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 DU BREVET AU BAC :: AIDE EN LIGNE :: Pour être humain, faut-il nier son animalité ?

Pour être humain, faut-il nier son animalité ?

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Auteur Message
pereva





Inscrit le: 17 Jan 2015
Messages: 3

MessageSujet: Pour être humain, faut-il nier son animalité ?  Posté leSam Jan 17, 2015 7:45 pm Répondre en citant

Bonjour, quelqu'un pourrait me conseiller afin de me guider vers quelques lectures en rapport avec ce sujet, à moins que l'un d'entre vous ai déjà planché dessus...?! Suis en TES.

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fabrice philo bac ES 2016





Inscrit le: 02 Aoû 2014
Messages: 50

MessageSujet: Pour être humain, faut-il nier son animalité ?  Posté leSam Jan 17, 2015 8:50 pm Répondre en citant

salut

voilà de quoi bien réfléchir : dis moi ce que tu en penses. Si tu sais adapter le devoir à ton sujet, tu as plein d'éléments


Lol Lol Lol




Comment faut-il comprendre l’expression : « la nature de l’homme est de ne pas avoir de nature ? »

Introduction :

« c’est dans la nature de l’homme », « c’est dans ma nature », « les hommes sont méchants

par nature » : ces expressions témoignent qu’on a souvent tendance à enfermer l’homme dans

une « nature » toute faite ; or ne peut-on pas paradoxalement définir la nature humaine par

l’absence de nature ? La nature de l’homme (c'est-à-dire son essence, sa définition, son

concept) serait de ne pas avoir de nature ; comment faut-il comprendre ce paradoxe ? Cette

négation de la nature en l’homme (ou de l’homme) n’est-elle pas la condition positive de sa

liberté, la marque d’une transcendance qui fait de l’homme un être à part dans la nature, un

être qui se distingue radicalement des animaux ? La condition de l’homme n’est-elle pas

d’être autre chose qu’un être naturel ? Pourtant ne doit-on pas reconnaître que l’homme fait

aussi partie de la nature et qu’il a une nature ?

I) Est-ce qu’on ne peut pas définir l’homme par cette capacité à s’arracher à ce qui est

naturel en lui : ses instincts, son animalité ?

A) La nature de l’homme est manque, privation : selon le mythe de Prométhée raconté par

Platon dans le dialogue Protagoras, l’homme a été créé inachevé : contrairement aux

animaux qui sont dotés d’instincts, l’homme va devoir se créer lui-même en inventant

la culture : le feu volé aux dieux et donné aux hommes par Prométhée symbolise cet

artifice qui marque l’avènement de l’humanité qui entre dans l’histoire et se distingue

des bêtes réduites à manger cru, à vivre dans les bois…L’homme lui va manger cuit,

vivre dans des villes (la Polis). La nature de l’homme est donc paradoxalement de

devenir autre chose qu’un être naturel : un être de culture, un humain. La nature de

l’homme consiste donc bien à nier sa propre animalité, la nature en lui, ses

instincts ; par exemple en respectant des interdits religieux ou moraux et des règles

sociales.

B) La « nature humaine » se définit donc par cette capacité à transcender

(=dépasser) la nature : ce qui signifie que l’homme est fondamentalement

LIBRE : Rousseau montre dans le Discours sur l’inégalité que l’homme n’est pas

déterminé par l’instinct mais qu’il peut choisir librement et qu’il est perfectible (le

concept de « perfectibilité » chez Rousseau signifie l’ouverture à l’histoire, la

condition de possibilité de la culture conçue comme création, innovation et non pas

comme tradition) ; l’ essence de l’homme est de ne pas avoir d’essence, d’être

indéterminé : cette liberté se montre d’ailleurs paradoxalement dans la capacité à faire

des excès ; par exemple si les animaux sont souvent cruels, seul les hommes sont

capables des pires atrocités : faire le mal gratuitement, torturer ses semblables sans but

aucun (le génocide au Rwanda par ex.). Le mal absolu n’est pas naturel mais le fait

d’un être libre, capable d’excès. (c’est ainsi que Rousseau peut écrire que l’homme

« retombe plus bas que la bête même » puisque la culture est dénaturation, perversion,

régression possible ; « Pourquoi l’homme seul est-il sujet à devenir imbécile ? »

s’exclame Rousseau dans une formule étonnante : précisément parce qu’il n’est pas

comme l’animal enfermé dans une nature, mais un être en devenir, capable de devenir

humain ou inhumain.

II) Conséquences morales : l’homme n’est pas prisonnier d’une « nature » toute faite qui

justifierait ses actes ; l’homme est libre et responsable de tout ce qu’il fait.


A) La critique du déterminisme : l’homme n’a pas d’excuse ; ce n’est pas parce que

c’est dans ma nature que je suis colérique, agressif, mais je me choisis colérique,

agressif : mon caractère dépend de moi, je peux maîtriser mes émotions ; il serait donc

dangereux de réduire l’homme à un déterminisme biologique ; par exemple Luc Ferry

écrit que « la femme a la possibilité de concevoir des enfants ; c’est sa situation

(concept de Sartre), mais déclarer qu’elle est « faite pour avoir des enfants »

reviendrait à nier sa liberté, à transformer une situation en détermination naturelle,

bref à « l’animaliser » (Le nouvel ordre écologique) Autre exemple : vouloir

expliquer la violence d’un individu par ses gènes, c’est nier sa responsabilité ; à ce

compte un pédophile ne serait pas responsable de ses actes puisqu’il serait déterminé

par une pulsion incontrôlable, on ne pourrait donc pas le condamner.

