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Bac 2012, Sujet d'écriture d'invention,bac L

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MessageSujet: Bac 2012, Sujet d'écriture d'invention,bac L  Posté leJeu Juin 28, 2012 1:53 pm Répondre en citant



Bac 2012, première L


Français 2012








Objet d’étude :

Vers un espace culturel européen : Renaissance et humanisme
Le sujet comprend :



Texte A : Jean de Léry, Histoire d’un voyage fait en la terre du Brésil,
chapitre XIII, 1578 (orthographe modernisée)
Texte B : Jean de Léry, Histoire d’un voyage fait en la terre du Brésil,
chapitre XVIII, 1578 (orthographe modernisée)
Texte C : Michel de Montaigne, Essais, Livre III, chapitre VI « Des coches »,
1588 (adaptation en français moderne par André Lanly)
Texte D : Claude Lévi-Strauss, Tristes Tropiques, 1955



TEXTE A - Jean de Léry, Histoire d’un voyage fait en la terre du Brésil, chapitre
XIII, 1578 (orthographe modernisée)




Artisan d’origine modeste et de religion protestante, Jean de Léry participa à une
expédition française au Brésil. A cette occasion, il partagea pendant quelque temps
la vie des indiens Tupinambas. Vingt ans après son retour en France, il fit paraître un
récit de son voyage.
Au reste, parce que nos Tupinambas sont fort ébahis de voir les Français et autres
des pays lointains prendre tant de peine d’aller quérir1
leur Arabotan, c'est-à-dire bois
de Brésil, il y eut une fois un vieillard d’entre eux qui sur cela me fit telle demande :
« Que veut dire que vous autres Mairs et Peros, c'est-à-dire Français et Portugais,
veniez de si loin pour quérir du bois pour vous chauffer, n’y en a-5 t-il point en votre
pays ? »
A quoi lui ayant répondu que oui et en grande quantité, mais non pas de telles sortes
que les leurs, ni même2 du bois de Brésil, lequel nous ne brûlions pas comme il
pensait, ains3 (comme eux-mêmes en usaient pour rougir leurs cordons de coton,
10 plumages et autres choses) que les nôtres l’emmenaient pour faire de la teinture, il
me répliqua soudain :
« Voire4, mais vous en faut-il tant ?
- Oui, lui dis-je, car (en lui faisant trouver bon5) y ayant tel marchand en notre pays
qui a plus de frises6 et de draps rouges, voire même (m’accommodant7 toujours à lui
15 parler de choses qui lui étaient connues) de couteaux, ciseaux, miroirs et autres
marchandises que vous n’en avez jamais vu par deçà8, un tel seul achètera tout le
bois de Brésil dont plusieurs navires s’en retournent chargés de ton pays.
- Ha, ha, dit mon sauvage, tu me contes merveilles. »
Puis ayant bien retenu ce que je lui venais de dire, m’interrogeant plus outre, dit :
20 « Mais cet homme tant riche dont tu me parles, ne meurt-il point ? »
- Si fait, si fait, lui dis-je, aussi bien que les autres. »
Sur quoi, comme ils sont aussi grands discoureurs, et poursuivent fort bien un
propos jusqu’au bout, il me demanda derechef :
- « Et quand donc il est mort, à qui est tout le bien qu’il laisse ? »
« - A ses enfants, s’il en a, et à défaut d’iceux9 à ses frères, soeurs et plus prochains
parents. »
« - Vraiment, dit alors mon vieillard (lequel comme vous jugerez n’était nullement
lourdaud), à cette heure connais-je10 que vous autres Mairs, c'est-à-30 dire Français, êtes
de grand fols : car vous faut-il tant travailler à passer la mer, sur laquelle (comme vous
nous dites étant arrivés par-deçà) vous endurez tant de maux, pour amasser des
richesses ou à vos enfants ou à ceux qui survivent après vous ? La terre qui les a
nourris n’est-elle pas aussi suffisante pour les nourrir ? Nous avons (ajouta-t-il), des
35 parents et des enfants, lesquels, comme tu vois, nous aimons et chérissons ; mais
parce que nous nous assurons qu’après notre mort la terre qui a nous a nourris les
nourrira, sans nous en soucier plus avant, nous nous reposons sur cela. »
Voilà sommairement et au vrai le discours que j’ai ouï de la propre bouche d’un pauvre sauvage américain.


