DU BREVET AU BAC

Dominique Tle techno · Inscrit le: 19 Aoû 2014 Messages: 92

Voltaire, l'incipit de Candide

Chapitre 1 (incipit)

Candide ou L’optimisme

Cette œuvre est parue pour la première fois en janvier 1759 à Genève et est écrite par VOLTAIRE, auteur français du XVIIIe siècle, sous un pseudonyme emprunté à la langue allemande : Docteur RALPH.

C’est un conte philosophique, c’est-à-dire un récit imaginaire qui s’inspire de la forme d’un conte pour transmettre des idées et des concepts à portée philosophique. De fait, Candide dérange : c’est un livre condamné et interdit dans de nombreux pays européens (Suisse, Italie, Allemagne…)

- Où ? : Dans un pays imaginaire appelé Wesphalie.
- Qui ? : le baron de THUNDER-TEN TRONCK, son épouse la baronne, sa fille Cunégonde, Candide qui serait son neveu (le fils de la sœur du baron) et Pangloss le précepteur du château et un modèle pour Candide.
- Quand ? : il n’y a pas de date et ceci est valable tout au long du conte.
- Quoi ? : Le début de l’œuvre ne déroge pas à la règle en étant typique de celui des contes « Il y avait… ».
Le narrateur effectue une présentation des personnages principaux.
Cet incipit décrit également le début de l’histoire d’amour avortée entre Cunégonde et Candide qui aboutira à leur séparation, le baron, découvrant cette romance, chasse Candide du royaume « à grands coups de pieds dans le derrière ».

Le narrateur effectue la satire de la noblesse à travers les personnages du baron, décrit ironiquement comme étant « un des plus puissants seigneurs » et « le plus grand baron de la région », et de la baronne décrite ironiquement comme étant « respectable et la meilleure des baronnes possibles ». Il critique le conservatisme de la noblesse lorsqu’il précise que la mère de Candide « ne voulut jamais épouser [le père de Candide] parce qu’il n’avait pu prouver que soixante et onze quartiers et que le reste de son arbre généalogique avait été perdu par l’injure du temps ».

Le narrateur effectue la satire de la philosophie de l’« optimisme » prônée par le philosophe Leibniz, à travers le personnage de Pangloss, qui « enseignait la métaphysico-théologo-cosmolonigologie » et qui « prouvait [tout] admirablement... » L’auteur s’attaque à cette philosophie en employant de l’ironie à profusion : « ceux qui ont avancé que tout est bien on dit une sottise : il fallait dire que tout est au mieux [...] dans le plus beau et le plus agréable des châteaux possibles ».

Le narrateur se moque de la naïveté de Candide : « le petit Candide écoutait [l]es leçons [de Pangloss] avec toute la bonne foi de son âge et de son caractère ».

Cet incipit remplit bien sa fonction informative dans la mesure où il présente le cadre de l’histoire, les personnages et les liens qui les unissent, et qu’il se termine en présentant l’élément déclencheur qui amorce le début de l’intrigue : l’expulsion du château et la séparation des deux amants.

Conclusion

Candide ou l’Optimisme est un conte philosophique qui renferme une vive critique de la société occidentale (attachement aux richesses matérielles, violence, pertes des valeurs morales…), des politiques (soif du pouvoir, manque d’intérêt pour le peuple, égoïsme…), de certaines théories philosophiques (optimisme…) et de la religion (endoctrinement, volonté d’aveuglement du peuple…) menée par VOLTAIRE.

Ainsi, le choix de la structure d’un conte philosophe peut être dû à la fois à la volonté d’éviter la censure, et à la fois à la volonté de plaire aux lecteurs et de donner à l’œuvre un côté attrayant.

Le style de narration de l’auteur est rapide et incisif. L’œuvre est parcourue de satire, de sarcasme et d’ironie mais également de discours directs des personnages qui permettent à VOLTAIRE d’effectuer des attaques indirectes et implicites. En effet, l’auteur procède à une argumentation indirecte à travers les attitudes et propos des personnages.

On peut juger sa stratégie efficace dans la mesure où, en règle générale, les idées véhiculées par le registre comique marquent davantage les esprits et atteignent un plus large public. De plus, l’utilisation du discours direct lui permet d’éviter toute accusation d’attaques faites en son propre nom.

Candide, du latin candidus qui signifie « blanc » représente l’innocence, la gentillesse et la naïveté. Il est décrit comme étant « un garçon à qui la nature avait donné les mœurs les plus douces » et ayant « le jugement assez droit avec l’esprit le plus simple ».