B) Les hommes ne sont pas ce qu’ils sont « par nature », ils ne sont pas programmés à

devenir ceci ou cela, ils se construisent, s’inventent dans une histoire : on ne naît pas

ouvrier ou bourgeois, on le devient par des conditions sociales et historiques ; mais on

n’est pas prisonnier de sa condition sociale (au déterminisme biologique s’ajouterait le

déterminisme social) puisqu’on peut toujours en sortir, la refuser ; ma situation sociale

n’est pas un déterminisme absolu qui supprimerait ma liberté. De même ma culture ne

doit pas être une « seconde nature » qui s’ajouterait à la première, puisque je peux

aussi m’arracher à ma propre culture, la critiquer si je juge qu’elle comporte des

traditions ou des coutumes déshumanisantes (le travail à la chaîne ; la corrida en

Espagne) ou contraires aux valeurs universelles des Droits de l’homme ( le voile

intégral, l’excision).

III) Faut-il pour autant nier toute nature de/en l’homme ? L’homme n’est-il pas avant

tout un être naturel ?

A) Dire « la nature de l’homme est de ne pas avoir de nature » n’est-ce pas reconnaitre

malgré tout une nature humaine ? Faut-il concevoir cette nature humaine comme

transcendance, antinature ou au contraire reconnaitre que l’homme comme l’animal fait

partie de la nature, et n’échappe pas à ses lois ? La nature de l’homme (son essence),

serait la nature en l’homme (son corps, son cerveau qui lui permet de penser) : l’homme

est aussi un être matériel.

B) N’y a-il-pas une erreur et un risque dans le fait de situer l’homme au-delà de la nature ?

En effet, l’homme se croit supérieur aux animaux, mais il est en fait plus proche du

chimpanzé que de Dieu !

C) L’homme n’est-il pas une espèce vivante parmi d’autres ? certes différente des autres,

puisqu’elle est capable de penser, de construire le monde de la culture, des valeurs,

mais l’homme n’est pas pour autant antinaturel ! il reste un animal différent des autres.

Conclusion : l’expression « la nature de l’homme est de ne pas avoir de nature » est donc

bien un paradoxe qui nous invite à penser la spécificité de la condition humaine : elle

signifie que la « nature humaine » est transcendance, liberté : l’homme est l’être capable

de s’arracher à la nature, pour la penser, la connaître, lui ajouter de la valeur, de la beauté,

du sens ; être d’antinature, l’homme se pense dans cette opposition à la nature matérielle,

c’est un être culturel certes, mais surtout libre, capable du pire (Auschwitz ; Hiroshima)

comme du meilleur (sacrifier sa vie pour les autres, pour la liberté, la justice) ;

Pour autant l’homme n’est-il pas aussi un être naturel, matériel, un animal ? Un animal

certes, mais qui a bien une spécificité : un cerveau capable de penser, de créer, d’aimer,

bref d’être humain, s’il le veut.
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Bac de philosophie 2015

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jeanterminaletechno





Inscrit le: 09 Aoû 2014
Messages: 30

MessageSujet: Pour être humain, faut-il nier son animalité ?  Posté leSam Jan 17, 2015 8:56 pm Répondre en citant

salut

un complément qui pourra t'aider



Le problème de la "Nature humaine"




L'expression "nature humaine" ne désigne pas l'homme à l'"état naturel" ou l'aspect "naturel" de l'homme au sens physique et biologique, en l'occurrence le corps humain et d'éventuelles survivances animales. Au sens philosophique, la nature humaine équivaut à l'essence de l'homme, ce qui définit essentiellement un homme, ce qui ne peut lui être retiré sans qu'il perde immédiatement son humanité. On voit bien que cette caractéristique ne correspond pas à la part physique ou animale de l'homme. Il s'agit plutôt, paradoxalement, de ce qui ne trouve nulle part ailleurs dans la nature : l'intelligence ou la raison.




Aristote (A) – "L'homme est un animal rationnel".




C'est ainsi qu'Aristote définit l'être humain comme étant essentiellement possesseur d'une âme raisonnable. L'inconvénient d'une telle définition de la nature humaine, c'est qu'elle rabaisse les êtres - y compris humains : esclaves, enfants, femmes... - censés être défaillant rationnellement au rang de sous-hommes, d'êtres inférieurs !




A l'époque moderne, au XVIIè siècle, la plupart des philosophes proposent également une définition précise de la "nature humaine". Ainsi, pour Descartes ou pour Pascal, c'est la pensée (critère plus large que la seule raison) qui représente l'essence et la nature propre de l'homme.



Pascal (17è) - "L'homme est un roseau, le plus faible de la nature, mais c'est un roseau pensant".
Descartes (17è) – "Je connus de là que j'étais une substance dont toute l'essence ou la nature n'est que de penser".

