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 DU BREVET AU BAC :: LECTURES ANALYTIQUES ET COMMENTAIRES :: V. Hugo, Ecrit sur le tombeau d'un petit enfant au bord ....

V. Hugo, Ecrit sur le tombeau d'un petit enfant au bord ....

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MessageSujet: V. Hugo, Ecrit sur le tombeau d'un petit enfant au bord ....  Posté leJeu Mar 28, 2013 3:13 pm Répondre en citant

Écrit sur le tombeau d'un petit enfant au bord de la mer







Vieux lierre, frais gazon, herbe, roseaux, corolles ;
Église où l'esprit voit le Dieu qu'il rêve ailleurs ;
Mouches qui murmurez d'ineffables paroles
À l'oreille du pâtre assoupi dans les fleurs ;

Vents, flots, hymne orageux, choeur sans fin, voix sans nombre ;
Bois qui faites songer le passant sérieux ;
Fruits qui tombez de l'arbre impénétrable et sombre,
Étoiles qui tombez du ciel mystérieux ;

Oiseaux aux cris joyeux, vague aux plaintes profondes ;
Froid lézard des vieux murs dans les pierres tapi ;
Plaines qui répandez vos souffles sur les ondes ;
Mer où la perle éclôt, terre où germe l'épi ;

Nature d'où tout sort, nature où tout retombe,
Feuilles, nids, doux rameaux que l'air n'ose effleurer,
Ne faites pas de bruit autour de cette tombe ;
Laissez l'enfant dormir et la mère pleurer !




Victor HUGO (1802-1885), recueil Les rayons et les ombres (1840).




Devoir de Lauriane S. :







Au XIXème siècle s’imposa un mouvement littéraire et culturel : le Romantisme. Celui-ci s’opposait aux idées très cadrées du Classicisme et prônait l’expression des sentiments, notamment grâce à l’emploi du lyrisme. Victor Hugo fut l’un des fondateurs de ce mouvement, comme Alphonse de Lamartine ou encore Chateaubriand. Apprécié comme étant le plus illustre auteur de la langue française, il est l’auteur du recueil de poésies Les Rayons et Les Ombres, dont est extrait le texte « Ecrit Sur Le Tombeau D’Un Petit Enfant Au Bord De La Mer » que nous allons commenter. Dans ce texte, la Nature est omniprésente et Victor Hugo met en parallèle la pérennité de la Nature et la mortalité de l’Homme.



Lors de la lecture d’« Ecrit Sur Le Tombeau », il apparaît clairement que Victor Hugo s’adresse à la Nature et plus précisément à la multitude d’éléments qui la composent. En effet, le poème met en valeur la grandeur de la Nature. On peut observer notamment des énumérations de substantifs au vers 1 : « lierre », « gazon », « herbe », « roseaux », « corolles » ; au vers 5 : « vents, flots, [...] orageux » ainsi qu’au vers 14 : « feuilles, nids », « rameaux », « air », tous en rapport avec la Nature. Hugo emploie ainsi des noms tout au long du texte, comme « mouches » (v. 3), « Bois » (v. 6), « oiseaux » et « vague » (v. 9) ou encore l’anaphore de « nature » au vers 13, qui prouve une indéniable insistance sur l’importance de celle-ci tout au long du poème. Trois des quatre éléments sont également cités, comme le « ven[t] » (air) au vers 5, la « mer » (eau) au vers 12 ainsi que la « terre » au même vers. La présence de la Nature est donc indéniablement une grande thématique de ce poème.
De plus, la Nature ici évoquée est heureuse, paisible, calme. Les mots « corolles » (v. 1), « assoupi » (v. 4), « songer » (v. 6), « cris joyeux » (v. 9) ainsi que « doux rameaux » et « effleurer » au vers 14 font en sorte que le poème dégage un sentiment général de paix et de quiétude. Cela est renforcé par l’allitération en [l] présente dans les strophes une, deux et trois comme l’attestent les mots « Eglise », « l’ », « le », « il » (v. 2), « l’ », « impénétrable » (v. 7), « la perle éclot » et « l’ » (v. 12). Cette sonorité évoque un ruisseau, une mer calme et se fait l’analogie d’une Nature sereine. On remarque aussi l’assonance du son « er » ou « air » aux strophes deux, trois et quatre, prouvée par les termes « mystérieux » (v. Cool, « mer », « perle », « terre », « germe » (v. 12) et « air » au vers 14. Cette assonance donne une caractéristique aérienne et légère au texte, comme le serait un souffle d’air sur une Nature apaisée.
Enfin, Victor Hugo montre que de même que tout naît de la Nature, de même tout y meurt. Au vers 12 on remarque un parallélisme de construction constitué d’un élément (« mer » puis « terre ») et d’un verbe synonyme de naissance (« éclot » puis « germe »). Ce parallélisme, renforcé par une césure à l’hémistiche met en valeur l’apparition de la vie au sein de la Nature. On retrouve la même structure au vers 13 avec, de part et d’autre de la césure à l’hémistiche, « nature », « tout » ainsi qu’une antithèse formée par les verbes « sort » qui évoque la naissance puis « retombe » qui représente la mort. Hugo montre alors la cyclicité de la Nature, qui n’est constituée que de naissances et de morts successives.




