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 DU BREVET AU BAC :: SEQUENCE ROMAN :: Quel est le but des oeuvres littéraires?

Quel est le but des oeuvres littéraires?

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Prof de français lycée,
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MessageSujet: Quel est le but des oeuvres littéraires?  Posté leJeu Nov 27, 2014 7:02 pm Répondre en citant

Eléments de dissertation

Les œuvres littéraires ont-elles pour seul but de convaincre ou de persuader?

Comprendre les termes : comprendre le sujet


Œuvres littéraires = satire, apologue, critique, réquisitoire, apologie, pamphlet…

Convaincre = qui fait appel à la raison, champ lexical du rationnel

Persuader = qui fait appel à l’émotion, l’affectivité

Convaincre et persuader sont deux procédés d’argumentation

Les œuvres littéraires ont-elles pour seul but de convaincre ou de persuader? La littérature n’a t’-elle pour but que la confrontation des idées, des convictions? La vocation littéraire serait un simple outil au service d’une idée ayant pour fonction de convaincre ou de persuader?

Dans ce cas les œuvres littéraires ne seraient qu’un moyen, un outil pour propager une idée dans le but d’argumenter : convaincre ou persuader. Les œuvres littéraires n’ont-elles que ce but?



les écrivains appartiennent avant tout à leur époque et à chaque époque les affaires importantes, les causes à défendre, les idéologies évoluent et changent avec les siècles et les mœurs. L’écrivain devient en quelque sorte le témoin de son temps aussi mettent-ils leur art au service d’une cause à combattre, à défendre. La littérature tente ainsi de convaincre ou de persuader à travers les œuvres littéraires des siècles d’écriture mais est-ce son seul but?

L’écrivain doit avant tout faire adhérer le lecteur aux idées mais est-ce seulement dans l’argumentation, convaincre ou persuader que les ouvrages de littérature remplissent ce but?

 

Développement

 

→ La littérature a pour but de convaincre et de persuader.

"Convaincre" s’emploie pour exprimer le fait que l’auteur cherche à amener un lecteur à reconnaître qu’une proposition, qu’un point de vue est véridique, irréfutable. En ce sens la conviction repose essentiellement sur l’exercice de la raison qui avance des preuves.

"Persuader" s’utilise davantage pour dire que l’auteur cherche à faire partager au lecteur son point de vue en jouant sur les émotions, sur la subjectivité, sans forcément utiliser de preuves systématiques.

Un exemple de persuasion, Victor Hugo dans le Dernier jour d’un condamné tente de persuader le lecteur sur le thème de la peine de mort

Le dernier jour d’un condamné est un roman écrit par Hugo sous la forme d’un journal intime fictif; un condamné à mort, dont on ne connaît ni le nom ni la faute, y évoque les dernières heures de son existence.

l’argumentation un texte de Victor Hugo, le dernier jour d’un condamné , le chapitre XXVI en date de 1829.

Un condamné à mort nous fait partager ses derniers instants en mettant l’accent sur la tristesse causée à sa fille de trois ans, Marie.

L’extrait fait plus appel aux sentiments qu’à la raison. Nous partageons en tant que lecteur le désespoir d’un condamné à mort enfermé en prison. La présence de la petite fille du condamné renforce l’aspect affectif du texte. Le lecteur est d’autant plus sensibilisé, « ton père qui t’aimait tant ». Les nombreuses marques de subjectivité « je serai », « me tuer », « je vais mourir » accentuent cette impression de fait vécu avec une suggestion de l’horreur poussée à son paroxysme: « quelque chose d’immonde », « une tête », « un tronc ». Cela permet une certaine généralisation concernant la question de la peine de mort. Cet extrait fait appel aux sentiments du lecteur. Il est rendu encore plus touchant grâce à l’apostrophe à la « petite fille » et aux interjections « O », « oh ». Nous n’avons par conséquent pas le schéma d’un texte organisé au niveau d’un raisonnement logique et d’arguments mis en avant en fonction de connecteurs précis marquant une progression dans une réflexion. L’auteur tente donc de nous persuader plutôt que de nous convaincre puisqu’il fait plus appel à notre cœur qu’à notre raison.