Cela ne veut pas dire que l'homme se réduise à la pensée et que le corps ne compte pas ; Descartes comme Pascal reconnaissent l'union de l'âme et du corps, mais lorsqu'il s'agit de définir le propre de l'homme et de fixer sa priorité, c'est la pensée (ou l'âme) qui reprend le dessus.


Au XVIIIè siècle c'est encore la notion de nature humaine - quelque chose au fond comme une égalité essentielle des êtres humains - qui sous-tend les principes universalistes de la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen. Ce texte insiste particulièrement sur la liberté essentielle de l'être humain. Mais les notions de liberté et de nature ne sont-elles pas contradictoires ? En effet une nature n'est pas autre chose qu'une détermination fixe, une permanence ; or il semble que l'homme se caractérise justement par sa mobilité essentielle, par sa faculté de se transformer et presque de se "créer" lui-même. C'est pourquoi les philosophes ont dû concilier l'essence de l'homme avec cette mobilité : c'est ce que Rousseau appelle la "perfectibilité". La perfectibilité, qualité essentielle de la nature humaine, fait de l’homme un être inachevé, devant se réaliser par lui-même. Le dépassement est inscrit dans la nature humaine, qui est finalement une disposition de l’homme à la culture. En effet qu'est-ce que cette auto-transformation sinon ce qu'on a appelé depuis le début : la culture ?




Jean-Jacques Rousseau (18è) - "Mais (…) sur cette différence de l’homme et de l’animal, il y a une autre qualité très spécifique qui les distingue, et sur laquelle il ne peut y avoir de contestation, c’est la faculté de se perfectionner ; faculté qui, à l’aide des circonstances, développe successivement toutes les autres, et réside parmi nous tant dans l’espèce que dans l’individu, au lieu qu’un animal est, au bout de quelques mois, ce qu’il sera toute sa vie, et son espèce, au bout de mille ans, ce qu’elle était la première année de ces mille ans."






3) La fiction d'un "état de nature" de l'Humanité




Jean-Jacques Rousseau (18è) – "Tant que nous ne connaîtrons point l'homme naturel, c'est en vain que nous voudrons déterminer la loi qu'il a reçue ou celle qui convient le mieux à sa constitution."




"L'état de nature" de l'humanité n'a pas la même signification que la "nature humaine" : cela ne correspond pas à une définition théorique de l'homme mais à une hypothèse sur son origine, son existence d'"avant" la culture ou la civilisation. Quelle peut être l'utilité d'une telle notion si la culture est posée comme principe même de l'existence humaine ? S'il y a des hommes, ils possèdent un minimum de culture, donc il ne peut pas y avoir d'"état de nature". L'homme à l'état animal était donc un animal, pas un être humain ! C'est pourquoi nous parlons de fiction ou d'hypothèse. Ce n'est pas une réalité, passé ou présente, mais une construction intellectuelle, le concept même de l'homme une fois qu'on a effacé de celui-ci toute donnée liée à l'évolution et à la civilisation. Aucun exemple ne saurait montrer ce qu'est ou ce qu'était l'"homme originel", l'"homme à l'état de nature". 'L''homme des bois" ou l'"enfant sauvage" peuvent bien se rencontrer ci ou là, mais ce n'est que par accident, suite à un abandon de la civilisation : la cause de cette aberration faussement "naturelle" reste bien culturelle !








Donc pourquoi imaginer un tel être fantomatique ou mythique ? Si les hommes n'ont cessé d'émettre des suppositions sur leurs origines lointaines, leur passé immémorial, c'est avant tout parce qu'ils s'interrogent sur le fondement et la valeur de leur culture. C'était comment à l'origine ? La nature originaire constitue le premier repère pour établir ce qui est bien ou mal, normal ou anormal. Elle peut être une valeur négative aussi bien qu'une valeur positive.
En Occident c'est d'abord une "vieille histoire" biblique : le paradis est souvent décrit comme une douce harmonie entre l'homme et la nature, puis avec le péché de désobéissance (lui-même dit "originel"), c'est toute la nature et pas seulement la nature humane qui devient corrompue. Depuis ces "évènements" originaires, il est entendu selon le christianisme et pour la plupart des philosophes jusqu'au XVIIIè siècle que l'homme "à l'état de nature" (le "sauvage" aussi bien que l'enfant) est un être non pas "innocent" mais corrompu, pécheur et finalement mauvais, qui doit d'abord être puni, puis redressé et éduqué sans la moindre faiblesse. A l'état de nature, "l'homme est un loup pour l'homme" écrit encore Hobbes, c'est pourquoi il est nécessaire de le contraindre par un pouvoir politique fort, car il vaut mieux être tyrannisé par un seul plutôt que de risquer de l'être par tous ("la guerre de tous contre tous", toujours selon Hobbes)... C'est encore ce que pensait Hegel :
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jeanterminaletechno





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MessageSujet: Pour être humain, faut-il nier son animalité ?  Posté leSam Jan 17, 2015 9:01 pm Répondre en citant

tu devrais lire ça :




2.
L'histoire d'un enfant sauvage





Reprenons à partir d'une sentence donnée dans le chapitre précédent: on naît humain, mais on devient homme. Si l'homme restait à l'état de nature, il serait pour ainsi dire incomplet, il lui manquerait ce qui fait un homme en propre.

