DU BREVET AU BAC Préparation au brevet et au bac de français, philosophie et HLP
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jeanterminaletechno
Inscrit le: 09 Aoû 2014 Messages: 30
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Sujet: Dans quelle mesure peut-on juger la valeur d'1 culture? Lun Oct 13, 2014 9:02 pm |
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ENONCÉ
Dans quelle mesure peut-on juger la valeur d'une culture ?
INTRODUCTION
Dans l'Antiquité, les Grecs nommaient tous les peuples extérieurs à leur culture des « barbares » : pour eux, ce n'était que des êtres moins civilisés, des êtres inférieurs. En fait, on peut voir que tout homme a tendance à juger les autres cultures, et souvent de manière très subjective voire erronée. La diversité des points de vue ne permet pas de déterminer des valeurs universelles, et cela pose le problème du jugement objectif que l'on peut porter sur une culture.
Peut-on affirmer qu'une culture est supérieure à une autre ? Si l'homme a toujours tendance à juger la valeur des cultures, ce jugement peut-il être objectif ? Ne dépend-il pas toujours du point de vue adopté ? Existe-t-il donc des critères légitimes prouvant la valeur d'une culture ?
Nous verrons d'abord que l'homme a toujours tendance à juger la valeur des cultures, selon certains critères plus ou moins valables. Cependant, il semble que juger la valeur d'une culture, que ce soit la sienne ou une autre, ne puisse jamais se faire objectivement. Pourtant, la difficulté de porter un jugement objectif ne signifie pas qu'il faut bannir tout jugement : il faut choisir le bon point de vue et les bons critères.
I On a toujours tendance à juger la valeur des cultures, selon certains critères plus ou moins valables
A Une comparaison systématique entre cultures
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Naturellement, on juge toujours les autres cultures, en les comparant à la sienne. Les critères de comparaison sont multiples : les rites, le langage, la technique, les lois, le schéma d'organisation sociale, etc.
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On peut évoquer ici les premiers explorateurs européens, qui découvrent à partir de la Renaissance la diversité des cultures. Cette découverte s'accompagne forcément d'un jugement : on établit une hiérarchie avec la civilisation européenne au sommet et les civilisations dites « primitives » ou « sauvages » en bas.
B Le progrès technique
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Le critère le plus régulièrement utilisé pour juger de la valeur d'une culture est le progrès technique. En effet, on a tendance à considérer que les civilisations les plus éloignées de la nature sont celles qui ont le plus valeur : la culture est supérieure à la nature. La culture et la technique sont synonymes de progrès.
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La technique est vue comme la possibilité de dominer la nature. Prométhée incarne ainsi le symbole de l'émancipation des hommes par la technique. Comme le dit Descartes, les hommes deviennent grâce à la technique « comme maîtres et possesseurs de la nature ». C'est pourquoi les cultures moins avancées techniquement sont généralement considérées comme inférieures en termes de valeur.
C La richesse culturelle
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D'autre part, on utilise souvent des critères artistiques pour juger de la valeur d'une culture. Cette valeur sera d'autant plus grande que l'architecture de cette civilisation, par exemple, est connue universellement pour sa beauté. Ainsi, l'attraction qu'exercent les châteaux français sur le monde entier peut être un critère de la valeur de la culture française.
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Cela sous-entend que le jugement de la beauté est objectif. C'est notamment ce que défend Aristote : une chose belle est une chose qui remplit parfaitement son but. Mais cette beauté objective mêle l'utile et le beau, ce qui semble contestable. C'est aussi ce qu'entend Kant : « Ce qui est beau plait universellement et sans concept ».
TRANSITION
Si les hommes ont toujours tendance à juger les différentes cultures, cela ne veut pas dire que ce jugement est objectif.
II Cependant, il semble que juger la valeur d'une culture, que ce soit la sienne ou une autre, ne puisse jamais se faire objectivement
A La diversité des cultures et des points de vue
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Il existe une multitude cultures et autant de points de vue différents : selon sa nationalité, on ne juge pas de la même manière les phénomènes culturels. Il n'existe donc pas de valeurs universelles en termes de cultures.
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Par exemple, juger la valeur d'une culture par son art pose problème, car l'appréciation de la beauté varie beaucoup. Elle est subjective : une chose ne peut pas être belle en soi. Les goûts diffèrent entre les personnes et entre les cultures (époque, milieu, etc.). Un Européen sera généralement moins sensible à l'art chinois.
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Il en va de même pour la relation à l'égard de la nature. Dans la société occidentale, on a tendance à juger qu'une société est plus civilisée si elle est plus éloignée de la nature, plus « développée ». Mais la technique peut être vue, ailleurs, comme une agression à l'égard de la nature. Par exemple, dans de nombreuses sociétés « primitives », il faut toujours faire précéder la chasse de rituels afin de se concilier l'esprit des espèces animales.
