DU BREVET AU BAC Préparation au brevet et au bac de français, philosophie et HLP
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jeanterminaletechno
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Sujet: La société est-elle une contrainte pour l'individu? Lun Oct 13, 2014 9:15 pm |
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ENONCÉ
La société est-elle une contrainte pour l'individu ?
INTRODUCTION
« L'enfer, c'est les autres » affirme Sartre dans sa pièce Huis Clos (1944). Cette citation renvoie à une vision très pessimiste de la société, en tant que source de contrainte pour l'individu. En effet, le droit ainsi que la contrainte sociale limitent les libertés individuelles. Toutefois, il semble que l'on ne puisse réduire la société à cette unique constatation.
En quoi la société est-elle incontestablement une source de contrainte pour l'individu ? N'est-elle pas aussi le lieu de son perfectionnement et même de son bonheur ? Si la société est source de contraintes, n'est-elle pas une réalité nécessaire ? Enfin, ces contraintes sont-elles néfastes ou au contraire bénéfiques pour l'homme ?
Nous verrons que la société semble être une source de contrainte pour l'individu. Toutefois, la société ne se réduit pas à cette constatation : elle permet également à l'individu de se perfectionner et même d'approcher le bonheur. En fait, la société est une réalité indispensable à la vie humaine : même si elle source de contraintes, il s'agit de contraintes nécessaires voire bénéfiques.
I Certes, la société semble être une source de contrainte pour l'individu, à la fois à cause du droit et de la vie avec autrui
A L'homme, un être naturellement asocial
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Si la société est une source de contrainte pour l'individu, c'est parce que l'homme est fondamentalement un être asocial qui a été contraint de former une société. C'est en particulier ce que défendent les partisans du contractualisme, comme Rousseau ou Hobbes.
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Pour Hobbes, l'état de nature est un état de guerre de tous contre tous, car « l'homme est un loup pour l'homme » (citation de Plaute dans Asinaria). L'homme serait naturellement méchant et agressif (Léviathan).
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Pour Rousseau, les hommes ne sont pas naturellement agressifs les uns envers les autres, mais ils sont naturellement solitaires (Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes).
B Le droit, source de contrainte
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La justice instituée par l'État est une source de contrainte pour l'individu. En effet, elle s'appuie sur une limitation des libertés individuelles.
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On peut évoquer la fondation de l'État selon Hobbes : elle passe par la création d'une autorité politique (le Léviathan) à qui les hommes délèguent leurs libertés en échange de leur sécurité. Ils font ce choix de renoncer à leur droit naturel sous la contrainte, afin de préserver leur survie et leurs biens (Léviathan, 1651).
C Les autres, source de contrainte
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Enfin, on peut penser que c'est simplement la vie avec les autres qui est une contrainte infernale pour l'homme. En effet, le regard et le jugement perpétuel d'autrui seraient source de souffrance.
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On évoque ici la pièce Huis Clos de Sartre (1944), où l'on trouve la célèbre citation « L'enfer, c'est les autres ». En mettant en scène trois personnages arrivés en enfer, l'auteur illustre l'idée que la réelle souffrance n'est pas la torture physique mais le jugement implacable d'autrui porté sur nous. C'est pourquoi l'un des trois personnages dit : « Le bourreau, c'est chacun de nous pour les deux autres ». La vie en société est donc source de contrainte, à cause de son regard et de son jugement auxquels il est impossible d'échapper.
TRANSITION
Cette conception très pessimiste de la société ne peut cependant être partagée universellement. Si l'homme a toujours vécu en société, n'est-ce pas parce que celle-ci apporte aussi autre chose que des contraintes ?
II Toutefois, la société n'est pas uniquement source de contrainte : elle permet également à l'individu de se perfectionner et même d'approcher le bonheur
A La perfectibilité humaine
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La société permettrait le perfectionnement de l'homme. En effet, il aurait comme caractéristique principale, par rapport aux autres animaux, d'être perfectible. Toutefois, la condition de ce perfectionnement est la vie en société et l'État.
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Pour Rousseau, l'homme naturel est un être pacifique qui ne vit pas en société et qui n'a pas besoin d'un État pour garantir sa sécurité. Pourtant, même Rousseau estime que la société est le seul lieu où l'homme peut développer sa perfectibilité. En effet, l'homme à l'état de nature est auto-suffisant et heureux, mais il n'est qu'un « animal stupide et borné » (Contrat social, 1762). C'est uniquement dans le cadre de la société et de l'État que l'homme peut développer ses capacités et se perfectionner. C'est notamment le rôle de l'État et des institutions comme l'éducation ou la recherche.
