DU BREVET AU BAC

Anne-Jeanne,L · Inscrit le: 23 Déc 2012 Messages: 215

L’Espèce humaine [ Robert Antelme ]

Par : Olympia Alberti

SURVIVRE

A l’occasion du soixantième anniversaire de la libération des camps de la mort et de la fin de la Seconde Guerre mondiale, Gallimard réédite dans sa collection Tel ce livre inclassable, bouleversant : la minutieuse remémoration, l’analyse et la réflexion de Robert Antelme, l’époux de Marguerite Duras, sur la déportation qu’il a connue dans les camps de concentration et d’extermination nazis.
Si, d’habitude, une baguette de pain entière jetée dans une poubelle soulève le coeur, dans tous les sens possibles, relire ce livre terrible – au sens rilkéen (l’Ange est terrible, écrit-il dans la première Elégie) – rend ces temps-ci cette vision plus insupportable encore.
Les détenus mangent lentement leurs quelques bouchées de pain quotidien, ils les regardent, les mâchent longtemps, les font durer encore et encore, et ne pensent qu’à cela tout le jour, ils maigrissent, deviennent des êtres épuisés, incapables de résister au froid glacial, à la vermine, aux poux, à l’obsession mentale de la faim, et cadavres en sursis, puisent un restant de force dans la prière et un regard qui s’attache aux forêts, aux nuages au-delà des barbelés.

LA NEGATION DE L'AUTRE

Robert Antelme analyse les attitudes, son humanité se rassemble dans son champ de perception et enregistre les sensations (les ondes émises par la haine, les regards, la menace de mort constante) et les impressions (la vanité nazie, l’orgueil des SS, leur morgue satisfaite et repue d’elle-même, l’avidité que développe le goût du pouvoir sur autrui, à merci), tous ces instants d’une insoutenable densité pour faire entendre ce que furent ces espaces de négation de l’autre, de destruction physique et morale, ce temps de mépris, de haine, de bassesse et pourtant de courage aussi, pour certains, à faire de leur vie intérieure une résistance noble, une force de bonté. Comme ce moment où l’un des détenus de Gandersheim décide de faire une réunion où chacun pourra dire un poème, chanter, faire quelque chose à donner aux autres pour dépasser, ne serait-ce qu’une heure, l’obsession de la faim.
C’est un livre exceptionnel, tant par la maîtrise indépassable dans le récit (on peut dire que Robert Antelme est un témoin absolu, ayant tout vécu dans sa chair et sa conscience) que dans la pudeur des notations les plus poignantes – l’exécution des malades ou des très affaiblis, le cynisme, l’horreur à visage inhumain.
Ce livre devrait être dans tous les lycées et collèges de France et d’Europe, au moins – et devrait faire l’objet de lectures, de conférences, de commentaires : cela suffirait seul à faire taire négationnistes et révisionnistes de touts bords.
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Elève Bac L
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Maryline, bac L · Inscrit le: 24 Déc 2012 Messages: 157

Merci pour l'article intéressant par son contenu et dans l'axe du bac Hello

Bravo à toi Mr. Green

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Bac L