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 DU BREVET AU BAC :: LECTURES ANALYTIQUES ET COMMENTAIRES :: V. Hugo, commentaire A une jeune fille, étude 2sde

V. Hugo, commentaire A une jeune fille, étude 2sde

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MessageSujet: V. Hugo, commentaire A une jeune fille, étude 2sde  Posté leMer Mar 27, 2013 7:56 pm Répondre en citant

Victor Hugo, A une jeune fille


Sujet : vous ferez le commentaire du texte suivant.




A une jeune fille





Vous qui ne savez pas combien l'enfance est belle,
Enfant ! n'enviez point notre âge de douleurs,
Où le coeur tour à tour est esclave et rebelle,
Où le rire est souvent plus triste que vos pleurs.

Votre âge insouciant est si doux qu'on l'oublie !
Il passe, comme un souffle au vaste champ des airs,
Comme une voix joyeuse en fuyant affaiblie,
Comme un alcyon sur les mers.

Oh ! ne vous hâtez point de mûrir vos pensées !
Jouissez du matin, jouissez du printemps ;
Vos heures sont des fleurs l'une à l'autre enlacées ;
Ne les effeuillez pas plus vite que le temps.

Laissez venir les ans ! Le destin vous dévoue,
Comme nous, aux regrets, à la fausse amitié,
A ces maux sans espoir que l'orgueil désavoue,
A ces plaisirs qui font pitié.

Riez pourtant ! du sort ignorez la puissance
Riez ! n'attristez pas votre front gracieux,
Votre oeil d'azur, miroir de paix et d'innocence,
Qui révèle votre âme et réfléchit les cieux !




Victor HUGO, recueil Odes et ballades, 1826.




Commentaire de Lisa C. :


Le romantisme est le principal mouvement littéraire du XIXème siècle. Il est caractérisé par l’utilisation de certains thèmes comme le passage du temps, l’expression de sentiments intimes et intenses ou le rapport entre les sentiments humains et leur projection sur la nature, abordés dans les textes et surtout dans les poésies romantiques. Victor Hugo, considéré comme le plus grand auteur romantique, a écrit, en 1826, le recueil Odes et Ballades duquel est tiré le texte à commenter. « A une jeune fille » est un poème qu’Hugo dédie « à une jeune fille » comme le montre le titre, mais qui s’adresse de manière générale à tous les jeunes, à tous les enfants. Dans le texte on retrouve des éléments exprimant un lyrisme omniprésent ainsi qu’une multitude de procédés stylistiques évoquant la fuite du temps.



Tout au long du poème, Hugo exprime ses sentiments les plus intimes par rapport à la jeunesse et le passage à l'âge adulte. Tout d’abord on retrouve une vraie valorisation de cette période de la vie, le poète cherche à partager ses pensées avec le lecteur et à lui faire comprendre à quel point l’enfance est une période facile, d’insouciance, de laquelle il faut profiter. On retrouve en effet au vers 5 : « âge insouciant », et au vers 1 l’expression « combien l’enfance est belle ».
On remarque aussi l’utilisation de la métaphore comparant les « heures », les moments de jeunesse, à « des fleurs […] enlacées » (v.11), évoquant ainsi le fait que, comme des fleurs, les heures s’ « effeuille[nt] ». Aux vers 5, 6,7 et 8 on peut voir la figure de style qui compare « l’âge insouciant » à un « souffle au vaste champ des airs » et à un « alcyon sur les mers » : l’utilisation d’un rythme ternaire renforce l’image donnée à l’enfance, la beauté que l’on cherche à expliquer à travers cette expression des sentiments.
Afin de faire comprendre son point de vue, l’auteur utilise en outre beaucoup d’exclamations et d’impératifs, ce qui fait presque passer les conseils qu’il donne à travers l’épanchement de ses sentiments pour des ordres. On retrouve l’interjection « Oh ! » (v.2) et l’adresse très directe au destinataire « Enfant ! » (v.2), les impératifs « n’enviez point » (v.2), « ne vous hâtez pas » (v.9), puis l’anaphore de « Riez » (v.17 et 1Cool et de « jouissez » (v.10). Le poète cherche à persuader, à convaincre l’enfant de suivre ses conseils et de profiter de sa jeunesse par l’utilisation d’impératif et d’interjections, ces dernières étant typiques du registre lyrique car elles expriment bien les sentiments.
De plus, on remarque que la dévalorisation de la période adulte est bien exprimée par le poète, à travers l’utilisation d’un champ lexical plutôt négatif. En effet, il qualifie cette période d' « âge des douleurs » (v.1) où le « cœur […] est esclave et rebelle » (v.2). C’est selon lui l’âge des « regrets » (v.14), et de la « fausse amitié » (v.14), des « maux sans espoir » (v.15). L’oxymore qui se trouve au vers 4, « le rire est souvent plus triste que vos pleurs », met en évidence un effet de contraste, d’opposition entre « rire » et « pleurs », la « tristesse ». Il peut être interprété dans le sens d’une réelle contradiction entre l’âge insouciant de l’enfance auquel on associe les « rire[s] » et l’âge adulte, difficile, auquel sont associés « pleurs » et « tristesse ». Ces sentiments sont cependant caractéristiques de l’expression de sentiments négatifs, d’un lyrisme malheureux.