B La fertilité des échanges
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D'autre part, les échanges mutuels sont source de richesse. On peut évoquer tout d'abord les échanges culturels : les langages deviennent de plus en plus riches et subtils grâce aux influences extérieures (racines, expressions, alphabets, chiffres, etc.). Ainsi, le métissage culturel et le cosmopolitisme sont vus comme des conséquences bénéfiques des échanges culturels et de la mondialisation.
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On peut évoquer également l'exemple du dialogue : cet échange estsource de richesse, car il permet de confronter des opinions différentes pour faire naître la vérité. C'est pour cette raison que Platon écrit un grand nombre de ses œuvres sous forme de dialogue. Socrate discute avec des interlocuteurs variés et, grâce à de multiples questions et des confrontations d'opinions, les interlocuteurs font naître la vérité. Cette approche dialectique retrouvée dans le dialogue est une des techniques de la maïeutique.
C Le bonheur
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Finalement, il semble que la société soit le lieu du bonheur. En effet, il est difficile d'imaginer un bonheur solitaire, même si c'est un modèle préconisé par certains ascètes.
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On peut évoquer la vision aristotélicienne de la société. Toutes les actions et donc toutes les associations humaines suivent un but particulier (un bien). Toutefois, la spécificité de la société est d'avoir pour but le bonheur de chacun (le Souverain Bien) : « Évidemment toutes les associations visent à un bien d'une certaine espèce, et le plus important de tous les biens doit être l'objet de la plus importante des associations, de celle qui renferme toutes les autres ; et celle-là, on la nomme précisément l'État et association politique » (La Politique, Aristote, IVe siècle avant J.-C.).
TRANSITION
Bien que la société soit source d'opportunités et de bonheur, elle est indiscutablement source de contraintes : mais celles-ci sont réellement à déplorer ?
III En fait, la société est une réalité indispensable à la vie humaine : même si elle source de contraintes, il s'agit de contraintes nécessaires voire bénéfiques
A La condition de l'humanisation
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L'homme est naturellement social. Cela ne signifie pas que la société est pour lui une donnée naturelle, mais qu'elle est la condition de la réalisation de sa nature, de son humanisation : « L'homme est naturellement un animal politique » (La Politique, Aristote, IVe siècle avant J.-C.).
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La société est en effet le lieu de la culture, précisément parce qu'elle instaure des contraintes et des interdits. En effet, les anthropologues comme Lévi-Strauss considèrent que le premier interdit, qui est la prohibition de l'inceste, marque justement le passage de la nature à la culture. Contrairement aux animaux, les hommes s'imposent des contraintes sociales et des codes, et c'est précisément pour cette raison qu'ils sont pleinement humains.
B La nécessité de la société
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D'autre part, la société est une réalité indépassable car l'homme ne peut pas vivre seul. L'état de nature tel que le voit Rousseau est purement fictif. En effet, un homme seul ne peut pas subvenir à ses besoins.
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Pour Aristote comme pour Platon, la notion de besoin est ainsi au fondement de la société : « Il est nécessaire que s'unissent les êtres qui ne peuvent exister l'un sans l'autre » (La Politique, Aristote, IVe siècle avant J.-C.). Alors que la famille est fondamentalement dépendante de l'extérieur, la société est caractérisée par l'autarkeïa : elle peut vivre en autarcie et subvenir à ses propres besoins.
C Des contraintes bénéfiques
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Certes, la société impose des contraintes. Toutefois, comme le montre la théorie du pacte sociale, ces contraintes ont été choisies volontairement car elles sont bénéfiques. D'ailleurs, ces contraintes sont finalement source de liberté.
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Chez Hobbes ou chez Locke, le pacte social est source de contrainte, mais il est surtout une garantie de sécurité.
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Selon Rousseau, le contrat social est un accord collectif et volontaire : les hommes décident de renoncer à leurs intérêts particuliers pour suivre la « volonté générale » (Du Contrat social, 1762). En fait, la légitimité du pacte social repose sur le fait que l'homme comprend que le pacte social est la condition nécessaire de l'existence de ses droits. Par la contrainte de la loi, l'État libère l'homme en le faisant passer de la nature sauvage à la liberté véritable qui est l'obéissance à une loi juste. Selon Rousseau, la liberté se comprend en effet comme « l'obéissance à la loi qu'on s'est prescrite ».
CONCLUSION
Certes, la société est évidemment source de contrainte et de souffrance pour l'homme, qui ne serait pas naturellement social. Toutefois, il est impossible de réduire la société aux contraintes qu'elle impose. En effet, elle est également le lieu du perfectionnement humain et même du bonheur. Finalement, même s'il est incontestable que la société est source de contrainte, on peut voir qu'elle est une réalité nécessaire et même que ces contraintes peuvent être bénéfiques.
Cela conduit à s'interroger sur le rôle de l'État : si les conditions de l'humanisation sont à la fois la liberté et la contrainte sociale, peut-être est-il du devoir de l'État et du droit de garantir le juste milieu nécessaire. _________________
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