DU BREVET AU BAC Préparation au brevet et au bac de français, philosophie et HLP
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Prof de français lycée, Intervenant enseignant en français, 1ères S et ES
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Sujet: V. Hugo, Rêverie, commentaire niveau seconde Mer Mar 27, 2013 8:38 pm |
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Sujet : Vous ferez un commentaire du texte suivant.
Rêverie (in Les Orientales), de Victor HUGO (1828).
Rêverie
Oh ! laissez-moi ! c'est l'heure où l'horizon qui fume
Cache un front inégal sous un cercle de brume,
L'heure où l'astre géant rougit et disparaît.
Le grand bois jaunissant dore seul la colline.
On dirait qu'en ces jours où l'automne décline,
Le soleil et la pluie ont rouillé la forêt.
Oh ! qui fera surgir soudain, qui fera naître,
Là-bas, - tandis que seul je rêve à la fenêtre
Et que l'ombre s'amasse au fond du corridor, -
Quelque ville mauresque, éclatante, inouïe,
Qui, comme la fusée en gerbe épanouie,
Déchire ce brouillard avec ses flèches d'or !
Qu'elle vienne inspirer, ranimer, ô génies,
Mes chansons, comme un ciel d'automne rembrunies,
Et jeter dans mes yeux son magique reflet,
Et longtemps, s'éteignant en rumeurs étouffées,
Avec les mille tours de ses palais de fées,
Brumeuse, denteler l'horizon violet
Commentaire de Marie D. :
Le Romantisme, principal mouvement du XIXème siècle, voit ses poètes exprimer leurs sentiments profonds et leur envie d’ailleurs. Victor Hugo, grâce à de nombreux recueils tels que Les Orientales, est l’un des plus grands auteurs de ce mouvement. Le poème Rêverie, écrit durant la jeunesse du poète, traduit son envie d’exotisme et de changement. Il est axé sur l’opposition entre l’aspect insipide du lieu réel et le désir d'évasion du poète.
Ce poème, dans un premier temps, relate la monotonie du quotidien du poète. Son sentiment de lassitude est projeté sur la nature comme l’atteste le champ lexical d’une nature triste et morne (« le grand bois jaunissant » (v. 4), « l’automne décline » (v. 5), « le soleil est la pluie ont rouillé la forêt » (v. 6), « déchire ce brouillard » (v. 12)). Ses émotions sont aussi projetées sur le climat qui, lui aussi, prend une teinte monotone : « la pluie » (v.6), « brouillard » (v. 12). Le poète compare même explicitement ses chansons au climat au vers 14 : « mes chansons, comme un ciel d’automne rembrunies ». La projection des sentiments du poète se poursuit avec un champ lexical de l’obscurité comme le montrent les termes « l’ombre » (v. 9), « s’éteignant » (v.16) et « rembrunies » (v. 14). Finalement, on constate que le poète utilise les couleurs de la nature pour exprimer ses émotions, par exemple, « jaunissant » (v. 4), « rouillé » (v. 6). Cette expression des sentiments à travers la nature contribue à relater la monotonie du quotidien du poète.
Deuxièmement, le poète exprime la monotonie qu’il ressent à travers le temps qui passe. On peut voir, dans tout le texte, un champ lexical du temps (« l’heure » (v. 1 ; 3), « ces jours » (v. 5), « longtemps » (v.16)) qui est renforcé par l'anaphore du mot « l’heure » (v. 1 et 3). De plus, la longévité du passage du temps est mise en évidence par les alexandrins utilisés tout au long du poème. Ces vers longs et amples insistent sur l’ennui et la langueur du poète, ainsi que sur la monotonie du quotidien.
Finalement, la morosité et la monotonie du poète sont mises en évidence par l’ennui profond qu’il ressent en France. On le retrouve avec un champ lexical de la tristesse et de la solitude (« seul » (v. 4), « rouillé » (v. 6), « décline » (v. 5)). Ce sentiment est mis en évidence par deux allitérations. La première est l’allitération en [l] des mots « laissez », « l’heure » et « l’horizon » (v.1), « inégal » (v.2), ou encore « la colline » (v. 5). L' insistance de cette sonorité reflète l’état du poète qui est bercé par la nature et l’écoulement du temps. L’allitération en [r] que l’on retrouve vers 3 avec « l’heure », « l’astre », « rougit » et « disparaît » ou vers 6 avec « rouillé » et « forêt » fait ressentir au lecteur le râle intérieur du poète et son envie d’évasion, contrariée par la monotonie du quotidien qui l’envahit.
