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 DU BREVET AU BAC :: LECTURES ANALYTIQUES ET COMMENTAIRES :: Scarron, Roman comique, l'entrée dans un roman,incipit

Scarron, Roman comique, l'entrée dans un roman,incipit

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MessageSujet: Scarron, Roman comique, l'entrée dans un roman,incipit  Posté leMar Jan 08, 2013 5:18 pm Répondre en citant

Etude de l'incipit du roman comique de Paul Scarron



Le Roman comique est une oeuve de Paul Scarron dont la première partie fut publiée en 1651 et la seconde en 1657.

Le roman débute par l'arrivée d'une troupe de comédiens au Mans et raconte leurs aventures rocambolesques dans la ville

Théophile Gauthier s'inspira du Roman comique dans Le Capitaine Fracasse qui raconte aussi les aventures d'une troupe de comédiens.



Chapitre premier : Une troupe de comédiens arrive dans la ville du Mans (incipit du roman)



Le soleil avait achevé plus de la moitié de sa course et son char, ayant attrapé le penchant du monde (1), roulait plus vite qu'il ne voulait. Si ses chevaux eussent voulu profiter de la pente du chemin, ils eussent achevé ce qui restait du jour en moins d'un demi-quart d'heure ; mais, au lieu de tirer de toute leur force ils ne s'amusaient qu'à faire des courbettes, respirant un air marin qui les faisait hennir et les avertissait que la mer était proche, où l'on dit que leur maître se couche toutes les nuits. Pour parler plus humainement et plus intelligiblement, il était entre cinq et six quand une charrette entra dans les halles du Mans. Cette charrette était attelée de quatre boeufs fort maigres, conduits par une jument poulinière dont le poulain allait et venait à l'entour de la charrette comme un petit fou qu'il était. La charrette était pleine de coffres, de malles et de gros paquets de toiles peintes qui faisaient comme une pyramide au haut de laquelle paraissait une demoiselle habillée moitié ville, moitié campagne.

Un jeune homme, aussi pauvre d'habits que riche de mine, marchait à côté de la charrette. Il avait un grand emplâtre sur le visage (2), qui lui couvrait un oeil et la moitié de la joue, et portait un grand fusil sur son épaule, dont il avait assassiné plusieurs pies, geais et corneilles, qui lui faisaient comme une bandoulière au bas de laquelle pendaient par les pieds une poule et un oison qui avaient bien la mine d'avoir été pris à la petite guerre (3). Au lieu de chapeau, il n'avait qu'un bonnet de nuit entortillé de jarretières de différentes couleurs, et cet habillement de tête était une manière de turban qui n'était encore qu'ébauché et auquel on n'avait pas encore donné la dernière main. Son pourpoint (4) était une casaque de grisette (5) ceinte avec une courroie, laquelle lui servait aussi à soutenir une épée qui était aussi longue qu'on ne s'en pouvait aider adroitement sans fourchette (6). Il portait des chausses troussées à bas d'attache, comme celles des comédiens quand ils représentent un héros de l'Antiquité, et il avait, au lieu de souliers, des brodequins à l'antique (7) que les boues avaient gâtés jusqu'à la cheville du pied.

Un vieillard vêtu plus régulièrement, quoique très mal, marchait à côté de lui. Il portait sur ses épaules une basse de viole (Cool et, parce qu'il se courbait un peu en marchant, on l'eût pris de loin pour une grosse tortue qui marchait sur les jambes de derrière. Quelque critique murmurera de la comparaison, à cause du peu de proportion qu'il y a d'une tortue à un homme ; mais j'entends parler des grandes tortues qui se trouvent dans les Indes et, de plus, je m'en sers de ma seule autorité. revenons à notre caravane.




Paul SCARRON, Le roman comique 1651 – 1655







Au XVII siècle, les codes du genre du roman de sont pas encore très définis, et on aime imiter les récits héroïques de l’Antiquité ou du moyen-âge. Certains écrivains vont parodier ces romans épiques pour faire rire. Ainsi Scarron met en scène une troupe de comédiens ambulants. Dans cet extrait qui est l’incipit la troupe de comédiens arrive dans la ville du Mans et ainsi les personnages et acteurs se confondent dans une mise en scène dynamique et amusante. Nous pouvons examiner l’originalité de cet incipit dans cette scène en étudiant tout d’abord l’entrée dans l’univers du roman, l’entrée en scène des personnages et pour finir l’univers théâtrale.



