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 DU BREVET AU BAC :: BACS BLANCS : CORRECTION :: Commentaire lettre XXX, Lettres Persanes, Montesquieu

Commentaire lettre XXX, Lettres Persanes, Montesquieu

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clarisse78




Age: 31
Inscrit le: 12 Mar 2011
Messages: 28

MessageSujet: Commentaire lettre XXX, Lettres Persanes, Montesquieu  Posté leMar Juin 14, 2011 7:17 pm Répondre en citant

Commentaire, Lettre XXX des Lettres Persanes de Montesquieu



Le texte :

Citation:
RICA AU MEME.

A Smyrne.
Les habitants de Paris sont d'une curiosité qui va jusqu'à l'extravagance. Lorsque j'arrivai, je fus regardé comme si j'avais été envoyé du ciel: vieillards, hommes, femmes, enfants, tous voulaient me voir. Si je sortais, tout le monde se mettait aux fenêtres; si j'étais aux Tuileries, je voyais aussitôt un cercle se former autour de moi; les femmes mêmes faisaient un arc-en-ciel nuancé de mille couleurs, qui m'entourait. Si j'étais aux spectacles, je voyais aussitôt cent lorgnettes dressées contre ma figure: enfin jamais homme n'a tant été vu que moi. Je souriais quelquefois d'entendre des gens qui n'étaient presque jamais sortis de leur chambre, qui disaient entre eux: Il faut avouer qu'il a l'air bien persan. Chose admirable! Je trouvais de mes portraits partout; je me voyais multiplié dans toutes les boutiques, sur toutes les cheminées, tant on craignait de ne m'avoir pas assez vu.
Tant d'honneurs ne laissent pas d'être à la charge: je ne me croyais pas un homme si curieux et si rare; et quoique j'aie très bonne opinion de moi, je ne me serais jamais imaginé que je dusse troubler le repos d'une grande ville où je n'étais point connu. Cela me fit résoudre à quitter l'habit persan, et à en endosser un à l'européenne, pour voir s'il resterait encore dans ma physionomie quelque chose d'admirable. Cet essai me fit connaître ce que je valais réellement. Libre de tous les ornements étrangers, je me vis apprécié au plus juste. J'eus sujet de me plaindre de mon tailleur, qui m'avait fait perdre en un instant l'attention et l'estime publique; car j'entrai tout à coup dans un néant affreux. Je demeurais quelquefois une heure dans une compagnie sans qu'on m'eût regardé, et qu'on m'eût mis en occasion d'ouvrir la bouche; mais, si quelqu'un par hasard apprenait à la compagnie que j'étais Persan, j'entendais aussitôt autour de moi un bourdonnement: " Ah! ah! monsieur est Persan? C'est une chose bien extraordinaire! Comment peut-on être Persan? "
A Paris, le 6 de la lune de Chalval, 1712


Plan proposé :

I. les marques de l’épistolaire
1) les indices d’énonciation
2) des qualités de conteur
3) distanciation

II. le thème du regard
1) le persan regardé
2) le persan ignoré
3) la contre épreuve

III. les réflexions inspirées par le texte
1) mise en cause des parisiens
2) réflexion philosophique


Le commentaire :

Les philosophes du 18ème siècle reconnaissent en Montesquieu leur précurseur ; ses idées inspirent leur combat. Ses contemporains sont les encyclopédistes, Voltaire, Rousseau, D'Alembert et Diderot. Il a défendu la conquête de la raison, de l'esprit de tolérance et, en politique, la séparation des pouvoirs. Les lettres Persanes ont été publiées anonymement en 1721 à Amsterdam. Il s'agit d'un roman épistolaire qui présente la correspondance de deux Persans et leurs compatriotes restés en Perse. Ils font part de leurs étonnements devant le comportement des Parisiens et devant leurs découvertes. Ce procédé permet de faire passer critique, satire et réflexion philosophique sous une forme agréable en évitant par la même occasion la censure.et.. Nous allons étudier la Lettre XXX des Lettres persanes. Dans le but de répondre à la problématique, par quel moyen essentiel la critique est-elle rendue possible dans ce texte, nous étudierons dans un premier temps, les marques de l’épistolaire, puis le thème du regard, qui amènent des réflexions philosophique.