L'enfant humain naît avec une certaine somme de possibilités. Mais encore faut-il que ces possibilités ne restent précisément pas à l'état de possible. Naître avec les traits caractéristiques de son espèce (homo sapiens) ne suffit pas. L'homme naît avec une somme de caractéristiques qui le distinguent parmi d'autres espèces, mais il lui reste quelque chose à construire, il lui reste une tâche pour être proprement humain.

C'est ici qu'apparaît la culture. Comment définir en propre ce mot tout d'abord? Nous allons tenter d'illustrer la fonction propre de la culture par l'une de ses formes particulière, à savoir l'agriculture. Nous voilà face à une autre question: qu'est-ce que l'agriculture? Cette dernière s'exerce sur la terre, c'est-à-dire sur un substrat naturel. Cette dernière, cette terre, est pleine de possibilités, mais ces possibilités resteront précisément des possibilités si rien ne vient exploiter cette terre.

Rappelons-nous ce repère vu dans un autre cours. La neige aurait pu être verte, noire, rouge... Elle pouvait être de toutes les couleurs, mais elle s'est actualisée en blanc. En somme, elle est passée à l'existence sous la couleur blanche. Il y avait une infinité de possibles, mais elle s'est actualisée en revêtant la forme particulière de l'un d'eux.

Eh bien l'agriculture fait pour ainsi dire de même! La terre renferme ne nombreuses possibilités: on peut (c'est-à-dire que c'est possible) y trouver des carottes, des fleurs, des pastèques... Toujours est-il que l'homme va imprimer un mouvement particulier à cette terre qui va actualiser l'une de ses possibilités. On actualisera par exemple des carottes. Quoiqu'il en soit, on comprend que la nature doit être présente, mais l'on comprend aussi qu'elle ne suffit pas. Il faut que l'homme actualise ses potentialités, ses possibilités, sous peine de ne rien obtenir. Vous pouvez rester une heure à vous concentrer sur un bac de terre en espérant y voir pousser des fleurs, ça ne fonctionnera pas. Il faut agir, il faut actualiser les potentialités de cette terre, sa capacité à faire pousser des fleurs, par une séries de mouvements. L'agriculture correspond donc à une série de mouvements par lesquels on actualise ce qui n'existe dans la terre qu'à l'état de possible.

Plus généralement, la culture revient à quelque chose de similaire. En effet, l'enfant humain nait avec la possibilité de parler, nait avec la possibilité de vivre en société (etc), et la culture c'est précisément ce mouvement qui a à charge d'actualiser toutes ces possibilités qui sinon resteraient précisément que des possibles. L'enfant est un réservoir de potentialités que la culture devra actualiser via des processus d'apprentissage: l'enfant devra apprendre à parler, devra apprendre à se tenir, devra apprendre à calculer...

Ainsi, s'il y a une nature humaine, celle-ci ne suffit pas: il faut y ajouter une culture humaine qui va actualiser les potentialités de chaque personne. En d'autres mots, s'il y a de l'inné chez l'homme, une hérédité qui se transmet par le code génétique, il y a aussi de l'acquis, soit un héritage qui se transmet par la culture.




Nous allons à présent nous appuyer sur l'exemple d'un enfant sauvage, c'est-à-dire d'un enfant qui n'a précisément pas pu profiter de ces différents processus d'apprentissage qui lui aurait permis de devenir plus qu'un simple homo sapiens, plus qu'une être naturel.

Tout d'abord, il s'agit de lire les textes sur les liens suivants:




http://classiques.uqac.ca/classiques/itard_jean/victor_de_l_Aveyron/victor_preface_folliot.html




http://classiques.uqac.ca/classiques/itard_jean/victor_de_l_Aveyron/itard_victor_aveyron.pdf (page 4 à 15).




Ces textes nous présentent l'histoire d'un enfant sauvage, appelé Victor, qui fut trouvé dans la forêt de l'Aveyron, et qui fut pris en charge par le docteur Itard. Le jeune Victor n'a donc pas pu profiter des différents processus d'apprentissage, ce qui a laissé en lui les facultés proprement humaines dans un état de sommeil irréversible. Victor est incapable de parler, incapable de vivre en société. Tout ce qu'il fait se résume au simple besoin, dénué de tous désirs. Il n'éprouve par exemple aucune gourmandise, mais se contente de quelques glands, châtaignes, et de tout ce que lui offrait la simple vie sylvestre. Il présente une somme de comportement que l'on serait porté à juger au premier plan comme animal. Ainsi, Victor a faim, mais n'a pas de gourmandise (il a une totale aversion pour les sucreries, les épices, l'alcool et le vin). Il ne saisit pas non plus lorsqu'il se retrouve face à son reflet dans le miroir, qu'il s'agit d'une image de sa propre personne. Il cherche derrière le miroir quelqu'un susceptible de s'y cacher. En cela il ressemble à bien des animaux incapable de saisir que l'image dans le miroir n'est qu'un reflet d'eux-mêmes, et non une autre personne.