Cette cyclicité évoquée pour la Nature n’est autre que celle du temps. Ce poème fait l’objet d’une très forte opposition entre une Nature pérenne, éternelle, face à l’Homme, mortel et éphémère. Tout d’abord, Victor Hugo personnifie la Nature afin de mieux pouvoir la comparer à l’Homme, selon l’exemple du vers 3 : « mouches qui murmurez », du vers 11 : « plaines qui répandez vos souffles » ainsi que du vers 14 : « que l’air n’ose effleurer ». La Nature est ainsi ramenée à l’échelle humaine, grâce aussi à la métaphore du vers 5 : les vents et les flots sont comparés à un hymne, un chœur, une voix. Les alexandrins permettent au poète d’appliquer à la Nature la caractéristique lente du temps, car ce sont des vers amples et traînants. La thématique de la pérennité de la Nature est présente jusque dans la structure même du poème.
Enfin, des oppositions sont présentes tout au long du poème, démontrées par les antithèses du vers 1, « vieux » et « frais », et du vers 6 « songer et sérieux » (accentué par une diérèse), du vers 9 « cris joyeux » et « plaintes profondes » (accentué par une césure à l’hémistiche) et du vers 13 où « tout sort » et « retombe », ainsi que du vers 12, « mer » et « terre ». Cela est renforcé par l’oxymore « ineffables paroles » du vers 3 et l’opposition entre « tombeau d’un petit enfant », qui est mort dans sa jeunesse, et la « mer », qui ne "mourra" jamais, puisqu’elle est éternelle. Le dernier vers concentre aussi les principales oppositions du poème avec l’enfant mort, et la mère vivante.



Ce poème oppose la Nature avec la mortalité de l’Homme et l’éternité du temps. Il reflète la personnalité de Victor Hugo, un des pionniers du Romantisme, en opposition avec le Classicisme. De plus, cette personnalité contradictoire, dans le sens où Hugo se défait des conventions pour créer un genre nouveau, est présente dans ses œuvres puisque le recueil lui-même évoque une forte antithèse : Les Rayons et Les Ombres, comme la confrontation de la lumière et de l’obscurité, les mille facettes et paradoxes du monde dans lequel nous vivons.



Lauriane S., 2nde section internationale, lycée international de Valbonne Sophia-Antipolis, mars 2009.




Devoir de Julie T. :





Le romantisme est un mouvement culturel et littéraire largement répandu au XIX ème siècle. . Les auteurs romantiques essayaient d’échapper au « mal du siècle », caractérisé par les attentes déçues de la révolution française et l’effondrement de l’Empire napoléonien, au travers du rêve, de l’imaginaire, de l’expression de sentiments intenses et intimes. Victor Hugo s’est particulièrement distingué dans ce mouvement, notamment avec son recueil Les rayons et les ombres (1840) dont est « Ecrit sur le tombeau », poème rédigé alors que l’auteur était encore âgé de 38 ans. Dans ce poème, la nature et la projection des sentiments sur celle-ci sont deux thèmes récurrents.



