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 DU BREVET AU BAC :: REFLEXIONS, PLANS, ET DISSERTATIONS EN PHILOSOPHIE :: L'unité du sujet est-elle une illusion?

L'unité du sujet est-elle une illusion?

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jeanterminaletechno





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MessageSujet: L'unité du sujet est-elle une illusion?  Posté leLun Oct 13, 2014 9:00 pm Répondre en citant

ENONCÉ
L'unité du sujet est-elle une illusion ?





INTRODUCTION

La schizophrénie ou le dédoublement de personnalité est une pathologie psychologique, qui consiste à avoir en quelque sorte une double conscience. Cependant, on peut se demander si tout le monde n'en est pas victime, jusqu'à un certain degré. En effet, il est fréquent de se sentir divisé intérieurement ou de ne pas se reconnaître soi-même dans certains actes. L'esprit est en fait constitué de multiples désirs et de multiples représentations, que la conscience s'efforce de réunifier pour forme le sujet.

Comment le sujet, malgré la multiplicité de ses représentations, est-il un ? Mais peut-on réellement parler d'un sujet unifié et unique ? La conscience a-t-elle les moyens de surmonter les divisions internes au sujet ?

A première vue, le sujet a la faculté de s'unifier : c'est pourquoi il est un et il est même unique. Cependant, il est aussi en proie à de multiples divisions, c'est pourquoi on peut considérer son unité comme une illusion. En fait, c'est le travail de la conscience qui permet de réunifier le sujet.

I Le sujet a la faculté de s'unifier : il est un et il est même unique

A Une unité pensante et consciente de soi

Le sujet cartésien est un être unifié et gouverné par la raison. Le sujet a tout d'abord conscience de lui-même : il a la faculté de se saisir immédiatement comme une substance pensante et consciente de soi.


On développe ici le Cogito de Descartes qui prouve en effet l'existence d'une substance pensante unique (esprit ou âme). La technique du doute méthodique aboutit à la certitude absolue « je pense donc je suis » (Discours de la méthode, 1637). Elle est à la base de l'opposition entre l'homme et l'animal, de la supériorité de la conscience sur le corps et de la conscience du monde.


B La capacité d'unifier ses représentations

Si la conscience à la capacité d'unifier ses représentations, c'est parce qu'elle est permanente. En effet, entre l'enfance et la fin de la vie, on connaît une multitude de discontinuités et changements dans nos actions et représentations. Mais c'est parce qu'on ne cesse d'être présent à soi-même qu'on peut les unifier pour former le sujet.


Cela correspond, pour Kant, au pouvoir de dire « Je » qui est propre à l'homme à partir d'un certain âge. L'utilisation de ce simple pronom est la concrétisation exacte de la capacité du sujet à se représenter comme un sujet « transcendantal », c'est-à-dire un sujet unifié. Le sujet a donc un pouvoir unificateur, qui se matérialise dans le pouvoir de dire Je : « Le je pense doit pouvoir accompagner toutes mes représentations » (Critique de la raison pure, 1781).


C Un unique moteur : le désir

On peut aussi penser que l'homme est un car il est mû par le désir (au singulier). En effet, bien que dans l'Antiquité on ait tendance à parler de désirs multiples, pour les Modernes il faut évoquer le désir au singulier car il est l'essence de l'homme.


On développe ici les thèses de Spinoza, pour qui le désir est l'essence ou le conatus de homme : « Le Désir est l'essence même de l'homme, c'est-à-dire l'effort par lequel l'homme s'efforce de persévérer dans son être » (Éthique, 1677). Le désir apporte à l'homme l'énergie nécessaire pour « persévérer dans son être », c'est-à-dire pour continuer à rester lui-même et à faire un.


L'homme est même unique : le désir est ce qui fait notre individualité et notre subjectivité, car on se différencie les uns des autres par nos goûts.

TRANSITION

L'homme semble donc à première vue unifié et unique, grâce au pouvoir de la conscience. Pourtant, il n'est pas rare de se sentir en conflit avec soi-même, comme s'il existait deux personnes en nous.

II Mais le sujet est également divisé, si bien que son unité est une pure illusion

A Le conscient et l'inconscient

Tout homme est divisé intérieurement entre le conscient et l'inconscient. Souvent, on ne comprend pas a posteriori ses propres actes ou ses propres paroles : on a l'impression d'être deux personnes en même temps. C'est pourquoi Rimbaud dit : « C'est faux de dire : je pense ; on devrait dire on me pense. Pardon du jeu de mots. Je est un autre » (Lettre à Georges Izambard du 1er mai 1871).


C'est surtout Freud qui défend la vision d'un sujet décentré par rapport à lui-même : « Le moi n'est pas maître dans sa propre maison » (Essai de psychanalyse appliquée, 1920). Il montre ainsi que l'être est divisé. Dans sa première division de l'appareil psychique, Freud le décrit comme une maison à trois étages : le conscient, le préconscient, l'inconscient. Puis il le décrit comme divisé en trois instances : le ça, le surmoi, le moi.


Pour certains, l'inconscient est même l'expression d'une altérité qui existe en chacun de nous. Jacques Lacan dit ainsi : « L'inconscient, c'est le discours de l'Autre » (Écrits, 1966). L'unité du sujet est une illusion.


B Une définition trouble du sujet

Le sujet n'a pas de définition figée : se définit par son expérience et par son rapport avec le monde. C'est pourquoi il ne semble pas être un.