Il faut ici faire quelques précisions à propos de ce que l'on nomme le stade du miroir. L'enfant humain se vit aux premiers âges de sa vie comme morcelé, fragmenté. C'est-à-dire? Il n'a pas conscience qu'il forme une unité qui serait précisément un moi. Il ne fait d'ailleurs pas tout à fait la différence entre ce qui relève de lui et ce qui relève d'autrui. Lorsqu'il voit tomber un enfant, il pleure; lorsqu'il tape un camarade, il se plaint d'avoir été tapé. L'enfant ne saisit pas encore son unité propre, ce qui le différencie des autres et fait qu'il est lui et non ces autres. A ce moment-là (avant 36 mois en principe), lorsqu'il se regarde dans le miroir, il croit qu'il s'agit de quelqu'un d'autre. En cela, il est proche de Victor. Mais progressivement, il va comprendre que cette image dans le miroir n'est précisément qu'une image, et non un être réel. Puis, dans un troisième temps il comprendra que cette image c'est la sienne. C'est ainsi que l'enfant commence à dire moi et se comprend comme différent des autres. Il acquiert une unité, il cesse d'être dispersé, grâce à cette image qu'il acquiert de lui-même.

Victor n'en est pas là, il n'a pas su passer le stade du miroir et en est resté à l'idée que quelqu'un d'autre agit face à lui: il n'a tout simplement pas conscience de lui-même, conscience de ce qu'il est.

Ainsi, Victor présente une somme de comportement propre à l'animal: de l'imperturbabilité dans les miasmes et la puanteur en passant par l'insensibilité aux sons qui deviennent musique, jusqu'à l'incapacité de parler, il ne présente rien de proprement humain .

Mais est-il pour autant totalement un animal? A cette question, on peut répondre négativement puisqu'il présente en parallèle une série de comportements qu'on ne peut retrouver chez les animaux. Nous en énumérons certains et nous les analyserons.

La fascination pour le feu: Victor, au contraire de tout le reste du règne animal, n'a pas peur du feu mais est précisément fasciné par lui. Qu'est-ce que cela signifie? On sait que le feu a une puissance très grande sur l'imaginaire humain. La preuve en est la difficulté qu'éprouve les professeurs de physique-chimie dès qu'une expérience est en relation avec le feu, les explosions. Les élèves oublient les aspects proprement scientifique, et laisse place à un fascination ludique pour cet élément. Chacun a un rapport propre au feu, mais il s'agit toujours d'un rapport particulier pouvant aller jusqu'à la pathologique pyromanie.


La contemplation: Victor contemple par exemple la lune ou les reflets sur la surface du lac. Ceci n'est pas un détail car voilà bien quelque chose que l'animal est incapable de faire: contempler. En effet, contempler, c'est regarder quelque chose comme une fin en soi et non comme un moyen. Dans la contemplation, j'envisage un objet pour lui-même, non pour ce qu'il serait susceptible de m'apporter. En somme dans la contemplation, je fais taire mes besoins, je cesse d'envisager les choses avec intérêt. L'animal, au contraire, vit dans un monde de besoins.

Ainsi, la tique vit dans un monde où il existe uniquement des choses en rapport avec ses besoins. Le reste, ce n'est pas qu'elle ne le voit pas, mais c'est bien tout simplement que cela n'existe pas pour elle. Le monde de la tique c'est en somme la tige d'herbe où elle doit se hisser, les follicules sébacées qu'émettent les mammifères, la chaleur et les poils. Elle vit en somme dans un monde réduit au stricte nécessaire, et heureusement! Si elle veut que son comportement soit adapté, si elle veut survivre, elle ne peut pas perdre son temps à envisager d'autres facettes de l'univers. La tique est occupée non à vivre mais à survivre, et tout ce qu'elle envisage du monde, elle envisage sous l'angle de ses besoins. La contemplation est quelque chose de propre à l'homme précisément parce qu'il est capable de s'émanciper de ses besoins. Ainsi, je ne contemple pas mon plateau repas à la cantine. Ce dernier est envisagé comme un moyen de pourvoir à ma faim ou à ma soif. Lorsque je le regarde, il me renvoie à un besoin précis. Au contraire, la contemplation n'envisage plus la chose comme un moyen: la chose ne me renvoie plus à autre chose qu'elle même. La lune qu'observe Victor ne lui est d'aucune utilité pour sa survie. Elle fait ici preuve d'une ébauche de comportement d'homme.


L'aversion à l'égard de l'instinct sexuel: Victor n'éprouve pas d'intérêt pour l'instinct de reproduction, alors qu'on sait que ce dernier est un motif d'action universel dans le règne animal. Ce qui semble le plus naturel, ce qui est quasiment une loi dans la nature, Victor ne l'éprouve précisément pas. Ceci est encore une curiosité qui distingue Victor du pur animal.





Force est de constatée que Victor n'est pas non plus et totalement un animal. L'homme soustrait à la culture ne devient pas pour autant semblable aux bêtes. Il est une exception dans le monde culturel des hommes, mais aussi dans le monde animal. Il n'est pas totalement réglé par l'instinct comme le démontre les points soulevés précédemment.

