DU BREVET AU BAC Préparation au brevet et au bac de français, philosophie et HLP
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jeanterminaletechno
Inscrit le: 09 Aoû 2014 Messages: 30
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Sujet: Le devoir moral est-il une entrava à la liberté? Lun Oct 13, 2014 9:21 pm |
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ENONCÉ
Le devoir moral est-il une entrave à la liberté ?
INTRODUCTION
Le devoir moral est une notion qui est souvent vue de manière très négative. Certes, l'homme en a l'instinct naturel, mais il y voit une limitation de sa liberté. Pourtant, Kant a l'air d'adopter une position inverse, en posant la liberté comme conséquence du devoir : « tu dois donc tu peux ».
Le devoir moral n'impose-t-il pas des limites à la liberté individuelle du sujet ? Toutefois, le devoir moral ne relève-t-il pas d'un choix personnel et relatif, qui laisserait donc une certaine liberté ? Finalement, peut-on considérer comme Kant que le devoir moral est au fondement de la liberté ?
Nous verrons que le devoir moral impose des limites à la liberté du sujet, car l'action est guidée par des commandements catégoriques. Toutefois, le devoir moral étant strictement personnel et relatif, on pourrait garder une certaine liberté. En fait, le devoir moral semble être au fondement même de la liberté.
I Certes, le devoir moral impose des limites à la liberté du sujet
A La liberté limitée
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Il n'existe pas de définition précise et unique de la liberté. Toutefois,la liberté individuelle peut être définie comme la possibilité de faire tout ce qu'on a la puissance physique et mentale de faire. Il semble donc que le devoir moral s'y oppose, en donnant à l'homme des obligations envers son semblable.
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La vie en société serait donc une vie où la liberté est limitée, comme le dit Rousseau : « L'homme est né libre, et partout il est dans les fers » (Du Contrat social, 1762).
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C'est pourquoi certains choisissent de rejeter le devoir moral au nom de la liberté : c'est ce qu'on peut appeler la liberté « diabolique ». On sacrifie le bien et le vrai à la liberté de choisir. On peut évoquer ainsi l'acte gratuit d'André Gide, dont il donne un exemple (un meurtre gratuit) dans Les Caves du Vatican.
B L'impératif catégorique
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Le devoir moral serait absolu et inconditionnel : il ne laisse aucune marge de manœuvre. Par exemple, Kant explique qu'il ne faut jamais mentir, quelle que soit l'intention recherchée.
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En effet, l'impératif moral de Kant est « catégorique ». L'homme doit toujours suivre, inconditionnellement et sans autre justification, la maxime suivante : « Agis uniquement d'après la maxime qui fait que tu peux vouloir en même temps qu'elle devienne une loi universelle » (Fondation de la métaphysique des mœurs, 1785). On accomplit le devoir pour le devoir, c'est pourquoi Kant dit « il faut parce qu'il faut ».
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On peut évoquer la critique faite par Nietzsche de la morale kantienne. Il ne s'agirait pour lui que d'une intériorisation de l'esclavage, d'une « autotyrannie ». C'est pourquoi il dit que « L'impératif catégorique a un relent de cruauté » (Généalogie de la morale, 1887).
C Le devoir conformiste
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D'autre part, si certains ont une telle vision négative du devoir, c'est parce qu'il est en grande partie d'origine sociale. Il serait imposé de l'extérieur par la foule, qui définit ses normes, généralement de manière inconsciente. En effet, Bergson parle de morale close pour désigner une morale qui s'appuie sur l'éducation, qui nous inculque un principe d'obéissance aux habitudes sociales (Les deux sources de la morale et de la religion, 1932).
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On développe ici la critique faite Nietzsche sur le conformisme. Suivre la morale collective serait la solution de facilité, mais surtout ce serait un abêtissement progressif de l'humanité, qui adopte les valeurs du « troupeau ». En fait, le devoir moral n'est qu'un asservissement à un idéalisme qui oublie l'appel de la vie (les exigences du corps, la joie, la « volonté de puissance »).
TRANSITION
Dans les faits, le devoir moral est-il aussi strictement appliqué ? N'existe-t-il pas une certaine relativité de la morale, qui laisse donc une marge de manœuvre ?
II Toutefois, le devoir moral est strictement personnel et relatif : chacun s'impose sa propre morale, et peut donc garder une certaine liberté
A Le relativisme moral
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Si le devoir moral laisse en fait une certaine liberté, c'est parce que, dans les faits, il n'est pas vraiment unique ni absolu comme le voudrait Kant. Il existe de multiples origines possibles du devoir moral : les religions, la philosophie, les lois, etc. On pourrait ainsi choisir une morale parmi toutes celles qui existent. On adapterait donc la morale à nos actes, plutôt que l'inverse.
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Par exemple, le machiavélisme est un cas extrême : il s'agit d'oublier la morale pour privilégie l'efficacité. Machiavel, dans Le Prince, explique qu'il faut faire le choix du mal, en particulier dans la politique. On serait donc libre d'abandonner le devoir moral.
