DU BREVET AU BAC
DU BREVET AU BAC
Préparation au brevet et au bac de français, philosophie et HLP
 
AccueilFAQRechercherMembresS'enregistrerConnexion
Poster un nouveau sujet Répondre au sujet
 DU BREVET AU BAC :: HISTOIRE DES ARTS :: Juan GRIS, Nature morte devant une fenêtre ouverte

Juan GRIS, Nature morte devant une fenêtre ouverte

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant

Auteur Message
Prépabac, examen2017
Administrateur



Age: 59
Inscrit le: 07 Déc 2009
Messages: 6069
Localisation: versailles

MessageSujet: Juan GRIS, Nature morte devant une fenêtre ouverte  Posté leMar Nov 13, 2012 11:33 pm Répondre en citant

Juan GRIS, Nature morte devant une fenêtre ouverte : place Ravignan, Juin 1915, huile sur toile,
116 x 89 cm, Philadelphia Museum of Art.





QUESTIONS


Question 1 (7 points)
Que voit-on sur le tableau de Juan Gris, tel qu’il est reproduit ici ? Quels objets y sont figurés ?
Précisez les moyens plastiques (formes, lignes, couleurs, matières, contrastes…) employés pour figurer telle ou telle partie.
Question 2 (4 points)
Qu’est-ce qu’une « nature morte » ? En quoi cette nature morte de Juan Gris est-elle typique du XXe siècle?
Question 3 (4 points)
Par quels moyens Juan Gris distingue-t-il l’espace extérieur (la place Ravignan vue par la fenêtre ouverte) de l’espace intérieur?
Question 4 (5 points)
Sachant que le poème de Reverdy, « La vie fragile », n’est pas un commentaire du tableau de Juan Gris (pas plus que ce dernier n’illustre ce poème, qui lui est postérieur), relevez les éléments du poème évoquant l’art de la peinture. Dites ce qui le rapproche et le distingue du tableau de Juan Gris.

Pierre REVERDY, « La vie fragile » in La Guitare endormie, Plupart du temps, 1915-1922,
éd. Poésie/Gallimard.



PROPOSITION DE CORRIGÉ du SUJET 4 (Juan GRIS /
Pierre REVERDY)



On a tenu ici, et avec cet exemple, à développer le corrigé pour guider le travail des professeurs.
Les réponses données n’exposent pas ce qui est attendu des élèves. Elles offrent des pistes
pour l’enseignement de l’histoire des arts.
C’est ainsi qu’il faut comprendre leur relative exhaustivité et les informations ou exemples donnés en
complément.



Question 1 (7 points)

Le tableau montre un ensemble d’objets : coupe ou compotier, bouteille de vin (Médoc), carafe, verre,
journal, posés sur une table devant une fenêtre ouverte. À gauche, le vantail de la fenêtre et un rideau
sont nettement visibles, et on distingue les tentures ou plinthes en contre-jour à l’intérieur de la pièce.
À l’arrière-plan, vus par la fenêtre : deux arbres, une rampe et un réverbère devant le mur d’un
immeuble aux volets alternativement ouverts, fermés, entr’ouverts.
Les objets sur la table sont présentés selon une géométrisation et une fragmentation. Des lignes
parallèles obliques créent une ordonnance à laquelle sont soumis certains objets (verre, carafe, titre
du journal) et qui produit un effet kaléidoscopique. Cette nature morte concentre en un foyer les
couleurs les plus vives (traitées en aplats* et dégradés) et les plus chaudes (rouge, jaune, brunorangé).
Des touches ou effets de matière font vibrer certaines surfaces. Sur les côtés, les tons
rompus* ou rabattus* servent à mettre en évidence la nature morte. Les faux aplombs sont nombreux
(table, vantail de fenêtre, carafe, etc.) à l’exception du compotier, asymétrique cependant et, comme
l’ensemble, dépourvu de perspective. Entre deux obliques parallèles, un large secteur montre dans le
haut la vue sur la Place Ravignan dans une monochromie bleue qui contraste avec la tonalité chaude
réservée à l’intérieur. Cette vue se prolonge sur les côtés, mais sur fond noir. Notons que le feuillage
forme un bandeau près du bord supérieur sur toute la largeur du tableau, en contradiction avec la
succession attendue des différents plans.


Question 2 (4 points)

Une nature morte est un objet ou un regroupement d’objets qui constitue le motif du tableau.
Si celui-ci fut à l’origine chargé de signification symbolique sous la forme des « vanités », il tend à
devenir par la suite support d’une recherche plastique, ainsi dans le cubisme. Verre, bouteille,
compotier, comme ailleurs : pipe, paquet de tabac, guitare… renvoient au mode de vie du peintre ; la
présence du journal, fréquente dans les tableaux et papiers collés cubistes, en est un signe, en même
temps qu’elle introduit les lettres, les caractères typographiques, dans le tableau.
Dans la hiérarchie des genres telle qu’établie par l’Académie Royale de Peinture au XVIIe siècle, la
nature morte occupe la dernière place, après le paysage et le portrait ; la première place étant
réservée à la peinture d’Histoire, « le grand genre ».
« Une authentique nature morte naît le jour où un peintre prend la décision fondamentale de
choisir comme sujet et d'organiser en une entité plastique un groupe d'objets. Qu'en fonction
du temps et du milieu où il travaille, il les charge de toutes sortes d'allusions spirituelles, ne
change rien à son profond dessein d'artiste : celui de nous imposer son émotion poétique
devant la beauté qu'il a entrevue dans ces objets et leur assemblage. »


