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Quelle stratégie pour faire adhérer un auditoire? Sujet bac

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Prof de français lycée,
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MessageSujet: Quelle stratégie pour faire adhérer un auditoire? Sujet bac  Posté leJeu Déc 17, 2015 3:10 pm Répondre en citant

Dissertation
Lorsqu'on aborde des notions abstraites ou morales, quelles stratégies vous semblent les plus efficaces pour emporter l'adhésion du lecteur ?
Vous répondrez à cette question en un développement composé, en prenant appui sur les textes du corpus, sur ceux que vous avez étudiés en classe et sur vos lectures personnelles.




CORRIGÉ DE LA DISSERTATION

Voici un plan détaillé dans lequel vous pouvez changer les exemples en fonction de votre expérience personnelle et à partir duquel vous pouvez vous exercer à rédiger quelques parties du devoir.

Introduction
Amorce :
« Moi, j’écris pour agir » (Voltaire)
« As-tu oublié que ton libérateur,
C’est le Livre ? » (Hugo)
« Les livres nous aident à voir, à agir, à vivre » (Claude Roy)
À presque tous les siècles, importance et rôle de la littérature dans l’évolution des idées et des sensibilités des sociétés humaines. Beaucoup d’oeuvres au service de la libération de l’homme dans des luttes concrètes – politiques ou sociales . mise en forme, travail sur le langage et ses procédés, marque d’un texte « littéraire ».
Sujet à traiter : quelles stratégies privilégier pour emporter l’adhésion de son auditoire ?
Problématique : quel rôle pour la littérature dans la soutenance d’une thèse, l’expression d’une opinion ; dans la lutte sociale, politique et philosophique quelle diversité et quelle efficacité des moyens littéraires mis en oeuvre pour
défendre une cause ?
Mise en forme tributaire de choix de stratégie argumentative : convaincre ou persuader ?
Annonce du plan : I. Quelle littérature pour convaincre ? ; II. Quelle littérature pour persuader ? III. Mais un choix est-il possible ? Chacune a ses avantages : il faut tenir compte de certains paramètres : chaque stratégie a
ses limites et, dans le choix, entrent plusieurs facteurs.
I. Quelle littérature pour convaincre ? dans quel contexte ? Convaincre par des arguments.
1. La diversité des genres à « arguments » propres à convaincre
Pour convaincre, de préférence le genre de l’essai, du traité ou du discours ? Ils se prêtent à l’examen méthodique et didactique d’une notion, à l’exposé d’une thèse ; titre en général clair.
a. Les essais
• Variété des domaines (historique, économique, moral, scientifique…).
• Présence de l’auteur, très engagé pour plaider sa thèse (exemples).
b. Les traités
• Variété des domaines (comme pour l’essai)…
• … mais en plus, volonté d’exhaustivité, objectivité (De l’esprit des lois de Montesquieu, Émile de Rousseau, et autres exemples).
c. Les dialogues
• Façon de confronter ses idées dans la vie courante…
• … en littérature, dialogue fictif philosophique, populaire au XVIIIe siècle (Platon ; Diderot, Le Neveu de Rameau…).
d. Les discours
• Ils supposent un destinataire collectif et de l’éloquence.
2. La force et les atouts des genres à « arguments » pour convaincre
a. Clarté, précision et rigueur logique
• Des thèses, des arguments exposés au premier degré.
• Une méthode déductive (exemple).
Exemples : XVIIe : Descartes et Pascal . démarche inspirée par les raisonnements mathématiques (réseau de causes, de conséquences, de concessions, d’oppositions…, pour l’argument du pari).
Forme privilégiée au XVIIIe, questions philosophiques, morales, politiques : Les Pensées de Pascal, L’Émile ou De l’éducation de Rousseau, De l’esprit des lois de Montesquieu, Traité de la tolérance de Voltaire.
XXe siècle : Camus (Réflexion sur la guillotine)…
. Tout cela limite ou même empêche les risques d’erreur d’interprétation de la part du lecteur.
b. Une structure rigoureuse…
• Solidité et logique de la « séquence ». « Thèse / argument(s) / exemple(s).
c. … et une exhaustivité…
L’auteur cherche :
• à être complet, à couvrir la totalité de son sujet (exemples) ;
• à présenter le sujet selon plusieurs perspectives.
d.… qui n’excluent pas l’implication de l’auteur
• La présentation à partir d’arguments n’interdit pas à l’auteur de laisser voir sa subjectivité et donc d’ajouter une dimension personnelle à son argumentation.
• Ce qui peut renforcer l’intérêt du lecteur, provoquer ses réactions (hostiles ou favorables) (exemples).
Plutôt dans une époque de raison (voir au XVIIIe siècle, ou au XXe siècle : esprit rigoureux, logique), et pour un public sensible au raisonnement, aux abstractions. Alors la littérature peut « expliquer », « raisonner ».
Transition : Argumenter, c’est s’adapter à son interlocuteur, tenir compte de sa dualité d’être de raison et d’émotion : recours à des moyens supplémentaires ou autres pour parler à l’imagination de son lecteur.