Quoiqu'il en soit, et avant de s'attarder sur ces particularités, on retient que l'homme n'est précisément pas homme sans la culture, sans ces processus qui vont actualiser en lui ce qui n'existe que sous la forme de possibilités. Encore une fois, on naît homme mais que potentiellement humain: c'est à la culture qu'il revient d'agir par différents processus d'apprentissages.

http://navaron.e-monsite.com/pages/content/l-histoire-d-un-enfant-sauvage.html
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jeanterminaletechno





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MessageSujet: Pour être humain, faut-il nier son animalité ?  Posté leSam Jan 17, 2015 9:06 pm Répondre en citant

Les enfants sauvages témoignent de ce que la personnalité humaine normale ne peut jamais se constituer, sauf si le milieu, par sa valeur éducative, offre à l’enfant en temps utile les rapports culturels opportuns à son développement. Ainsi, si l’homme " naturel " possède la raison, c’est toutefois une raison en quelque sorte endormie, qu’il ne sait ni exercer ni développer. L’homme naturel n’a donc qu’à répondre à ses besoins physiques. Mais sa liberté apparente n’est que soumission à l’instinct, dépourvue, par conséquent, de choix et de responsabilité. Pour répondre à sa vocation humaine, l’homme ne peut aucunement se contenter de vivre dans un état quasiment animal. L’homme naturel, s’il existe vraiment, se rapproche donc de la bête… Very Happy
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philippe, philo bac ES





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MessageSujet: Re: Pour être humain, faut-il nier son animalité ?  Posté leDim Jan 18, 2015 7:54 pm Répondre en citant

pereva a écrit:
Bonjour, quelqu'un pourrait me conseiller afin de me guider vers quelques lectures en rapport avec ce sujet, à moins que l'un d'entre vous ai déjà planché dessus...?! Suis en TES.



Tu peux déjà lire ça




L'Animal que donc je suis est le dernier livre publié par Derrida à titre posthume.


Ce livre a été édité par Marie Louise Mallet à partir de textes et d’enregistrements de conférences données à Cerisy.

Le livre est séparé en quatre chapitres : son premier chapitre, «L'animal que donc je suis», qui donne son titre à l'ensemble (et qui fait entendre tant le verbe être que le verbe suivre), est connu : il est paru dans le recueil des actes du colloque de Cerisy, L'Animal autobiographique1. Le troisième, «Et si l'animal répondait ?», a été insérée dans le Cahier de l'Herne consacré au philosophe2. Le deuxième et le quatrième chapitre (la transcription de l'enregistrement sur Heidegger), sans titres, sont inédits3.

Le thème du livre est le statut de l’animal dans la philosophie moderne et contemporaine. Derrida y examine successivement les œuvres de Descartes, Kant, Levinas, Lacan et Heidegger.

L'analyse

L'« animalité » est pour le philosophe une question délicate et centrale de la déconstruction et de son œuvre4, ne serait-ce parce qu'elle met en jeu l'hypothétique « propre de l'homme4 » construit par la métaphysique et la théologie occidentales au cours des derniers siècles ; le terme « animal », au singulier, est rejeté par Derrida dans sa généralité, – parce qu'il est une « simplification conceptuelle » vue comme un premier geste de « répression violente » à l'égard des animaux de la part des hommes, et qui consiste à faire une césure totale entre l'humanité et l'animalité, et un regroupement tout aussi injustifié entre des animaux qui demeurent des vivants radicalements différents les uns des autres, d'une espèce à une autre4 :



« Chaque fois que « on » dit « L'Animal », chaque fois que le philosophe, ou n'importe qui, dit au singulier et sans plus « L'Animal », en prétendant désigner ainsi tout vivant qui ne serait pas l'homme (...), eh bien, chaque fois, le sujet de cette phrase, ce « on », ce « je » dit une bêtise. Il avoue sans avouer, il déclare, comme un mal se déclare à travers un symptôme, il donne à diagnostiquer un « je dis une bêtise ». Et ce « je dis une bêtise » devrait confirmer non seulement l'animalité qu'il dénie mais sa participation engagée, continuée, organisée à une véritable guerre des espèces. »

— L'animal que donc je suis, Jacques Derrida. p.54

L'animal que donc je suis est d'ailleurs le dernier ouvrage de Jacques Derrida, publié à titre posthume et édité par Marie Louise Mallet à partir de textes, d’enregistrements de conférences. Il y conduit une critique de la pensée de Descartes, de Kant, Lévinas, Lacan et Heidegger, et y rappelle la question du philosophe anglais Jeremy Bentham, qu'il considère essentielle, au sujet des animaux : « peuvent-ils souffrir ? » (qui revient à dire, pour Derrida « Peuvent-ils ne pas pouvoir ? (...) Pouvoir souffrir n'est plus un pouvoir, c'est une possibilité sans pouvoir, une possibilité de l'impossible5 ») :



