DU BREVET AU BAC Préparation au brevet et au bac de français, philosophie et HLP
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prepabac,philo 2018 Administrateur
Age: 54 Inscrit le: 17 Juin 2012 Messages: 671
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Sujet: Le mensonge est-il admissible en certaines circonstances? Lun Oct 13, 2014 6:57 pm |
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LE MENSONGE EST-IL ADMISSIBLE EN CERTAINES CIRCONSTANCES ?
*** Note obtenue : 12/20
Lecture du devoir
Qui dit mensonge dit vérité, et qui dit vérité dit mensonge. Ainsi, les deux vont de paires. Le mensonge altère la vérité, trompe l'autre tout en sachant pertinemment que ce qui est énoncé est faux. Le mensonge est donc différent de l'erreur, car celui qui la commet n'a pas conscience de la fausseté de son acte, de sa parole ou de son jugement. Après tout, si nous mentons n'est-ce pas autrement que par choix ? Le mensonge est-il admissible en certaines circonstances ? Même si le mensonge et la vérité sont liés, ils s'opposent en tous points et ne peuvent coexister ensemble. Est-ce que le mensonge est préférable ou bien est-ce que l'on se doit de dire la vérité ? Nous verrons donc dans une première partie, que parfois le mensonge nous semble être une bonne solution, puis nous montrerons qu'il faut toujours dire la vérité et enfin nous tenterons de trouver un semblant de réponse dans une troisième partie.
Mentir pour préserver autrui.
On utilise le mensonge pour faire rêver, en particulier vis à vis des enfants. Lorsque l'on parle du Père Noël par exemple et qu'on leur dit d'être sage toute l'année pour avoir des cadeaux, ou encore l'histoire de la petite souris qui viendrait uniquement la nuit quand l'enfant est endormi pour prendre leur dent et glisser une pièce sous l'oreiller en échange. Tous ces petits détails qui visent à rendre l'enfance plus merveilleuse ne sont alors en réalité que des mensonges énoncés par les parents. Cependant ce mensonge ne semble pas si grave, puisqu'il existe uniquement pour rendre la vie des enfants plus féérique.
On ne ment que si l'on sait que l'on ment. Effectivement, les enfants qui disent avoir un ami imaginaire, qui pensent avoir vu un fantôme ou une créature magique ne mentent pas. Ils croient seulement à ce qu'ils ont vu, ils ne savent pas que cela est faux contrairement aux adultes qui distinguent le mensonge de la vérité. Ce mensonge, qui n'en est pas vraiment un est en quelque sorte pardonnable.
Lorsqu'il faut protéger quelqu'un, le mensonge semble alors admissible. Il est clair que l'on ne peut pas tout dire, surtout par rapport aux enfants. Lorsqu'un proche décède ou même un animal, on aura tendance à dire qu'il est "parti" ou qu'il est "monté au ciel" pour ainsi préserver leur innocence et leur naïveté. De même quand il s'agit de protéger quelqu'un d'une vérité blessante, trop difficile à avouer et trop dure à supporter. De plus certaines personnes refusent de percevoir la vérité telle qu'elle est, soit parce qu'ils ne veulent tout simplement pas accepter, ne pas croire qu'une tromperie est possible ou simplement parce qu'ils leur semblent absolument impossible de penser que les hommes soient capables de mentir si aisément ; il n'est donc pas nécessaire de leur avouer car cela briserait leurs illusions.
Le mensonge peut servir à des fins éducatives et morales, pour montrer le bon exemple à suivre, pour adopter de bons comportements. Encore une fois ce sont souvent les parents qui usent de ce stratagème afin de faire comprendre à leurs enfants la différence entre le bien et le mal. Quand on est sage, le Père Noël apporte des cadeaux et à l'inverse quand on ne l'est pas c'est le Père Fouettard qui vient nous punir. C'est également un moyen de faire peur, un moyen de pression, bien souvent, la punition et l'internat sont utilisés pour pousser un enfant à mieux travailler et à mieux se tenir. Certes ce n'est pas toujours bien de le faire mais cela reste tout de même efficace.
