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 DU BREVET AU BAC :: REFLEXIONS, PLANS, ET DISSERTATIONS EN PHILOSOPHIE :: La liberté conduit-elle au bonheur?

La liberté conduit-elle au bonheur?

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jeanterminaletechno





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MessageSujet: La liberté conduit-elle au bonheur?  Posté leLun Oct 13, 2014 9:19 pm Répondre en citant

ENONCÉ
La liberté conduit-elle au bonheur ?





INTRODUCTION

Le bonheur serait, selon Aristote, le Souverain Bien et la fin de toute action humaine. Or on peut voir que la liberté est bien un idéal pour lequel les hommes se sont toujours battus. L'opinion commune semble donc s'accorder sur l'idée que la liberté conduit au bonheur. Il serait en effet indispensable, pour être heureux, d'être libre à l'égard de l'autorité, de l'emprise de temps et même de ses propres désirs.

En quoi la liberté constitue-t-elle une condition nécessaire au bonheur ? Toutefois, ce lien est-il si évident ? Ne peut-on pas imaginer un bonheur sans liberté ? En fait, la liberté ne mène-t-elle pas plutôt à la souffrance, en raison de la responsabilité qu'elle impose à l'homme ?

Nous verrons d'abord que la liberté semble être une condition nécessaire au bonheur. Toutefois, ce lien de causalité entre la liberté et le bonheur : on pourrait même imaginer un bonheur sans liberté. Finalement, la liberté peut aussi être vue comme un fardeau et une souffrance, ce qui conduit certains à la rejeter.

I Certes, la liberté semble être une condition nécessaire au bonheur de l'individu

A La liberté face à l'autorité

Pour être heureux, il semble qu'il faille être libre face à l'autorité. En effet, la réalisation de soi, par laquelle on peut trouver une grande satisfaction, suppose le respect des droits fondamentaux. Comment imaginer un vrai bonheur (non manipulé) sans liberté, c'est-à-dire sans éducation, sans égalité, sans possibilité de circuler ou de s'exprimer ?


On peut évoquer ici les régimes totalitaires, qui annihilent la liberté et dans lesquels l'homme ne peut pas connaître le bonheur. Il revient donc à la propagande et à l'endoctrinement de faire croire aux hommes qu'ils sont heureux. On peut évoquer un exemple littéraire, comme 1984 ou La Ferme des animaux de George Orwell.


B La liberté face au temps

De plus, beaucoup d'auteurs estiment qu'il faut se libérer de l'emprise du temps pour espérer être heureux. En effet, le bonheur nécessite de vivre uniquement dans le présent, plutôt que dans les souvenirs inaccessibles et dans le futur incertain.


C'est pourquoi beaucoup d'artistes ont défendu la philosophie du Carpe Diem (« Cueille le jour »). Cette expression est en fait un vers extrait d'un poème des Odes de Horace qui ajoute « Ôte le long espoir à tes jours comptés ». Il faudrait oublier le lendemain pour être heureux.


Cela conduit Pascal à se montrer très pessimiste. L'homme est incapable de trouver le bonheur, car il pense sans cesse au passé et à l'avenir plutôt qu'au présent : « nous disposant toujours à être heureux, il est inévitable que nous ne le soyons jamais. » (Pensées, Pascal, 1669).


C Etre libre de ses représentations

Enfin, il semble que le bonheur nécessite d'être libre de ses représentations. En effet, le bonheur ne dépendrait pas de circonstances extérieures, mais uniquement de notre manière de considérer le monde. La liberté d'esprit serait donc la condition nécessaire et suffisante du bonheur.


Les stoïciens, philosophes de la Grèce antique, affirment ainsi que le bonheur provient d'une liberté à l'égard de nos désirs. Pour être heureux, il faudrait ajuster ses désirs au monde et en particulier ne désirer que les choses qui dépendent de nous. Épictète préconise ainsi : « Ne cherche pas à ce que les événements arrivent comme tu veux, mais veuille que les événements arrivent comme ils arrivent, et tu seras heureux » (Manuel, IIe siècle après J.-C.).

TRANSITION

Toutefois, poser la liberté comme condition nécessaire et suffisante au bonheur semble rapide : le bonheur a-t-il ainsi une recette définie ?

II Le lien de causalité entre la liberté et le bonheur n'est pas si évident : ne pourrait-on pas imaginer un bonheur sans liberté ?

A Une recette incertaine

Tout d'abord, le bonheur a une recette extrêmement incertaine. L'homme n'est jamais certain de ce qu'il désire et de ce qui le rendra heureux. En conséquence, on ne peut pas savoir si la liberté mènera vraiment au bonheur : pourquoi ne pas imaginer l'inverse ?


On évoque ici Kant, qui insiste sur l'incertitude du bonheur. Même s'il est une aspiration universelle, sa recette ne peut pas apparaître clairement dans nos esprits : « Le concept du bonheur est un concept si indéterminé, que, malgré le désir qu'a tout homme d'arriver à être heureux, personne ne peut jamais dire en termes précis et cohérents ce que véritablement il désire et il veut. » (Fondation de la métaphysique des mœurs, 1785).


