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 DU BREVET AU BAC :: LECTURES ANALYTIQUES ET COMMENTAIRES :: Voltaire, Femmes, soyez soumises à vos maris, axes d'étude

Voltaire, Femmes, soyez soumises à vos maris, axes d'étude

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Prépabac, examen2017
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MessageSujet: Voltaire, Femmes, soyez soumises à vos maris, axes d'étude  Posté leVen Fév 01, 2013 2:08 pm Répondre en citant


Axes d'étude en vue d'une préparation orale




Femmes , soyez soumises à vos maris ! , de Voltaire





Quelles revendications ce texte porte-t-il et comment Voltaire les défend-il ?




L’abbé de Châteauneuf la rencontra un jour toute rouge de colère. « Qu’avez-vous donc, madame ? »lui dit-il.

— J’ai ouvert par hasard, répondit-elle, un livre qui traînait dans mon cabinet ; c’est, je crois, quelque recueil de lettres ; j’y ai vu ces paroles : Femmes, soyez soumises à vos maris ; j’ai jeté le livre.

— Comment, madame ! Savez-vous bien que ce sont les Épîtres de saint Paul ?

— Il ne m’importe de qui elles sont ; l’auteur est très impoli. Jamais Monsieur le maréchal ne m’a écrit dans ce style ; je suis persuadée que votre saint Paul était un homme très difficile à vivre. Était-il marié ?

— Oui, madame.

— Il fallait que sa femme fût une bien bonne créature : si j’avais été la femme d’un pareil homme, je lui aurais fait voir du pays. Soyez soumises à vos maris ! Encore s’il s’était contenté de dire : Soyez douces, complaisantes, attentives, économes , je dirais : voilà un homme qui sait vivre ; et pourquoi soumises, s’il vous plaît ? Quand j’épousai M. de Grancey, nous nous promîmes d’être fidèles : je n’ai pas trop gardé ma parole, ni lui la sienne ; mais ni lui ni moi ne promîmes d’obéir. Sommes-nous donc des esclaves ? N’est-ce pas assez qu’un homme, après m’avoir épousée, ait le droit de me donner une maladie de neuf mois, qui quelquefois est mortelle ? N’est-ce pas assez que je mette au jour avec de très grandes douleurs un enfant qui pourra me plaider quand il sera majeur ? Ne suffit-il pas que je sois sujette tous les mois à des incommodités très désagréables pour une femme de qualité, et que, pour comble, la suppression d’une de ces douze maladies par an soit capable de me donner la mort sans qu’on vienne me dire encore : Obéissez ?

« Certainement la nature ne l’a pas dit ; elle nous a fait des organes différents de ceux des hommes ; mais en nous rendant nécessaires les uns aux autres, elle n’a pas prétendu que l’union formât un esclavage. Je me souviens bien que Molière a dit :

Du côté de la barbe est la toute-puissance.


Mais voilà une plaisante raison pour que j’aie un maître ! Quoi ! Parce qu’un homme a le menton couvert d’un vilain poil rude, qu’il est obligé de tondre de fort près, et que mon menton est né rasé, il faudra que je lui obéisse très humblement ? Je sais bien qu’en général les hommes ont les muscles plus forts que les nôtres, et qu’ils peuvent donner un coup de poing mieux appliqué : j’ai peur que ce ne soit là l’origine de leur supériorité.

Ils prétendent avoir aussi la tête mieux organisée, et, en conséquence, ils se vantent d’être plus capables de gouverner ; mais je leur montrerai des reines qui valent bien des rois. On me parlait ces jours passés d’une princesse allemande qui se lève à cinq heures du matin pour travailler à rendre ses sujets heureux, qui dirige toutes les affaires, répond à toutes les lettres, encourage tous les arts, et qui répand autant de bienfaits qu’elle a de lumières. Son courage égale ses connaissances ; aussi n’a-t-elle pas été élevée dans un couvent par des imbéciles qui nous apprennent ce qu’il faut ignorer, et qui nous laissent ignorer ce qu’il faut apprendre. Pour moi, si j’avais un État à gouverner, je me sens capable d’oser suivre ce modèle. »

