DU BREVET AU BAC Préparation au brevet et au bac de français, philosophie et HLP
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Mentionbienaubacfrançais
Age: 25 Inscrit le: 09 Aoû 2015 Messages: 36
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Sujet: Corrigé, quest° corpus Colonel Chabert, Balzac Lun Déc 14, 2015 1:28 pm |
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Corpus de textes
Texte A : Balzac, Le Colonel Chabert : « Le triomphe des apparences »
Texte B : Balzac, Le Colonel Chabert : L’excipit
Texte A Balzac, Le Colonel Chabert
« Le triomphe des apparences »
(pp. 99-100 de l’édition Garnier-Flammarion)
Il fut reçu par elle dans une jolie salle à manger d’hiver où elle déjeunait en jouant avec un singe attaché par une chaîne à une espèce de petit poteau garni de bâtons en fer. La com-tesse était enveloppée dans un élégant peignoir, les boucles de ses cheveux, négligemment rat-tachés, s’échappaient d’un bonnet qui lui donnait un air mutin. Elle était fraîche et rieuse. L’argent, le vermeil, la nacre étincelaient sur la table, et il y avait autour d’elle des fl eurs curieuses plantées dans de magnifi ques vases en porcelaine. En voyant la femme du comte Chabert, riche de ses dépouilles, au sein du luxe, au faîte de la société, tandis que le malheureux vivait chez un pauvre nourris-seur au milieu des bestiaux, l’avoué se dit : « La morale de ceci est qu’une jolie femme ne voudra jamais reconnaître son mari, ni même son amant dans un homme en vieux carrick, en perruque de chiendent et en bottes percées. » Un sourire malicieux et mordant exprima les idées moitié philosophiques, moitié railleuses qui devaient venir à un homme si bien placé pour connaître le fond des choses, malgré les mensonges sous lesquels la plupart des familles parisiennes cachent leur existence.
Texte B Balzac, Le Colonel Chabert
L’excipit
(pp. 128 et130 de l’édition Garnier-Flammarion)
- Quelle destinée ! s’écria Derville. Sorti de l’hospice des Enfants trouvés, il revient mourir à l’hospice de la Vieillesse, après avoir, dans l’intervalle, aidé Napoléon à conquérir l’Égypte et l’Europe.
- Savez-vous, mon cher, reprit Derville après une pause, qu’il existe dans notre société trois hommes, le Prêtre, le Médecin et l’Homme de justice, qui ne peuvent pas estimer le monde? Ils ont des robes noires, peut-être parce qu’ils portent le deuil de toutes les vertus, de toutes les illusions. Le plus malheureux des trois est l’avoué. Quand l’homme vient trouver le prêtre, il arrive poussé par le repentir, par le remords, par des croyances qui le rendent intéressant, qui le grandissent, et consolent l’âme du médiateur1, dont la tâche ne va pas sans une sorte de jouissance: il purifi e, il répare, et réconcilie. Mais, nous autres avoués, nous voyons se répéter les mêmes sentiments mauvais, rien ne les corrige, nos études sont des égouts qu’on ne peut pas curer2. Combien de choses n’ai-je pas apprises en exerçant ma charge! J’ai vu mourir un père dans un grenier, sans sou ni maille, abandonné par deux fi lles auxquelles il avait donné quarante mille livres de rente !3 J’ai vu brûler des testaments4 ; j’ai vu des mères dépouillant leurs enfants, des maris volant leurs femmes, des femmes tuant leurs maris en se servant de l’amour qu’elles leur inspiraient pour les rendre fous ou imbéciles, afi n de vivre en paix avec un amant. J’ai vu des femmes donnant à l’enfant d’un premier lit5 des goûts qui devaient amener sa mort, afi n d’enrichir l’enfant de l’amour. Je ne puis vous dire tout ce que j’ai vu, car j’ai vu des crimes contre lesquels la justice est impuissante. Enfi n, toutes les horreurs que les romanciers croient inventer sont toujours au-dessous de la vérité. Vous allez connaître ces jolies choses-là, vous; moi, je vais vivre à la campagne avec ma femme, Paris me fait horreur.
Questions (6 points)
D’après la lecture de ces deux textes, quelle est la place de Derville dans le roman ? (3 points)
Quelle vision de la société proposent ces deux textes ? (3 points)
1. médiateur : intermédiaire. Le prêtre est l’intermédiaire entre Dieu et les croyants.
2. curer : racler, nettoyer en profondeur.
3. A llusion au Père Goriot, autre roman de Balzac.
4. Allusion à la tentative de Mme de Restaud de brûler le testament de son mari pour dépouiller ses enfants dans Gobseck.