Dans un premier temps, on est frappé par l’omniprésence de la nature tout au long du texte. Le champ lexical de la nature est d’ailleurs réparti de manière uniforme tout au long du texte : aussi bien au vers 1 : « vieux lierre » ; « frais gazon » ; « roseau », qu’au vers 7 : « arbres » ; « fruits », ou encore au vers 15 : « feuilles » ; »nids » ; « rameaux ». On peut donc penser dès la première lecture que le poète a voulu montrer à quel point la nature est essentielle à la Vie, étant donné qu’elle en est l’essence même. Autrement dit tout est issu de la nature, d’où ce retour incessant à la même notion.
D’autre part, on remarque également une évolution des sens diffusés par la nature au fur et à mesure des strophes. Ainsi, dans la première strophe, le paysage et les êtres vivants restent relativement figés. Par exemple, l’énumération au vers 1 : « vieux lierre », […] corolles » est relative à la flore ; il y a donc une immobilité incontestable. De même, au vers 4, on parle du « pâtre assoupi dans les fleurs ». En bref, le seul élément témoignant d’un mouvement, si imperceptible soit-il est le bourdonnement des mouches qui « murmur[ent] d’ineffables paroles » (v.3). En revanche, dès la deuxième strophe, la nature commence à s’animer : « les bois » (v.6) sont traversés par « le passant sérieux » (v.6) ; les « fruits » (v.7) et les « étoiles » (v.Cool « tomb[ent] (v.7 et Cool. Néanmoins, la nature est loin de se dévoiler entièrement, en témoigne l’usage des adjectifs « impénétrable » et « mystérieux », respectivement situés aux vers 7 et 8. Enfin, l’apogée de ce mouvement est atteint à la troisième strophe, où la nature dégage également d’autres sens, comme en témoignent les « cris joyeux » des « oiseaux » (v.9) ou les « vagues aux plaintes profondes » (v.9). Pour revenir sur la thématique du mouvement, on trouve les « plaines qui répand[ent] » (v.11) et « l’épi qui germe » (v.12). Pour résumer, on peut donc dire que la nature décrite dans le poème reste omniprésente mais qu’elle peut être perçue à divers niveaux d’intensité, notamment quand à son mouvement.
Enfin, le début de la dernière strophe commence à laisser entrevoir la chute du poème (la mort de l’enfant). Plus précisément en ce qui concerne la nature, on observe une chute brutale du volume sonore et de la mobilité, mise en évidence par la proposition « sue l’air n’ose effleurer »(v.14) et par l’allitération en [f] : « feuilles » (v.14) ; « effleurer » (v.14) ; »faites » (v.15) ; « enfant » (v.16), évoquant le sifflement léger du vent. De plus, on notera la relation d’inclusion de tous les éléments du champ lexical de la nature, accentuée d’autant plus par le vers 13 : « Nature d’où tout sort, nature où tout retombe », lequel vers est à la fois un parallélisme et une antithèse. On peut par ailleurs relier ces figures de styles avec l’assonance en [?] présente dans la troisième strophe et particulièrement pertinente au vers 12 : « Mer où la perle éclot, terre où germe l’épi », évoquant l’éternel renouvellement de la nature qui évolue de manière cyclique et infinie. On rejoint ainsi le premier paragraphe : la nature est à l’origine de tout ce qui est, tout ce qui est est nature.