Tout d’abord, la présence d’un locuteur et d’un destinataire en tête de texte, renvoient à la mise en page d’une lettre avec « Rica à Usbec, à Smyrne ». Le texte s’achève par un lieu, « A Paris » le lieu d’énonciation, et par une date « le 6 de la lune de Chaval, 1712 », la date d’écriture de la lettre. Cette date permet de situer le passage et la fiction romanesque pendant la fin du règne de Louis XIV. La présence récurrente de pronoms personnels « j’ », « je » l.3, et possessifs « me », l.4, de la première personne du singulier permet de détecter un locuteur extrêmement présent et impliqué dans son récit, ce qui montre qu’il s’agit d’une anecdote personnelle.
Ensuite, on peut remarquer la qualité du conteur, grâce aux marques d’humour qu’il place dans son récit, avec notamment l’hyperbole « jamais homme n’a tant été vu que moi », et il se moque des parisiens qui le regardent « comme si j’avais été envoyé du ciel ». Ici, il se rit de la curiosité des parisiens, et, notamment à la fin, avec « comment peut-on être Persan ? » qui clos la lettre, de leur ignorance. Rica compte l’histoire sans vanité ni orgueil, malgré toute l’attention dont il fut la cause, et la célébrité dont il a jouit. Il utilise des procédés tels que l’énumération l.4, « vieillards, hommes, femmes, enfants », pour décrire l’ensemble de la population, et la reprise anaphorique de « si j’étais », qui produit un rythme. Il utilise la métaphore dans ces descriptions, pour donner plus de substance à son témoignage, l.7, « les femmes même faisaient un arc-en-ciel nuancé de milles couleurs », où l’arc-en-ciel désigne l’effet de couleur produit par les robes des dames.
Cependant, le locuteur prend du recul par rapport à son récit, grâce à son sens de l’humour et à l’ironie. Il montre à son interlocuteur qu’il n’est pas dupe. On voit que le personnage/narrateur est suffisamment sage et curieux, pour faire l’expérience de changer d’habit pour voir les réactions : « Cela me fit résoudre à quitter l'habit persan, et à en endosser un à l'européenne, pour voir s'il resterait encore dans ma physionomie quelque chose d'admirable. ». Il fait ainsi ressortir le côté infantile des parisiens, qui regardaient le perse comme une bête curieuse dans un zoo : « cent lorgnettes dressées contre ma figure ». Cette expérience menée par le perse introduit une démarche scientifique.
Le Persan a l'art de raconter, et décrit les résultats de son expérience, c’est-à-dire les deux aspects du regard porté sur lui, lui permettent d'arriver à une conclusion.

Dans un premier temps, le persan constitue le centre de l’attention. On peut repérer un champ lexical du regard, avec « vu », l.9, « voyais », l.13, « lorgnettes » l.8, « voir », l.4, … « vu », employé deux fois, est une tournure passive, qui montre que le persan subit tout les regards. Cette curiosité excessive dessert les parisiens, présentés alors comme faisant preuve d’impolitesse, voir de xénophobie. Le temps principalement employé est l’imparfait, ce qui implique une action qui dure, et donc quelque chose de pénible à endurer : le perse est violé dans son intimité, il se sent menacé. Cette impression est rendue entre autres par le terme « m’entourait » l.7, et les hyperboles « tout le monde », l.5, « cent » l.8 et « mille » l.7, et l’énumération « vieillards, hommes, femmes, enfants, tous » l.5, et l’omniprésence avec des indicateurs de lieu, « aux Tuileries » l.5, « aux spectacles » l.8, « aux fenêtres », ainsi que « partout », et la récurrence de « tout ». Par ce fait, la curiosité est montrée comme universelle, à travers la population parisienne.
En second lieu le persan est par contre ignoré de tous. Il prend la décision de changer d’habit dans le but de réaliser une expérience, mais aussi de faire cesser la gêne et la lassitude engendrées par la curiosité des parisiens. Le champ lexical du regard est alors absent de la seconde partie du texte. La brutalité de ce changement est rendue par « j’entrais tout d’un coup dans un néant affreux ». Il n’est plus le centre de « l'attention et l'estime publique », formulation qui dénonce la superficialité des parisiens qui ne jugent que par l’apparence. L’attitude d’ignorance des parisiens vis-à-vis de lui témoigne aussi bien que leur curiosité malsaine de leur impolitesse : « Je demeurais quelque fois une heure dans une compagnie sans qu’on m’eut regardé […] »
Cependant, le perse, lorsque la contre-expérience est réalisée, retrouve tout son intérêt auprès de la population. Son origine est révélée, alors se produit « un bourdonnement » l.28, métonymie de l’intérêt, et marque du retour de la curiosité.
Cette anecdote, rend le lecteur actif, le laissant tirer des conclusions participer à la construction de la critique.

Celui-ci est en effet poussé par le récit de Rica à remettre en cause les parisiens : la question sur laquelle s’achève la lettre, « comment peut-on être persan ? » montre l’ignorance des parisiens, et les tournent en dérision face à leur orgueil : implicitement, cette question signifie « comment peut-on être autre chose que parisien ? ». Les parisiens sont donc montrés égocentriques, ignorants, superficiels, d’une curiosité malsaine, et d’une extrême impolitesse. La critique menée par Montesquieu grâce au regard que porte Rica sur la population parisienne, et donc par extension, français, est cinglante, et cependant présentée de façon plaisante.
Cette réflexion, que l’on peut qualifier de philosophique, puisqu’elle porte sur la nature de l’homme attrait au manque d’esprit critique et de capacité à raisonner de la plupart des hommes, qui les pousse à des comportements discourtois. Ici, Montesquieu pose le problème de l’identité de l’être, du regard sur porté sur l’étranger, et de la l’intolérance. L’homme a toujours du mal à accepter la différence.
Montesquieu à travers des attitudes légères et mondaines sous l'image d'un Persan pose des questions profondes.