5. d’un premier lit : d’un premier mariage. |
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Mentionbienaubacfrançais
Age: 25 Inscrit le: 09 Aoû 2015 Messages: 36
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Sujet: Corrigé, quest° corpus Colonel Chabert, Balzac Lun Déc 14, 2015 1:30 pm |
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Objet d’étude : Le roman et la nouvelle au XIXe siècle : réalisme
et naturalisme
Questions (6 points)
❶ D’après la lecture de ces deux textes, quelle est la place de Derville dans le roman ? (3 points)
Ce corpus est composé de deux textes issus du même roman de Balzac, Le Colonel Chabert, paru en 1832. Le premier texte
se situe au début de la seconde partie, le second est l’excipit du roman. Nous allons voir quelle est la place de Derville dans ces
deux extraits. Dans les deux textes, le narrateur choisit d’adopter le point de vue de Derville. C’est lui qui observe et juge la
comtesse dans le texte A, comme on peut le constater avec l’emploi du gérondif : « en voyant » et le texte B est un discours
prononcé par Derville lui-même. Ce texte B, étant l’excipit du roman, le narrateur laisse ici les derniers mots à Derville, qui
occupe, une fois de plus, la fonction de porte-parole de l’auteur. C’est donc l’avoué qui conclut le roman. Il commente la
triste vie du colonel en insistant sur deux points : sa vie forme une boucle qui le fait partir du néant pour y retourner à la
fin. Il insiste aussi sur l’ironie du sort dont il est victime : il a participé aux événements les plus marquants de l’histoire de
France pour terminer comme un misérable mendiant, ignoré du monde. « Quelle destinée! s’écria Derville. Sorti de l’hospice
des Enfants trouvés, il revient mourir à l’hospice de la Vieillesse, après avoir, dans l’intervalle, aidé Napoléon à conquérir
l’Égypte et l’Europe ». Derville, en effet, est l’unique personnage à pouvoir dire cela, parce qu’il est le seul à connaître toute la
vie du colonel et à avoir cru en lui. À plusieurs reprises dans le roman, l’avoué presse le dénouement, jouant à chaque fois
le rôle du double de l’auteur. Nous avons ainsi plusieurs prolepses dans le roman. C’est ce rôle qu’il joue dans le texte A,
lorsqu’il prévoit au futur de l’indicatif (mode de la certitude), l’échec probable de la transaction : « La morale de ceci est qu’une
jolie femme ne voudra jamais reconnaître son mari, ni même son amant dans un homme en vieux carrick, en perruque de
chiendent et en bottes percées. » Comme homme de justice, Derville fait partie, avec les prêtres et les médecins, des « robes
noires ». Tous trois sont les témoins les plus intimes des misères physiques et morales du monde. À ce titre, Derville est,
naturellement, le personnage le plus à même de révéler au lecteur les vices et les vertus de l’âme humaine, en parlant
au nom de l’écrivain. Ainsi, par une habile mise en abyme, il montre le lien entre la fiction et le réel : « Enfin, toutes les
horreurs que les romanciers croient inventer sont toujours au-dessous de la vérité ».
➋ Quelle vision de la société proposent ces deux textes ? (3 points)
Ces deux textes proposent, par le truchement du regard de l’avoué, une vision critique de la société parisienne de la
Restauration et, plus largement, de la société des hommes. Derville est présenté comme un homme des plus clairvoyants,
« un homme si bien placé pour connaître le fond des choses » : sa vision du monde est donc celle d’un homme lucide et avisé,
qui sait faire tomber les masques, et voir ce qui est « cach(é) » « malgré les mensonges ». La société parisienne, désignée
par la périphrase (texte A) « les familles parisiennes » est évoquée ici comme étant hypocrite et fausse. On retrouve cette
même critique dans le texte B mais de façon plus virulente. Derville fuit Paris et ses crimes : « moi, je vais vivre à la campagne
avec ma femme, Paris me fait horreur ». Témoin de la laideur du monde, il est sans illusion : « nous voyons se répéter les
mêmes sentiments mauvais, rien ne les corrige ». Il est même totalement désespéré : par une métaphore filée, il explique que
les avoués portent « des robes noires », parce qu’ils sont en « deuil de toutes les vertus, de toutes les illusions ». Il
désespère aussi de la justice : « Je ne puis vous dire tout ce que j’ai vu, car j’ai vu des crimes contre lesquels la justice est
impuissante ». Les études d’avoué deviennent alors « des égouts qu’on ne peut pas curer ». Cette métaphore fait des études
un lieu rempli d’ordures. Cette phrase introduit une longue série d’exemples de crimes, dont Derville a été témoin, comme le
montre l’anaphore de l’expression « j’ai vu ». Dans le texte A, il est clair que la scène à laquelle Derville assiste, fait partie de
ces scènes injustes que l’avoué juge insupportables. Le mot « morale », utilisé par celui-ci, doit être compris de façon ironique.
L’attitude de la comtesse est, au contraire, immorale et la situation de Chabert est injuste et sans espoir. Il s’agit ici d’un constat
amer au présent de vérité générale, de la leçon à tirer, comme à la fin d’un conte ou d’une fable. « La morale de ceci est qu’une
jolie femme ne voudra jamais reconnaître son mari (...) dans un homme en vieux carrick, en perruque de chiendent et en bottes
percées » : Chabert n’a aucune chance. La comtesse appartient à une catégorie humaine désignée par la périphrase « une jolie
femme », expression à laquelle on pourrait en ajouter d’autres : « riche et sans cœur ». Jamais une femme comme elle
n‘acceptera de quitter sa place dans la société pour un homme qui, par sa faute, a perdu la sienne. Le narrateur insiste sur le
luxe dans lequel vit la comtesse : « un élégant peignoir, l’argent, le vermeil , la nacre étincelaient, des fleurs (...) dans de
magnifiques vases en porcelaine ». Le spectacle d’un tel luxe dégoûte et désespère Derville. Il est ici, comme dans l’excipit,
témoin (« en voyant ») des misères de ce monde. L’image de la comtesse revêtue des « dépouilles » de son époux montre à
quel point Derville est scandalisé : « En voyant la femme du comte Chabert, riche de ses dépouilles, au sein du luxe, au faîte de
la société, tandis que le malheureux vivait chez un pauvre nourrisseur au milieu des bestiaux ». En conclusion, ces deux textes
propose une vision infernale d’une société où se déploient toutes les turpitudes.
http://www.reseauetudiant.com/forum/download.php/636,22/7FR20CTPA0313.pdf |
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Mentionbienaubacfrançais
Age: 25 Inscrit le: 09 Aoû 2015 Messages: 36
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Sujet: Corrigé, quest° corpus Colonel Chabert, Balzac Lun Déc 14, 2015 1:30 pm |
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Bonne lecture |
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