« « Can they suffer ? », la réponse ne fait aucun doute. Elle n'a d'ailleurs jamais laissé aucun doute ; c'est pourquoi l'expérience que nous en avons n'est pas même indubitable : elle précède l'indubitable, elle est plus vieille que lui. Point de doute, non plus, pour la possibilité, alors, en nous, d'un élan de compassion, même s'il est ensuite méconnu, refoulé ou dénié, tenu en respect. Devant l' indéniable de cette réponse, (oui, ils souffrent, comme nous qui souffrons pour eux et avec eux), devant cette réponse qui précède toute autre question, la problématique change de sol et socle.(...) Les deux siècles auxquels je me réfère un peu grossièrement pour situer notre présent à cet égard, ce sont les deux siècles d'une lutte inégale, d'une guerre en cours et dont l'inégalité pourrait un jour s'inverser, entre, d'une part, ceux qui violent non seulement la vie animale mais jusqu'à ce sentiment de compassion et, d'autre part, ceux qui en appellent au témoignage irrécusable de cette pitié5. »

— L'animal que donc je suis, Jacques Derrida. p.50

Derrida voit dans les rapports de l'homme avec l'animal une « guerre » qu'il faut désormais penser5, du fait même des « proportions sans précédent de cet assujettissement de l'animal5 » né « de la violence industrielle, mécanique, chimique, hormonale, génétique, à laquelle l'homme soumet depuis deux siècles la vie animale5 », violence à l'encontre des animaux comparée par le philosophe à la Shoah, même si :



« De la figure du génocide il ne faudrait ni abuser ni s'acquitter trop vite. Car elle se complique ici : l'anéantissement des espèces, certes, serait à l'œuvre, mais il passerait par l'organisation et l'exploitation d'une survie artificielle, infernale, virtuellement interminable, dans des conditions que des hommes du passé auraient jugées monstrueuses, hors de toutes les normes supposées de la vie propre aux animaux ainsi exterminés dans leur survivance ou dans leur surpeuplement même5. »

— L'animal que donc je suis, Jacques Derrida. p. 46

Le philosophe affirme que cet « assujettissement sans précédent de l'animal » a été finalisé conceptuellement par l'idéalisme transcendantal qui désire la maîtrise totale de la nature et de l'« animal » par l'homme et à ses seuls fins, et, s'appuyant sur l'œuvre de Theodor W. Adorno, fait valoir la « fascisation du sujet » par la haine ontologique de l'« animal » kantien :



« Pour un système idéaliste, les animaux jouent virtuellement le même rôle que les Juifs pour un système fasciste, dit-il [Théodor W. Adorno »

— Adorno]. Les animaux seraient les Juifs des idéalistes qui ne seraient ainsi que des fascistes virtuels. Et ce fascisme commence quand on insulte un animal, voire l'animal dans l'homme. L'idéalisme authentique consiste à insulter l'animal dans l'homme ou à traiter un homme d'animal. (...) Adorno ne va pas jusqu'à dire que l'idéaliste insulte l'animal, mais il insulte le matérialiste ou il insulte l'homme en le traitant d'animal, ce qui implique que « animal » est une insulte., L'animal que donc je suis, Jacques Derrida.

La haine idéaliste à l'encontre des animaux (ou plutôt de l'« animal »), correspond pour Derrida au schème d'une même logique, celle de la « haine du Juif (...) haine de la féminité, voire de l'enfance5 ». Prenant appui sur ce dévoilement de la haine de l'« animal » par l'idéalisme, Kant, Jacques Derrida critique d'ailleurs tous les sous-entendus qui attaque « la remise en cause de l'axiomatique humaniste au sujet de l'animal », citant la philosophe Elisabeth de Fontenay (préface aux Trois traités pour les animaux de Plutarque) :



« Manque de chance pour ceux qui n'évoquent la Summa Injuria [allusion à une improbable zoophilie nazie et au soi-disant végétarianisme hitlérien] que pour mieux se moquer de la pitié envers la souffrance anonyme et muette, il se trouve que de très grands écrivains et penseurs juifs de ce siècle auront été obsédés par la question animale : Kafka, Singer, Canetti, Horkheimer, Adorno. Ils auront, par l'insistance de son inscription dans leurs œuvres, contribué à interroger l'humanisme rationaliste et le bien-fondé de sa décision. Des victimes de catastrophes historiques ont en effet pressenti dans les animaux d'autres victimes, comparables jusqu'à un certain point à eux-mêmes et aux leurs. »

— L'animal que donc je suis, Jacques Derrida.

Ainsi, Jacques Derrida insiste sur les « proportions sans précédent de cet assujettissement de l'animal »5 né « de la violence industrielle, mécanique, chimique, hormonale, génétique, à laquelle l'homme soumet depuis deux siècles la vie animale »5, violence à l'encontre des animaux comparée par le philosophe à la Shoah (génocide qui tient son caractère « exceptionnel » du fait qu'il est aujourd'hui encore le seul de type industriel6) :



