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 DU BREVET AU BAC :: REFLEXIONS, PLANS, ET DISSERTATIONS EN PHILOSOPHIE :: La science a t'-elle des limites?

La science a t'-elle des limites?

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jeanterminaletechno





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MessageSujet: La science a t'-elle des limites?  Posté leLun Oct 13, 2014 9:08 pm Répondre en citant

ENONCÉ

La science a-t-elle des limites ?



*** De quoi réfléchir à la question, bonne lecture à tous


INTRODUCTION

Depuis l'Antiquité, les scientifiques entendent détenir un accès universel et absolu à la vérité. Ils estiment que la science peut rendre le monde entier intelligible et qu'elle n'a pas de limite. La science est une démarche rationnelle, objective et universelle qui a pour ultime but la connaissance de la vérité. Il existe de nombreuses sortes de sciences : sciences exactes (physique, mathématiques), sciences de la nature, sciences humaines, etc. Toutes estiment amener à la vérité, même si celle-ci est plus ou moins rigoureuse et limitée.

La science, qui a pour ambition de constituer un accès illimité et universel à la vérité, a-t-elle réalisé son but ? N'a-t-elle pas des limites irréductibles, à la fois internes et externes ? Finalement, comment peut-elle les prendre en compte pour constituer une science nouvelle ?

Nous verrons d'abord que la science a pour ambition de constituer un accès illimité et universel à la connaissance de la vérité. Toutefois, cette ambition de la science se traduit par un échec, en raison de limites internes et externes. Finalement, on aboutit donc à une nouvelle forme de science, consciente de ses propres limites.

I La science a pour ambition de constituer un accès illimité et universel à la connaissance de la vérité

A Le rationalisme classique

Le rationalisme classique défend la toute-puissance de la raison et de la science : Descartes en est le plus grand représentant. Selon les rationalistes, il n'y a qu'une vérité et elle peut être atteinte par la logique mathématique.


Les rationalistes sont les héritiers des philosophes platoniciens, pour qui les mathématiques conduisent à l'Être, c'est-à-dire à l'essence des choses. En effet, dans le monde sensible, règne la doxa (l'opinion) qui ne permet pas l'accès à la vérité, car il est instable, changeant. Grâce à la rigueur de la démonstration, les mathématiques arrachent à ce monde de la doxa et mènent à la vérité absolue (le monde des Idées pour Platon).


Les rationalistes comme Descartes défendent par exemple le mécanisme, qui entend expliquer la nature par les seuls mouvements de la matière (seul l'homme fait exception). Le monde est comme une machine où tout s'explique par transmission de mouvements, à la façon d'un automate fait de rouages et de tuyaux. La science peut donc expliquer tous les phénomènes de la nature.


B L'universalité de la science

La science a l'ambition d'être un accès universel à la vérité : tout doit être objet de science. Le monde entier peut devenir intelligible grâce à la science.


Dès l'Antiquité, les mathématiques entendent fournir un accès universel à la vérité. Platon, suivi ensuite par Descartes, Spinoza et Leibniz en font l'idéal de la science, le chemin privilégié vers la vérité et la philosophie. Descartes a ainsi l'idée de faire une « mathématique universelle » : le raisonnement logique est applicable quels que soient les objets de connaissance, et il permet donc à l'esprit d'accéder à toutes les vérités.


La science permettrait d'accéder à tout type de vérités. Pour des rationalistes classiques comme Descartes ou Spinoza, la démonstration peut s'appliquer au domaine de la métaphysique : on peut démontrer l'existence de Dieu ou l'immatérialité de l'âme. Aujourd'hui, on explique même l'esprit par la chimie du cerveau : les neurosciences cognitives se développent au XXe siècle.


C Des moyens efficaces

Les sciences exactes ont un moyen presque infaillible d'atteindre la vérité : la démonstration logique. C'est Aristote qui fonde la logique formelle ou générale au IVe siècle avant J.C. Pour lui, il s'agit d'un « instrument de travail » (organon) intellectuel ayant pour but de garantir la vérité du discours grâce à la validité de l'argumentation. Le syllogisme est le modèle du raisonnement démonstratif. On peut donner ici un exemple classique de syllogisme.