Ne dit-on pas "toute vérité n'est pas bonne à dire" ? Cela est particulièrement vrai lorsque nous ne voulons pas blesser quelqu'un. Le mensonge nous semble être un bon recours. Par exemple lorsqu'une amie nous demande si elle est bien habillée, nous répondrons "oui" même si nous n'en pensons pas un mot, pour ne pas lui faire de mal. De même lorsqu'il s'agit d'éviter un conflit, nous préférons mentir afin de ne pas entretenir un désaccord surtout si cela est familial généralement on privilégie cette option pour ne pas se froisser avec des membres de notre famille. Ou encore un homme qui trompe sa femme, ou inversement, ce genre de chose est toujours passé sous silence.
La protection et la préservation d'un être qui nous est cher nous pousse irrémédiablement sur la voie du mensonge. Pourquoi avouer quelque chose qui blessera ? Parfois l'ignorance est préférable pour ainsi éviter un grand mal et épargner une souffrance. Nous ne voulons pas faire de mal à quelqu'un, le rendre malheureux et même l'empêcher de vivre ou à continuer de vivre en toute normalité suite à ce que l'on pourrait dire. L'exemple parfait est le suivant, ne pas dévoiler une maladie grave à ses proches pour ne pas les inquiéter, ni même les attrister plus que nécessaire.
Cependant, la société dans laquelle nous vivons nous impose des comportements insincères. La gentillesse et la politesse le prouvent, car même si nous n'aimons pas quelqu'un par politesse nous le saluerons. L'hypocrisie est donc une forme de mensonge, mais elle est parfois recommandée comme le dit Kant.
De plus, on se persuade que mentir est parfois la meilleure chose à faire, l'option la plus préférable, la bonne décision à prendre, uniquement par mauvaise foi.
Néanmoins, le mensonge ne pourra jamais égaler la valeur de la vérité.
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Le mensonge n'est jamais admissible, seule la vérité est acceptable.
En tant qu'être humain possédant une conscience, on se doit de divulguer la vérité pour accéder au savoir et à la connaissance. La vérité permet de sortir de l'inconscience et de l'ignorance et ainsi de ne pas subir la nature qui entoure l'homme, mais plutôt essayer de la comprendre et d'expliquer le monde dans lequel nous vivons. Dire la vérité s'avère donc être un devoir, une nécessité dont l'homme a besoin pour se construire et avancer. La sincérité et la franchise sont des valeurs nobles que tout homme devrait posséder, tout comme la vérité qui est une valeur fondatrice de notre société.
Connaître et chercher la vérité est donc légitime, c'est un droit que tout homme détient. Même si la vérité dérange et n'apporte rien, on ne peut lui préférer le mensonge même si ce dernier semble avantageux, car nous sommes des êtres de raison et de pensée.
Qui plus est, la vérité finit toujours pas se savoir à un moment de notre existence, on ne peut pas dissimuler éternellement ce qui est vrai, comme il nous est impossible de vivre continuellement dans le mensonge. L'exemple de Jean-Claude Romand illustre parfaitement ce propos, cet homme a menti durant de nombreuses années à ces proches s'inventant une carrière brillante de médecin et vivant de façon correcte grâce à l'argent que sa famille lui donnait, pensant faire des placements avantageux. Le retour à la réalité a été bien triste et brutal, car au lieu de faire face à ses tous mensonges, qui étaient sur le point d'être découverts, il a préféré tuer toute sa famille.
Dire la vérité est une chose essentielle, depuis tout petit nous avons été éduqués dans une optique de véracité. Nos parents nous ont toujours dit que le mensonge était mal, et qu'il ne fallait jamais mentir mais toujours dire la vérité. La vérité est donc ancrée dans notre éducation et ce depuis toujours.
