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Tous les échanges sont-ils profitables? Techno, Pondichéry

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prepabac,philo 2018
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MessageSujet: Tous les échanges sont-ils profitables? Techno, Pondichéry  Posté leMar Avr 19, 2016 7:06 pm Répondre en citant

Tous les échanges sont-ils profitables?
Compréhension du sujet
La condition pour que l'échange soit profitable

Si échanger est un phénomène constitutif de notre humanité (Aristote : l'homme est naturellement politique), il est cependant nécessaire, pour que cela soit toujours le cas, que l'échange réponde à certaines exigences. Il y a nécessité de régler les échanges pour permettre à chaque individu de réaliser son humanité. Ce n'est pas pour autant l'échange qui doit être remis en question, que ceux-là mêmes qui échangent. Dans quel but et à quelles fins échangeons-nous ? C'est la question fondamentale. Or, la notion de gain suppose qu'on aurait toujours plus au terme de l'échange qu'avant. Le gain engendre l'idée d'accroissement et le risque que certains soient lésés. Pour éviter une telle situation, il faut alors penser le gain non comme un profit, au sens économique du terme, mais comme une enrichissement mutuel. Chacun trouve un intérêt à accepter l'échange ais ce profit doit prendre la forme d'une équivalence, sans laquelle l'intégrité et la dignité d'autrui ne sont pas respectées. Ce que l'on peut repérer aussi bien en ce qui concerne les échanges économiques que les échanges linguistiques, notamment à travers ce que Platon nomme le dialogue.
Les thèmes philosophique, la politique, les échanges
Définition : Un échange est un don qui implique une contre partie lorsque le terme est employé au pluriel, il renvoie plus généralement aux relations commerciales au sein d’une communauté ou entre différentes cultures. Toutefois, le terme peut désigner des liens qui ne sont pas économiques

Si échanger c'est donner en vue de recevoir (réciprocité qui fonde les échanges), tout échange est, par définition intéressé. Or, s'il y a un ou des intérêts(s) à échanger, c'est qu'on suppose qu'on peut en tirer un certain profit ou encore un gain. On échangerait donc dans le but de gagner, c'est-à-dire posséder ou s'approprier ce dont on était privé. Mais si échanger, c'est gagner, que gagne-t-on à échanger ? De quel gain s'agit-il ? Il peut s'agir dans un premier temps d'un gain matériel qui s'illustre surtout dans les échanges économiques ou financiers. Mais on peut évoquer la possibilité d'un gain spirituel ou moral à travers l'échange d'opinions, d'idées et de pensées (ex : enrichir et élargir ses connaissances à travers le dialogue et le débat). Est-ce à dire pour autant que tout échange soit synonyme de gain ? N'y a-t-il pas un risque de perte, d'aliénation (perte de liberté) et de déshumanisation inhérent à tout échange ? À quelles conditions un échange peut-il être profitable?