Montesquieu, à travers le personnage du Persan, met en valeur le genre épistolaire, souligne l'importance du thème du regard et présente avec vivacité, humour et ironie une anecdote légère qui nous invite à des réflexions profondes. Ce texte nous montre que l’utilisation d’un regard extérieur dans l’argumentation est très efficace pour rendre une critique, tout en évitant la censure. Il nous révèle le rôle de l'étonnement et nous invite à une comparaison implicite entre le Parisien et le Persan au bénéfice de ce dernier et nous amène ainsi à entrer dans la notion de relativité. La notion importante à dégager de ce texte est aussi le problème de la xénophobie, responsable des guerres de religions, de génocides, tels que le projet d’extermination du peuple juif durant la seconde guerre mondiale.

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Prépabac, examen2017
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MessageSujet: Commentaire lettre XXX, Lettres Persanes, Montesquieu  Posté leMer Juin 15, 2011 7:21 am Répondre en citant

Bon devoir qui a eu la note de 13/20

Critiques :

Pour la troisième partie : l'intolérance des parisiens n'est pas assez mise en évidence : le regard de l'autre juge fatalement et demanière intolérante car il a du mal à accepter les différences.


Bon travail d'ensemble
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psychédélique, 2013




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MessageSujet: Commentaire lettre XXX, Lettres Persanes, Montesquieu  Posté leMer Juin 15, 2011 8:15 am Répondre en citant

bonjour

Un 13 bien mérité. Merci pour ton commentaire très intéressant. Je te souhaite de poursuivre ainsi dans tes entraînements et préparatifs du bac

bon courage Hello
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J'invite les visiteurs et les lycéens à me rejoindre sur le livre d'or de prépabac
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bélinda




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MessageSujet: Commentaire lettre XXX, Lettres Persanes, Montesquieu  Posté leMer Juin 15, 2011 8:22 am Répondre en citant

Merci Clarisse

Les résultats sont bien encourageants pour le bac écrit, c'est bien Lol Santa
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Bélinda

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Dionysos,forum2013




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MessageSujet: Commentaire lettre XXX, Lettres Persanes, Montesquieu  Posté leMer Juin 15, 2011 8:41 am Répondre en citant

Bonjour Clarisse

Bonne continuation pour tes révisions qui sont je pense très bien engagées. Je te suis dans tes travaux, lectures analytiques, révisions, exercices sur le roman et maintenant le commentaire en ligne. Ton 13 est bien mérité

Bonne chance et tiens nous au courant

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Jorgy




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MessageSujet: Commentaire lettre XXX, Lettres Persanes, Montesquieu  Posté leMer Juin 15, 2011 11:22 am Répondre en citant

C'est vraiment bien ! Smile

Ps; Je ne sais pas si je dois créer un autre sujet ou non mais.. Qu'est qu'un texte épistolaire ?

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Johnny 2011




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MessageSujet: Commentaire lettre XXX, Lettres Persanes, Montesquieu  Posté leMer Juin 15, 2011 11:31 am Répondre en citant

Epistolaire : écriture d'une lettre
Que veux tu dire par créer un autre sujet ?
Si tu veux t'entraîner, tu peux le faire biensûr et choisir ton sujet puisque la rubrique est là pour ça en faiit

Comment vont les révisions? Elephan

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Jorgy




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Inscrit le: 02 Juin 2011
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MessageSujet: Commentaire lettre XXX, Lettres Persanes, Montesquieu  Posté leMer Juin 15, 2011 11:36 am Répondre en citant

Très bien, merci. Non mais c'était pour ne pas dérenger le sujet.

Bon je me permet de vous poser des questions alors;

Je viens de lire les sujets de Camus, qui sont très interressants.
Je me demande ce qu'est : "Le fatum"

Ainsi que je me demande qui est Camus. Avez-vous déjà fait une fiche sur cet écrivain ?

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Johnny 2011




Age: 29
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MessageSujet: Commentaire lettre XXX, Lettres Persanes, Montesquieu  Posté leMer Juin 15, 2011 11:38 am Répondre en citant

Jorgy a écrit:
Très bien, merci. Non mais c'était pour ne pas dérenger le sujet.

Bon je me permet de vous poser des questions alors;

Je viens de lire les sujets de Camus, qui sont très interressants.
Je me demande ce qu'est : "Le fatum"

Ainsi que je me demande qui est Camus. Avez-vous déjà fait une fiche sur cet écrivain ?



oh là là, je crois que tu n'es pas dans la bonne rubrique : vas plutôt dans aide en ligne je pense et pose tes questions Razz

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Dionysos,forum2013




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MessageSujet: Commentaire lettre XXX, Lettres Persanes, Montesquieu  Posté leMer Juin 15, 2011 11:39 am Répondre en citant

bonjour les amis

tu peux faire le sujet "révisions : questions diverses" dans aide en ligne Clown

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Jorgy




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Messages: 193

MessageSujet: Commentaire lettre XXX, Lettres Persanes, Montesquieu  Posté leMer Juin 15, 2011 11:48 am Répondre en citant

C'est bien ce que je pensais. J'y vais de ce pas. Cheers

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