TEXTE B - Jean de Léry, Histoire d’un voyage fait en la terre du Brésil, chapitre
XVIII, 1578 (orthographe modernisée)



[…] Combien que1 nos Tupinambas reçoivent fort humainement les étrangers amis
qui les vont visiter, si est-ce néanmoins2 que les Français et autres de par deçà3 qui
n’entendent pas leur langage se trouvent du commencement4 merveilleusement
étonnés parmi eux. Et de ma part, la première fois que je les fréquentai, qui fut trois
semaines après que nous fûmes arrivés en l’île de Villegagnon, 5 qu’un truchement5
me mena avec lui en terre ferme en quatre ou cinq villages : quand nous fûmes
arrivés au premier, nommé Yabouraci en langage du pays, et par les Français Pépin
(à cause d’un navire qui y chargea une fois, le maître duquel se nommait ainsi), qui
n’était qu’à deux lieues de notre fort, me voyant tout incontinent6 environné de
10 sauvages, lesquels me demandaient : « Marapé-dereré, marapé-dereré ? », c’est-àdire
: « Comment as-tu nom, comment as-tu nom ? »(à quoi pour alors je n’entendais
que le haut allemand7) et, au reste, l’un ayant pris mon chapeau qu’il mit sur sa tête,
l’autre mon épée et ma ceinture qu’il ceignit sur son corps tout nu, l’autre ma
casaque qu’il vêtit, eux, dis-je, m’étourdissant de leurs crieries8 et courant de cette
15 façon parmi leur village avec mes hardes, non seulement je croyais avoir tout perdu,
mais aussi je ne savais où j’en étais. Mais comme l’expérience m’a montré plusieurs
fois depuis, ce n’était que faute de savoir leur manière de faire : car faisant le même9
à tous ceux qui les visitent, et principalement à ceux qu’ils n’ont point encore vus,
après qu’ils se sont ainsi un peu joués des besognes10 d’autrui, ils rapportent et
20 rendent le tout à ceux à qui elles appartiennent. Là-dessus, le truchement m’ayant
averti qu’ils désiraient surtout de savoir mon nom, mais que de leur dire Pierre,
Guillaume ou Jean, eux ne les pouvant prononcer ni retenir (comme de fait au lieu de
dire Jean ils disaient Nian), il me faillait accommoder de leur nommer quelque chose
qui leur fût connue : cela, comme il me dit, étant si bien venu à propos que mon
25 surnom11, Léry, signifie une huître en leur langage, je leur dis que je m’appelais Léryoussou,
c'est-à-dire une grosse huître. De quoi eux se tenant bien satisfaits, avec
leur admiration12 Teh ! se prenant à rire, dirent : « Vraiment voilà un beau nom et
nous n’avions point encore vu de Mair, c'est-à-dire Français, qui s’appelât ainsi. »


TEXTE C – Michel de Montaigne, Essais, Livre III, chapitre VI « Des coches », 1588