I – Entrée dans l’univers du roman


1) On situe l’action par rapport au soleil. ( ref à Apollon ; mythologie). Cadre temporel indiqué, mais de façon particulière : registre épique ; personnification du soleil qui a une ref mythologique au char d’Apollon. Indication temporelle curieuse : Chevaux> char… = registre épique. On est pas dans une vraie épopée. C’est donc bien un contexte parodique dont le but est de faire rire. De plus les 5 premières lignes appartiennent au registre épique, mais comme la sixième reprend l’info « il était 5/6 heure »( propos clairs) on quitte l’épopée ( domaine des Dieux) on est effectivement dans la parodie. Nous avons un thème antique pour faire rire. « Dans les Halles du Mans » on bascule dans le quotidien ré.. ?

2) « Char » /« charrette » : Parodie de la charrette ref qql chose de petit ; au début « char » connotation épique , héroïque en opposition avec la connotation comique et petit de la charrette. (moyen de transport populaire, triviale conduit par des bœufs ( « fort maigres » adverbe « fort » marque l’intensité) et des chevaux (symbole de noblesse). Le char était une course noble dans le ciel, or nous sommes dans les halls du Mans ( lieu populaire), encore élément parodique. L.24/25 comparaison brodequins du jeune homme qui évoque les cothurnes des acteurs, évocation de la basse vide du vieillard qui est un instrument qui accompagne les intermèdes musicaux pendant les représentations théâtrales. L’arrivée de la petite troupe de comédiens est en soi une troupe de comédie sur fond des halls du Mans. Les personnages entrent en scène dans des costumes inattendus pour un spectacle imprévisible pouvant tenir de la farce, tragédie.



II – L’entrée en scène des personnages :

3) L.12 « une demoiselle » ; « un jeune homme » L.13 ; « un vieillard » L.27 : article indéfini répété 3 fois. Ils sont désignés de la façon la plus neutre possible. Cela correspond à un regard extérieur. Le narrateur est externe, pas omniscient ce qui aide à préserver l’anonymat des personnages. Dans leur apparition, « la demoiselle » est habillée entre ville et campagne (connotation +), « jeune homme » est misèreux mais a une bonne mine, « un vieillard » est « vétu plus regulièrement quoi que très mal » ( connotation - ). On a des personnages principaux du théâtre de l’époque (mise

en relation immédiate) avec le titre et le thème du chapitre. Les trois personnages correspondent aux rôles convenus de la comédie. C’est-à-dire un jeune couple amoureux et le vieillard qui s’oppose à leur projet= cliché.

4) Le jeune homme : 13 lignes à le décrire. C’est le portrait le plus développé ( de haut en bas). Personnage le plus décrit, son portrait est très construit car on peut du visage jusqu’aux pieds. Nous avons une énumération de chaque partie du corps qui donne lieu sur les vêtements ou les accessoires. Vêtements en piteux état, accessoires qui nous renseignent sur ses activités qui ont précédé le début de l’histoire : oiseaux avec fusils à l’épaule, mais on ne chasse pas le pigeon ni de corneilles, et ni avec un fusils =braconnage aussi souligné par ces animaux non nobles. L’emplâtre sur le visage que d’un côté accentue le côté comique, cache des traces de coups, il ne souhaite pas être reconnu, ou trace de maquillage. ( doit attirer attention du lecteur). « souliers crottés » : il a donc battu la campagne de tous les temps. Tous ses vêtements traduisent l’extrême pauvreté de la petite troupe.

5) « Pour parler plus humainement et plus intelligiblement » interpelle le lecteur L.30 . Cela instaure une grande proximité et il en fait son complice et en même temps souligne sa liberté de ton et lui donne sa règle du jeu. Le narrateur semble vouloir partager avec le public un regard amusé sur la narration. Epique au burlesque.

6) Dès le titre du chapitre le lecteur sait qu’il va entrer dans l’univers théâtral (le couple, le vieillard, les vêtements, et accessoires décris). Chacun des personnages est vêtu comme les rôles qu’ils peuvent interpréter. Jeune demoiselle en habits de campagne et de ville, comme une bourgeoise ou une servante, et grâce au décor L.11 : « moles, coffres, gros paquets de toiles peintes ».

.Conclusion

L'arrivée de la petite troupe de comédiens est en soi une comédie. Les personnages entrent en scène dans des costumes imprévus pouvant tenir à la fois de la farce et de la tragédie
_________________
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