Dans les sciences de la nature, où l'on ne peut pas appliquer la démonstration, le critère de vérité est l'expérience. Au XVIIe et surtout au XVIIIe siècle, on observe l'essor de la science expérimentale : « L'accord avec l'expérience est pour une théorie physique l'unique criterium de vérité » (La Théorie physique, son objet et sa structure, Pierre Duhem, 1914).


En conséquence, la science permet à l'homme, selon Descartes, de devenir « comme maître et possesseur de la nature ».

TRANSITION

Si la science a pour ambition d'accéder la vérité dans tous les domaines, on peut se demander si elle a atteint son but.

II Toutefois, cette ambition de la science se traduit par un échec, en raison de limites internes et externes

A Tout peut-il être objet de science ?

On peut se demander si, contrairement à ce que pensent les rationalistes, il n'existerait des domaines qui ne peuvent pas être objet de science, comme la morale ou la métaphysique.


Au XVIIIe siècle, Hume et Kant établissent déjà l'impossibilité de prouver l'existence d'entités métaphysiques, car l'esprit humain ne peut rien connaître en-dehors de l'expérience. C'est une pure illusion que de vouloir transformer toutes les idées de la raison en objets d'une connaissance démonstrative.


Comme pour la métaphysique, il semble impossible d'appliquer la science dans le domaine de la morale. Aucun postulat moral ne peut être déduit du savoir scientifique. Kant explique qu'il faut bien distinguer le savoir (qui porte sur le Vrai) de la morale (qui porte sur le Bien). Ainsi, il différencie la « raison pure » relative aux connaissances et la « raison pratique » relative à la morale. La science appartient au domaine de la raison pure, c'est-à-dire au Vrai, et ne peut pas répondre à la question « Que dois-je faire ? ». Dans la morale, il faut privilégier un autre accès à la vérité : l'argumentation.


B Des moyens limités

D'autre part, les moyens que possède la science pour accéder à la vérité sont efficaces mais limités, pour plusieurs raisons. C'est pourquoi le scepticisme affirme que la pensée humaine ne peut déterminer aucune vérité avec certitude.


La première limite concerne l'expérience : pour certains philosophes, il ne faut pas se fier aux perceptions et à l'expérience, car elles sont source d'illusions. Par exemple, Platon illustre par le mythe de la caverne l'idée qu'il faut se méfier des apparences et privilégier la théorie.


De plus, la logique théorique ne se préoccupe que de la validité formelle et pas de la vérité. C'est une science de l'inférence valide et non de la vérité.


En outre, dans le domaine des mathématiques, toute connaissance est relative aux premières propriétés, les axiomes qui ne sont pas démontrées. On ne peut pas dire d'une proposition mathématique qu'elle est absolument « vraie » ou « fausse » car, à l'origine du raisonnement, se trouvaient toujours des axiomes posés intuitivement. La vérité est plurielle et relative. Même le temps et l'espace ne sont pas forcément uniques : Bachelard nomme « rationalisme complexe » cette complexification du temps, de l'espace et de la vérité, qui ne sont plus considérés comme « universels ».


C Des limites externes

Finalement, la science rencontre des limites externes. En effet, des courants divers contestent la science en tant que principe d'intelligibilité de la réalité.


Bachelard montre que la science et la raison se heurtent à de nombreux « obstacles épistémologiques » qui ralentissent son développement. La religion en fait partie. En effet, l'affirmation de la science comme source de connaissance de la réalité est tardive. Encore aujourd'hui, il existe des sociétés qui fondent leur rapport avec le monde sur la magie, par exemple, plutôt que sur la raison. On retrouve cette idée dans la loi des trois États d'Auguste Comte. L'humanité et l'esprit humain sont passés par trois « États » successifs : l'État théologique, l'État métaphysique et l'État positif ou scientifique. Dans les deux premiers, l'explication du monde se faisait par la religion ou la métaphysique plutôt que par la science.


De plus, la domination de la science est contestée par le courant écologiste et « technophobe ». Il considère que le progrès scientifique et technique se fait au détriment de la nature : le nucléaire a par exemple de nombreux opposants. D'autre part, la science est particulièrement pointée du doigt dans le domaine de l'étude du vivant : aujourd'hui, après une succession de découvertes sur l'ADN, les scientifiques sont capables de procéder à des « manipulations génétiques » et sont comparés à des « apprentis sorciers ». Ces avancées ont en effet des applications discutables : le clonage, la modification des espèces (OGM), les interventions prénatales sur les fœtus, etc.