B Un devoir moral personnel
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D'autre part, le devoir moral est une affaire privée, car on obéit à la morale qu'on s'impose soi-même. Or, obéir à sa propre morale n'est pas réellement une contrainte mais plutôt un choix.
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C'est ce que Kant appelle « l'autonomie de la volonté » (l'homme raisonnable se donne à lui-même sa propre loi) qui est exprimée dans la troisième maxime de l'impératif catégorique et qui est au fondement même de la morale : « La législation universelle de la conduite, c'est la volonté de l'être raisonnable qui doit en être la législatrice ».
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Le devoir moral ne serait donc pas une entrave à la liberté. C'est la position de Bergson, qui offre une vision originale de la liberté : la liberté serait l'adhésion à soi-même (« nous sommes libres quand nos actes émanent de notre personnalité entière »). Or agir selon la morale que je me suis imposée, c'est agir selon moi et donc être libre. C'est également ce qu'exprime Rousseau lorsqu'il dit que « l'obéissance à la loi qu'on s'est prescrite est liberté » (Du Contrat social, 1762).
C La liberté collective
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Enfin, si le devoir moral n'est pas incompatible avec la liberté, c'est aussi parce qu'il est la condition de la liberté collective. C'est pourquoi l'État de droit cherche à instituer, par les lois, un devoir mutuel.
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La cohabitation et la liberté seraient en effet en grand danger si l'homme ne ressentait pas un devoir moral envers ceux qui l'entourent. Ainsi, pour Hobbes, l'homme est naturellement méchant et ne serait pas instinctivement de devoir moral. C'est pourquoi, dans l'état de nature, la liberté est impossible car la sécurité ne peut pas être assurée. Il s'agit d'une guerre de tous contre tous (Léviathan).
TRANSITION
Enfin, définir par la morale ce que l'homme doit et ne doit pas faire, n'est-ce pas impliquer qu'il possède une liberté de choix ?
III En fait, le devoir moral semble être au fondement même de la liberté
A Tu dois donc tu peux
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Le devoir moral est différent de la nécessité et de l'obligation. L'homme qui suit son devoir moral n'est pas comme une pierre qui « doit » tomber : la nature est soumise au déterminisme mais n'a pas de devoir moral car elle n'a pas de choix. En fait, le devoir moral suppose une liberté.
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Puisque la liberté est la condition nécessaire du devoir moral, elle en est la conséquence directe : « tu dois donc tu peux » dit ainsi Kant. On ne donnerait pas tant de recommandations morales si l'homme n'avait pas la possibilité d'agir mal. C'est pourquoi il dit : « La loi morale n'exprime donc pas autre chose que l'autonomie de la raison pure pratique, c'est-à-dire de la liberté » (Critique de la raison pratique, Kant, 1788).
B Liberté et responsabilité
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On retrouve cette idée dans le lien étroit entre la liberté et la responsabilité. C'est justement parce que l'homme est libre qu'il a un devoir moral et une responsabilité.
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On évoque ici l'existentialisme de Sartre. L'homme est entièrement libre, puisqu'il est déterminé par ce qu'il est et non ce qu'il fait : « L'existence précède l'essence ». L'homme est « seul, sans excuses ». C'est pourquoi la liberté est peut-être une condamnation, puisqu'elle induit la responsabilité : « l'homme est condamné à être libre » (L'Existentialisme est un humanisme, 1946).
C Le refus de la liberté
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C'est précisément pour cette raison que certains refusent d'exercer leur liberté. La liberté étant à l'origine du devoir moral, elle représente un lourd fardeau. La solution de facilité serait donc de nier la liberté.
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En effet, Kierkegaard, précurseur de l'existentialisme, explique ainsi que l'angoisse est une conséquence de la liberté de choix : « L'angoisse est la possibilité de la liberté » (Le concept d'angoisse, 1844). On ressent ce « vertige du possible » lorsqu'on est confronté à une infinité de choix et qu'il faut opter pour un seul. La liberté peut donc devenir un fardeau, car elle est indissociable du devoir moral.
CONCLUSION
Certes, à première vue le devoir moral impose des limites à la liberté du sujet, car l'action doit être guidée par des commandements catégoriques. Mais le devoir moral relève d'un choix personnel et il est toujours relatif : on pourrait garder, tout en le suivant, une certaine marge de liberté. En fait, le devoir moral semble être au fondement même de la liberté car il montre que l'homme détient un choix.
Si le devoir moral est indissociable de la liberté, et que l'on pose souvent la liberté comme la condition du bonheur, la question se pose alors de savoir si le devoir moral n'est pas, paradoxalement, une condition du bonheur.
Source : site kartable.fr. _________________
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Elisabeth terminaleSTG
Age: 30 Inscrit le: 08 Jan 2012 Messages: 173
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Sujet: Le devoir moral est-il une entrava à la liberté? Mer Oct 15, 2014 12:14 pm |
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Merci pour ton partage. Des sujets corrigés en philo c'est toujours bien d'en avoir pour travailler les sujets un peu durs durs
MERCI _________________ Bac français, 1ère STG |
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