« De quelque façon qu'on l'interprète, quelque conséquence pratique, technique, scientifique, juridique, éthique, ou politique qu'on en tire, personne aujourd'hui ne peut nier cet événement, à savoir les proportions sans précédent de cet assujettissement de l'animal. (...) Personne ne peut plus nier sérieusement et longtemps que les hommes font tout ce qu'ils peuvent pour dissimuler ou pour se dissimuler cette cruauté, pour organiser à l'échelle mondiale l'oubli ou la méconnaissance de cette violence que certains pourraient comparer aux pires génocides (il y a aussi des génocides d'animaux : le nombre des espèces en voie de disparition du fait de l'homme est à couper le souffle). De la figure du génocide il ne faudrait ni abuser ni s'acquitter trop vite. Car elle se complique ici : l'anéantissement des espèces, certes, serait à l'œuvre, mais il passerait par l'organisation et l'exploitation d'une survie artificielle, infernale, virtuellement interminable, dans des conditions que des hommes du passé auraient jugées monstrueuses, hors de toutes les normes supposées de la vie propre aux animaux ainsi exterminés dans leur survivance ou dans leur surpeuplement même. Comme si, par exemple, au lieu de jeter un peuple dans des fours crématoires et dans des chambres à gaz, des médecins ou des généticiens (par exemple nazis) avaient décidé d'organiser par insémination artificielle la surproduction et la surgénération de Juifs, de Tziganes et d'homosexuels qui, toujours plus nombreux et plus nourris, aurait été destinés, en nombre toujours croissant, au même enfer, celui de l'expérimentation génétique imposée, de l'extermination par le gaz et par le feu. Dans les mêmes abattoirs. (...) Si elles sont « pathétiques », ces images, c'est aussi qu'elles ouvrent pathétiquement l'immense question du pathos et du pathologique, justement, de la souffrance, de la pitié et de la compassion. Car ce qui arrive, depuis deux siècles, c'est une nouvelle épreuve de cette compassion. »

— Jacques Derrida, L'Animal que donc je suis.

Enfin, si Jacques Derrida conçoit la question de l'« animal » comme une réponse à la question du propre de l'« homme », il met ainsi en doute la capacité à ce dernier d'être en droit de se faire valoir toujours aux dépens de l'« animal », alors qu'il semble bien que ce réflexe conceptuel soit, par essence, un préjugé, et non le fruit d'un raisonnement philosophique garant de ce droit :



« Il ne s'agit pas seulement de demander si on a le droit de refuser tel ou tel pouvoir à l'animal (parole, raison, expérience de la mort, deuil, culture, institution, technique, vêtement, mensonge, feinte de la feinte, effacement de la trace, don, rire, pleur, respect, etc. – la liste est nécessairement indéfinie, et la plus puissante tradition philosophique dans laquelle nous vivons a refusé tout cela à l'« animal »), il s'agit aussi de se demander si ce qui s'appelle l'homme a le droit d'attribuer en toute rigueur à l'homme, de s'attribuer, donc, ce qu'il refuse à l'animal, et s'il en a jamais le concept pur, rigoureux, indivisible, en tant que tel. »

— L'animal que donc je suis (p. 185), Jacques Derrida.

La philosophe développe la nécessité philosophique d'un nouveau genre en son sein, « la philosophie animalière », considérant que si la question de l'« animal » a été fuie (ou ignorée) pendant des siècles par les philosophes, elle doit devenir centrale et incontournable, afin que le discours philosophique puisse encore se revendiquer du domaine de la pensée humaine :



« L'animal nous regarde et nous sommes nus devant lui. Et penser commence peut-être là. »

— L'animal que donc je suis (p. 50), Jacques Derrida.


Notes et références


1.↑ Marie-Louise Mallet (dir.), L'Animal autobiographique, Paris, Galilée,‎ 1999, 576 p.
2.↑ Marie-Louise Mallet et Ginette Michaud (dir.), Cahier de l'Herne. Jacques Derrida, Paris, L'Herne,‎ 2004
3.↑ Derrida, foi d'animal, Liberation Mars 2006 [archive]
4.↑ a, b et c http://www.youtube.com/watch?v=Ry49Jr0TFjk [archive]
5.↑ a, b, c, d, e, f, g, h et i Jacques Derrida, L'animal que donc je suis, Paris, Galilée,‎ 2006
6.↑ Le silence des bêtes, Elisabeth de Fontenay, Faillard.
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philippe, philo bac ES





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MessageSujet: Pour être humain, faut-il nier son animalité ?  Posté leDim Jan 18, 2015 7:56 pm Répondre en citant

Que penses tu des publications en réponse à ta demande? Tu n'as encore pas fait de retour sur le forum

As tu une dissertation à faire Very Happy


ps : ce que je t'ai donné est un conseil de lecture en fait.
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pereva





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Messages: 3

MessageSujet: Pour être humain, faut-il nier son animalité ?  Posté leMar Jan 20, 2015 12:50 am Répondre en citant

Merci pour vos pistes de travail.
J'ai bien avancé sur ma dissertation entre mon cours et plusieurs lectures dont certaines soumises par vos soins.
Devoir à rendre jeudi...on verra la note...!

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isabelle Terminale L





Inscrit le: 22 Aoû 2014
Messages: 56

MessageSujet: Pour être humain, faut-il nier son animalité ?  Posté leMar Jan 20, 2015 10:34 am Répondre en citant

pereva a écrit:
Merci pour vos pistes de travail.
J'ai bien avancé sur ma dissertation entre mon cours et plusieurs lectures dont certaines soumises par vos soins.
Devoir à rendre jeudi...on verra la note...!


tu nous mets ton travail dans le forum? Lol
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