L’expression du lyrisme malheureux est due à plusieurs causes, dont la principale est le passage et la fuite du temps. Tout d’abord, on peut parler du temps qui passe inexorablement, sans que rien puisse l’arrêter. On ne peut agir sur le temps, il faut donc profiter du moment présent, de la jeunesse, de la vie. Hugo exprime très bien cette pensée à travers des procédés tels que l’alternance du champ lexical du temps et du destin, avec les mots « âge » (v.2), en anaphore au vers 5, ou les « heures » (v.11) qui passent trop « vite » (v.12). Le « temps » (v.12) ne s’arrête pas et nous entraîne vers la vieillesse à cause du « sort » (v.17), du « destin » (v.10). On retrouve ajouté au mot « sort » le nom « puissance », qui renforce l’idée de fuite du temps, menant vers un destin invincible, irrémédiable, fatal. Cet enchaînement inéluctable peut évoquer la présence de registre tragique dans ce poème.
On perçoit en outre tout au long du poème une réelle fuite du temps, illustrée par des procédés tels que l’allitération en [r] aux vers 2, 3,4 (« notre » ; « douleurs » ; « cœur » ; « tour à tour » ; « rebelle » ; « rire » ; « pleurs ».). Cette sonorité très dure montre les sentiments de douleur, de souffrance, de difficulté auxquels sont confrontés le poète et l’homme d’un point de vue plus général. On remarque aussi l’évocation des difficultés que l’on a à l’âge adulte, des complications, des « regrets » ou des « maux sans espoir », comme cela est dit aux vers 14 et 15, qui nous attendent avec le passage du temps. Ainsi on est emportés vers un sort qui nous est destiné, et que l’on ne peut contrôler. Le temps passe, fuit, et nous n’y pouvons rien. Cette pensée renforce le registre tragique relevé auparavant.



Après l’analyse de ce texte, on peut affirmer qu’il appartient au mouvement romantique puisqu’il reprend différents thèmes typiques de ce courant littéraire. Tout en étant le chef de file du romantisme, Victor Hugo est contemporain de bien d’autres auteurs romantiques. Nous pouvons par exemple citer Gérard de Nerval, ou bien Alphonse de Lamartine, ainsi que F.R. de Chateaubriand, qui expriment leurs sentiments dans des poèmes comparables à « A une jeune fille ».




Lisa C., 2nde section internationale, lycée international de Valbonne Sophia-Antipolis, janvier 2007.




Commentaire de Wilfred S. :






Le romantisme est un mouvement littéraire prédominant. Il est important au point de constituer un courant clé à l’échelle de l’histoire de la littérature. Il se développe au cours de la première moitié du XIXème siècle. "A une jeune fille" accompagne donc l’apogée du romantisme. Ce poème est rédigé dans le recueil "Odes et ballades", en 1826 par Victor Hugo. Ce dernier est le plus grand auteur, dramaturge et poète romantique français. Il siège parmi l’élite des écrivains les plus fameux. Dans cet extrait, le poète s’adresse à une jeune fille. Il exprime des sentiments personnels puis il devient peu à peu le mentor de la personne à qui il s’adresse. Le poète lui reproche d’être empressée et de ne point savourer l’instant présent. Par conséquent, le poème se caractérisera par des émotions intenses. Le poète tentera de conscientiser le destinataire par le biais de passages allégoriques, ayant un impact significatif. Ces passages attribueront à cette poésie un aspect lyrique. Le temps imparti à l’existence est jugé trop fugitif par le poète. De ce fait, ce dernier fera de la fuite du temps une thématique principale de cet extrait.



