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Voltaire, le philosophe ignorant, la tradition du conte

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MessageSujet: Voltaire, le philosophe ignorant, la tradition du conte  Posté leSam Jan 15, 2011 3:53 pm Répondre en citant

Argumenter, Le conte philosophique

La tradition du conte philosophique


Voltaire,
Le Philosophe ignorant


Situation du texte
Publié en 1766, ce conte se situe à l’époque où,
installé à Ferney, Voltaire mène son combat contre
l’obscurantisme dans de multiples directions. C’est
par exemple l’année où éclate l’affaire du chevalier de
la Barre. Définitivement méfiant à l’égard de toutes les
formes de dogmatisme, sceptique sur les chances d’une
amélioration de l’humanité, et sur sa capacité à étendre
démesurément les champs de ses connaissances, il lutte
pour la tolérance et la lucidité, comme en témoigne ce
court récit.

La structure du récit
Le conte présente trois parties bien distinctes. Dans
la première, formée par le premier paragraphe, les
Quinze-Vingts sont présentés comme un groupe
uni d’hommes égaux, raisonnables et vivant en paix,
jusqu’au jour où l’un d’entre eux instaure la discorde en
prétendant avoir des connaissances en un domaine qui
excède les compétences de tous les membres : la vue. La
seconde partie, qui correspond au second paragraphe,
raconte les querelles qui résultent de cette prétention
et leur issue. Le troisième paragraphe, beaucoup plus
court, constitue une chute en forme de morale, qui tire
une leçon ironique de l’histoire.
Les deux volets principaux du récit décrivent donc
deux états opposés. Le premier, qui évoque la concorde
entre les membres de la communauté, n’opère pas de
distinction entre eux. L’essentiel du passage montre
que trois des sens (le toucher, le goût, l’odorat) sont
parfaitement maîtrisés par les Quinze-Vingts. On notera
que Voltaire ne fait pas allusions au quatrième (l’ouïe),
sans doute parce qu’il est au centre de la « chute » du
récit. Par opposition, la seconde partie insiste sur les
dissensions de la communauté entre le dictateur et ses
sujets, mais aussi entre ces derniers, puisque deux parties
se forment (l. 21). Il n’y est question que de couleur, donc
du sens de la vue dont les Quinze-Vingts sont dépourvus.
Aux connaissances acquises précédemment, succède une
querelle stérile sur un sujet par définition hors de leur
compétence. La corrélation entre dictature, ignorance et
division sociale est ainsi mise en évidence.
On retrouvera ici une thématique chère à Voltaire :
l’inutilité des spéculations qui excèdent notre capacité de
connaissance. Il est évident que la vue est aux Quinze-
Vingts ce que les spéculations métaphysiques sont à
l’être humain : un domaine impossible à comprendre.
Comme Locke, dont il est un disciple assez fidèle, Voltaire
estime que la connaissance ne peut excéder le champ de
l’expérience. Pour l’aveugle, limité à l’usage de quatre sens,
il est vain de spéculer sur la vue dont il n’a pas l’expérience,
comme il est inutile pour l’homme de disserter sur ce qui
se trouve au-delà de ses capacités propres.

La logique de la dissension
La seconde partie du récit décrit sommairement
le processus par lequel un homme avide de pouvoir
accroît les dissensions à son profit, en se servant de la
crédulité publique. À la charnière des deux paragraphes,
Voltaire montre comment le dictateur installe son
pouvoir en deux temps. Il commence par exercer son
ascendant sur l’opinion en se faisant le détenteur d’un
prétendu savoir, avant d’assurer matériellement son
autorité en se rendant maître, par l’intrigue, des revenus
de la communauté. Il gouverne ensuite en imposant
par décret ses propres opinions : les habits des Quinze-
Vingts sont blancs (l. 15-16), ce qui suscite la résistance
de certains de ses sujets. Le climat de querelle se poursuit
lorsque le dictateur change la teneur de son décret (les
habits des Quinze-Vingts sont rouges, l. 22-23) mais
non sa méthode de gouvernement. Seule la tolérance
finale rétablit la paix

Un enjeu politique
Voltaire reprend ici un thème qui lui est cher, la critique
des croyances théologiques génératrices d’intolérance.
Derrière cette querelle dérisoire sur la couleur des habits
des Quinze-Vingts, se profilent la critique des opinions
religieuses, sources de querelles stériles et destructrices,
et l’appel à la tolérance en des matières qui ne peuvent
faire l’objet d’une quelconque certitude. L’allusion
aux conflits entre catholiques et protestants, jésuites et
jansénistes, et, plus largement, entre les diverses factions
religieuses en France depuis la fin du xviie siècle, est
évidente, ainsi d’ailleurs que le rôle néfaste du pouvoir
royal (le dictateur) en la matière.
Le conte prend donc très vite une coloration politique.
Les Quinze-Vingts forment une « communauté », leur
chef est appelé « dictateur », il se forme des « partis »
tandis que les opposants sont qualifiés de « rebelles ».
La petite communauté des Quinze-Vingts devient
rapidement le microcosme symbolique d’une société
entière, avec ses divisions et ses querelles internes.

L’hydre
La morale du conte est ambiguë. D’un côté, la tolérance
l’emporte, puisque le dictateur se voit contraint de
renoncer à ses décisions : désormais chacun pourra
suspendre son jugement sur la couleur des habits des
Quinze-Vingts. De l’autre, le comportement du sourd
tend à montrer que la leçon n’a pas été comprise,
puisqu’il voit bien l’erreur des aveugles, mais reste…
sourd à la sienne. Conclusion conforme au scepticisme
qui marque les derniers temps de la vie de Voltaire,
une année où il doit faire face à un nouvel exemple
particulièrement brutal d’intolérance religieuse, l’affaire
du Chevalier de la Barre. Le combat contre l’ignorance
et l’intolérance est donc sans fin, il faut rester vigilant
et le recommencer à chaque instant.

Exposé et analyse du site
http://lpblanc.blog.espresso.repubblica.it/files/argumentation-fable-cf.-pages-3-5-sur-la-fontaine.pdf @
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