DU BREVET AU BAC Préparation au brevet et au bac de français, philosophie et HLP
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Bacfrançais, prof 1ère Administrateur
Age: 55 Inscrit le: 10 Oct 2011 Messages: 462
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Sujet: Le mythe de Don Juan Sam Juin 16, 2012 12:00 pm |
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Le mythe de Don Juan
Le personnage de Don Juan est avant tout un mythe. Les efforts d'identification à un personnage réel sont vains, on peut seulement lui reconnaître certains critères qui lui sont propres.
Fondamentalement, Don Juan recherche et vit dans le plaisir et la jouissance de l’instant présent, en s'opposant aux contraintes et aux règles sociales, morales et religieuses, ainsi qu'en ignorant volontairement autrui. Il est donc à la fois jouisseur et cynique, également égoïste et destructeur.
L'usage établi veut que l'on écrive « Dom Juan » lorsqu'il s'agit du titre de l'œuvre de Molière ou du poème de Baudelaire, « Don Giovanni » ou « Don Juan de Mozart » lorsqu'il s'agit de l'opéra de Mozart et Da Ponte, « Don Juan » lorsqu'il s'agit d'une autre œuvre.
L'histoire initiale
Le personnage mythique de Don Juan serait né d'un fait divers rapporté par la Chronique de Séville. Selon la légende, il aurait vécu au XIVe siècle : fils de l'amiral Alonso Jofre Tenorio, Don Juan Tenorio aurait tué le commandeur Ulloa dont il avait séduit la fille, et les moines du couvent où fut enterré le commandeur, outrés de cet acte, l'auraient assassiné et fait disparaître le corps, racontant ensuite qu'il avait été foudroyé par le Ciel et entraîné en enfer comme châtiment de ses fautes et de son refus de se repentir4. Mais les Cronicas de Sevilla et les archives des familles Tenorio et Ulloa sont muettes. Les noms des personnages ne sont pas fictifs, il a bien existé un don Juan Tenorio, ou un don Alonso Tenorio mais nulle part il n'est fait mention d'une disparition suspecte, encore moins du miracle de la statue de pierre qui s'anime pour punir un débauché.
Il est beaucoup plus vraisemblable de croire que le succès de la pièce du moine espagnol frère Gabriel, plus connu sous le nom de Tirso de Molina, (qui met en scène un personnage de jeune débauché avide de jouissance, personnage assez habituel dans les comédies espagnoles des XVIe et XVIIe siècles) est à l'origine de la légende. Mais ce sont les éléments surnaturels qui ont le plus contribué à la survie de cette fable dans l'imaginaire collectif5, et à la création du mythe. Il est probable qu'il faut y voir la récupération d'un thème moral (la punition du méchant) fréquemment utilisé dans les collèges religieux ou les ballades populaires
El Burlador de Sevilla y Convidado de piedra (Le Trompeur de Séville et le Convive de pierre) attribué à Tirso de Molina, dramaturge espagnol est publié en 1630. Repris de nombreuses fois, le texte arrive en Italie, où il est intégré à la commedia dell'arte qui ajoute le thème des mille et trois femmes, puis Molière reprend et adapte le texte en 1665. Da Ponte en tire un livret que Mozart met en musique, c'est l'opéra Don Giovanni, Mérimée, Byron, Dumas, Baudelaire en poésie, Montherlant et de très nombreux autres auteurs, musiciens, metteurs en scène, cinéastes, auteurs de bandes dessinées, furent fascinés par ce personnage habile et d'envergure qui défie la morale, l'ordre public, et Dieu.
Le personnage évolue légèrement avec les époques. Mais la trame de fond demeure : séduction des femmes, rejet des règles sociales et morales, défi à l'autorité et à Dieu, châtiment « exemplaire ». Cependant sur ce dernier point des différences notables apparaissent chez certains auteurs de la période romantique.
Le Romantisme crée ainsi le personnage du libertin repenti, comme dans Les âmes du purgatoire, de Prosper Mérimée, qui reprend l'histoire à demi légendaire de don Miguel Mañara, mort en odeur de sainteté au XVIIe siècle à Séville. Et les changements et transformations se poursuivent de nos jours : signe de l'évolution des mentalités entre les monarchies chrétiennes à vision sociale, et le monde contemporain laïc ou athée à vision individualiste, signe aussi de la vitalité du mythe du séducteur né, fascinant et scandaleux.
Les grandes caractéristiques du personnage chez les auteurs
Chez Tirso de Molina
Plaisir : sensualité souveraine, sexualité triomphante, déchaînement érotique qui s’oppose au discours galant de l’amoureux vrai, réussite ;
Égoïsme cynique : l’autre n’existe pas en soi mais seulement pour l’intérêt et le plaisir que Don Juan en tire, il poursuit et trompe de nombreuses femmes, manipulation des femmes, ne ressent aucun devoir envers les autres ;
Défi : défi des autorités et de la société de son temps en refusant de se soumettre à la morale, ignorance et défi de la religion catholique ;
Antisocial : totalement opposé aux devoirs qu’impose la vie sociale, totalement opposé au respect de l’autre et à la charité chrétienne, Don Juan se place au-dessus de tout et de tous, il place l’individu au-dessus de la société, de l’intérêt général et du bien commun ;
Matérialisme : Don Juan vit dans l'instant présent et pour le plaisir sensuel, il met les principes religieux en doute, et remet toujours à plus tard son repentir, il ne se repent trop tard qu'une fois plongé dans les flammes de l’enfer ;
Pouvoir et conflit : violence verbale et parfois physique, menaces, le masculin contre le féminin, le désir physique pur contre l'union des êtres, l'acte charnel contre le mariage, refus de la contrainte, abus du pouvoir de séduction, abus du pouvoir de sa position sociale.
Chez Molière
Plaisir : hédoniste, il reprend le personnage de Molina, mais de nature intrinsèquement sensuelle Don Juan ne recherche plus la simple jouissance physique ;
Égoïsme cynique : hypocrite, cynique et froid, il manipule hommes et femmes, séduit par le discours pour faire tomber la femme qu’il désire, promet mensongèrement le mariage, déshonore les femmes ;
Défi : fier et orgueilleux, Don Juan veut affirmer sa supériorité sur tout et tous, y compris la morale et la religion ;
Antisocial : totalement opposé aux devoirs qu’impose la vie sociale, totalement opposé au respect de l’autre et à la charité chrétienne, bien que paradoxalement doté d'un certain sens de l'honneur (dernière réplique de la scène II de l'acte III) ;
Matérialisme : libertin, impie, il ne se repent jamais, même plongé dans les flammes de l’enfer ;
Pouvoir et conflit : violence verbale et parfois physique, menaces, refus de la contrainte, abus du pouvoir de séduction, abus du pouvoir de sa position sociale.
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