Tout d’abord, il y a dans ce poème une dimension lyrique qui domine. Nous pouvons repérer de multiples expressions de sentiments personnels telles que : "[envie]", "douleurs" (v.2), "cœur" (v.3), "rire", "triste", "pleurs" (v.4), "doux" (v.5) exprimant la douceur, le bien-être mais aussi le mal-être qui peut être éprouvé, avec les termes "joyeux" (v.7), "jouissez" (v.10), "plaisirs" (v.16), "n’attristez", "gracieux" (v.1Cool par exemple. La ponctuation forte est également révélatrice du souci de l’auteur d’exprimer ce qu’il ressent : "Oh ! [...] riez !" (v.17 et 1Cool et enfin "les cieux !" (v.20). Le champ lexical des émotions s’allie à une ponctuation forte, riche en exclamations. Ces procédés caractérisent donc à merveille le registre lyrique.

Par ailleurs, les sonorités en [r] témoignent de la douceur, de la caresse de la beauté d’un âge peu avancé, illustré avec "enfant" (v.2) mais paradoxalement de la douleur de la même façon. Cette allitération est particulièrement opportune car elle unit deux émotions opposées, formant un ensemble mitigé. Ces sons amplifient la tonalité lyrique trouble avec "notre [...] douleur", (v.2) "cœur tour à tour [...] rebelle" (v.3), "mûrir" (v.9), "votre oeil azur, miroir" (v.19). De façon implicite, ces sonorités véhiculent le lyrisme intense que l’écrivain entend transmettre.

Néanmoins, la tonalité négative émise dans le premier quatrain ne révèle pas la vraie nature de sa suite. Le poème est plutôt optimiste, car le lyrisme malheureux se dilue à la fin sur un symbole : le ciel, avec "les cieux" (v.20). Hugo dépeint le ciel avec une couleur "azur" (v.19), signe de quiétude morale, car il montre que ses conseils peuvent y mener.



A la manière du lyrisme, l’écoulement du temps est caractérisé par une idée fondamentale, érigée par un grand philosophe, du nom d’Epicure. Hugo invite la jeune fille à profiter du moment présent, à ne pas se soucier de l’avenir avec "ne vous hâtez point" (v.9). Le poète fait usage des impératifs comme "jouissez" (v.10) mis en anaphore. Ce martèlement obsessionnel qu’on retrouve avec "où" (v.3 et 4) et "riez" (v.17) met du rythme dans la poésie et insiste sur la célèbre notion de "carpe diem" (cueille le jour) que l’on doit à Epicure. Il y a donc une trace d'intertextualité avec "Le Lac", de Lamartine. Il insiste sur la nécessité de profiter de l’instant présent, car on ne sait pas de quoi est fait demain.

On retrouve fréquemment le champ lexical du temps avec, par exemple : "âge" (v.2), "heures" (v.14), "plus vite que le temps" (v.15) et "ans" (v.16). Les métaphores sont très également très présentes, comme le "souffle" du temps et le vol de l’alcyon, le "matin" comme moment éphémère de la vie, "le printemps" dont il faut profiter, symbolisant l’amour. Les fleurs sont aussi des allégories du temps, elles sont précieuses, il faut les savourer sachant que leur beauté et leur éclat n’est pas éternel. Des sonorités sont associées aux allégories, les phonèmes [v] et [f] qui sont des consonnes douces avec "vous", "savez", "enfance", (v.1) "enfant", "enviez", (v.2) "esclave", (v.3) "souvent", (v.4) "souffle au vaste" (v.6), par exemple. Ces sonorités imitent la douceur et le vol du temps, représenté par l’alcyon, et le phonème [s] imitant le souffle du vent, et, par le même biais, le souffle du temps. Le poète accentue cette idée avec une formule comparative "comme" (v.6,7,Cool mis en anaphore.



Dans ce poème s’intitulant "A une jeune fille", Victor Hugo dépeint des caractéristiques primordiales mises au service du romantisme. Les thématiques de la fuite du temps et du lyrisme sont agencées très adroitement, illustrées par la propre expérience du poète. Ces dernières sont éclaircies par de nombreux procédés stylistiques. A l’instar d' Alphonse de Lamartine, Gérard de Nerval ou encore Alfred de Vigny, Victor Hugo transcrira des poèmes aux tonalités lyriques, réjouies ou éplorées dans un cadre qui concernera le temps, ou la nature.





Wilfred S., 2nde section internationale, lycée international de Valbonne Sophia-Antipolis, janvier 2007.




http://www.ac-nice.fr/lettres/civ/articles.php?lng=fr&pg=29
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