TRANSITION

Après de multiples contestations et désillusions au sujet de ses capacités, la science a fini par prendre en compte ses limites.

III Finalement, on aboutit donc à une nouvelle forme de science, consciente de ses propres limites

A Plusieurs types de vérités

On distingue aujourd'hui plusieurs types de vérités. On oppose par exemple la « vérité correspondance » à la « vérité cohérence ». Pour la première, l'expérience est le moyen d'accéder à la vérité tandis que pour la deuxième, c'est la démonstration. La distinction de ces deux types de vérité montre que la science admet que ses moyens sont limités et que la vérité obtenue dépend du moyen choisi.


De plus, on distingue les « vérités de fait » et les « vérités de raison ». La vérité de fait se dit d'un énoncé qui est vrai car il correspond à au réel qu'il décrit. La vérité de raison se dit d'un énoncé qui est vrai en lui-même, par les relations logiques entre ses termes. On peut donc accéder aux vérités de faits par l'expérience et aux vérités de raison par la démonstration. Hume, dans son Enquête sur l'entendement humain (1748), distingue ainsi les « relations d'idées » et les « faits ».


Par exemple, on accepte un autre type de vérité dans la morale ou la politique, qui correspond à une conformiste de la vérité (est vrai ce que tout le monde croit). Le critère de vérité est donc l'unanimité ou la majorité. Ce critère est par exemple adopté en démocratie, où l'on prend les décisions selon la volonté du plus grand nombre.


B Un jeu entre théories et expériences

Puisque ni la science expérimentale ni la science démonstrative n'aboutissent à une vérité certaine et absolue, la science joue maintenant entre théorie et pratique.


La science progresse par des hypothèses théoriques, suivies de réfutations pratiques. Elle balance ainsi entre démonstration et expérience, entre théorie et pratique. Une observation de la réalité doit toujours être corroborée par une réflexion de la raison.


D'autre part, de nouvelles méthodes scientifiques consistent à renverser l'antériorité admise de l'expérience sur la théorie. On aboutit à une dialectisation de la raison, capable de considérer des vérités en totale contradiction avec les habitudes ou l'expérience. Par exemple, Bachelard souligne le fait que Dirac élabore le concept de masse négative qui ne correspond à aucune image mentale. La science donne une place de plus en plus importante à l'imagination, avec Bachelard au XXe siècle. Pour raisonner à propos d'éléments non intuitifs (comme la masse négative), il est essentiel de se libérer de l'expérience et de privilégier l'imagination, qui est « l'expérience même de la nouveauté ».


C Concilier science et éthique

Aujourd'hui, il y a une volonté de concilier la science et la morale, pour profiter des apports du progrès scientifique tout en limitant ses risques.


On observe par exemple l'émergence de la bioéthique dans les années 1960 afin de concilier les avancées scientifiques de la biologie avec la morale. La bioéthique étudie aussi les questions et les problèmes moraux qui peuvent apparaître à l'occasion de pratiques médicales nouvelles impliquant la manipulation d'êtres vivants ou de recherches en biologie. Cela concerne par exemple le clonage, la procréation médicalement assistée, l'euthanasie, etc.


Par exemple, de nombreuses législations concernent le nucléaire, qui est le symbole de l'opposition entre les deux aspects du progrès : c'est un progrès technique important, qui peut être source de progrès humain (énergie nucléaire) comme entrave au progrès humaine (bombe atomique).

CONCLUSION

La science a toujours eu l'ambition de proposer un accès rigoureux et universel à la vérité, dans le but de rendre le monde entier intelligible. Toutefois, elle rencontre un échec, à cause de limites à la fois intérieures et extérieures. En conséquence, on aboutit aujourd'hui à une science nouvelle, qui prend en compte ses propres limites : puisqu'il n'y a pas d'accès systématique à la vérité absolue, elle conçoit plusieurs vérités et joue entre les différents moyens qu'elle a à sa disposition. De plus, la science se met aujourd'hui elle-même ses propres limites, en prenant en compte l'éthique.

On peut ainsi se demander s'il arrivera un jour où tous les progrès scientifiques possibles auront été réalisés, où la science atteindra la limite de ses capacités.
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