II. Quelle littérature pour persuader ? dans quel contexte ?
Dans « Le pouvoir des fables », fable de La Fontaine (VIII, 4), un orateur, dans l’Antiquité, essaie de retenir l’attention de son auditoire en multipliant les arguments. Peine perdue ! En leur racontant une histoire, il se fait écouter…
Persuader : agir sur la sensibilité du lecteur ou du public. Pour cela, plusieurs genres et registres.
1. La diversité des genres propres à persuader
a. Les récits de l’apologue pour persuader ; les diverses formes de l’apologue
• Point commun aux apologues : « un récit » (ou une histoire) : le corps du texte et « une morale » : « l’âme » du texte (L’apologue est composé de deux parties, dont on peut appeler l’une le Corps, l’autre l’Âme. Le corps est la fable, l’âme la moralité (préface des Fables).
• Les fables – avec leurs récits remplis d’animaux, d’objets, de végétaux qui se conduisent comme des hommes, composent un monde merveilleux et en même temps réaliste (exemples).
La variété des fables, instrument de satire sociale.
La théâtralité des fables au service d’intentions didactiques et satiriques.
Exemple : La Fontaine montre les travers humains, instrument de satire sociale et politique : Obsèques de la Lionne.
Variété des personnages, vivacité du récit, à l’issue duquel on mesure la cause défendue.
• Les contes philosophiques : récits fictifs, souvent plaisants, action mouvementée avec leçon morale ou philosophique. En divertissant et séduisant, ils abordent des sujets plus sérieux et plus abstraits que ne le laissent attendre leur légèreté et leur fantaisie. Pour soutenir l’intérêt du lecteur et ne pas l’ennuyer, récit sur un rythme allègre et registres variés.
Exemple : XVIIIe siècle : Voltaire (Candide, Zadig).
• Les utopies : description d’un monde idéal qui sert de repoussoir à notre monde, société qu’il critique (exemples).
b. Le dialogue mis en scène
• Le théâtre : cadre idéal à l’argumentation avec dialogue d’idées, vivacité.
Exemples : Marivaux (L’Île des esclaves : une utopie sur scène) ou Beaumarchais : satire du monde politique ou social, donnent la parole aux « opprimés » (femmes, domestiques, esclaves) ; Ruy Blas de Hugo (le peuple opprimé) ; Ubu Roi d’Alfred Jarry ; La guerre de Troie n’aura pas lieu : dialogue qui développe les thèses sur la guerre (Andromaque et sa
défense de la paix) à plaidoyer émouvant.
– Pour Hugo : « Le théâtre est une tribune », l’« histoire » de héros au service des idées libérales de Hugo en faveur du peuple (Ruy Blas).
La force persuasive du théâtre tient à deux facteurs : une réception collective (public), donc une large diffusion, et des idées incarnées par les personnages (acteurs), véritables interprètes de l’auteur.
• Dialogues . débats contestataires (ex. : Fontenelle : Dialogue des morts).
c. La force de la poésie
• C’est par les images et son lyrisme que la poésie, « arme chargée de futur », persuade le lecteur.
Exemples : lyrisme dramatique de Chansons des rues et des bois de Hugo (« Depuis six mille ans la guerre… ») ; tableau épique, sonore et coloré, de la guerre dans « Le Mal » de Rimbaud.
d. L’impact du roman
• Les romanciers font réagir par leur peinture du monde, concrète, qui a autant d’impact que de grands discours.
Exemples : le roman à portée sociale : description de la misère des mineurs par Zola dans Germinal. Humour, fantaisie de Rabelais pour défendre sa conception de l’éducation.
2. La force et les atouts des genres qui persuadent
a. La vivacité d’un récit
• Fait appel au goût pour les histoires : on s’intéresse aux personnages, aux rebondissements, à l’action (exemples).
« Au moment où je fais cette moralité,
Si Peau d’Âne m’était conté,
J’y prendrais un plaisir extrême » (« Le Pouvoir des fables », VIII, 4)
• Touche un large public, lecteurs ou spectateurs de tous âges (les fables – quoi qu’en pense Rousseau –, sont idéales pour les enfants… et les adultes !).
• Permet l’évasion dans d’autres mondes (Eldorado dans Candide).
• Admet le merveilleux (exemples de contes).
• La multiplicité des registres possibles : humour, pathétique, … (exemples).
• Évite le discours théorique ou le limite au minimum ; pas de ton didactique apparent (exemples).
• Au théâtre, la fiction du récit s’impose avec force au spectateur (illusion théâtrale).
• Fait appel aux émotions, à l’affectivité (on s’attache aux personnages).
. Tout cela est plus propre à persuader qu’à convaincre.
b. Le type de « raisonnement » qu’implique le recours au récit : la démarche inductive
De l’exemple à la généralisation, du concret à l’abstrait : la vertu de l’exemple.
• Parle à l’imagination avant de parler à l’esprit.
• Le lecteur suit l’histoire sans penser à la morale : il se laisse entraîner et surprendre par la logique du raisonnement (inductif).
