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 DU BREVET AU BAC :: QUESTIONS SUR CORPUS DE TEXTES : L'ECRIT DU BAC DE FRANCAIS :: Pascal, La Fontaine, Rousseau, Voltaire, Quest° Corpus

Pascal, La Fontaine, Rousseau, Voltaire, Quest° Corpus

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Prof de français lycée,
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MessageSujet: Pascal, La Fontaine, Rousseau, Voltaire, Quest° Corpus  Posté leJeu Déc 17, 2015 2:48 pm Répondre en citant

CENTRES ÉTRANGERS
SÉRIE ES /S
Objet d'étude : Convaincre, persuader et délibérer.

Textes :


Texte A - PASCAL, Pensées (1670)
Texte B - LA FONTAINE, Fables (1693), "Le Philosophe scythe"
Texte C - VOLTAIRE, Le Mondain (1736)
Texte D - ROUSSEAU, Rêveries du Promeneur solitaire (1776-1778), "Cinquième Promenade".

Texte A - PASCAL, Pensées (1670)
Tous les hommes recherchent d'être heureux. Cela est sans exception, quelques différents moyens qu'ils y emploient. Ils tendent tous à ce but. Ce qui fait que les uns vont à la guerre et que les autres n'y vont pas est ce même désir qui est dans tous les deux, accompagné de différentes vues. La volonté [ne] fait jamais la moindre démarche que vers cet objet. C'est le motif de toutes les actions de tous les hommes. Jusqu'à ceux qui vont se pendre.
Et cependant depuis un si grand nombre d'années jamais personne, sans la foi, n'est arrivé à ce point où tous visent continuellement. Tous se plaignent, princes, sujets, nobles, roturiers, vieux, jeunes, forts, faibles, savants, ignorants, sains, malades, de tous pays, de tous les temps, de tous âges et de toutes conditions. [...]
Qu'est-ce donc que nous crie cette avidité et cette impuissance, sinon qu'il y a eu autrefois dans l'homme un véritable bonheur, dont il ne lui reste maintenant que la marque et la trace toute vide, et qu'il essaie inutilement de remplir de tout ce qui l'environne, recherchant des choses absentes le secours qu'il n'obtient pas des présentes, mais qui en sont toutes incapables, parce que ce gouffre infini ne peut être rempli que par un objet infini et immuable, c'est-à-dire que par Dieu même.

Texte B - LA FONTAINE, Fables (1693), "Le Philosophe scythe"
Un Philosophe austère, et né dans la Scythie1,
Se proposant de suivre une plus douce vie,
Voyagea chez les Grecs, et vit en certains lieux
Un sage assez semblable au vieillard de Virgile2,
Homme égalant les Rois, homme approchant des Dieux,
Et, comme ces derniers, satisfait et tranquille.
Son bonheur consistait aux beautés d'un Jardin.
Le Scythe l'y trouva qui, la serpe à la main,
De ses arbres à fruit retranchait l'inutile,
Ébranchait, émondait, ôtait ceci, cela,
Corrigeant partout la Nature,
Excessive à payer ses soins avec usure.
Le Scythe alors lui demanda :
« Pourquoi cette ruine : Était-il d'homme sage
De mutiler ainsi ces pauvres habitants ?
Quittez-moi votre serpe, instrument de dommage;
Laissez agir la faux du Temps :
Ils iront assez tôt border le noir rivage3.
— J'ôte le superflu, dit l'autre, et l'abattant,
Le reste en profite d'autant.»
Le Scythe, retourné dans sa triste demeure,
Prend la serpe à son tour, coupe et taille à toute heure;
Conseille à ses voisins, prescrit à ses amis
Un universel abatis4.
Il ôte de chez lui les branches les plus belles,
Il tronque son Verger contre toute raison,
Sans observer temps ni saison,
Lunes ni vieilles ni nouvelles .
Tout languit et tout meurt. Ce Scythe exprime bien
Un indiscret5 Stoïcien6 :
Celui-ci retranche de l'âme
Désirs et passions, le bon et le mauvais,
Jusqu'aux plus innocents souhaits.
Contre de telles gens, quant à moi, je réclame.
Ils ôtent à nos cœurs le principal ressort;
Ils font cesser de vivre avant que l'on soit mort.
1. Scythie : pays réputé rude au nord de la mer Noire.
2. le vieillard de Virgile : personnage qui cultive son jardin avec bonheur dans les Géorgiques de Virgile, poète latin.
3. il iront aussitôt border le noir rivage : ils mourront bientôt.
4. abatis : abattage.
5. indiscret : qui manque de bon sens.
6. stoïcien : adepte du stoïcisme, philosophie qui préconise l'absence des passions et l'indifférence à tout ce qui affecte la sensibilité.