La nature est certes omniprésente dans tout le texte mais bien plus que figurative, elle transporte également un message. Le poète ne se sert d’elle en fait qu’à titre d’écran, afin d’y projeter ses sentiments. Tout d’abord, l’analyse du titre de l’œuvre et de l’extrait permet déjà de se faire une idée du registre exprimé. Ainsi, les rayons et les ombres peuvent amener à penser à une métaphore de la vie (symbolisée par les « rayons »), laquelle serait opposée à la mort (symbolisée par « les ombres »). On retrouve d’ailleurs cette allusion néfaste dans le titre de l’extrait : « Ecrit sur le tombeau », « tombeau » possédant une connotation ramenant immédiatement à la mort. Le poète a donc bel et bien utilisé la nature pour exprimer des idées tristes et funèbres.
Cependant, Hugo a utilisé bien d’autres procédés pour exprimer des sentiments, comme le démontrent les nombreuses personnifications de la nature disséminées dans tout le texte, lesquelles renvoient à des caractéristiques humaines, telles que les émotions : « Mouches qui murmurent d’ineffables paroles » (v.3) ; « Vents, flots […], chœur sans fin, voix sans nombre » (v.5) ; « cris joyeux » et « vagues aux plaintes profondes » (v.9). On peut également citer les parallélismes « Fruits qui tombez de l’arbre » (v.7) ; « Etoiles qui tombez du ciel » (v.Cool ou encore : « Nature d’où tout sort, nature où tout retombe » (v.13) (le d’où étant d’autant plus intéressant qu’il fait l’objet d’un paronomase avec le mot « doux » au vers 14), qui permettent au poète d’expliciter le message qu’il cherche à exprimer. Il y a donc bien des sentiments dans ce poème et le cadre de la nature set de relais à leur expression.
Pour finir, l’ensemble de l’extrait est rédigé en alexandrins, avec une division en deux hémistiches dans chaque premier vers de chaque quatrain (la virgule jouant le rôle de césure à l’hémistiche). L’usage de vers longs et amples permet à Hugo d’insister sur le caractère malheureux du poème, comme si il reportait la douleur que laisse traîner la mère de l’enfant (vers 16 : « pleurer»). La rythmique coupée par le césure à l’hémistiche renforce encore cet effet : elle donne l’impression que la mère hoquette, balbutie ; il n’existe pas de mot assez fort pour décrire sa douleur. Toujours à propos de la forme du poème, on relève l’allitération en [p] dans la troisième strophe : « plaintes » (v.9) ; « profondes » (v.9) ; « pierre » (v.10) ; « tapi » (v.10) ; « plaine » (v.11) ; « épi » (v.12), une sonorité dure qui ramène à la dure réalité et à la condition mortelle de l’humain. Cette idée de mort est d’ailleurs introduite au dernier vers par l’euphémisme « laissez l’enfant dormir ». Le lecteur est capable d’interpréter cet euphémisme grâce au nom « tombe » qui le précède au vers 15. Il est également possible de le raccorder avec le vers 2, « Eglise où l’esprit voit le Dieu qui rêve d’ailleurs » qui, dans la religion chrétienne, décrit la croyance d’une vie après la mort. Le dernier élément à noter serait l’usage de l’injonction « Laissez » (v.16) et d’une ponctuation forte : le poème se termine en effet par un point d’exclamation. Ces deux derniers points laissent entrevoir un certain lyrisme dans l’expression des sentiments du poète au travers de la forme. La nature et les termes qui la décrivent servent donc de support à la diffusion d’un sentiment de tristesse infinie face à la mort.



En conclusion, « Ecrit sur le tombeau » parle de la nature, de son omniprésence et de son renouvellement incessant. Hugo s’est servi de cette thématique pour décrire et exprimer la tristesse de la mort d’un enfant, renforçant ainsi la fragilité de la condition humaine.D’autres poèmes reprennent cette comparaison de l’immortalité de la nature, face à la condition mortifère de l’Homme, comme « Soleils Couchants » ou « Demain dès l’aube » écrits tous les deux par Victor Hugo encore une fois, ou « Le dormeur du val » d’Arthur Rimbaud.



Julie T., 2nde section internationale, lycée international de Valbonne Sophia-Antipolis, mars 2009.



http://www.ac-nice.fr/lettres/civ/articles.php?lng=fr&pg=88
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