B Limiter la liberté pour être heureux

D'autre part, il semble qu'il soit obligatoire de limiter en partie sa liberté pour être heureux. En effet, la limitation de la liberté individuelle est la condition de la vie en société, qui est elle-même la condition du bonheur.


Rousseau évoque ainsi un homme à l'état de nature (avant l'apparition de la société) qui était complètement libre : « L'homme est né libre, et partout il est dans les fers ». Pourquoi s'est-il imposé des fers ? C'est parce que, selon Rousseau, il était aussi un « animal stupide et borné » car la société est la condition de la réalisation de sa perfectibilité. Pour développer son humanité et se réaliser, l'homme a besoin de la société. Le bonheur nécessite donc un contrat social, qui impose de limiter sa liberté au profit de la « volonté générale ».


C La liberté, entrave au bonheur

En outre, on pourrait concevoir un bonheur entravé par la liberté. En effet, le bonheur peut être vu comme un idéal très simple, qui n'implique pas d'avoir tous les pouvoirs et qui nécessite d'avoir une morale de vie très stricte. C'est ce que défendent les philosophies ascétiques de l'Antiquité.


On peut évoquer ici la conception du bonheur des épicuriens. Celui-ci se trouve dans l'ataraxie, qui ne serait que « l'absence de douleur dans le corps et de trouble dans l'âme ». Il ne s'agit pas du tout d'une liberté totale, d'une vie complètement déréglée, mais au contraire il faut privilégier des plaisirs simples et réglés. L'inverse ne mènerait qu'au désordre de l'âme.


Ce sont surtout les stoïciens qui défendent la vision d'un bonheur vertueux. Pour être heureux, l'homme doit s'imposer une stricte rigueur morale.

TRANSITION

La liberté peut donc s'opposer au bonheur, mais n'est-ce pas surtout parce qu'elle impose un devoir moral à l'homme, restreignant ainsi son bonheur ?

III En fait, la liberté peut aussi être vue comme un fardeau et une souffrance, ce qui conduit certains à la rejeter

A La liberté induit la responsabilité

En fait, la liberté est un concept très positif mais qui en entraîne un autre : la responsabilité morale. La liberté serait donc à l'origine du devoir, qui peut être vu comme une contrainte qui entrave le bonheur.


On développe ainsi la philosophie existentialiste de Sartre. L'homme est complètement l'homme, car il est défini par ce qu'il fait uniquement : « L'existence précède l'essence ». C'est pourquoi l'homme est responsable de chacun de ses actes et pensées, car il n'a pas d'excuses : ni une essence, ni un inconscient, ni des déterminismes passés, ni un destin ou une volonté divine. Sartre dit ainsi : « Nous sommes seuls, sans excuses. C'est ce que j'exprimerai en disant que l'homme est condamné à être libre » (L'Existentialisme est un humanisme, Sartre, 1946).


B La liberté induit une angoisse

D'autre part, la liberté induit une angoisse car elle impose à l'homme de faire des choix. Or la possibilité de faire un choix n'est pas forcément synonyme de bonheur. On peut évoquer ici l'histoire de l'âne de Buridan, qui meurt de faim et de soif car il est incapable de choisir entre le seau d'eau et le sac d'avoine.


On développe la théorie de Kierkegaard sur l'angoisse. Pour lui, « L'angoisse est la possibilité de la liberté » car elle provient du « vertige du possible » que l'on ressent lorsqu'on est confronté à une infinité de choix et qu'il faut pourtant opter pour un seul. La liberté entraîne une responsabilité de choix, et peut donc devenir un fardeau (Le concept d'angoisse, 1844).


C Le refus de la liberté

La liberté serait donc un fardeau plutôt qu'une chance. L'écrivain françaisKundera donnera ainsi pour titre à l'un de ses romans « L'insoutenable légèreté de l'être » : la liberté peut être une condamnation ou une souffrance. Il est donc parfois souhaitable, pour notre bonheur, de rejeter la liberté.


Il serait en effet plus facile d'être esclave que d'être maître. Dans la dialectique du maître et de l'esclave proposé par Hegel, c'est en effet le maître qui finit par se retrouver dans une position de dépendance.


On peut voir au quotidien que les hommes rejettent instinctivement la liberté. Plutôt que d'exercer sa liberté, l'individu s'invente des contraintes extérieures ou se range à ce qu'« on » pense, ce qu'« on » dit, ce qu'« on » fait, etc. Ainsi, on se libère du poids que représente le choix.

CONCLUSION

Comme le pense l'opinion commune, la liberté semble être une condition nécessaire au bonheur : celui-ci nécessite d'être libre à l'égard de l'autorité, du temps, de soi. Toutefois, le bonheur n'a pas de recette précise et on pourrait même imaginer un bonheur sans liberté. D'ailleurs, pour certains, le bonheur est toujours simple et réglé, et nécessite des contraintes morales personnelles. Finalement, la liberté peut même être vue comme un fardeau et une souffrance, à cause de la responsabilité qu'elle induit. Si les hommes poursuivent sans cesse la liberté alors qu'elle n'est pas forcément un accès au bonheur, c'est parce qu'ils ne savent pas comment l'atteindre. Peut-être les hommes dépensent-ils en fait toute leur énergie à la poursuite d'un idéal inaccessible, comme semble le penser le pessimisme.
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