Cependant, bien que le poète semble prisonnier, sa quête d’un ailleurs, grande thématique romantique, se fait ressentir tandis qu’il évoque son désir de changement. Il voudrait le contraire de ce qu’il vit. Cette opposition est illustrée à trois reprises avec la diérèse « violet » (v. 1, qui sépare en deux syllabes distinctes le début de cet adjectif, ainsi que les deux antithèses « le soleil et la pluie » (v. 6) et « déchire ce brouillard avec ses flèches d’or » (v. 12). D’autre part, Victor Hugo exprime son envie immédiate et désespérée de changement à travers l’interjection « Oh ! » présente aux vers 1 et 7 ainsi que le subjonctif « Qu’elle vienne ! » (v. 13) qui prend une valeur de souhait intense. Ces supplications sont accompagnées de l’impératif « Laissez-moi » (v.1), qui insiste aussi sur le besoin de renouveau auquel il aspire. Ensuite, les hyperboles telles qu' « éclatante » (v. 10) ou « mille tours » (v. 17) témoignent de la précipitation du poète à accomplir sa quête d’un ailleurs.
De même, l’exotisme dans lequel est plongé le texte s'inscrit bien dans la perspective de la recherche d’un ailleurs. Le champ lexical de l’exotisme (« l’horizon » (v. 1), « mauresque » (v. 10), « mille tours » (v. 17)) ainsi que le titre de l’œuvre, Les Orientales, insistent sur cette envie de nouveauté. De même, l’assonance en que l’on retrouve tout au long du texte grâce aux mots « inouïe » (v. 10), « Qui » et « épanouie » (v. 11), « inspirer », « ranimer » et « génies » (v. 13) ainsi que le champ lexical du dynamisme (« surgir », « soudain » (v. 7), « la fusée » (v. 11) et « flèches » (v. 12)) introduisent l’idée d’un monde heureux et dynamique qui contraste complètement avec la monotonie de la France et réitère la thématique de la quête d’un ailleurs.
En outre, tout au long du texte, on ressent bien l’idée du rêve mystérieux et magique dans lequel est plongé le poète. On peut distinguer un champ lexical du rêve (« je rêve » (v. , « mauresque » (v. 10), « magique » (v. 15) et « fées » (v. 17)) et on peut relever que le titre du poème est Rêverie. Par ailleurs, on a une allitération en [f] et en [v] avec les mots « fera » (v. 7), « rêve » (v. , « fenêtre » (v. , « fusée » (v. 11) et « ville » (v. 10). Ces sonorités douces et feutrées imitent presque la chaleur et les embruns orientaux et nous font ressentir le parfum et le rêve, qui contribuent à l’idée de la quête d’un ailleurs.
Enfin, le poète nous fait imaginer la beauté de l’étranger qui renforce chez Hugo l'envie de liberté et d’évasion. On remarque un champ lexical de la lumière (« l’astre » (v. 3), « éclatante » (v. 10), « flèches d’or » (v. 12)) qui donne l’image d’une ville resplendissante et magnifique. La seule mention du terme « mauresque » (v. 10) évoque une beauté lumineuse et chaleureuse. De nombreuses couleurs sont aussi évoquées telles que « violet » (v. 1, « la fusée » (v. 11), « dore » (v. 4), ce qui renforce la beauté que l’on imagine à propos de cet endroit. La comparaison de la ville, « comme la fusée en gerbe épanouie » (v. 11), s’inscrit aussi dans cet esprit. Finalement, la personnification de la ville, comme l’attestent les verbes « naître » (v. 7), « [déchirer] » (v. 12), « [venir] » (v. 13), finalise l’image belle et majestueuse que donne l’auteur de ce pays lointain, et alimente son désir d’un ailleurs.
Ce poème, opposant la monotonie du quotidien à la quête palpitante d’un ailleurs , et tant d’autres œuvres, ont fait de Victor Hugo un des auteurs phares du Romantisme. Son envie d’exotisme peut être comparée à celle de Baudelaire qui, lui aussi, a permis à ce mouvement de durer et d'évoluer, avec le Symbolisme, jusqu’à la fin du XIXème siècle.
Marie D., 2nde section internationale, lycée international de Valbonne Sophia-Antipolis, mars 2008.
Commentaire de Caroline A. :
Le Romantisme est le mouvement littéraire dominant au XIXème siècle et consiste en la réaction du sentiment contre la raison, caractéristique du XVIIIème siècle rationaliste, provoquant ainsi une certaine intimité entre l’auteur et le lecteur. Victor Hugo, grand écrivain français, participe à ce mouvement et écrit plusieurs œuvres dont le recueil Les Orientales (1828). Le poème Rêverie montre que l’auteur rêve d’un endroit qui pourrait l’inspirer afin qu’il puisse écrire des poèmes plus joyeux. Les thèmes dominants sont le lyrisme douloureux et la joie, apportée par l’onirisme, qu’exprime l’auteur.