Un exemple d’œuvre littéraire : Réflexions sur la guillotine de Camus. L’argumentation au service d’une cause. Le penseur tente de convaincre le lecteur pour lutter contre la peine de mort
Extrait des réflexions sur la guillotine, 1957
Albert Camus
« Peu avant la guerre de 1914, un assassin dont le crime était particulièrement révoltant (il avait massacré une famille de fermiers avec leurs enfants) fut condamné à mort en Alger. Il s’agissait d’un ouvrier agricole qui avait tué dans une sorte de délire du sang, mais avait aggravé son cas en volant ses victimes; l’affaire eut un grand retentissement…. Quand la suprême justice donne seulement à vomir à l’honnête homme qu’elle est censée protéger, il paraît difficile de soutenir qu’elle est destinée, comme ce devrait être sa fonction, à apporter plus de paix et d’ordre dans la cité. Il éclate au contraire qu’elle n’est pas moins révoltante que le crime et que ce nouveau meurtre, loin de réparer l’offense faite au corps social, ajoute une nouvelle souillure à la première. « 

L’essai camusien est une réflexion objective sur la peine de mort; le texte ne contient aucune marque de subjectivité mais des récurrences de la première personne du pluriel. Nous allons voir que le philosophe cherche à convaincre et non à persuader, il s’adresse à nous avec la raison et non avec le cœur en essayant de susciter en nous émotion, crainte etc.
Dans l’extrait des réflexions de Camus, nous avons une condamnation réaliste de la peine de mort. Il s’agit d’un ouvrier agricole condamné pour meurtres sur enfants et vol; ce texte est destiné à nous convaincre de l’abomination de « ce nouveau meurtre » qu’est la peine de mort d’un homme au-delà même de toute l’indignation que les meurtres commis même sur des enfants suscitent. Ce fait vécu est relaté par Camus à travers la personne de son père d’abord indigné puis révolté par de telles tueries organisées. Nous n’avons aucune marque de subjectivité mais des signes de la première personne du pluriel, « nous avons », « nous définissons » et des impératifs, « admettons ». L’analyse est ponctuée par une série de définitions comme la justice; le premier connecteur « en effet » marque le début d’un raisonnement qui se termine par le dernier connecteur « donc ». Nous avons un réel réalisme de la description, cette « réalité qui se cachait sous les grandes formules », « corps pantelant », « couper le cou ». La cruauté de cet acte rituel est perçu comme aussi révoltant et intolérable que le meurtre commis lui-même. Les deux métonymies le confirment, « nouveau meurtre », « nouvelle souillure ». Elles sont à elles seules dénonciatrices et assimilées à un meurtre consenti, un assassinat. Nous avons donc une dénonciation de cette pratique inhumaine qu’est la peine de mort qui à une valeur d’authenticité car elle est référée à un fait précis, vécu. Nous avons donc à travers cette intention de convaincre, une dénonciation de la peine de mort.



Dans son apologue philosophique, Voltaire, Candide utilise un autre procédé efficace pour convaincre ou persuader : l’ironie. Lorsqu’il veut dénoncer la guerre entre les Abares et les Bulgares il fait valoir l’ironie et souligne l’absurde de la situation. L’ironie fait partie de la stratégie argumentative.

Nous nous retrouvons avec des publics confondus, jeune public, tout public, public spécialisé, et pourtant il existe pour chaque public une stratégie différente pour convaincre. A chaque époque, il y a une sensibilité différente, le 18 ème siècle est friand des démonstrations indirectes et ironiques, des contes philosophiques, à la fin du 19ème siècle, on est plus tourné vers les essais et philosophies positivistes, mais la fable ne passe pas de mode car derrière le récit se cache comme un miracle que l'on n'attend pas, l'enseignement qui fait dire à Gide, "les fables sont un miracle de la culture".
Dans le loup et l'agneau, La Fontaine met en avant la philosophie du plus fort, la raison du plus fort est toujours la meilleure, il nous donne sa vision du monde et rapports de force dans la société. C'est une conception très lucide et juste mais un peu pessimiste. L'affirmation est ainsi concentrée en un seul vers, au présent de vérité générale et renforcée par l'adverbe toujours. Il décrit ainsi le comportement odieux de celui qui, exerce sa violence sur plus faible que lui , prétend la justifier par des arguments spécieux, inverse les rôles et se fait victime pour pouvoir être bourreau.
Le message est à ce niveau philosophique, cela signifie que l'homme est un loup pour l'homme. Seul La Fontaine parvient à véhiculer des idées aussi profondes et existentielles pour l'homme en ayant l'air de raconter une simple histoire anodine. C'est en cela que consiste le miracle. La culture est ainsi sauvegardée dans la mémoire des hommes; Il développe dans cette même fable une argumentation différente pour chaque animal, le loup est ainsi assimilé à un dictateur, interdisant à la population de se plaindre des sévices dont elle est victime. souffre et tais toi. Loup incarne l'homme bien sûr, on retrouve dans la transposition de l'allégorie animale, le monde des hommes, la philosophie à tirer de nos actes. L'argumentation de l'agneau va à l'inverse du loup.