L’abbé de Châteauneuf, qui était fort poli, n’eut garde de contredire Mme la maréchale

Axes donnés par le professeur :

- la Maréchale , un caractère bouillonnant , remise en question de la domination masculine dans le couple et dans la Société

- Voltaire , à travers la Maréchale , fait une critique des Institutions

-les valeurs des Lumières
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Dernière édition par Prépabac, examen2017 le Ven Fév 01, 2013 3:43 pm; édité 1 fois

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Prépabac, examen2017
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MessageSujet: Voltaire, Femmes, soyez soumises à vos maris, axes d'étude  Posté leVen Fév 01, 2013 3:41 pm Répondre en citant

« Femmes, soyez soumises à vos maris ». VOLTAIRE.

Introduction :

Voltaire, philosophe des Lumières, s’est trouvé sur tous les fronts de la contestation (intolérance, torture, guerre, esclavage). Dans l’extrait de « Femmes, soyez soumises à vos maris » que nous allons étudier, il aborde la question de l’inégalité des femmes vis à vis des hommes et de la dépendance des femmes à l’égard de leurs maris. L’extrait proposé rapporte le dialogue entre un abbé et une femme de l’aristocratie, la Maréchale de Grancey, en colère contre une phrase qu’elle a lue dans les Epîtres de Saint- Paul : « Femmes, soyez soumises à vos maris ». Elle expose sa propre vision de la femme et blâme les hommes. Dans un premier temps, nous verrons qu’elle adopte un langage vif et libéré ; puis nous analyserons la manière dont elle cherche à convaincre son interlocuteur ; enfin, nous expliquerons comment elle utilise toutes les ressources du langage pour persuader.


I/ Une femme de caractère, au langage vif et libéré

a) Une parole vive :
- Rafale de questions qui ne laissent pas le temps à l’abbé de réagir (cf. L.32 à 37).
- Beaucoup de phrases sans verbes ou nominales, qui traduisent son emportement.
- De nombreuses exclamations et interjections qui traduisent son indignation à l’égard de la condition réservée aux femmes.
- Emploi d’un langage très imagé qui fait surgir de véritables tableaux dans l’esprit de l’interlocuteur.

1/ Dans la description des hommes :

elle évoque un « menton couvert d’un vilain poil rude », qu’il faut « tondre de fort près » : elle focalise sur un détail physique, qu’elle caricature (voir les deux adjectifs négatifs « vilain » et « rude »). Elle a l’art de croquer les gens.

2/ Dans la description de la princesse allemande :
la multiplication des verbes d’actions et l’emploi des pluriels laisse imaginer un mouvement incessant, une activité fébrile.
- Elle insère dans ses arguments des conversations imaginaires (par exemple : « Sans qu’on vienne me dire encore : Obéissez », à la ligne 37).

b) Une parole libérée :
La Maréchale dit tout ce qu’elle pense, sans se soucier des convenances et du savoir- vivre. Elle apparaît comme une femme de caractère.
- Elle n’hésite pas à évoquer les réalités crues de la vie, sans chercher à les embellir. Elle parle ainsi de la grossesse comme d’une « maladie de neuf mois qui est quelquefois mortelle », elle évoque aussi l’accouchement (« mettre au jour avec de très grandes douleurs un enfant ») puis elle termine en parlant des règles (« des incommodités très désagréables »). Elle présente de plus les particularités physiologiques des femmes comme des inconvénients (voir les champs lexicaux de la maladie et de la souffrance).
- Elle peut se montrer très irrespectueuse. Elle se moque ainsi de Saint Paul avec des termes qui connotent tous le mépris : « j’ai jeté son livre », elle le déclare « très impoli », suggère qu’il est « très difficile à vivre » (elle en fait donc le blâme). Elle ajoute avec ironie : « je lui aurais fait voir du pays ».
- Ce langage est à l’image de sa vie. La maréchale est une femme libre. Elle fait allusion à ses amants, certes par périphrase, mais n’oublions pas qu’elle parle à un abbé : « Nous nous promîmes d’être fidèles : je n’ai pas trop tenu ma parole, ni lui la sienne » (lignes 31/32). On remarque au passage qu’elle accepte les infidélités de son mari. La seule règle de conduite qui lui semble valable est donc la liberté : elle refuse toute servitude, toute dépendance, comme le montre la question rhétorique de la ligne 32 et l’emploi du terme « esclaves », très fort pour qualifier le sort des femmes (elle veut provoquer l’indignation).