Dans ce passage de ses Essais, Montaigne se fonde sur les témoignages qu'il a lus
pour critiquer le comportement des conquérants européens dans le Nouveau Monde.
La plupart de leurs réponses et des négociations faites avec eux1 montrent que [ces
hommes] ne nous étaient nullement inférieurs en clarté d'esprit naturelle et en
justesse [d'esprit]. La merveilleuse magnificence des villes de Cusco2 et de Mexico
et, parmi beaucoup d'autres choses semblables, le jardin de ce roi, où tous les
arbres, les fruits et toutes les herbes, selon l'ordre et la grandeur 5 qu'ils ont dans un
jardin [normal], étaient excellemment façonnés en or, comme, dans son cabinet3,
tous les animaux qui naissaient dans son État et dans ses mers, et la beauté de
leurs ouvrages en joaillerie, en plume, en coton, dans la peinture, montrent qu'ils ne
nous étaient pas non plus inférieurs en habileté. Mais en ce qui concerne la dévotion,
10 l'observance des lois, la bonté, la libéralité4, la franchise, il a été très utile pour nous
de ne pas en avoir autant qu'eux. Ils ont été perdus par cet avantage et se sont
vendus et trahis eux-mêmes. Quant à la hardiesse et au courage, quant à la fermeté,
la résistance, la résolution contre les douleurs et la faim et la mort, je ne craindrais
pas d'opposer les exemples que je trouverais parmi eux aux plus fameux exemples
15 anciens que nous ayons dans les recueils de souvenirs de notre monde de ce côté-ci
[de l'Océan]. Car, que ceux qui les ont subjugués suppriment les ruses et les tours
d'adresse dont ils se sont servis pour les tromper, et l'effroi bien justifié qu'apportait à
ces peuples-là le fait de voir arriver aussi inopinément des gens barbus, différents
d'eux par le langage, la religion, par l'aspect extérieur et le comportement, venant
20 d'un endroit du monde où ils n'avaient jamais imaginé qu'il y eût des habitants, quels
qu'ils fussent, [gens] montés sur de grands monstres inconnus, contre eux qui non
seulement n'avaient jamais vu de cheval mais même bête quelconque dressée à
porter et à avoir sur son dos un homme ou une autre charge, munis d'une peau
luisante et dure5 et d'une arme [offensive] tranchante et resplendissante, contre eux
25 qui, contre la lueur qui les émerveillait d'un miroir ou d'un couteau, échangeaient
facilement une grande richesse en or et en perles, et qui n'avaient ni science ni
matière grâce auxquelles ils pussent, même à loisir, percer notre acier ; ajoutez à
cela les foudres et les tonnerres de nos pièces [d'artillerie] et de nos arquebuses,
capables de troubler César lui-même, si on l'avait surpris avec la même inexpérience
30 de ces armes, et [qui étaient employées] à ce moment contre des peuples nus, sauf
aux endroits où s'était faite l'invention de quelque tissu de coton, sans autres armes,
tout au plus, que des arcs, des pierres, des bâtons et des boucliers de bois ; des
peuples surpris, sous une apparence d'amitié et de bonne foi, par la curiosité de voir
des choses étrangères et inconnues : mettez en compte, dis-je, chez les
35 conquérants cette inégalité, vous leur ôtez toute la cause de tant de victoires.


TEXTE D - Claude Lévi-Strauss, Tristes tropiques, 1955


Lors d’une expédition au Brésil, en 1938, l’ethnologue Claude Lévi-Strauss a partagé
la vie quotidienne d’un peuple indien, les Nambikwara.

Pour moi, qui les ai connus à une époque où les maladies introduites par
l’homme blanc les avaient déjà décimés, mais où – depuis des tentatives toujours
humaines de Rondon1 – nul n’avait entrepris de les soumettre, je voudrais oublier
cette description navrante2 et ne rien conserver dans la mémoire, que ce tableau
repris de mes carnets de notes où je le griffonnai une nuit à la lueur 5 de ma lampe de
poche :
« Dans la savane obscure, les feux de campement brillent. Autour du foyer,
seule protection contre le froid qui descend, derrière le frêle paravent de palmes et
de branchages hâtivement planté dans le sol du côté d’où on redoute le vent ou la
10 pluie ; auprès des hottes emplies des pauvres objets qui constituent toute une
richesse terrestre ; couchés à même la terre qui s’étend alentour, hantée par d’autres
bandes également hostiles et craintives, les époux, étroitement enlacés, se
perçoivent comme étant l’un pour l’autre le soutien, le réconfort, l’unique secours
contre les difficultés quotidiennes et la mélancolie rêveuse qui, de temps à autre,
15 envahit l’âme nambikwara. Le visiteur qui, pour la première fois, campe dans la
brousse avec les Indiens, se sent pris d’angoisse et de pitié devant le spectacle de
cette humanité si totalement démunie ; écrasée, semble-t-il, contre le sol d’une terre
hostile par quelque implacable cataclysme ; nue, grelottante auprès des feux
vacillants. Il circule à tâtons parmi les broussailles, évitant de heurter une main, un
20 bras, un torse, dont on devine les chauds reflets à la lueur des feux. Mais cette
misère est animée de chuchotements et de rires. Les couples s’étreignent comme
dans la nostalgie d’une unité perdue ; les caresses ne s’interrompent pas au
passage de l’étranger. On devine chez tous une immense gentillesse, une profonde
insouciance, une naïve et charmante satisfaction animale, et, rassemblant ces
25 sentiments divers, quelque chose comme l’expression la plus émouvante et la plus
véridique de la tendresse humaine. »
______________



ÉCRITURE




3. Invention

Quelques années plus tard, l’un des Indiens Tupinambas qui avait reçu Jean de
Léry (texte B) raconte à son peuple, lors d’une cérémonie publique, l’arrivée et
le séjour de cet Européen dans leur village du Brésil.
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