Texte C - VOLTAIRE, Le Mondain1 (1736)
Regrettera qui veut le bon vieux temps
Et l'âge d'or2, et le règne d'Astrée2,
Et les beaux jours de Saturne et de Rhée2,
Et le jardin de nos premiers parents;
Moi je rends grâce à la nature sage
Qui, pour mon bien, m'a fait naître en cet âge
Tant décrié par nos pauvres docteurs3 :
Ce temps profane est tout fait pour mes mœurs.
J'aime le luxe, et même la mollesse,
Tous les plaisirs, les arts de toute espèce,
La propreté, le goût, les ornements :
Tout honnête homme a de tels sentiments.
Il est bien doux pour mon cœur très immonde
De voir ici l'abondance à la ronde,
Mère des arts et des heureux travaux,
Nous apporter, de sa source féconde,
Et des besoins et des plaisirs nouveaux.
L'or de la terre et les trésors de l'onde,
Leurs habitants et les peuples de l'air,
Tout sert au luxe, aux plaisirs de ce monde.
Oh ! le bon temps que ce siècle de fer !
Le superflu, chose très nécessaire,
A réuni l'un et l'autre hémisphère.
Voyez-vous pas ces agiles vaisseaux
Qui du Texel4, de Londres, de Bordeaux,
S'en vont chercher, par un heureux échange,
Ces nouveaux biens, nés aux sources du Gange,
Tandis qu'au loin, vainqueurs des musulmans,
Nos vins de France enivrent les sultans !
Quand la nature était dans son enfance,
Nos bons aïeux vivaient dans l'ignorance,
Ne connaissant ni le tien ni le mien.
Qu'auraient-ils pu connaître ? ils n'avaient rien; [...]

1. "mondain" : au XVIII° siècle, désigne celui qui vit dans son siècle et non pas retiré du monde.
2. "âge d'or, Astrée, Saturne, Rhée" : dans la mythologie, divinités de l'âge d'or; ce dernier désigne l'époque heureuse des débuts de l'humanité, par opposition aux époques suivantes qui marquent une dégradation (âge d'argent, d'airain, de fer.
3. "nos pauvres docteurs" : nos savants, nos érudits.
4. "Texel" : île de Hollande.

Texte D - ROUSSEAU, Rêveries du Promeneur solitaire (1776-1778), "Cinquième Promenade".

De toutes les habitations où j'ai demeuré (et j'en ai eu de charmantes), aucune ne m'a rendu si véritablement heureux et ne m'a laissé de si tendres regrets que l'île de Saint-Pierre au milieu du lac de Bienne. Cette petite île qu'on appelle à Neuchâtel l'île de La Motte est bien peu connue, même en Suisse. Aucun voyageur, que je sache, n'en fait mention. Cependant elle est très agréable et singulièrement située pour le bonheur d'un homme qui aime à se circonscrire1; [...]
Les rives du lac de Bienne sont plus sauvages et romantiques que celles du lac de Genève, parce que les rochers et les bois y bordent l'eau de plus près, mais elles ne sont pas moins riantes. S'il y a moins de culture de champs et de vignes, moins de villes et de maisons, il y aussi plus de verdure naturelle, plus de prairies, d'asiles ombragés de bocages, des contrastes plus fréquents et des accidents2 plus rapprochés. Comme il n'y a pas sur ces heureux bords de grandes routes commodes pour les voitures, le pays est peu fréquenté par les voyageurs, mais il est intéressant pour des contemplatifs solitaires qui aiment à s'enivrer à loisir des charmes de la nature, et à se recueillir dans un silence que ne trouble aucun autre bruit que le cri des aigles, le ramage entrecoupé de quelques oiseaux, et le roulement des torrents qui tombent de la montagne ! [...]
On ne m'a laissé passer guère que deux mois dans cette île, mais j'y aurais passé deux ans, deux siècles et toute l'éternité sans m'y ennuyer un moment, quoique je n'y eusse, avec ma compagne, d'autre société que celle du receveur, de sa femme et de ses domestiques, qui tous étaient à la vérité de très bonnes gens et rien de plus, mais c'était précisément ce qu'il me fallait. Je compte ces deux mois pour le temps le plus heureux de ma vie et tellement heureux qu'il m'eût suffi durant toute mon existence sans laisser naître un seul instant dans mon âme le désir d'un autre état.
1. se circonscrire : se limiter.
2. accidents : mouvements, déformations de terrain.

I. QUESTION (4 points) :
De quoi chacun des auteurs fait-il dépendre le bonheur ? Nommez et interprétez pour chaque texte un procédé différent au service de l'argumentation


CORRIGÉ DE LA QUESTION
• « Le bonheur humain : un concept différent chez Pascal, Voltaire, Rousseau et La Fontaine.

• Pascal, être heureux = combler un manque et tenter d'y remédier. Cela signifie combler l'impuissance de l'homme. Mais l'homme ne peut y parvenir durant sa vie terrestre car c'est par "l'infini et l'immuable", donc "Dieu" que l'homme peut seulement s'élever au bonheur = par la religion + foi
Convaincre le lecteur = raisonnement scientifique, structuré, construit avec des connecteurs logiques en paragraphes et généralisations.


• La Fontaine = conception du bonheur terrestre :
Bonheur dans un jardin qui est cultivé, notions grecques de la juste mesure tant dans les paroles que dans les actions. C'est la philosophie épicurienne = bonheur simple et terrestre.
Le moyen utilisé par le fabuliste est la fable, l'apologue, un récit suivi d'une morale

le philosophe scythe insatisfait = le manque de discernement et l’excès
le grec = il représente le bonheur

• Voltaire = sa conception est aussi épicurienne, "les plaisirs", "le paradis terrestre", une civilisation qui permet à l'homme d'avoir un confort de vie, du luxe et un commerce. Conception donc plus matérialiste qui s'oppose à Pascal et à La Fontaine car elle est plus superflue de part son abondance.
Le moyen utilisé par Voltaire = il blâme l'âge d'or pour faire l'éloge du siècle de fer et de son abondance;

• Rousseau = bonheur terrestre. Il s'oppose à Voltaire car il propose la solitude dans la nature sauvage = il s'éloigne de la civilisation.
« rochers », « bois » « eau », « verdure naturelle », « torrents »
« contemplatif solitaire ».
Evocation de l'île Saint Pierre" = un éloge, lyrisme.
_________________
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