• Il oblige le lecteur à un effort d’interprétation : il doit réfléchir pour « traduire » le récit (exemples).
• Lorsqu’il est critique, on admet aisément la critique dans un autre monde : la transposition dans notre monde nous est imposée (notamment dans le recours à l’utopie).
• Il sert de masque pour se défendre de la censure.
. On a donc vu que chaque auteur choisit le genre, le registre, les procédés qu’il pense les plus aptes à convaincre ou persuader.
III. Quelle stratégie choisir ?
1. Chacune de ces stratégies n’a-t-elle pas des limites ?
a. Les limites des textes à « arguments » pour convaincre
• Les traités et même les essais sont parfois bien arides, voire indigestes.
• Ils réclament un public averti, cultivé et donc touchent un lectorat limité.
b. Les limites du récit ou de « l’histoire » et de la poésie pour persuader
• Simplification excessive par le récit allégorique d’une réalité complexe.
• Risque d’interprétation erronée du récit ou de la pièce (dans le cas du théâtre) par un lecteur peu averti (enfant, par exemple ; cf. les réserves de Rousseau qui pense que les fables ne conviennent pas aux enfants et qu’elles sont amorales : ils admirent le Renard qui trompe le Corbeau, ou approuvent la Fourmi qui repousse la Cigale).
• Séduction excessive du récit qui fait passer la « morale » à l’arrière-plan ou même l’occulte complètement.
c. La difficulté à « interpréter » dans certaines stratégies
• Difficulté à « interpréter », notamment la poésie.
• Difficulté à saisir l’implicite et l’ironie.
– Implicite et humour parfois difficiles à saisir.
Exemple : les fables. Rousseau met en garde contre la lecture par les enfants des fables de La Fontaine : morale implicite . souvent mal interprétée par l’enfant (qui ne tire pas la « bonne » leçon).
– L’ironie demande recul et expression.
Exemple : ironie des textes du XVIIIe siècle (« De l’esclavage des Nègres », dans De l’esprit des lois ; Montesquieu feint d’y prendre le point de vue d’un esclavagiste).
2. Un choix qui dépend de certains facteurs
Cependant, l’efficacité des textes littéraires ne dépend-elle pas de certaines conditions ?
Lecture : activité isolée . difficulté pour apprécier l’impact d’un texte sur un individu.
Pour être efficace, tenir compte de certains paramètres.
a. Tenir compte des spécificités des genres et des conditions d’écriture et de réception
• Le public que l’on vise à une époque donnée
– Nécessité d’adapter le genre et le registre au public visé, aux circonstances de réception. Jeune public ? tout public ? public « spécialisé » ? Pour chaque public, une stratégie différente pour convaincre.
Exemple : même mise en scène du Mariage de Figaro accueillie et comprise différemment par un public d’adolescents sans expérience du théâtre, en matinée scolaire, et par un public adulte d’abonnés aux soirées de spectacles.
– À chaque époque, une sensibilité différente : le XVIIIe siècle, brillant, léger, apprécie les démonstrations indirectes et ironiques des contes philosophiques ; la fin du XIXe siècle, scientiste et positiviste, se reconnaît dans des
essais fouillés et argumentés.
Exemple : Voltaire et son choix des contes philosophiques, mieux adaptés à un public diversifié.
• La personnalité de l’auteur
– Un auteur fantaisiste, ayant le goût d’une certaine créativité prendra plaisir à convaincre par « une histoire ».
– Un écrivain plus grave, plus soucieux de donner de lui l’image d’un penseur sérieux, préférera argumenter.
b. Pour être écouté, compris et suivi, un auteur peut jouer sur les deux tableaux
La plupart des oeuvres les plus efficaces recourent aux deux « méthodes ».
• Montesquieu est l’auteur des Lettres persanes (roman épistolaire fictif qui fait la satire humoristique des moeurs mais aussi du pouvoir politique et religieux de son temps) et de De l’esprit des lois, traité de sociologie et de
philosophie politiques.
• Les philosophes du XXe siècle, Sartre et Camus, développent leurs idées dans des essais très argumentés mais relativement ardus – mais ils mettent aussi leurs idées en scène dans des pièces vues par un large public : Les Mouches et Huis clos (Sartre), Caligula et Les Justes (Camus).
Conclusion
Convaincre, persuader… un phénomène au coeur des rapports humains, qui consiste à ne pas forcer ou obliger, mais à obtenir l’adhésion, l’accord de son interlocuteur.
Une telle importance que dans l’Antiquité, une grande partie de l’éducation était consacrée aux techniques rhétoriques : le jeune qui voulait faire carrière dans le politique, exercer des responsabilités dans la cité, devait maîtriser toutes les techniques les plus variées de l’art oratoire et de la persuasion, en recourant aussi bien aux « histoires » qu’aux arguments directs. Il en va de même de nos jours.
_________________
Professeur de français, lycée
Intervenant, professeur de français


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