est mise en avant L°13 « affligeât » « pleura » L°18.

3- Structure narrative du conte

Passé composé « plusieurs personnes dignes de foi ont vu Jeannot » (pas de passé simple) ce passé donne au texte l'aspect d'un récit oral( L°15 le présent de narration : peinture de la scène comme si elle se déroulait sous nos yeux et cela donne un ton + vivant au récit. On a également la syntaxe qui ajoute à la vivacité. En effet dans les phrases complexes les propositions sont souvent reliées par coordination ou juxtaposition. On n'a pas de subordination donc le rythme est rapide grâce aux nombreux signes de ponctuations « , » « ; ».
L°10 élément perturbateur (passé simple) l'élément en lui-même est l'habit, c'est l'objet maléfique qui va rompre l'harmonie initiale. L'enchaînement des péripéties très rapides est comme dans un conte. + connecteurs temporels « quand » , « dès ce moment » L°13 ; et succession de verbes d'action + ellipses temporelles fréquentes dans les contes « quelques temps après » L°15, quelque chose de très caractérisé.

II- L'ironie Voltairienne :

Formule initiale « plusieurs personnes digne de foi » L°1, cela semble attester de l'authenticité de l'histoire mais la suite de la phrase montre bien qu'il ne faut pas croire à ces témoignages. C'est un jeu ironique avec le lecteur et correspond au ton et fantaisiste du conte de plus, on est dans l'affaire Callas : il faut se méfier des témoignages.
Narrateur omniscient n'intervient pas dans l'histoire mais il a un regard moqueur sur ses personnages + présent de vérité générale L°9 et L°141 lorsqu'il dévoile les sentiments des personnages. Cependant pas de jugements du narrateur.Antithèse ironique (L°3) « marchand de mulets très renommé ». Concernant la vanité de Colin, il préfère laisser le lecteur condamner lui-même cette attitude méprisante. Ainsi, l'air de supériorité est la conséquence d'un élément dérisoire, un habit de velours. De même, la conjonction de coordination « et » a une valeur conséquente. C'est parce qu'il se regarde dans le miroir, qu'il maîtrise le monde= ridiculise. De même « c'était un ordre... » rien d'explicite qui montre qu'il trouve ridicule leur prétention mais c'est une lourdeur du style pour attirer l'attention du lecteur, sur les grands airs que prennent les personnages. Cependant, il y a une relation de complicité avec le lecteur « on » pronom perso indéfini. Répétition de « petite », « petites privautés », « petites alités » en « t »> impression que le narrateur chuchote des informations au lecteur.
énonciation sociale : -les nobles, les inégalités sociales .
injustices sociales (impôts) qui accable les + démunis, accumulation, litote « ne se trouvait pas puisement riche ... ».


Conclusion -

Que 19 lignes qui nous renseignent
* Début de récit qui correspond bien au genre du conte, pour la présentation simplifiée des caractères des personnages et des situations + rapidité du récit.
* Début du conte philosophique , pour les dénonciations sociales + ironie de l'auteur
Jeu avec le lecteur qui suscite, le plaisir de ce dernier et qui évite le seuil de la fable trop visiblement didactique.





Complément d'étude :


On étouffe l’esprit des enfants sous un amas de connaissances inutiles ; mais de toutes les sciences; la plus absurde, à mon avis, et celle qui est la plus capable d’étouffer toute espèce de pensée, c’est la géométrie.

Cette citation illustre l’ironie de Voltaire, qui place ces propos dans la bouche d’un personnage parvenu qui ne croit plus à la connaissance mais uniquement à l’argent et au pouvoir de l’apparence... En rejetant toute science, ce personnage s’inscrit ainsi contre les idées soutenues par Voltaire et les philosophes.



Morale


Dans ce conte, la morale qu'essaie de faire passer Voltaire est que la vanité porte préjudice à une relation stable (ici l'amitié). L'argent ne fait pas le bonheur partout. Ceci dit la morale de l'histoire n'est pas "l'argent ne fait pas le bonheur." mais "le bonheur n'est pas dans la vanité.". Voltaire ne reproche donc pas aux gens d'être riches mais de croire que le fait d'être fortuné les rend au-dessus de tout. Il faut donc faire bon usage de l'argent mais surtout se rappeler que l'amour et l'amitié ne s'achètent pas. Si quelqu'un a de l'argent, il doit tenter de se faire de vrais amis au lieu de voir uniquement des gens superficiels qui ne s'intéressent qu'à l'argent qu'il possède car tous les faux amis ne feront plus attention à lui s'il est ruiné car il ne fait plus partie de "leur monde" tandis que les vrais amis l'aideront lors d'une situation désespérée.


http://fr.wikipedia.org/wiki/Jeannot_et_Colin
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