Pangloss incarne la figure du philosophe ridicule et absurde, partisan de la théorie de l’optimisme. Il est une caricature de LEIBNIZ, philosophe allemand et père théoricien de l’Optimisme, dont VOLTAIRE effectue la satire. Il est décrit ironiquement comme étant « le plus grand philosophe de la région, et par conséquent de toute la terre ».

Le Baron de Thunder-ten-tronck et la Baronne représentent la noblesse dont l’auteur critique entre le conservatisme social et le côté hautain.

Le vieillard et le roi du royaume d’Eldorado sont les symboles du Bien, du parfait et représentent ce à quoi VOLTAIRE aspire de manière utopique pour l’Humanité. Il leur attribut quantité de vertus : l’humilité, le détachement des valeurs matérielles, l’amabilité, la sociabilité, la tolérance… et les place implicitement aux antipodes totales des européens.

Le contexte politique et l’actualité sont fortement présents dans Candide qui est ainsi le reflet de la violence ambiante de l’époque.

Quatre faits particulièrement marquants ont tout particulièrement marqué VOLTAIRE :
• le tremblement de terre de Lisbonne du 1er Novembre 1755, qui a été l’un des plus dévastateurs de l’histoire. Il a été suivi de tsunami, d’incendies, d’auto-da-fé. Il a causé la destruction quasi-totale de la ville et le décès d’environ 50 à 100 000 personnes. (Chapitres 5 et 6)
• la guerre de Sept ans de 1756 à 1763 qui a vu s’affronter le Royaume de France et ses alliés (Autriche…) au Royaume de Grande-Bretagne et ses alliés (Prusse…). L’une des batailles les plus notoires est celle de Rossbach en 1757 qui vit la défaite des troupes françaises qui accusèrent 10000 morts et 7000 prisonniers. (cf chapitre 3)
• l’arrêt de l’Encyclopédie , à laquelle il participait, en 1760, soit un an après la première publication de Candide. Son conte philosophique est donc un moyen pour VOLTAIRE de continuer à véhiculer les idées des philosophes des Lumières.
•les turbulences et l’instabilité politiques qui gangrènent le continent européen, comme par exemple l’attentat de Damiens commis envers Louis XV le 05 Janvier 1757 .

Candide est également fortement emprunt des expériences personnelles de VOLTAIRE telles que :
• son séjour en Prusse de 1750 à 1753, qui a été un désastre financier et relationnel car il a abouti sur de fortes tensions entre l’auteur français et le souverain prussien Frédéric II. Néanmoins, VOLTAIRE reste très lié à la Prusse (actuelle Allemagne).
• son vécu au domaine des Délices, près de Genève (Suisse), dans lequel il s’est réfugié après sa désillusion prussienne. Il y est très attaché et cette demeure semble l’avoir poussé à concevoir le Paradis sur Terre qu’est le pays d’Eldorado (Chapitres 17 et 1 Cool

.

Ainsi, Candide ou l’Optimisme est une œuvre qui s’inspire de l’affectivité et du vécu de VOLTAIRE.

La morale de cette œuvre est évidente : selon VOLTAIRE,l’Homme est responsable de ce qui lui arrive tout comme il a la possibilité d’améliorer sa vie et cela n’a en rien à voir avec la volonté divine. Pour ce faire, il recommande la fin de l’utopie et du rêve et soutient que le bonheur est le fruit du travail. VOLTAIRE finit son récit sur cette métaphore qui résume à elle seule son message « Il faut cultiver notre jardin », qui signifie qu’il faut enrichir notre esprit et travailler.

Par conséquent, la solution pour échapper au malheur, selon l’écrivain-philosophe, est de passer de la réflexion à l’action. C’est exactement ce qu’a fait Candide qui, en s’occupant de sa terre, fuit l’ennui et les éternelles interrogations quant à la cruauté de la vie.

De fait, en plus d’être un conte philosophique, cette œuvre est également un récit d’apprentissage car elle met en scène l’évolution du personnage de Candide qui, après avoir subi nombre de péripéties, est passé d’un état d’immaturité et de naïveté à un état de conscience de soi et de ses actes. [Les épreuves et les souffrances ont permis l’évolution et l’accès du personnage à une maturité intellectuelle.]

Maryline, bac L · Inscrit le: 24 Déc 2012 Messages: 157

Approche intéressante :

Qui, où, quoi, quand?

en fait ça synthétise si on suit ces quatre questions l'essentiel de l'intérêt philosophique et littéraire de l'incipit

Merci à toi, il fallait y penser Lol

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