La vérité se vaut pour elle-même et est une exigence. C'est pour cela que la recherche de la vérité est l'un des grands principes de l'homme. C'est d'ailleurs ce que cherchent à atteindre les philosophes : le désir de la vérité. Cela en fait une question morale ; contrairement au mensonge qui manipule et abuse les autres, et qui apparaît alors comme un acte condamnable.
En effet, le mensonge est condamnable d'un point de vue moral. Nous devons être sincère avec les personnes qui nous entourent en encore plus envers nous-même, afin de ne pas nous duper. Ne pas chercher à atteindre la vérité reviendrait donc à se bercer d'illusion et de faux semblant. En ce sens nous ne verrons et ne vivrons pas dans le monde tel qu'il s'offre à nous et nous ne serions que de simples spectateurs d'un monde qui nous serait alors inconnu. Ainsi, la "vérité" ne serait pas perçue, mais erronée et inexacte.
La vérité est donc une valeur absolue qu'il ne faut pas altérer, ni même omettre pour veiller au bonheur et à la satisfaction de l'homme.
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Le mensonge ou la vérité, tel est le dilemme de l'homme.
Si l'on part du principe que le mensonge est dramatique et impardonnable, alors mentir est sans aucun doute un acte inadmissible. A l'inverse, on peut penser qu'il existe des degrés de gravité du mensonge. En ce sens, tout ne serait donc pas totalement inexcusable et il existerait alors des cas où le mensonge serait moindre voir même légitime.
Le mensonge a-t-il une limite ? Peut-on mentir sur tout, à propos de tout et à n'importe qui ? Existe-t-il des sujets, des domaines inaccessibles pour le mensonge ? Existe-t-il des cas où la vérité est la seule et unique solution ? Pourtant l'homme ment dans son propre intérêt, par pur égoïsme sans se préoccuper des personnes qui l'entourent, uniquement pour assouvir ses besoins et désirs personnels. En suivant cette logique le mensonge ne serait même pas envisageable.
Une fois que l'on a menti, est-ce irréversible ? Devenons-nous des menteurs tout le reste de notre vie car nous avons menti une seule fois ? Le mensonge s'ancre-t-il en nous et devient-il un trait à part de notre personnalité ? Ou peut-on essayer de trouver une alternative et tenter de réparer un mal déjà commis ?
Cependant, une fois que l'homme a menti, ne sera-t-il pas tenter de recommencer ? Ne préférera-t-il pas la simplicité du mensonge à une dure vérité ? L'homme a tendance à opter pour la facilité, pour se libérer d'une quelconque charge qui ne ferait que le gêner. Ainsi il ne s'encombre pas de possibles répercutions et problèmes, ne cherchant pas à se prêter à la complexité et la difficulté de la vérité. Pourtant l'homme ne devrait-il pas éviter de s'engager sur la voie de la tromperie et du mensonge ? Ne devrait-il pas tendre vers un idéal plus authentique ? Puisque depuis toujours, l'homme ne cherche qu'à atteindre la perfection et l'excellence.
Sommes-nous en mesure de penser que le mensonge est dans certains cas un moyen inévitable ? Devons-nous forcément mentir à quelqu'un pour éviter un trop grand chagrin ? Le mensonge deviendrait alors légitime, à partir du moment où l'on pourrait sauver une vie en le faisant, comme lorsque certaines personnes protégeaient et cachaient des juifs dans leur maison pendant l'occupation de la France durant la Seconde Guerre Mondiale.
Mais le mensonge ne devient-il pas légitime car nous nous en sommes intimement persuadés ? Ou l'est-il réellement ? N'est-ce pas là un moyen de nous donner bonne conscience ? Car nous aurions sans doute sauvé quelque chose ou quelqu'un. Ne voit-on pas là-dedans un moyen de nous tromper nous-même ? N'est-ce pas un moyen de nier que de trouver un mensonge légitime ? Car après tout, nous sommes bien les seuls à le penser. La seule personne qui peut juger de la légitimité d'un mensonge n'est autre que nous-même et nous ne sommes pas capables de le faire, car de toute évidence nous choisirons ce qui nous arrange.