Ainsi qu'il le dit dans sa dédicace à "Monseigneur Le Dauphin" du premier recueil des fables, La Fontaine rappelle le principe qui inspire les fables, "je me sers d'animaux pour instruire les hommes"; Le miracle est réussi. La réussite des fables tient à ce que les animaux sont humanisés, et cette métamorphose s'inscrit dans une logique, ce qui rend les fables encore plus convaincantes.

 

 

Mais les œuvres littéraires n’ont-elles pour but que de convaincre ou persuader?

C’est peut-être en dehors de la stricte argumentation que les écrivains nous aident le mieux à rejoindre leurs causes.

Candide = un conte philosophique qui a la manière d’une fable nous instruit, nous fait réfléchir en nous divertissant.

Nous savons en tant que lecteurs de La Fontaine adultes et enfants que pour éduquer, on a souvent recours à des histoires comme des fables même si elles ont moins de crédibilité aux yeux des adultes en ce qui concerne l'argumentation. La Fontaine tout comme Voltaire ont bien vu l'intérêt de travailler sur de tels récits. La Fontaine pensait qu'une morale seule était ennuyeuse alors conjuguée à un récit, nous retrouvons les deux fonctions de l'apologue, plaire et instruire. L'aspect didactique est ainsi mis en évidence. Tout peut être dit ainsi. Nous pouvons prendre l'exemple du pouvoir des fables, VIII, 4 du fabuliste dans laquelle un orateur tente dans l'antiquité de capter l'attention d'un public distrait, mais en vain et finalement, en leur racontant une histoire, il parvient à se faire écouter. On peut donc convaincre par une histoire car l'histoire est amusante et capte l'attention des lecteurs et auditeurs. La vivacité du récit fait appel au goût pour les histoires, le récit touche un large public et de tous les âges, les fables ne sont donc pas idéales que pour les enfants. Elles permettent l'évasion, admettent le merveilleux, évitent le discours théorique, il n'y a donc pas de ton didactique apparent même si le message suit toujours le récit. Le récit parle à l'imagination, nous pouvons citer, la cigale et la fourmi, avant même de parler à l'esprit et le lecteur suit le récit sans penser à la morale, il se laisse entrainer et surprendre même par la logique du raisonnement. Finalement et paradoxalement, le récit finit par obliger le lecteur à faire un effort d'interprétation, il doit en effet réfléchir et dépasser le récit car lorsqu'il devient critique, c'est la morale

 

 

Enfin certains courants littéraires ont affirmé avec force que la vocation de la littérature n’était pas d’abord de prouver, d’être utile ou morale. Pour des écrivains comme Baudelaire, Mallarmé, Gautier, le Parnasse, le plus souvent des poètes il est vrai, la littérature n’a pas à rechercher l’utilité et l’efficacité mais plutôt la beauté et le plaisir. Pour eux, d’une certaine manière, persuader ou convaincre, c’est avilir l’art.

 

la poésie provoque aussi l'évasion, le rêve. Les poèmes des parnassiens lorsqu'ils évoquent des civilisations disparues, des mondes inconnue, créent cette sorte d'évasion hors du réel. Dans son poème recueillement, Baudelaire contient ce caractère de magie qui apparait dans le décor urbain avec les visions irréelles, immatérielles. La féérie du poème provient de ce dialogue entre le poète et la douleur.

Elle est utile car elle procure du plaisir aux hommes grâce à la beauté qu'elle offre. exemple, les poèmes du parnasse qui tendent à une perfection formelle, c'est l'art pour l'art. On peut ainsi mettre en avant l'émotion esthétique du lecteur. Hérédia dans les Trophées provoque l'émotion au sens d'une réaction plastique, par son travail sur tous les procédés poétiques, les rythmes, les sonorités;
La beauté peut aussi être soulignée par l'aspect épique des descriptions, le caractère merveilleux, par exemple dans les conquérants de Heredia qui nous retrace les exploits des conquistadores et leur caractère merveilleux.
La beauté peut aussi être assimilée à l'évasion, au rêve, par exemple dans les poèmes parnassiens lorsqu'ils évoquent des civilisations disparues, des mondes inconnus, ils créent cette sorte d'évasion hors du réel. On peut aussi citer Baudelaire, sa correspondance qui nous transporte dans un monde parfait ou tous les sens se répondent.
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MessageSujet: Quel est le but des oeuvres littéraires?  Posté leJeu Nov 27, 2014 7:03 pm Répondre en citant

Bonne lecture à tous


Lol Study
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