B L'homme influencé par sa propre culture
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D'autre part, si un individu ne peut pas porter un regard objectif sur sa propre culture ou sur une autre, c'est parce qu'il est victime de déterminismes relatifs à sa culture, qui altèrent son jugement. En effet, l'homme est incontestablement influencé par la culture de la société spécifique dans laquelle il vit. Cette idée est notamment défendue par des sociologues comme Durkheim et surtout par Marx et ses héritiers tels que Bourdieu.
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Marx considère en effet que le système de pensée de chacun est conditionné par ses « conditions matérielles d'existence » et en particulier sa classe sociale. Le milieu social et historique influence très fortement l'individu, qui n'est que le produit de la culture dans laquelle il vit : « Ce n'est pas la conscience des hommes qui détermine leur existence, c'est au contraire leur existence sociale qui détermine leur conscience. » (Critique de l'économie politique, 1859)
C Le risque de l'ethnocentrisme
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Ce déterminisme conduit à juger que sa propre culture est meilleure que les autres, et cela le risque de l'ethnocentrisme. Claude Lévi-Strauss définit l'ethnocentrisme comme la « tendance, plus ou moins consciente, à privilégier les valeurs et les formes culturelles du groupe ethnique auquel on appartient ».
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On introduit ici des exemples : celui des Grecs dans l'Antiquité, des Européens pendant la traite des Noirs ou la conquête de l'Amérique, etc. En conséquence, les sociétés ont toujours eu tendance à vouloir transformer les autres cultures, jugées inférieures, ou même à tenter de les supprimer (ce qu'on nomme ethnocide).
TRANSITION
Un jugement sur une société parait ainsi difficile à émettre objectivement : pour autant, on ne peut pas tout accepter chez les autres cultures. On ne peut pas bannir tout jugement.
III Néanmoins, la difficulté de porter un jugement objectif ne signifie pas qu'il faut bannir tout jugement : il faut choisir le bon point de vue et les bons critères
A Le relativisme culturel
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Pour juger une culture objectivement, la solution serait donc le relativisme culturel (la thèse selon laquelle les croyances et activités mentales d'un individu dépendent de la culture à laquelle il appartient).
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Cela entraîne une reconnaissance de la diversité des cultures, qui s'accompagne en même temps d'une tolérance à l'égard des autres cultures. Par exemple, on montre que l'inceste est une pratique courante et même un socle de la société et de la civilisation dans certaines cultures, alors qu'auparavant on le considérait toujours comme la marque de la sauvagerie.
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On peut évoquer l'exemple des philosophes des Lumières, qui déjà avaient l'intuition qu'on ne pouvait juger des différentes cultures, et que ce que l'on qualifiait de « barbare » ne l'était pas forcément. On utilise ainsi une œuvre comme le Supplément au voyage de Bougainville, de Diderot.
B Le point de vue de l'ethnologue
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L'ethnologue entend juger d'une société objectivement. Pour ceci, il faut utiliser sa culture comme un scientifique, en adoptant un regard neutre. Il est indispensable d'être extérieur à la société en question (on ne peut pas juger objectivement de sa propre société) et de faire un effort de recul.
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L'ethnologue Claude Lévi-Strauss reprend en partie cette idée : il faut se tenir à l'extérieur des sociétés pour les juger. C'est ce qu'il appelle « un regard éloigné » comparable à celui d'un astronome sur des planètes.
C Le respect de la dignité humaine
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Cependant, le relativisme culturel ne doit pas mener au risque de tout accepter. En effet, tenter de comprendre les autres cultures ne signifie pas tolérer des pratiques qui vont à l'encontre du respect de la dignité humaine, sous prétexte qu'elles font partie du patrimoine culturel d'un groupe.
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Il semble donc que le seul critère réellement objectif et valable pour juger d'une société soit le respect ou non des droits de l'homme. Par exemple, on ne peut accepter des traditions comme l'esclavage, l'excision ou la prostitution des enfants. Respecter une culture, ce ne serait donc pas tout tolérer mais exiger d'elle des pratiques respectables.
CONCLUSION
On a toujours tendance à juger les cultures, qu'il s'agisse de la sienne ou des autres. Pourtant, on ne peut nier la difficulté de porter un jugement objectif sur une culture : le jugement est toujours altéré, car tout homme est marqué profondément par sa propre culture. En fait, l'important est d'avoir conscience du risque que présentent les préjugés, d'avoir conscience de la relativité des valeurs, et de choisir un point de vue et des critères adoptés. Dans ces conditions, il semble possible de juger une culture de la manière la plus objective possible. _________________
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