Charles STERLING, La Nature Morte de l’Antiquité à nos jours, éd. Pierre Tisné, 1952.
Lubin BAUGIN, XVIIe siècle, Le dessert de gaufrettes, Paris, Musée du Louvre
Jean Siméon CHARDIN, Nature morte au gobelet d’argent, 1769, Paris, Musée du Louvre
Paul CÉZANNE, Nature morte à l’amour en plâtre, env. 1894, Londres, Institut Courtauld
Henri MATISSE, Nature morte au magnolia, 1941, Centre Georges Pompidou, MNAM.
Le tableau de Gris est une peinture à l’huile sur toile, ce qui est une technique traditionnelle. En revanche la figuration développée ici n’a pas d’équivalent avant le début du XXème siècle. En effet, les formes y sont fragmentées, les points de vue se multiplient, et l’oeuvre s’organise selon des principes autres que la logique perspective.
Ce tableau ne donne pas une image immédiate du monde comme dans un miroir, mais un ordre se découvre dans l’exercice du regard.


Question 3 (4 points)

Pour montrer l’espace extérieur (la place Ravignan vue à travers la fenêtre de son atelier au Bateau-lavoir), Juan Gris a respecté le changement d’échelle en fonction de l’éloignement et réservé à cette seule partie la couleur bleue dans un traitement monochrome des différents éléments : sol, mur, volets, troncs, feuillage. Le bleu est une couleur froide créatrice d’espace (perspective atmosphérique* ou aérienne). La réduction d’échelle et la référence par la couleur aux paysages sont une façon de rétablir la succession des plans selon la profondeur.
De plus, c’est la seule partie à ne pas être soumise à la fragmentation. Au contraire, hormis la monochromie, la figuration y est naturaliste (le dessin des volets avec les ombres, le volume des troncs, le réverbère).


Question 4 (5 points)

Les notations visuelles abondent dans le poème de Reverdy ; tantôt elles désignent des réalités concrètes, tantôt elles sont plus générales, voire abstraites: « les formes qui remuent », « sont blanches d’autres noires », « sont roses », « ces couleurs qui changent », « les yeux battent dans la lumière », « mais en triangle » ; nombreuses sont aussi les indications d’espace : « plus loin », « dans le fond », « mais au premier plan », « vole bas », « descend derrière », « barre le chemin », « s’ouvre par le fond et de côté ».
Certains objets renvoient à la scénographie : le rideau, dresser l’échelle, le réflecteur.
Toutefois le tableau de Juan Gris est une pure nature morte, c’est-à-dire un tableau privé de toute présence humaine, tandis que l’homme et son double angélique tiennent une place centrale dans le poème de Reverdy et les indications : main, coeur, couple, va à pied, les yeux battent, la tête nue jouent un rôle important dans l’expression onirique qui peut davantage évoquer certaines toiles de Chagall.
Quant à la forme, on peut voir dans la figuration fragmentaire de l’espace et des objets dans le tableau un équivalent de la fragmentation du récit ou de la description dans le poème. Dans le même ordre d’idées, la disposition typographique très particulière adoptée par Reverdy met en quelque sorte le poème en espace, sans toutefois que celui-ci possède la dimension figurative des calligrammes

d’Apollinaire. De Mallarmé (Un coup de dés) à André du Bouchet, la prise en compte de l’espace de la page est un des caractères de la poésie moderne.
Le poète Pierre Reverdy fut proche des peintres cubistes, Picasso, Gris, Braque.
Le titre de son recueil de 1919, La Guitare endormie, évoque un sujet de prédilection des peintres et sculpteurs cubistes.



Glossaire :

 Aplat : surface peinte uniformément, en ton plat, sans dégradé, ni effet de touches ou traces de l’outil.
 Ton rompu : tonalité d’une couleur qui perd de sa vivacité, en général par ajout de la couleur complémentaire.
 Ton rabattu : tonalité d’une couleur qui perd de sa vivacité, en prenant une valeur sombre du fait de l’ajout de noir.
 Perspective atmosphérique (ou aérienne) : expression de la profondeur du paysage par l’atténuation progressive des contrastes, l’éclaircissement ou les tonalités bleutées à l’approche de l’horizon.
« La perspective qui déforme les lignes, altère aussi les tons, et de même que le bruit s’affaiblit en s’éloignant et, se perdant peu à peu, finit par devenir le silence, de même les ombres et les lumières, à mesure qu’elles s’éloignent de nos yeux, subissent une dégradation insensible, et finissent à une grande distance par n’être plus ni lumière ni ombre, et par s’évanouir dans le ton de l’air. Léonard de Vinci a prouvé par une figure de géométrie que cette dégradation était mesurable. » (Charles BLANC, Grammaire des arts du dessin, Paris, Renouard, 1867, p. 593)



Ministère de l’éducation nationale, de la jeunesse et de la vie associative (DGESCO – IGEN) Diplôme national du
brevet/ Épreuve écrite d’histoire des arts – Exemple de sujet n°2
http://cache.media.eduscol.education.fr/file/DNB/72/2/HDA-Annaleszero-sujet-4_179722.pdf
_________________
Du BREVET AU BAC

Revenir en haut de page


Juan GRIS, Nature morte devant une fenêtre ouverte

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut de page

Page 1 sur 1
Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets
DU BREVET AU BAC :: HISTOIRE DES ARTS :: Juan GRIS, Nature morte devant une fenêtre ouverte-
Poster un nouveau sujet Répondre au sujet
Sauter vers:  

Créer un forum |  Publicité gratuite de vos Forumparfait |  © phpBB |  Astuces et Reductions |  Annuaire pro |  Forum voyageurs |  Entraide & support