Le lyrisme douloureux de l’auteur s’exprime de plusieurs manières. Tout d’abord, dans le poème, on peut noter un ton dépréciatif dominant qui s’exprime grâce au champ lexical du malheur. On note cela aux vers 6 avec « rouille », au vers 5 avec « décline », au vers 12 avec « déchire » et au vers 16 avec l'adjectif « étouffés ». L’auteur utilise aussi l’impératif « laissez-moi ! » au premier vers, ce que l’on peut comprendre comme supplique : il veut être seul pour contempler sa situation. Cette exclamation peut être interprétée comme un cri désespéré de lamentation. Voila qui ne fait que renforcer l’impression forte du lyrisme douloureux.
Ce mal-être se voit encore grâce à des allitérations. Il y a l’allitération en [s] qui pourrait indiquer un sentiment de solitude chez l’auteur. Plusieurs exemples de mots constituant cette allitération seraient « seul » (v. , « jaunissant » et « seul » (v. 4) puis « s’amasse » (v.9). D’autres allitérations évoquant la misère psychologique de l’auteur seraient l’allitération en [f] qui pourrait représenter le son des feuilles mortes qui tombent (« fenêtre » (v., « fond » (v.9) et « foret » (v.6)) ou encore l’allitération en [l] qui montre la lenteur avec laquelle le temps passe, et marque l’ennui. Cette allitération ce voit au vers 1 avec « l’heure », « brouillard » au vers 12 et « colline » au vers 4. Ces allitérations et leurs sens démontrent le lyrisme douloureux qu’exprime l’auteur.
La nature montre aussi les marques de ce lyrisme. Les allitérations précédentes peuvent être interprétées comme des sons ou des bruits provenant de l’environnement gris qui entoure l’auteur. Il y a un effet de personnification : les sentiments de l’auteur se reflètent sur la nature. Des exemples sont « brume » (v. 2) et « pluie » (v.6). On peut, grâce à ce lexique, déterminer que le lyrisme douloureux est un des thèmes les plus importants dans ce texte.
Malgré l’aspect triste et gris du poème, Hugo imagine un autre endroit où il serait capable d’écrire des poèmes plus gais, où il serait inspiré. Il y a donc un champ lexical plus joyeux qui survient à partir de la deuxième strophe : « éclatante » (v.10), « inouïe » (v.10), « fusée » (v.11), « épanouie » (v.11) et « flèches d’or » (v.12). L’auteur rêve d’une « ville mauresque » (v.10) d’où viennent l’onirisme et l’exotisme de ce poème ; il rêve d’un endroit meilleur.
De plus, l’auteur semble ressentir plus d’émotions fortes dans ce lieu magique. Cette ville idéale semble provoquer en lui des sensations mélioratives : l’apparition de points d’exclamation (à la fin du vers 12 et du vers 1 et l’utilisation d’interjections au vers 1 et 7 « Oh ! » sont à cet égard révélatrices. Ces ponctuations fortes montrent l’enthousiasme d’Hugo. Il y a aussi l’anaphore de « qui » aux vers 7 et 11 qui montre une forte intensité émotionnelle chez l’auteur. Cette joie est d’autant plus forte à cause de la perfection que l’auteur confère à cette ville ; il en devient idolâtre, commele montre l’invocation « ô génies » (v.13). On note la traduction cette perfection dans la structure du poème qui est écrit en alexandrins, vers lents, amples et riches, et le rythme binaire au vers 7 « qui fera surgir soudain, qui fera naitre » évoque l'équilibre, la symétrie et l'harmonie. L’idée de cette perfection n’attenue pas l’impression qu’a le lecteur de cette ville enchanteresse, irréelle. Cela rappelle encore l’aspect onirique du poème qui provoque ces émotions chez l’auteur.
Enfin, ce texte est presque subjugué par l’onirisme, le rêve de l’auteur. Le poème est partagé en deux entre la réalité désolante et le rêve qu’on ne peut que qualifier de radieux. On peut observer cette séparation aux vers 13 et 10 qui comportent une césure à l’hémistiche indiquée par une virgule, puis au vers 18 où on note la diérèse « violet », qui scinde en deux syllabes distinctes le début de cet adjectif. Rêverie parle surtout de rêve, d’exotisme et, par conséquent, de joie.
Ce texte est véritablement divisé en deux parties qui représentent chacune une émotion, un endroit, un rêve ou une réalité pour l’auteur. Victor Hugo a beaucoup influencé la littérature française et le Romantisme en particulier, parmi d’autres auteurs tels que Gérard de Nerval ou Alphonse de Lamartine.
Caroline A., 2nde section internationale, lycée international de Valbonne Sophia-Antipolis, mars 2008.
[i]http://www.ac-nice.fr/lettres/civ/articles.php?lng=fr&pg=52
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