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Le mensonge semble pour l'homme un remède efficace contre les maux, c'est pour cela qu'il est parfois choisi et que la vérité est alors volontairement écartée, dans un but purement personnel. Cependant, l'homme vise également à atteindre, à connaître la vérité même si elle est dérangeante. Cette dernière est alors préférable, même cruelle car l'homme en a fait une question morale. Mentir ne nous permet pas d'être en totale cohésion avec nous-même, il nous oblige à modifier la vérité, à modifier la perception de ce qui nous entoure. Mais si nous ne sommes pas en parfaite adéquation avec nous-même, alors nous ne pouvons plus prétendre être celui que nous étions, nous ne pouvons plus être la même personne après avoir évincé et négligé la vérité. En ce sens, le mensonge n'est pas admissible, l'homme ne doit donc pas mentir. Il doit suivre le chemin de la vérité, qui est au fondement de tout car c'est uniquement en paix avec son esprit et donc avec lui-même que l'homme pourra alors prétendre être un être de raison. _________________ Intervenant en philosophie
Lycée, séries générales et technologiques
http://www.dubrevetaubac.fr/
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philippe, philo bac ES
Inscrit le: 06 Aoû 2014 Messages: 27
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Sujet: Le mensonge est-il admissible en certaines circonstances? Lun Oct 13, 2014 7:39 pm |
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Merci pour la lecture. Si cette dissert n'a eu que 12 je ne suis pas prêt de décoller à 13 ou 14
Je trouve que c'est un super devoir, bien construit et intelligent _________________ Bac ES philosophie 2015
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jeanterminaletechno
Inscrit le: 09 Aoû 2014 Messages: 30
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Sujet: Le mensonge est-il admissible en certaines circonstances? Lun Oct 13, 2014 8:44 pm |
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Voilà un texte qui pourrait poursuivre la réflexion
Saint Augustin définit le mensonge.
Devoir : Saint Augustin définit le mensonge.
Il faut donc voir ce que c'est que le mensonge. Car dire une chose fausse n'est pas mentir, quand on croit ou qu'on s'imagine dire la vérité. (…) Or, quiconque énonce une chose qu'il croit ou qu'il s'imagine être vraie, bien qu'elle soit fausse, ne ment pas. En effet, il a une telle confiance dans son énoncé qu'il ne veut exprimer que ce qu'il a dans l'esprit, et qu'il l'exprime en effet. Mais bien qu'il ne mente pas, il n'est cependant point irréprochable, s'il croit ce qu'il ne faut pas croire, ou s'il pense savoir une chose qu'il ignore, quand même elle serait vraie : car il tient pour connue une chose inconnue. Ainsi donc mentir, c'est avoir une chose dans l'esprit, et en énoncer une autre soit en paroles, soit en signes quelconques. C'est pourquoi on dit du menteur qu'il a le cœur double, c'est-à-dire une double pensée : la pensée de la chose qu'il sait ou croit être vraie et qu'il n'exprime point, et celle de la chose qu'il lui substitue, bien qu'il la sache ou la croie fausse. D'où il résulte qu'on peut, sans mentir, dire une chose fausse, quand on la croit telle qu'on la dit, bien qu'elle ne soit pas telle réellement; et qu'on peut mentir en disant la vérité, quand on croit qu'une chose est fausse, et qu'on l'énonce comme vraie, quoiqu'elle soit réellement telle qu'on l'énonce, car c'est d'après la disposition de l'âme, et non d'après la vérité ou la fausseté des choses mêmes, qu'on doit juger que l'homme ment ou ne ment pas.
Saint Augustin; Du mensonge; Vème siècle.
Questions :
1) Comment Saint Augustin définit-il le mensonge ?
2) Pourquoi peut-on faire des reproches à celui qui se trompe ?
3) Comment est-il possible de mentir en disant la vérité ? _________________
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