II/ Une femme des Lumières qui cherche à convaincre :

La Maréchale apparaît comme une sorte de Voltaire en jupons !

a) Elle adopte un raisonnement de type inductif.

C Dans tout le texte, elle adopte un mouvement pendulaire qui va alternativement du JE à des termes qui désignent l’ensemble des femmes.

Exemple pour les lignes 25 à 39.
Elle part d’un exemple précis : la femme de saint Paul (« Etait-il marié ? ».
Puis elle se met en situation et formule une hypothèse, comme le montre le conditionnel : « Si j’avais été la femme d’un pareil homme » (ligne 2Cool.
Puis elle raisonne par comparaison avec sa propre expérience : « quand j’épousai M. de Grancey » (+ relever les marques de la première personne).
Enfin, elle généralise ce premier mouvement par le biais d’expressions globalisantes/ génériques : « nous », « la nature » (ligne 3Cool, « pour une femme de qualité » (ligne 35).
Elle utilise ce même mouvement pendulaire entre le « je » et la généralisation dans toute la suite de l’extrait.
Cela lui permet d’être plus convaincante, car elle s’appuie sur son expérience, qui lui sert à analyser la condition féminine dans son ensemble.

b) Elle reprend méthodiquement les thèses en faveur de l’infériorité des femmes pour démontrer leur fausseté, voire leur absurdité.
Premier argument qu’elle conteste : les femmes doivent dépendre de leurs maris (voir le champ lexical de la servitude).
· La maréchale rappelle d’abord les inconvénients d’être femme, en les renforçant par l’emploi des champs lexicaux de la souffrance et de la maladie. Si elles devaient en plus « Obéir », ce serait un inconvénient supplémentaire et intolérable.
· Elle utilise ensuite un argument se référant à la nature : la différence entre les deux sexes ne repose pas sur une hiérarchie, mais sur une complémentarité. Elle dit explicitement que la femme est aussi nécessaire à l’homme que l’homme est nécessaire à la femme. Les mots qu’elle emploie insistent sur cette idée de complémentarité : « nécessaire », « union », mais aussi les pronoms réfléchis réciproques (« les uns aux autres »). C’est une manière pour elle de montrer que l’égalité entre les hommes et les femmes est naturelle.
Deuxième argument qu’elle conteste : les hommes sont supérieurs aux femmes.
· Elle commence par reprendre la phrase de Molière, mais sans la contextualiser (dans l’Ecole des Femmes, c’est Arnolphe qui prononce cette phrase ; or il est constamment ridiculisé par Molière à cause de ses idées rétrogrades sur l’éducation des filles). Cela lui permet en tout cas de montrer sa culture et de préparer son offensive suivante en faveur de l’intelligence des femmes.
· Elle tourne cette idée de la supériorité masculine en ridicule, en disant qu’elle ne leur vient que de leur force physique : lignes 44 à 45.
Troisième argument qu’elle conteste : les hommes sont plus intelligents que les femmes, donc davantage capables de gouverner.
La maréchale détruit cet argument en citant un exemple concret et récent, celui d’une princesse allemande. La multiplication des activités citées, dans des domaines variés (mécénat, éducation, charité…) montre que cette femme exerce un pouvoir politique sensé et ferme.