Tous les échanges sont profitables
Les origines de l’échange : L’homme ne peut pas vivre en Autarcie c'est-à-dire qu’il ne peut pas se suffire à lui-même. Platon dans la république mettait déjà en évidence que toutes communautés humaines étaient nécessairement fondé sur la répartition des tâches et la division du travail. Cette nécessité d’échanger est également à mettre en rapport avec la formule d’Aristote : « L’homme est un animal ». Selon lui, en effet, il faut être soit un dieu soit une bête pour pouvoir vivre seul. L’échange selon Nietzsche ne serait pas autre chose qu’une alternative à notre impossibilité d’obtenir ce que l’on veut par la violence. En effet, il ne faut pas perdre de vue qu’il n’y a pas énormément de façon de s’approprier un objet (vol, achat, échange).
l'échange matérieil : les échanges économico-financiers structurent chaque société Il s'agit d'un gain matériel ou de marchandises qui trouve son origine aussi bien dans le troc (forme naturelle de l'échange économique) que dans le commerce (forme artificielle de l'échange économique). Il y a gain matériel car il assure la survie de l'espèce humaine (échange qui correspond d'abord à une nécessité vitale). Mais au-delà des exigences vitales il permet aussi un certain bien-être, un confort. À noter que ce type d'échange e double d'un gain politique : l'échange de biens et de richesses permet d'entretenir des relations pacifiques (Montesquieu) = échanges profitables
Gain spirituel (ou moral). L'Homme est un être dont la nature est d'échanger d'abord et avant tout parce que c'est un être parlant (« homo loquax »).Or, parler, c'est communiquer, entrer en contact avec l'autre, pas seulement dans le but de leur transmettre des informations, mais surtout dans le but d'enrichir et d'élargir ses pensées, ses connaissances. Kant, dans Qu'est-ce que s'orienter dans la pensée ? montre que c'est l'échange et la confrontation à la pensée des autres qui nous assure de la justesse de nos propres pensées. À quoi bon penser si l'on est pas sûr que ce que l'on pense est vrai et légitime ? À quoi bon penser, si c'est pour rester prisonnier d'erreurs et de préjugés ? Une pensée authentique suppose l'échange avec d'autres pensées que la mienne. Il montre aussi que l'ampleur de notre pensée dépend aussi de nos échanges avec d'autres pensées qui me permettent d'étendre mes connaissances et mon savoir. La nécessité des échanges linguistiques s'illustre de façon encore plus évidente dans les échanges culturels qui permettent une véritable ouverture à d'autres façons de vivre, de penser et de sentir que celles auxquelles nous sommes habitués.
L’échange et la question de l’équivalence des biens : Pour qu’un échange soit possible, il faut qu’il y ait une équivalence dans les biens que l’on échange. Dans le cas de deux objets semblables, l’échange est facile. Lorsque les deux produits sont différents (ex : service prodigué par le médecin). Il devient nécessaire de passer par une mesure commune : la monnaie (cf. analyse d’Aristote dans Ethique a Nicomaque). L’analyse d’Aristote permet d’assimiler l’achat à un échange. D’emblée Aristote nous met en garde : la monnaie qui au départ n’est qu’un intermédiaire, ce pourquoi l’échange est possible, ne doit pas devenir une fin en soi. Derrière cette analyse s’esquisse une critique de la recherche du profit, le fait de faire de la spéculation.




Tous les échanges ne sont pas profitables
logique du profit. Tant que l'échange économique répond à nos besoins, il n'y a pas de problème. Mais quand il n'a plus pour fin de nous permettre de vivre ou de survivre, quand l'échange se fait en vue de s'enrichir alors les échanges économiques deviennent excessifs. Aristote par exemple critique que la chrématistique : quand l'argent est à la fois le point de départ et la fin de l'échange (spéculation). Il y a alors danger car l'accumulation illimitée de richesses se fait au détriment d'un véritable rapport à l'autre et à soi-même.
La cité idéale chez Platon : La cité idéale de Platon invite au respect d’une hiérarchie et d’une tempérance (=modération). On retrouve cet idéal dans toute la philosophie Platonicienne ainsi qu’au niveau économique. La tempérance est le mot clé de la cité idéale, elle gère aussi les échanges au niveau économique, car une cité qui sombrerait dans les excès économique, du fait d’échanges mal contrôlésest une cité perdue. On retrouve l’explication morale de Platon au niveau économique car une cité en bonne santé économique est une cité qui pratique la modération et la tempérance dans les échanges = rationalité économique.
- Le potlatch (M. Mauss). L'échange est un moyen pour une tribu de montrer sa manificence sa supériorité par rapport aux autres tribus. On n'échange pas pour assurer sa subsistance, mais pour témoigner de sa puissance politique. L'enjeu de l'échange est politique : surenchère de dons et de contre-dons. Étrangement, ce type d'échange incite au gaspillage. Plus on peut gaspiller et détruire ce que l'on donne, plus on est puissant. Ainsi, il y a bien plus dans l'échange que dans un certain usage de ce que l'on échange.
Le problème posé par la rhétorique. On peut échanger et débattre (dans le cadre d'échanges linguistiques) dans le but de terrasser son adversaire. Voir le Gorgias de Platon et la distinction entre persuader et convaincre. Persuader, c'est flatter, séduire, manipuler et instrumentaliser l'autre. Si, en apparence, l'échange peut être un facteur de cohésion et d'union, il peut s'avérer être un élément de division pour, là aussi, dominer au mépris même de la vérité. À quelles conditions peut-on alors penser un échange qui soit et demeure un gain ?



Bonne lecture à tous

Lol
_________________
Intervenant en philosophie
Lycée, séries générales et technologiques
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