On évoque ici la phénoménologie de Husserl ou Merleau-Ponty, qui critiquent la conception de Descartes du sujet. La conscience ne peut pas exister indépendamment des réalités matérielles et elle ne se définit que par ses objets (cogitatum). La conscience n'est pas une chose mais une intentionnalité qui vise un objet (une « conscience de… »). Donc le sujet n'est pas unique, il n'est que en fonction de son extériorité : « La pensée n'est rien d'intérieur, elle n'existe pas hors du monde et des mots » (Phénoménologie de la perception, 1945).


Le sujet se définit également par son expérience ou son existence, et change donc sans arrêt : il n'a pas de définition unique. Pour Sartre, c'est l'existence et non l'essence qui définit le sujet : « L'existence précède l'essence » (L'existentialisme est un humanisme, 1945). Le sujet est sans cesse en mouvement, il est libre : les objets existent « en soi » car ils sont déterminés entièrement par leurs propriétés mais le sujet conscient est un « pour-soi » donc il n'a pas une définition figée, car il peut changer.


C Un sujet désuni par le désir

Le sujet n'est pas unique car il est sans cesse tiraillé entre raison et désir : « La raison est, et elle ne peut qu'être l'esclave des passions ; elle ne peut prétendre à d'autres rôles qu'à les servir et à leur obéir » (Traité de la nature humaine, 1740).


De plus, les désirs sont multiples, comme le montraient les philosophes de l'Antiquité : Platon donne ainsi l'image d'une hydre dont les têtes repoussent dès qu'elles sont coupées. A cette multiplicité des désirs s'oppose l'unité de la raison (logos) qui devra faire un travail important pour soumettre ces désirs infinis à une harmonie d'ensemble (La République).


On évoque l'exemple de la classification des désirs par Épicure : les « désirs naturels et nécessaires » qui sont limités et aisés à satisfaire (eau, nourriture, amitié) puis il y a tous les « désirs vains » qui sont naturels et non nécessaires (la bonne nourriture) ou non naturels et non nécessaires (la richesse, la gloire, l'honneur). Cela montre que les désirs sont multiples et que ceci empêche l'homme d'être unifié et en paix : c'est pourquoi il est impératif de limiter ses désirs pour atteindre le bonheur et la paix de l'âme (l'ataraxie).

TRANSITION

La division du sujet est un fait, mais pas forcément une fatalité : la conscience peut trouver les moyens de faire du sujet un et un seul.

III Finalement, le travail de la conscience est celui de reconstituer l'unité du sujet

A Réunifier le moi par la psychanalyse

La psychanalyse a pour but de mieux connaître les éléments qui influencent nos actes et nos pensées, afin de réaffirmer son moi et retrouver une certaine unité. C'est pourquoi Freud dit : « Là où était le ça, le je doit advenir » (Wo Es war Soll Ich werden).


Pour y parvenir, il faut donc étudier les manifestations déguisées des pulsions inconscientes, dans les actes manqués (erreurs, oublis, lapsus), dans les rêves ou dans certains symptômes pathologiques (paralysie, phobies, troubles de la parole, etc.). Freud les recense dans sa Psychopathologie de la vie quotidienne. En particulier, l'analyse des rêves constitue « la voie d'accès royale à l'inconscient ». Freud publie L'interprétation des rêves en 1900.


B Etudier mon impact sur le monde extérieur

Pour avoir réellement conscience et connaissance de lui-même et unifier toutes ses représentations, le sujet peut utiliser son rapport à autrui et son rapport aux choses.


En effet, grâce au regard d'autrui, on a une meilleure conscience de soi : Robinson Crusoë se crée une forme artificielle d'altérité grâce à son journal.


L'homme peut aussi utiliser son rapport aux choses et son impact sur le monde : c'est en particulier dans ses productions ou ses œuvres que l'homme prend conscience de soi-même (dans l'art, la littérature, la recherche scientifique, etc.). Par exemple, les artistes peuvent sublimer leurs pulsions inconscientes dans leurs œuvres. Il trouve ainsi des solutions imaginaires à des conflits intérieurs et évite certaines pathologies.Il peut réunifier sa conscience et son inconscient.


C Affirmer sa propre définition

Pour l'existentialisme, l'homme est certes défini par ses expériences multiples mais il est libre d'affirmer sa propre définition. En effet, il n'est soumis à aucun déterminisme, aussi bien extérieur que psychique. Il est pleinement conscient et libre dans tout ce qu'il fait.


L'inconscient n'existe pas ou n'est qu'une preuve de « mauvaise foi ». L'homme est en fait complètement responsable de ses actes, car il n'est qu'un. C'est pourquoi Sartre dit : « L'homme est condamné à être libre » (L'existentialisme est un humanisme, 1945).

CONCLUSION

L'homme apparaît tout d'abord comme un être unifié et unique, grâce au pouvoir de la conscience souveraine. Cependant, tout sujet est divisé intérieurement, en particulier à cause de son inconscient ou de ses désirs multiples : il n'a pas une définition unique. Mais la conscience a toujours le pouvoir de réunifier ces éléments pour retrouver l'unité du sujet, qui est indispensable à la paix intérieure et à la connaissance de soi.

On peut alors se demander si toutes nos actions sur le monde extérieur (art, travail, etc.) ont vraiment pour but de nous aider à nous saisir entièrement dans notre unité. Pourtant, elles ne semblent pas suivre la même visée ni la même logique.
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