III/ Une habile oratrice qui recourt à la force persuasive du langage :

a) Une femme impliquée, qui cherche à impliquer son interlocuteur :

La maréchale est très impliquée dans ce qu’elle dit, très passionnée :
Emploi de nombreux modalisateurs qui manifestent son implication dans la conversation.
- Nombreuses marques de première personne pour montrer que la question la touche de près et qu’elle lui tient à cœur.
- De nombreux termes traduisent ce qu’elle pense et ressent.
Elle cherche à impliquer son interlocuteur, à faire qu’il se sente concerné par cette question :
- La formule « s’il vous plait » (ligne 30) n’est pas une formule de politesse, mais une invitation à l’abbé pour qu’il confirme ses propos.
- Abondance de questions rhétoriques qui imposent son opinion comme une vérité.
- Elle utilise des hyperboles pour forcer le jugement de l’abbé et le pousser à compatir au sort des femmes, comme lorsqu’elle évoque les « très grandes douleurs » de l’accouchement.
- Elle utilise des euphémismes pour éviter de trop choquer l’abbé : « des incommodités » (pour parler des règles », « je n’ai pas trop gardé ma parole » (pour parler de ses infidélités) : elle tient donc compte de son interlocuteur.

b) Elle mobilise de nombreux registres différents pour jouer sur les émotions de son interlocuteur :

REGISTRE SATIRIQUE : à propos des hommes (lignes 42 à 45).
Elle les réduit à deux attributs physiques (les poils et les muscles) ce qui les fait apparaît comme des brutes qui n’ont de supériorité que dans leur force physique. Elle les ridiculise en ne citant aucune de leur qualité et en insistant sur l’idée qu’ils ne parlent que par « coups de poing bien appliqués » (ligne 45) : son ton est ici ironique (puisque la seule qualité qu’elle leur reconnaît est de savoir « bien » donner des coups de poing). Toutefois, elle se laisse aller à un argument un peu bas (on pourrait aller jusqu’à parler d’argument ad hominem) car elle semble leur reprocher un physique peu gracieux, à travers l’emploi de « vilain » et « rude ».

REGISTRE POLEMIQUE : à propos des couvents et de l’instruction qui y est dispensé aux femmes (lignes 50 à 52).
Elle emploie des termes violents et insultants : « des imbéciles » (pour parle des professeurs).
Elle utilise une antithèse très nette (« nous apprennent ce qu’il faut ignorer et nous laissent ignorer ce qu’il faut apprendre ») qui met en valeur l’absurdité et l’inutilité de cet enseignement. Elle condamne donc l’instruction qui est donnée aux femmes et appelle à un nouveau type d’éducation.

REGISTRE LAUDATIF
: à propos de la princesse allemande (lignes 46 à 50).
Elle apparaît comme une reine idéale.
- elle est partout à la foi : voir la répétition de « toutes ».
- travailleuse : se lève à cinq heures du matin !
- éduquée et cultivée : « connaissances »
- intelligente : « elle a des lumières ». L’expression est fondamentale, puisqu’elle est une allusion claire au mouvement des Lumières, qui défend la raison et la réflexion, seules capables de faire progresser l’humanité.
- Généreuse : souci = « rendre ses sujets heureux » ; elle « répand ses bienfaits ».
- Mécène : elle « encourage les arts ».
La maréchale fait donc le tableau idyllique d’une reine idéale, en n’employant que des termes mélioratifs et en insistant sur la polyvalence de cette reine capable d’agir parfaitement dans tous les domaines.

Bilan :

Ce texte est à la fois un faux dialogue (puisque seule la maréchale parle vraiment) et un conte philosophique : l’histoire de la maréchale et sa personnalité servent à réfléchir sur les fondements de l’inégalité entre les femmes et les hommes et les réflexions de la maréchales remettent en cause cette inégalité. Choderlos de Laclos et Olympe de Gouges, dans deux essais, à leur tour, défendront les droits des femmes.





Lecture analytique, lycée ac. Rouen :

lycees.ac-rouen.fr/.../LA_Femmes_soyez_soumises_a_vos
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MessageSujet: Voltaire, Femmes, soyez soumises à vos maris, axes d'étude  Posté leSam Fév 02, 2013 1:00 pm Répondre en citant

Merci beaucoup Lol

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